Les fidèles du Boukornine

jeudi 30 juillet 2009

Esclave des temps modernes destiné à la rédemption



Je ferme les yeux.
Je suis aussitôt transporté à bord d’une embarcation surpeuplée de mes semblables.
Je suis comme on dit un individu de couleur, la santé n’a peut-être pas de prix, mais je suis à vendre et le moins que l’on puisse dire c’est que je ne suis pas hors de prix.

En compagnie de mes compagnons de galère, nous ramons sous la menace des fouets qui nous guettent du coin des yeux. Nous ramons avec comme absurde destination notre enfer,
Les marchés de cette Afrique du Nord qui saura nous trouver un endroit où crécher et un boulot.
C’est une véritable aubaine en ces temps de crise.
Ils nous aiment tellement qu’on aura en guise de bonus, un maître qui nous commandera.

Nos lourdes chaînes nous rendent la besogne quasi-impossible.
En effectuant les taches qui nous sont imparties, nos attaches se frottent et de ce frottement nait un son assourdi par la multitude de parasites qui sévissent à bord de notre bateau usé.
C’est cette sonorité qui fera un jour éclore la musique gnawa, maitrisée par les Nass el Ghiwane et les Jil Jilala… et qui a inspiré beaucoup d’artistes de par le monde comme Jimmy Hendrix tant elle véhicule de souffrances et de peines.

A peine arrivés sur le port de Tunis, ils nous emmèneront illico au marché des esclaves qui sera plus connu après sous le nom de Moncef Bey et sera réservé au commerce de l’électronique.

Mon esprit fredonne, la Redemption song de Bob Marley…

« Old pirates yes they rob I
Sold I to the merchant ships…

Minutes after they took I
From the bottom less pit… »

Mon esprit s’arrête ensuite pour un moment, le temps de contempler la profondeur du couplet qui dit :
« But my hand was made strong,
By the hand of the Almighty »

Bob a tout dit.
Je chante et je pleure.
Damné sois-tu Bob, tes mots font ressurgir toutes mes peines.
« Cause all I ever had…
Redemption song !!! »

Ni argent, ni vêtements, ni livres, ni instruction, ni droits… Que de haine, que d’oppression.
Je pleure et oxyde avec mes larmes mes chaines toujours aussi accablantes avec en plus l’insupportable odeur de la rouille.
Le fouet me parle. Il aligne mes maux, sans syllabes ni sujet ni verbe ni même un complément.
Que de coups, que de violences supervisées par les régiments.

« But my hand was made strong,
By the hand of the Almighty »

Mon dieu prend mon âme, je te la rends égarée, troublée, outrée.
Elle refuse de vivre assujettie.
« Redemption song !!! »

Elle chante, mon âme, ô dieu le tout puissant le « Almighty ».
Ils ont assassinés tes prophètes, et brandit tes livres sains.
« Almighty » libères moi de leur inconscience et de leur haine.

…………………………………………………..

Ohhhhhhhhhh
Où suis-je à présent ?!
Est-ce les nuages que je vois là ?
Est-ce le paradis ?

Ce bien-être, cette sécurité ambiante.
Je vole.
Dieu, the « almighty », tu m’as sauvé des griffes du mal !

C’est au summum de la souffrance que le bonheur absolu fait souvent surface.
Je garderai toute ma vie les stigmates de ces pirates qui ont massacré ma famille et m’ont enlevés pour me vendre en tant qu’esclave.
Je ne suis pas un esclave.
Personne n’est esclave.

Je suis né pour être libre. Je suis mort pour rester libre.
Même si au vingt-et-unième siècle il demeure toujours des esclaves sur terre.
Des esclaves de leurs pulsions, de leurs aprioris, de leur bêtise, de leur ignorance.

Heureusement que dieu existe, et que tant que la mort ne nous touche pas, il reste encore une chance pour une éventuelle rédemption…
Chantons tous en chœur : « Redemption soooooooooong »

Et tant que « But my hand was made strong, by the hand of the Almighty », la vie ne pourra que valoir le coup d’être vécue.

…..

J’ouvre difficilement les yeux.
Une douleur à l’orbiculaire de l’œil tente farouchement de m’en empêcher.
Il est 7 heures du matin, après seulement deux heures de sommeil, il est déjà temps de rejoindre la vie active.
Je pars, tourmenté, à la suite d’un rêve qu’on aurait juré tangible fredonnant à longueur de journée triomphalement « But my hand was made strong, by the hand of the Almighty ».

mardi 28 juillet 2009

Si seulement il avait su…



19h32, Rue de Rome, Tunis

Personne ne le sait, mais dans exactement deux minutes quarante-sept secondes un jeune fougueux aux cheveux longs gominés va trouver la mort subitement à la suite d’un terrible accident de la voie publique.

Les circonstances de l’accident sont d’autant plus dramatiques. Ayant eu le tort de traverser trop occupé à défendre l’honneur de son club favori, une ISUZU n’a même pas daigné lui causer une mort digne…
Vu qu’elle l’avait écrasé tel un minable cafard avant de prendre la fuite sans que personne n’ait la présence d’esprit de noter sa plaque minéralogique.

Comme à son habitude la populasse s’est ruée sur « l’évènement » pour admirer le formidable paysage d’un jeune agonisant entouré par une effroyable mare de sang.

La totalité des témoins étaient restés les bras croisés, les yeux braqués vers la victime du jour de cette hécatombe que sont nos routes.
Aucun n’a pensé à alerter les secours omettant peut-être qu’il est un devoir citoyen élémentaire que de porter secours à une personne en danger ou du moins à appeler le SAMU.
Sous d’autres cieux on aurait réclamé et surement trouvé parmi les « spectateurs » une personne formée au secourisme comme il était de coutume de procéder.
Mais chez nous, on vous répondra naturellement que « Ce n’est pas ma spécialité !»

