La Tunisie, un pays où le blogging fleurit à longueur d’année avec certes des paroxysmes et des accalmies où la scène s’assombrit par des conflits sans fin et des enfantillages à tout va.
Mais dans mon pays les bloggeurs se prennent en général pour des sauveurs de l’humanité, des éternels donneurs de leçon, croyant parfois à tort faire partie de la minorité intellectuelle du pays.
Damnant en se réveillant tous les jours cette masse endormie qu’on se plait à dénommer « peuple » mais qu’on confondrait volontiers avec « troupeau ».
Se surpassant dans l’art de massacrer toute trace d’imperfection et ne mâchant jamais leurs mots parce que leurs blogs font souvent office d’échappatoires.
Oubliant souvent que rien ne nous en différencie, qu’on est le « peuple » et qu’on se confond naturellement dans ce troupeau.
Je fais partie de ces bloggeurs qui arborent un sourire fier en évoquant leur bébé virtuel en public ne trouvant aucun mal à décrire en détail leur dernier billet à tous ceux qui veulent bien l’entendre et parfois même à ceux qui n’ont rien demandé à savoir.
Je vois dans le regard des gens de l’incompréhension, de l’hébètement face à ma façon de parler de blogging, de blogosphère, de buzz, de censure, de « faire bouger les choses », de Ammar, de Nous...
On peine à me croire aussi impliqué, aussi « influent ». On me compare à un Don Quichotte qui croit pouvoir venir à bout de ses moulins à vent.
Beaucoup d’autres aussi assimilent ma mégalomanie à une mythomanie difficilement récupérable.
On croit surtout savoir que je ne fais que fanfaronner alors qu’au fond je suis un être ordinaire aussi impuissant qu’ils n’ont le malheur de l’être.
Ce n’est peut-être pas tout à fait faux.
Je dirais même plus, ils ont tout à fait raison.
Il m’arrive de me voir en porte-parole des opprimés, des laissés pour compte, des damnés et de toutes ces personnes qu’on prive de s’exprimer parfois par la force des choses (misère, pauvreté et tout ce qui en découle) voire même des fois par la force, simplement.
Je me dis souvent que si Patrick Sébastien a pu écrire des livres, que je pourrais sans aucun mal en rédiger des dizaines.
Je suis toujours à l’affut de cette information pour en faire l’écho sur la blogosphère, pour diffuser mon indignation ou dénoncer un abus ou une aberration.
Heureusement que je garde cette lucidité qui me fait revenir sur terre aussi souvent que la gravité (de la situation ou celle de Newton) me fait perdre la notion de la réalité.