Les fidèles du Boukornine

mardi 30 juin 2009

Comment anéantir un King of Pop, expliqué aux nuls


Sali, dénigré, rabaissé dans les médias de tout bord.
La vérité a tout de même fini par éclater.
En respect, à l'âme de l'unique King of Pop je fais l'écho de cette nouvelle qui m'a glacé le sang.
Au moins, maintenant tout le monde le sait.
L'homme au visage d'enfant a fini par rejoindre les rangs des anges.
Qu'il puisse reposer en paix.
Interprète de l'inégalable Billie Jean… Paix à ton âme!

samedi 27 juin 2009

Michael Jackson, des souvenirs impérissables



Pour tout jeune de mon âge, Michael Jackson fut et restera une des voix des plus illustres qui aura bercé toute notre enfance.
Dés que j’ai découvert les joies de la musique, et qu’avec la somme de 60 dinars, que j’étais le plus heureux du monde d’avoir pu récolter au terme d'un aïd des plus prolifiques, j’avais acheté un walkman d’occasion de marque Sony avec un écouteur flambant neuf qui avait quand-même la prétention de coûter autant que l’appareil.
Les deux premières cassettes que je m’étais empressé d’acheter c’était l’album History et une cassette qui rassemblait une très belle brochette de rappeurs français et américains dont notamment le brillantissime Tupac.
Ce qui était magique avec la musique de Michael, c’est sa capacité d’émouvoir sans que l’on comprenne pourquoi il hurle, ni même le titre de la chanson.
Je me rappelle très bien avoir fredonné à longueur de journées le refrain de « They don’t care about us » sans jamais saisir la portée de ces mots. Je devinais tout de même, que c’était une chanson engagée et cela suffisait amplement à ce que je milite corps et âme pour cette cause que je ne connaissais pas.
J’ai souvent pleuré en écoutant « You are not alone » avec toujours la même ignorance de la langue de Shakespeare.
J’ai aussi vainement tenté d’imiter Michael dans son célèbre Moonwalk et dans toutes les danses qu’il effectuait en vraie bête de scène. C’était la femme de ménage, qui m’avait sévèrement grondé une fois, parce que certains gestes qui étaient propres à Michael étaient obscènes selon elle. Cela ne m’a rendu que plus attaché à mon idôle de l'époque.
C’était par la suite à travers son jeu-vidéo sur la console Mega Drive qui s’intitulait lui aussi Moonwalk si mes souvenirs sont bons et qui m’a tellement émerveillé et retenu mon attention.
Avec l’âge et certaines expériences traumatisantes, mes goûts musicaux se sont radicalisés. Mais j’ai toujours gardé cette nostalgie du grand King of Pop.
Aujourd’hui, et à l’annonce du décès du génial Michael, je ne suis pas aussi triste que ne le laisserait croire une telle nouvelle.
C’est surement parce que si Michael est mort son art est immortel. Pour devenir une légende, tout artiste se doit de surprendre son public même dans sa mort. Et malgré l’annulation de la tournée d’adieux, j’estime que Michael a largement réussi sa révérence.

mercredi 24 juin 2009

Quand l’Iran met un genou à terre, toute la planète jubile

Sans vouloir revenir sur les circonstances du déclenchement de cette grande discorde qui frappe de plein fouet l’Iran ces derniers jours et la violente répression des forces de l’ordre (ou du désordre) qui tirent aveuglément sur la foule pissant sur les conventions et crachant sur la dignité humaine.
Ce qui me frappe le plus, c’est la réaction de l’occident vis-à-vis de cette crise. Les éternels donneurs de leçon en matière de « savoir-vivre », de démocratie et de respect des droits de l’homme.

Je me permets aussi de leur donner des leçons. La France par exemple, en 2005 (si ma mémoire est bonne) avec les évènements des banlieues et le châtiment réservé par les hommes de Sarko, alors ministre de l’intérieur français qui avait tout amorcé en proférant l’ignoble expression « je vais les nettoyer au karcher ».
Mais, là aucun pays arabe ou musulman ou même tiers-mondiste n’avait le droit de débattre là-dessus. Parce que nous, on n’y comprend rien. Alors qu’eux, ils ont mis au monde toutes les valeurs nobles qui régissent ce monde.

Quant aux states et à leur « chien obéissant » alias Tony Blair (pour ne pas citer le tout nouveau), qu’ils apprennent à traiter les détenus avant de venir faire les beaux dans des conférences de presse. Abu Ghraïb en Irak et Guantanamo à Cuba en attestent largement.
Les violations, les dépassements, ils en sont passés maîtres, eux aussi.

Si un pays leur tient tête et n’affiche pas de prime-abord une allégeance sans failles aux grandes puissances de ce monde. Ils n’ont aucun scrupule à semer la discorde dans un peuple qui n’avait pas la belle vie certes en dépit des immenses richesses du pays, mais qui ne mourrait pas dans les rues sous les balles de leurs compatriotes.
Ils renversent les régimes (alimentaires) et dérèglent la physiologie des peuples. Ils approuvent des présidents et provoquent la chute de bien d’autres.