L’esprit du jeune homme étendu sur le sol, travaillait à une vitesse effrénée. Il se répétait inlassablement : « Non ce ne peut pas être la fin… »

Mais, si…bien hélas.
On ne choisit pas sa mort. S’il avait eu le choix, il aurait au moins préféré une voiture un peu plus luxueuse qu’une méprisable ISUZU.

Il regretta amèrement de n’avoir jamais cassé la gueule à leur voisin de palier qui s’acharnait à lui pourrir la vie sans qu’il ne réponde sous prétexte de respecter les règles rudimentaires de la bienséance.

Ou cette brune au teint clair qu’il contemplait chaque jour en croisant de temps à autres son regard hypnotisant. Mais, il ne lui avait jamais parlé de son amour de peur, certainement de se voir chassé définitivement de son royaume, ce qui pouvait anéantir sa vie d’un coup.

La prière aussi… Oui la prière !
Pourtant, il n’y avait jamais songé. Quand il entendait l’appel à la prière résonner dans l’atmosphère, c’était pour lui rien qu’un son dénué de toute portée.
Mais maintenant avec la face contre terre, mordant la poussière, à deux pas de la fin, il y pensait fortement.
Pourquoi il a fallu qu’il soit dans cette situation peu enviable pour juger bon de se prosterner ?
L’homme a cette incroyable capacité de n’atteindre l’humilité que lorsqu’il a tout perdu.

Sa vie défilait devant ses yeux, par bribes d’images avec comme image de fond le spectre de ces hyènes qui faisaient mine de s’apitoyer mais qui dans le fond, il le savait pertinemment n’étaient là que pour assouvir leur soif de sang.

Pour une fois, il était la star, celui qui retient l’attention de tous. En soit, c’est une incroyable ascension sociale pour l’extrêmement timide qu’il a toujours su rester.

C’est le moment où il commençait à balbutier quelques syllabes pour retenir l’attention de la foule endormie sur la nécessité de prévenir rapidement les secours, que la mort a choisi.
Et la mort, c’est bien connu, a toujours le choix. Elle aurait même pu lui distinguer une voiture de luxe pour le sale boulot… Mais, voilà !
La mort s’est prononcée et il a fallu que ce soit une ISUZU qui s’exécute.

Dix minutes plus tard, l’équipe du SAMU arriva sur les lieux et s’acharna vainement à réanimer un patient déjà parti sans retour.
Les gens continuaient à affluer de toute part pour ne rien rater de ce spectacle tant surprenant que gratuit !

Mais ces adeptes de séries tv en mal d’adrénaline et passant la majeure partie de leur temps à cultiver leur hébètement derrière un écran d’ordinateur n’affichant qu’une seule adresse, celle de facebook, peinaient à croire que c’était fini.

Oui ce jeune bien portant est décédé sur les lieux de l’accident.
Heure du décès : 20h approximativement.

La foule, ayant fini par comprendre, avait commencé à se dissiper laissant sur place ce corps inanimé gisant momentanément en l’attente d’être déplacé.

Ils se frottaient pratiquement tous les mains, ce soir ils auront au moins une histoire extraordinaire à raconter sous les yeux ébahis de leurs proches.
Ils se surpasseront chacun à sa manière à enrober l’histoire d’un caractère surréaliste pour décupler l’effet sur les auditeurs.
Dommage que vu la nature macabre de ces faits, personne ne les applaudira vers la fin.

dimanche 26 juillet 2009

Texte en mal d’inspiration…



C’est peut-être l’effet de la chaleur humide de notre pays, de cette transpiration.
Même s’il est plus séduisant d’épouser la théorie du complot, de la conspiration.

Texte livide, sans tête ni queue, sans âme et ne communicant aucun état d’âme.
Texte plus difficile à finir que de rejoindre l’autre rive à la rame.
Ensemble de mots exsangues, ne dégageant aucune sympathie, aucun message.
Ne véhiculant ni amour, ni haine, ni compassion, ni gêne, ni même un semblant de rage.

Texte qu’on lit en diagonale juste pour faire plaisir à son auteur.
Sans introduction, sans conclusion et sans concept moteur.

Écrit qui n’a sincèrement pas lieu d’être.
Qui clame ouvertement son patriotisme mais qu’on connaît traitre !

Manuscrit rédigé avec une écriture d’une laideur exemplaire.
Qui ferait volontiers grimacer une jeune écolière.

Texte à mi-chemin entre la poésie et la prose.
Ricanant le long des lignes malgré l’ambiance morose.

Termes alignés dénotant d’un outrageux mauvais gout
Qui muselle les passions et suscite le dégout.

Termes suicidaires qui feraient mieux de se taire.
Et qui en contemplant la lune confient qu’ils n’ont rien à foutre sur la planète terre.

حب الجمعية

صحيح ما وردت في حتى نص مقدس ولا في صحيح مسلم لا عند الترمذي أما حب الجمعية ظاهرة حرام نتجاهلوها.

توا مديدة صغيرة، موقع العربية حكى إستناداً إلى جريدة تونسية نخير لأسباب إنسانية ما نسميهاش، أنو فما إنسان أصيل مدينة قليبية كان متيم بحب النادي الإفريقي كيف مات خلى لعايلتو وصية يقول فيها أنو يتمنى لو يدهنولو قبرو بألوان الجمعية كدليل لوفاءو للنادي حتى بعد موتو.

عمركمشي سمعتوا بإنسان كان مضروب في طفلة، قبل ما يموت وصى أهلو باش يدهنولو قبروا بلون
شعر أو بشرة أو اللون المفضل للبنية ؟

هذا من غير المعقول...

حب الجمعية أقرب ما يكون من العبادة.
فيه إخلاص غير مشروط، وبذل من غير حساب وحب لا متناهي. في الأرجنتين وصلت الحكاية بيهم إلي توا جمعية البوكا جونيورز عندهم مقبرة خاصة بمحبين الفريق كلها مطلية بالألوان الزرقاء والصفراء.

حب الجمعية يهد هدة واحدة على قلب عادةً ما يكون فيه فراغ يسعى المرء مهما كلفه ذلك باش يملاه. حب الجمعية يسكن بين الضلوع ويصبح بين عشية وضحاها معنى الوجود. حب الجمعية وعلى عكس ما قد يشاع له، ليس بمظهر من مظاهر التخلف بل جانب شرعي من حياة الفرد كحبه لفكرة، أو لجهة أو لشخص ...

حب الجمعية يسمو بالفرد من مجرد كائن حيواني مقينة عليه و يعدي وقتو ينقش في القلوب إلى كائن حيواني (ساهلة هي باش يولي عبد؟) يحاول بذل كل جهدو، ويشغل بالو من أجل الإرتقاء بفكرة هي النادي الذي ينتمي إليه. صحيح كرة القدم وغرامها والرياضة بصفة عامة هي والهالة الإعلامية إلي تتبعها يخليو الفرد يدخل في حالة هستيريا يولي فيها المواطن الرايض العادي يكسر ويسب ويخرب ويشاغب.

ولكن نتصوروا لحظة بركة ما كانتش فما رياضة في بلادنا، آش كنا نعملوا طوال الجمعة؟ أنا متأكد إلي نسبة الإجرام راهي طالعة أكثر ببرشة مما هي عليه الآن كيما يقول المثل الفرنسي الفراغ أم الرذيلة.


شخصياً من إلي حبيت جمعية حياتي تبدلت. نحكي عليها في وسط الجمعة، فين ندخل للانترنات وإلا نقرأ جريدة نسأل عليها وحتى في الليل نتكشف عليها وأخيراً بالطبيعة عادةً نهار الأحد نكون شادد بلاصتي بأحد الملاعب "نشجع وإلا نروح" كما تقول الأغنية.


نعرف إلي الناس الكل تتصور إلي كرة القدم في البلدان النامية والمكانة الضخمة إلي تحظى بيها في قلوب الناس مجرد مخدر لعقول المواطنين حتى يبتعدوا قدر الإمكان على التشويش ونشر البلبلة في ميادين أخرى تبدو حساسة أكثر من الرياضة.

لكن بالنسبة ليا، مع الفراغ الروحي إلي يعيشو التونسي بصفة خاصة أحسن دواء ولو وقتي هو بدون أدنى شك الرياضة حتى لا يصاب الشعب بالإحباط، وحتى يقصد ربي المواطن التونسي للعمل متاعو بأكثر جدية وتتحسن كان صدقني ربي الإنتاجية.

samedi 25 juillet 2009

Quand rien que le fait de tourner une page devient un acte douloureux


Dans le roman de ma vie et ses rocambolesques méandres, le premier chapitre s’est achevé d’une rapidité déconcertante avec une incroyable clarté dans le texte aux magnifiques caractères écrits à la main avec une insolente insouciance.

J’ai, aussitôt, décidé d’attaquer le deuxième chapitre.
Par hasard ou peut-être bien par le fait d’un destin qui s’est maquillé en hasard, d’autres voix m’ont rejoint.
Je lisais le premier paragraphe et je m’agrafais illico aux yeux de mon « inter-lectrice ».
Ces expressions voulaient tout dire. Mais je voulais tellement en dire plus.
Cependant, dés que je commençais à m’attacher à la page 24, il était très vite temps de passer à la page 25.
Je le faisais, le cœur et les gestes alourdis par une déception qui était à la mesure de l’importance de la page. Mais je suis toujours arrivé à dépasser mes pages.
Et quand j’arrivais à la page 30, le numéro 24 ne me disait plus rien.

La plus belle page qui ne m’ait jamais croisé, c’est surement la page 37. J’ai croisé les doigts pour la garder. Mais j’ai peut-être trop croisé les bras en passant.
La lecture n’étant pas une activité de tout repos mais une véritable croisade contre l’oubli et l’ennui.

Ma page s’est enfuie avec un autre lecteur qui était surement moins assidu que moi.
Ma page ne savait pas ce qu’elle faisait en me brisant le cœur. Je demande au seigneur de pardonner à ma page. Mais, c’est improbable que le seigneur daigne pardonner.
Etant moi-même rancunier quand il s’agit des pages.

Depuis, j’enchaine les ratures. Mais le livre s’est fixé, à ce que je vois, irrémédiablement sur la page 37.

Quand le pouce et l’index, généralement légèrement hydratés par le bout de la langue, dans un mouvement, il est vrai, complexe mais réalisé machinalement, tentent de passer à la page suivante… Il y a véritablement blocage.
La douleur commence à gagner les doigts tel un tonnerre dans un ciel serein. Petit à petit ce mal atteint le cœur et irradie à tout le corps paralysant l’âme de tout ce qu’elle comptait entreprendre.

La page 37 a ainsi commencé à m’habiter… M’obséder… Me rendre fou et m’aliéner…
C’est fou ce qu’une simple page peut faire d’un organisme complexe fait de viscères, de cerveau, de cœur et de tout ce que vous savez…

Oui, j’ai pensé, comme vous brûlez d’envie de me le crier, à déchirer la page. Hélas mon cœur s’est déchiré avant que je n’en vienne à bout.

En attendant de trouver les solutions à ce problème existentiel qu’est celui de tourner une page, j’ai jugé que la meilleure chose que j’avais à faire était de fermer momentanément le livre et de le ranger sur cette étagère, le temps que la poussière du temps fasse son effet.