L’Iran est une démocratie et rien ne prouve que les élections aient étés truqués si ce n’était le doute entretenu et attisé par l’occident qui ne savait plus quoi faire de ce mauvais-élève qu’est l’Iran.

Ils n’ont que faire du sang des innocents qui coule à flots ici et là. Leurs consciences se lavent automatiquement et ils n’auront aucun mal à s’endormir demain et après demain. Quand nous avons inventé l’algèbre c’était surement pour mieux dénombrer nos morts. Quant à eux, ils se sont très vite mis à la géométrie pour mieux planifier l’impact des balles sur nos corps sans défense.

Au diable les semeurs de troubles. Et vive le sang du peuple sur le trottoir. Les maux d’aujourd’hui feront les victoires de demain !

lundi 22 juin 2009

Mélancolie, sors de ce corps !

C’est au moment où ma vie prend des tournures auxquelles je n’aurais pas aimé assister que les mots me hantent et s’alignent spontanément prêts à être publiés.
J’ai longtemps cherché un sens à ma vie. A l’heure qu’il est, je pense qu’hélas, je n’en ai pas encore trouvé.
Pourtant, j’ai essayé bien des voies. J’ai cassé tant de fois ma voix.
J’ai été pieux, j’ai été turbulent, j’ai été pyromane, j’ai été artiste, j’ai été révolté, j’ai été amoureux, j’ai été haineux, j’ai été tolérant et j’ai même été prétentieux. Aujourd’hui, avec un peu de recul, je ne suis plus qu’un mélange de tout cela avec quelques vestiges de principes et quelques sautes d’humeur plus fréquentes.
A l’école du bonheur, j’ai trop souvent été cancre voire même absent à l’appel.
Personne ne s’est inquiété pour moi. Et tant mieux finalement.
Comme Baudelaire, mon spleen est un état de base et tout le reste n’est que passager.
Cependant, ma mélancolie évolue avec le temps. Elle agonise quand je succombe aux charmes d’une douce brune, ou quand je dévore une œuvre littéraire. Elle fanfaronne quand je ne vois plus d’issue, quand j’assiste, impuissant, à des injustices qui me touchent directement ou indirectement via un peuple qui lutte témérairement pour affirmer son existence.
J’ai su au fil des jours apprécier la tristesse. Me réjouir parfois de la retrouver après une longue période d’absence.
Elle a ce goût à la fois doux et amer que j’ai appris à estimer.
La vie, je trouve, avec ses aléas, ses peines, ses joies, ses hauts et ses bas, n’est qu’un film d’auteur sans intérêt dont on ne perçoit nullement le sens mais dont le seul génie nous hypnotise et nous laisse admiratif comme face à une œuvre d’art aussi grandiose qu’inutile.
Que dire de plus ?
Il y a tellement à en redire…
Mais je laisserai le soin au silence pour conclure cette note et qui mieux que lui peut prétendre aimer le spleen ?

vendredi 19 juin 2009

L’enfant qui sommeille en nous

Cette peur soudaine du noir quand un bruit surgit du milieu des ténèbres.
Cette sensibilité à fleur de peau.
Cette humeur capricieuse.
Ces larmes versées face au désarroi des autres.
Cette révolte et cette insatiable envie de changer le monde.
Cette boulimie d’oxygène et de vie.
Cette innocence qui subsiste au fond des yeux même après avoir succombé à toutes les tentations du monde et après bravé l’interdit.
Cette voix trempée de tendresse qui sait consoler quand les adultes fuient.
Ces yeux rivés vers l’horizon qui n’acceptent pas l’amertume de la défaite et la combattent à coups violents d’optimisme irradiant autour d’eux.
Cette malice, cette sensation de toute puissance, ces idées extravagantes, cette vérité spontanée qui émane de cette bouche ornée de dents de lait.
Se demander légitimement si dieu existe vraiment ou si nous avons juste atterri par erreur sur cette planète où l’on s’entretue en toute jouissance. Se sentir parfois étranger et vouloir à tout prix revenir sur Mars ou Platon…
Regarder la lune comme un chez-soi lointain. Ressentir l’amertume de l’exil.
Ces passages chez le dentiste pour les extraire une à une… « Ô mer, prends cette dent d’âne en offrande et offre moi en échange une dent de gazelle » avant de lancer sa dent défunte dans les vagues.
Aimer une fille sincèrement, sans arrière-pensées… De cet amour limpide, passionnel et grandiose. Chanter son amour aux oiseaux…
Son premier baiser. Sa première escapade dans le royaume des amoureux…
Et puis en un instant prendre l’ascenseur émotionnel pour rejoindre le rang des blessés de cette guerre qu’est l’amour.
Avoir en tête une interminable liste de projets impossibles que l’on se jure de mettre en œuvre…

On croit tous l’avoir enterrée à jamais de notre existence, cette âme pure de notre tendre enfance… Elle finit souvent par ressurgir.
Mais qu’a-t-il fait de sa vie celui qui a assassiné cette âme d’enfant qui sommeille en lui ?