Après il suffira d’un coup de chiffon pour tout dépoussiérer, et au moment voulu on entamera volontiers toutes les pages qu’il faudra pour trouver sa page fétiche !

jeudi 23 juillet 2009

Entre les mots et les coups de poings, entre le marteau et l'enclume


Pour un individu qui a grandi dans un quartier néo-populaire qui vénère le langage des poings et érige ses bandits en héros de guerres, être devenu un ami des mots est un vrai miracle !

Il faut dire que les termes et les poings n’ont jamais été en bons termes. Quoiqu’ils aient essayé de retisser leurs liens fragiles par l’intermédiaire de centres de thermalisme mixtes.

Malheureusement, ce n’était que peine perdue vu qu’à peine la courbe thermique prenait une allure ascendante, les poings s’en prenaient aux mots.

Les mots restaient figés de peur de se casser même une petite branche, ce qui pouvait définitivement reléguer le « Q » à un « O » ou le « R » à un « P »
Ils erraient têtes basses et la démarche lasse, ne sachant quoi répondre et préféraient souvent de se taire de peur de froisser les poings.

Quand bien même les mots apparaitraient comme vaincus d’avance, c’était une faute impardonnable que de les sous-estimer.
Les mots cachaient une puissance insoupçonnable, un pouvoir inimaginable celui de la propagande, du lavage de cerveaux, celui de lancer des rumeurs qui pouvaient à elles seules détruire un être humain voire éradiquer toute une peuplade.

Mais la faute des poings, c’est qu’ils n’avaient pas de cerveau pour raisonner… D’ailleurs, c’était inutile d’essayer de les raisonner.
Pour eux, le but suprême de notre existence réside dans les points qu’on pourrait amasser en collant des coups sur les tempes (étant l’os le plus fragile du crâne) de tous les contestataires pour peu qu’ils aient la mauvaise idée d’user de mots jugés inconvenables.

Sur le court terme, les poings pourraient bien gagner une multitude de batailles, brandir la ceinture dorée des vainqueurs et fanfaronner tant qu’ils le voudront.
Les poings avaient les arguments et le poids de mettre aux KO leurs adversaires.

Par contre, dés qu’il s’agit d’un avenir lointain, du devenir d’une civilisation, d’un empire, les mots devenaient tout à coup nettement plus efficaces.

Cependant, comme les poings ne le savaient pas, ils fonçaient têtes baissées croyant anéantir toute forme de résistance qui pourrait tenter d’entraver leur conquête du monde, à priori gagnée d’avance.
Les mots attendaient dignement que leur heure de gloire sonne enfin le glas de la violence.

Mais que faire des mots machiavéliques en ont marre d’attendre et se font des porte-paroles de poings condamnables entachés du sang de leur frères innocents…

Quelques mots à l’esprit mal tourné et aux projets diaboliques pourraient-ils à eux seuls provoquer la perte de tous les dictionnaires du monde ?
Seul l’avenir nous le dira… Enfin, s’il existerait encore des mots pour le faire !

mardi 21 juillet 2009

A combattre la lune, on finit toujours par triompher



Il était trois heures du matin, je me réveillais en sursaut d’un cauchemar qui avait trop duré.
Trop de sang, trop d’obscurité, trop de ténèbres brouillant l’horizon.

Mon corps était crispé, paralysé par la peur de l’inconnu habillé de cette noirceur morbide qui fait que la nuit, nuit gravement à ma santé.

Je sortis ma panoplie de cow-boy vieille de treize ans comprenant avec exactitude une ceinture, un sabre qui avait tout l’air d’une arme à double tranchant, puisqu’elle avait le tort d’être à la fois très lourde à porter mais de n’être aucunement tranchante, un révolver en plastique et un fouet que j’avais perdu de vue depuis que j’ai eu la mauvaise idée de le prêter à notre jeune voisin. (vas savoir à quelles pratiques il est en train de servir actuellement)
Ainsi, je me rendis sur le champ de bataille sans trop tarder. Je m’étais fixé rendez-vous avec la lune, mais elle n’eut même pas le courage de venir en entier.

Elle m’envoya un minable croissant lumineux, comme si elle sous-estimait la puissance de mes coups.

Comme il était de coutume de le faire, j’ai commencé par lancer un « dieu est grand ! » pour que la lune sache à quoi s’en tenir.
Je me suis battu et débattu pendant des heures entières. Je transpirais et usais de toutes les techniques que j’avais apprises dans la rue.
Mais à mesure que le temps passait, mes forces s’affaiblissaient et je commençais à douter de ma capacité à rentrer victorieux de cette éprouvante et interminable bataille.

C’était sans compter sur l’on-ne-peut-plus précieux soutien de dieu le tout puissant !
Puisqu’à 5h16 très exactement, la lune a fini par abdiquer !
J’ai fini par gagner !
La lumière du jour prit définitivement place.
Personne ne le sut à part moi, mais j’étais à l’origine de toute cette modification de la morphologie du monde. J’ai réussi à chasser la noirceur de tout l’univers.
Désormais, la population mondiale tient son héro !
Je serai toujours là pour déloger les mauvais esprits qui viendraient en toute inconscience s’aventurer sur ma planète !

Je passais la plus belle journée de ma vie.

Mais, je n’eus même pas le temps de savourer…. Vu qu’à 19h37, si mes souvenirs sont bons. La planète commençait à récidiver.
La lune comprit qu’elle avait affaire à un adversaire coriace et m’envoya cette fois-ci un croissant encore plus volumineux que la veille.
Fatigué, usé, éprouvé et ne sachant plus à quel saint me vouer… J’ai fini par avoir la lumineuse idée que pour vaincre irréparablement la nuit, la seule et unique alternative qu’il y avait était de fermer les yeux dés que la lumière du jour commençait à disparaître pour empêcher que l’obscurité ne hante notre âme ne l’abandonnant qu’après l’avoir dénué de toute inspiration, ingéniosité et de toute son essence.
J’ai été qualifié de fou allié, voire de fou à lier… Certains sont même allés jusqu’à me juger bon pour la guillotine.

Mais je sais que quelque part dans ce bas monde existent des aventuriers de ma trempe, je passerais le restant de mes jours à les rechercher. Mais un jour, je le sais, on s’unira pour faire abdiquer la nuit à jamais !

lundi 20 juillet 2009

Le don de se créer des ennemis gratuitement



Pour un individu (super ultra méga) fauché comme j’ai eu le malheur de l’être, toute gratuité est une véritable aubaine.
Même quand il s’agît de foncer droit dans le mur ou de se lancer sans protection dans un précipice.
Tant qu’il n’y a rien à payer, je suis volontiers du voyage.

Ces dernières années je me suis découvert un don, que j’avais couvé depuis fort longtemps, celui de foutre en l’air toute forme de relation humaine (ou pas) qui me lie à un être humain (et même parfois à des êtres d’une autre espèce)

J’ai toujours eu les mots (in)justes, et que je sais prononcer au moment le plus opportun pour provoquer le plus de dégâts en face de moi.
Dés qu’il commence à y avoir une certaine complicité, que les sens s’épousent et apprennent à vivre en pleine symbiose… Mon sens inné de la destruction ressurgit.

Je suis incapable d’entretenir une relation sur le long terme et au bout d’un certain temps, des mécanismes physiopathologiques non encore élucidés me font foirer toute tentative de reprise de contact.

J’ai toujours été un « opposant » notoire à tous les avis qui ont le malheur d’être prononcés voire même murmurés en ma présence.

Inlassablement prêt à bondir à l’aide d’une tirade de contre-arguments et de contre-exemples même si je le reconnais, j’aurais bien pu mener le même combat mais dans le sens inverse si la situation se présentait.

Perpétuellement à l’affut de « la petite bête », de cette faille qui me permettrait de mettre à mal mon interlocuteur et de le malmener avec pour unique défi celui de le pousser à abdiquer.

S’il avait l’élégance de renoncer à cette confrontation aussi inutile que gratuite, je réduisais brutalement la virulence de mes interventions.
Mais s’il avait la mauvaise idée de me tenir tête, j’étais entièrement disposé à user de toutes les formes possibles et imaginables d’armes prohibées par toutes les conventions.

C’était comme légitimer mes « crimes de guerre idéologiques».

A la fin, je me retrouve seul face à ma tasse de thé.

Savourant la solitude en injuriant curieusement les outrages du temps qui m’ont fait faire le vide autour de moi.

D’une certaine manière, c’est peut-être ma quête d’une amitié inconditionnelle, loyale et définitive.
Une amitié qui ne s’arrêterait pas aux détails, qui n’aurait rien à foutre de mes orientations textuelles ou de ma conception de la divinité.
Voyez-vous, cette forme d’amitié qui n’existe nulle part ailleurs que dans des livres poussiéreux et délaissés qui n’attirent plus que de rares lecteurs idéalistes et fougueux parce que la science-fiction est beaucoup plus plausible que de parler de vrai ami.

dimanche 19 juillet 2009

أقوى إختراع تونسي في المجال الطبي: الشيفونة السحرية

كمحب للنادي الرياضي لحمام الأنف، أول حاجة لاحظتها هو أنو أي لاعب يتضرب في وسط المباراة يجي طبيب الفريق يجري وفي يدو شيفونة يكون عادةً مازال كي غطسها في سطل ماء لونو أخضر معدي عمرو على حافة الميدان.

يجي سي الطبيب وحط الشيفونة على مكان الإصابة ولعله يردد عبارات ويستعين بطلاسم... لا ندري... المهم ما تتعداش ثواني حتى الملاعبي يقوم شيء ما بيه يطنطن كيف الجن.

برشة علماء حاولوا يهتموا بالحكاية هذه ويفهموا الميكانيزم وشيء...

الشيفونة السحرية قعدت لغز وأجمل دليل على قدرة الطاقات التونسية الشابة على الإبداع في كل المجالات واستحداث طرق جديدة للتداوي على غرار مداواة السرطان بآيات قرآنية، والسيدا بالياغورت الفاسد.

وهي طرق وإن لم يتمكن العلم من تفسيرها لكنها تستند إلى تسلسل منطقي في التفكير. الشيفونة السحرية تبرد الأوجاع وتقضي على مخلفات الإصابات...

معاً لنقترح مكتشف هذه الطريقة الجديدة التي ستعود السكانير والإي. آر. آم. للنيل على جائزة نوبل العالمية.

ودامت تونس بخير.

jeudi 16 juillet 2009

La notion de mort bête dans un pays où l'on meurt bête

Pas une seule fois, j’ai commencé à parler de mort bête sans voir aussitôt mes propos déformés et qualifiés de divagations blasphématoires.

Pourtant, il m’a toujours semblé évident, qu’une mort qui aurait facilement pu être évitée est une mort bête.

Cependant, dans notre inconscient, le fatalisme fait rage au point qu’une faute médicale ou qu’un homicide involontaire avec conduite en état d’ébriété devient un « maktoub », un destin.

« Son heure est venue » m'a-t-on dit...
Oui l’ami ! Mais son heure ne serait pas arrivée s’il avait fait plus attention, et si… et si…

Pourquoi s’acharner à placer des barrières devant chaque raisonnement logique et de brimer le développement des neurones à coups de « Allah ghaleb » ?

Et pourquoi pointer ces regards accusateurs sur tous ceux qui cherchent à comprendre ou améliorer les conditions qui ont mené à la perte d’un être humain en le soupçonnant de haute trahison à la justice divine.

Il me semble ainsi que la mort bête soit une suite logique à l’absurdité de la fatalité. Avec ce laisser-aller qui nous donne l’impression de vivre plus heureux et plus tranquilles alors qu’en réalité, il vole la chance à des milliers de personnes de vivre encore quelques années.

Et pour être dans l’ère du temps, je finirai par déclarer que cette mentalité est ancrée dans notre identité et qu’il serait inutile de tenter de la déraciner… Car de toutes les façons « Allah ghaleb »

lundi 13 juillet 2009

Le mariage littéraire comme solution à la crise financio-existentielle

Je pensais être trop jeune pour penser au mariage ou plus tourné vers la gent féminine. J’ai fini par faire la singulière découverte de mon irrésistible attirance pour les mots.

Pas un «justice immanente » ou un « populisme » que je n’aie pas fini par désirer. Pas une belle tournure de phrase qui ne m’ait pas fait tourner la tête.

Quand j’ai commencé à courtiser les expressions, je n’aurais jamais pu imaginer que je finirais un jour par en être attaché au point de prendre un terme pour épouse. C’était sans compter sur le tyrannique décolleté qui mettait en valeur la générosité de la nature avec ce mot qui avait pourtant si peu de lettres.

J’ai fini, donc par succomber au charme des mots. J’ai accédé à leur monde qui ne demandait ni visa ni entretien ni même une présélection. C’est dire combien les jeunes d’aujourd’hui se désintéressent de cette dimension, pourtant si captivante.

Le jour de notre mariage, on a choisi un orchestre muet.
C’était une grande première mondiale. Jamais une union n’avait été célébrée en silence que je sache.

Mais certains mots étaient bien trop sensibles pour se taper quatre heures de pollution sonore, de Fatma Bousseha dont la valeur des chants se mesurait en décibels.
Cela risquait d’heurter cette sensibilité à fleur de peau et de réveiller ainsi certains maux.

Parmi les convives, il y avait toute la « high society » des phrases. Il y avait toute l’académie française… Des « néanmoins » en pagaille, aux verbes conjugués à l’imparfait du subjonctif en passant par des mots pompeux ou interminables tels « anticonstitutionnellement » qui passait la soirée à se vanter d’être le plus long de l’assistance.

On s’est acharné à organiser pacifiquement ce mariage et pour ce, on était obligé de veiller à ce que l’indicatif ne s’attable jamais à un subjonctif. Vu que ce dernier trop imbu de sa personne ne pouvait concevoir d’être attablé à un minable verbe au présent de l’indicatif. Encore moins s’il était aussi du premier groupe.

J’étais entouré de phrases simples et concises qui circoncisaient l’abjection d’une routine et d’une lassitude qui se faisaient insupportables et paraphrasaient un bien-être que je croyais perdu pour toujours. La vie était si belle dans cette peuplade éloignée.

J’étais comblé de bonheur. Je n’avais jamais soupçonné l’existence de tels plaisirs en dépit de leur présence à ma portée depuis mon jeune âge.
J’ai perdu tant de temps à rêver ou à aduler telle ou telle créature terrestre, lamentable mortelle.
Alors que j’avais tout près de moi toute l’immortalité.

Dieu m’a guidé vers le droit chemin même si, dans ma vie, j’ai pris le deuxième tournant à gauche.

Par accident, j’étais revenu. Ou peut-être ne suis jamais retourné.
Ou peut-être n’est-ce qu’un mirage…

Vivre dans un monde artificiel, un faux-idéal, une république montée de toute pièce, lever les yeux au ciel et prier pour je ne sais quelle faveur et voir l’utopie dans l’immense obscénité de ces faubourgs oubliés.
C’est peut-être là, le chemin le plus puéril du bonheur, mais probablement aussi le plus fantastique et le plus surprenant.

jeudi 9 juillet 2009

Le jeune Wassim Herissi alias Khali9a TV sur les ondes de Mosaïque FM (aflem), The tunisian dream…



Je le dis clairement et dés le départ, je méprise cette radio et la plupart de ses animateurs pour leur prétention « déplacée » (même s’il n’existe pas du tout de prétention légitime).

Notamment, le nullissime Boubaker, auteur de l’impardonnable crime contre l’humanité plus communément appelé : « Dédicaces ». Cette émission dans laquelle ce dernier s’illustre à maltraiter les participants à travers un humour de très mauvais goût et un ton de fanfarons de la pire des races.

Aussi, faut-il le rappeler, l’unique Naoufel qui a réussi l’exploit d’appeler ouvertement à la censure du blog de Zabrat au cours de l’une de ses émissions où il avait comme invité notre « génie national » Karim Ghariani (le jeune ado qui a cru avoir résolu tous les problèmes de ce pays en trouvant une simple démonstration et qui s’est laissé tenter par une campagne pathétique de vantardise inutile)
Mais tout cela ne m’empêche de reconnaître que cette station a réussi un très bon coup en embauchant Wassim Herissi connu de la quasi-totalité des tunisiens pour ses magnifiques imitations.

J’ai toujours voué une admiration sans bornes à tous ces jeunes qui n’ont pas attendu d’avoir un père haut placé ou un oncle qui connaissait quelqu’un pour le pistonner.
Convaincu de son talent, il a lancé sa Khali9a TV d’abord sur des cassettes et puis, technologie oblige, sur internet.
Aujourd’hui, c’est un artiste complet, connu et reconnu, imité par plusieurs autres, initiateur d’un véritable phénomène de société ou toute la jeunesse tunisienne reprend ses désormais célèbres expressions du genre : « Na7kou lougik », « gollou gallek ci bon » ou encore, « merci ta3ala ».
C’est peut-être le comble que sur ce blog je fasse la publicité du site de Mosaïque FM, mais la fin justifie les moyens, vous retrouverez la rubrique « Seyess khouk » de Wassim sur ce lien.
(Je n’irai tout de même pas jusqu’à encourager à écouter mosaïque… pour des raisons d’hygiène auriculaire et de pollution auditive)

Commencer de nulle part, gravir les échelons à son rythme sans l’aide de personne et finir par s’imposer de la plus belle des manières.
La jeunesse sait maintenant qu’elle peut compter sur un « tunisian dream », et qu’avec du talent et du culot, on peut forcer les portes du destin sans pour autant se jeter dans la mer sans garanties ni bouteille d’oxygène.

Le quotidien Essabeh ou le crépuscule du journalisme tunisien



C’est une affaire tragicomique à laquelle on a assisté dernièrement.
Un journal de l’envergure d’Essabeh qui vient de réaliser une entrevue imaginaire avec le chanteur français Charles Aznavour.
Aussitôt, Aznavour a démenti à l’AFP qu’il comptait prendre sa retraite juste après le concert qu’il donnera dans le cadre du festival de Carthage.
Comment sommes-nous arrivés à ce niveau de bassesse ?

Ce sont ces mêmes journaux redresseurs de tort et éternels donneurs de leçon, qui se permettent à chaque fois que l’occasion se présente de dénigrer la blogosphère tunisienne et les bloggueurs en général à travers des articles qu’ils n’ont même pas l’audace de signer.
Un journaliste qui trompe sa rédaction en fournissant une entrevue montée de toute pièce… Ceux qui s’interrogent sur l’absence de journaux tunisiens dans les revues de presse internationale ont désormais une réponse satisfaisante.

C’est à cause de journalistes pareils, dépourvus de toute déontologie et du moindre professionnalisme, que le 4ème pouvoir tunisien est quasi-absent.

Beaucoup se demandent à propos de la crédibilité de la presse tunisienne après ce coup dur… Mais depuis quand la presse tunisienne a-t-elle une quelconque crédibilité ?!
Ce sont pour la plupart des torchons menés par des pseudo-journalistes.

Cette affaire survient, faut-il le rappeler juste après un scandale qui a touché la presse écrite tunisienne concernant le plagiat d’informations collectées par le site e-s-tunis.com

dimanche 5 juillet 2009

La génération de l’ennui



On est tellement nombreux à craindre beaucoup moins la mort que l’ennui, à se ronger les ongles et à se dire qu’on serait surement mieux ailleurs à faire autre chose.
Mais on reste tout de même sur place à glander toute la journée, à attendre que l’horloge tourne, que les jours défilent inexorablement vides.

On essaie de meubler notre temps par n’importe quoi pourvu qu’on se sente vivre à travers une tasse de thé aux pignons ou même un capucin au gout amer du cramé que l’on dissimule vainement par ces innombrables morceaux de sucre.

Et puis on parle… de tout, mais surtout de rien… On fait semblant de raisonner, de débattre de sujets importants et de critiquer telle personne ou tel sujet avec une curieuse préférence aux propos diffamatoires enflammés qu’il est préférable de ne pas répéter sur cet espace de liberté sous peine d’offrir à Ammar un motif de censure inespéré.

On essaie d’être racistes, répugnants, haïssables, de perpétrer des blagues de mauvais gout, étant incapable de retenir cette envie d’exister, de laisser une emprunte dans cette vie insignifiante quitte à y laisser d’abjectes matières fécales.

On ne l’avoue jamais, mais ont vit une perpétuelle crise existentielle, accablés par la conviction d’être de jeunes gens bourrés de talent, d’être pratiquement les seuls à le savoir et de n’avoir jamais la présence d’esprit d’exploiter ses capacités à bon escient.

Pour garnir cet énorme espace dépeuplé que sont nos vies éparpillées, on s’attache à un regard, à une voix, à un corps, à une bouteille d’alcool ou même à un club de football. On en fait un problème existentiel, une affaire de vie ou de mort.

Néanmoins, on garde toujours l’espoir d’un lendemain meilleur sinon on se serait bien laisser tenter par la pendaison (ou à une autre distraction tout aussi sympathique) depuis fort longtemps.

vendredi 3 juillet 2009

Le sourire légendaire d’un jeune amputé


Jamais je ne pourrais oublier ce jeune homme de 25 ans diabétique depuis sa tendre enfance qui a fini par subir la cruelle sentence de devoir s’acquitter d’une exorbitante partie de son membre inférieur droit en guise de tribut imposé par le destin pour qu’il puisse continuer à vivre.
Comment le pourrais-je vraiment quand ce jeune arrivait à garder le sourire en dépit de la rocambolesque tournure qu’a pris sa vie.
Enfant d’un quartier populaire de Bab Souika, il était, naturellement, un féru de l’Espérance Sportive de Tunis.

Il avait les larmes aux yeux quand il me parlait de ses souvenirs dans la quasi-totalité des stades du territoire tunisien. Il suivait le club partout. C’était un inconditionnel. Peu importe qu’il neige ou qu’il pleuve, il était toujours là, le jour J à applaudir et encourager ses idoles.

Les études n’étaient pas vraiment son point fort, c’est pour cela que son choix de quitter prématurément les bancs du lycée n’était qu’un choix raisonnable et d’une remarquable suite dans les idées.

Il avait tout de même une logique imparable dés qu’il commençait à parler, une véritable éloquence qui retenait toute l’attention de ses interlocuteurs.
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il pouvait se mettre à la politique parce que malheureusement pour lui, il ne savait pas mentir.

Je l’ai senti le jour où le Club Sportif d’Hammam-Lif a fait match nul avec ses « sang et or » au stade d’El Menzah et a rétrogradé de ce fait ce club à la deuxième place du championnat derrière le Club Africain. Quand j’essayais de le taquiner, il évitait de me fixer dans les yeux de peur probablement que je décèle dans son regard un brin de colère. Ce qui était fort courtois de sa part.

Chaque matin, toujours à la même heure, je me dirigeais vers sa chambre, première à gauche du « Coté hommes » de ce service dont le nom et l’architecture laissent à penser que ce ne pouvait être qu’un couvent dans une être ère.

Je refusais de fixer cette jambe amputée, ce qui aurait été normal vu que je suis un étudiant qui est là pour apprendre à travers ces malades.
Mais lui, c’était un malade d’un autre genre. Il était trop jeune, trop fragile, je pense, pour que j’aie le sérieux d’examiner cette profonde blessure qui balafrait la morphologie de son corps.

Il était hospitalisé depuis des mois en attendant que la plaie se referme et permette à sa famille de lui fournir une orthèse.

Ce qui me semblait incroyablement herculéen de sa part, c’est de n’avoir pas perdu sa joie de vivre alors que je suis certain qu’il ne s’y attendait nullement d’être réduit par un handicap pareil aussi rapidement.

Dans une expérience passée, j'ai vécu des moments que je qualifierais d’insignifiants par rapport à ce qu’il est amené à vivre. J’ai, cependant été amputé de mon sourire pendant fort longtemps.

Mais il est des gens que la vie n’arrive pas à faire sombrer et ce n’est pas du tout faute d’avoir essayé…


[Texte dédié à Ahmed, un patient qui ne se reconnaîtra pas]

La mort à la clé



Il a tout juste vingt ans et un permis de conduire flambant neuf en guise de clés de l’enfer. En dépit de l’interdiction absolue infligée par ses parents de prendre la voiture, ce jeune rebelle qui se nourrit de vitesse n’a aucun scrupule à voler cette trois cylindres et à en faire une voiture de courses en pleine ville.
Esquivant les êtres humains tels des cônes en plastique teintés de blanc et de rouge fluorescent.
Ce jour là, comme à son habitude, il prit les clés et n’en avisa personne. A peine entré dans cette artère surpeuplée du centre ville, il monta les vitres jadis électriques, appuya sur le champignon et s’en alla caressant le ciel.
Il adorait cette sensation de toute puissance qui le submergeait quand il faisait peur aux passants et aux autres automobilistes, son sport favori était de flirter avec la mort dans une danse aussi périlleuse que palpitante.
A mesure que l’adrénaline montait, que son cœur battait à une fréquence encore plus élevée, que sa peau transpirait, il appuyait toujours aussi fort sur le champignon.
Le rythme des percussions de sa musique préférée, la « house music », le déconnectait de cette réalité cruelle qui allait soudain le rattraper quand une jeune demoiselle qui portait un bébé de 7 mois traversa la rue de ce quartier résidentiel sans faire attention.
Son corps fut projeté à 30 mètres du point d’impact et elle ne s’arrêta que lorsque son corps percuta un des immenses arbustes qui démarquaient la rue.
La mort pointe son nez, très souvent lorsqu’on s’y attend le moins. Les témoins de cet accident ont confié que rien que le vacarme causé pouvait laisser présager du pire.
Notre jeune (anti-)héro, était le seul survivant.
Cette faveur divine était curieusement insupportable pour un jeune amoureux de la vitesse et qui n’avait jamais songé à la portée de ses actes.
Il démarra la voiture en catastrophe et fuit lâchement surveillant nerveusement sur le rétroviseur les deux corps inanimés de ses martyrs. Il fut rongé par les remords...
Il baissa tout de même le son en respect à ses deux âmes probablement perdues à jamais, fit couler quelques larmes et se dit tristement que c’était peut-être la fin… Ou peut-être pas s’il déguerpissait pour un bon bout de temps jusqu’à ce qu’il y ait prescription…
Mais son unique lueur d’espoir s’éteignit définitivement quand il se rappela que sur les condamnations pour meurtre, il n’y a jamais de prescription.
Il arriva enfin à l’inévitable constatation : Il n’était peut-être pas mort… Mais il était déjà en enfer !

mercredi 1 juillet 2009

Comment une blogosphère malade ose-t-elle parler de censure ?!

Depuis un certain temps, la blogosphère est devenue minée par les ressentiments, divisée en clans.
A observer de plus prés sur les agrégateurs de blogs tunisiens, on se rend compte de l'ampleur des symptômes qui tentent sauvagement de faire plier cette blogosphère autrefois pleine de vie et de créativité.
Aujourd'hui, les bloggeurs n'écrivent plus que rarement comme pour se rappeler qu'ils existent encore en dépit des apparences.

Où est la censure dans tout cela me diriez-vous?
La censure n'est pas un sujet d'actualité à ce moment bien précis de la vie des blogs tunisiens. D'ailleurs, maintenant, Ammar doit jubiler, assis au fond d'un fauteuil moelleux dans son bureau climatisé parce qu'il n'a plus de boulot !
Dans cette pauvre blogosphère, il n'y a même plus matière à censurer. Et paradoxalement, c'est le plus triste dans l'histoire… Parce que si la censure sur le net tunisien est toujours en plein essor, c'est surtout la blogosphère qui connait une décadence la rendant de plus en plus insignifiante.
En cette journée de la liberté d'expression des bloggeurs tunisiens, je n'aurais qu'un seul vœu à formuler:


تصبحون على بلوغسفار