Le nouveau spectacle de Lotfi Abdelli, l’état de l’humour tunisien et le piratage

Lotf Abdelli, vous connaissez surement ce jeune acteur, à l’affiche de la quasi-totalité des films et feuilletons tunisiens depuis au moins cinq ans.
D’abord danseur, puis découvert par le grand public à travers (feu) Chams Alik, cette émission à succès qui passait sur Canal Horizon. J’avoue, j’étais fan de son humour, de sa manière de se moquer et de son image d’anarchiste jusqu’au jour où je le trouvais un peu trop présent, un peu trop encombrant sur la scène médiatique tunisienne (A l’instar de son confrère Med Ali Ben Jemâa, l’homme qui pointe son visage dans un film plus vite que son ombre).
Mais ce que je trouve absolument inadmissible chez lui, c’est sa prétention.
Je l’ai vu à maintes reprises au centre-ville de Tunis, il marchait en regardant à droite et à gauche avec une allure telle qu’on croirait volontiers qu’il vient de décrocher un Prix Nobel.
Même dans ses déclarations tristement célèbres du genre : « Gad el Maleh nkawer bih (désolé mais c’est intraduisible) »…
Le mec n’a pas de niveau académique soutenu et c’est peut-être pour cela. Le plus souvent, moins on fait d’études poussées, plus on se sent fort, intouchable et grandiose. Ce que je trouve sincèrement très méprisable.

Lotfi Abdelli a du nouveau. Un one man show (excusez du peu) intitulé « Made in Tunisia » qu’il a présenté au théâtre municipal en avant-première.
J’étais là par pur hasard. Et figurez-vous que j’ai aimé le spectacle. Il est vrai que l’on ressent à travers bon nombre de ses sketchs la fonction « copier-coller » de ses maitres à penser « Gad elMaleh » et « Djamel Debbouze » (qu’il a dénigré publiquement sur la radio merdique Mosaïque FM ) mais avec l’aridité accrue qui touche l’art en général en Tunisie, c’est déjà un exploit en soi que de tenter un one man show quand on ne s’appelle pas Lamine Nehdi et qu’on n’est pas voleur de textes… (Mais cela, on y reviendra)

Comme vous voyez je ne suis pas rancunier, si Abdelli a réussi quelquefois à me décrocher des ricanements c’est qu’il y avait mis la manière. Je vous invite donc tous à aller encourager ce jeune talentueux certes, quoique imbus de sa personne.

A mon humble avis, au terme de cette avant-première, une star est née. Elle n’existait pas avant… parce que s’afficher dans des films nullissimes ou des feuilletons de pacotille, ce n’est pas une grande performance. Mais tenir en haleine tous les spectateurs du théâtre municipal comme il l’a fait… Ce n’est pas donné à tout le monde.

Seul bémol, le piratage. Imaginez, après seulement deux jours, l’intégralité du spectacle était sur facebook et quiconque pouvait savourer alors qu’on en est juste à l’avant-première et que Lotfi mériterait pour ses efforts d’être encouragé par le peuple et non démoli par ces vidéos qui ne font que tuer l’art déjà agonisant dans notre pays.

jeudi 18 juin 2009

Obsédé par l’écriture





J’ai essayé de m’abstenir. J’ai juré par tous les dieux que je n’y remettrai plus les pieds. Je savais que ce n’était pas gagné d’avance. Je sais maintenant que c’est perdu.

J’aime marier les mots. J’aime immortaliser mes joies et mes maux.

Je ne suis certainement pas un as des verbes intransitifs ni même un fin connaisseur des locutions.

Je suis simplement un accro du son que fait mon clavier quand je tape un texte.

J’aime partager des moments qui me marqueront. J’aime publier des souvenirs dont je suis le seul à prendre gout.

Je ne sais plus si j’écris pour vivre ou si je vis pour écrire. De toutes les manières, je trouve qu’écrire est une fonction vitale non moins importante que la respiration. Et ce n’est pas un hasard si l’oxygène est désigné par une lettre de l’alphabet : O. C’est dire l’importance des mots.

Je (ré)écris… donc je suis.

Un grand merci pour ceux qui m'ont encouragé!

samedi 13 juin 2009

L’abstention verbale

Face à la décadence verbale, j’ai fait vœu de chasteté.
Dans ce monde impur, truffé de ressentiments et d’animosité, la poésie des mots n’a pas lieu d’être.
En dépit des lettres en minijupes et des écrits immenses ponctués de décolletés plus déroutants les uns que les autres, j’essaierai de résister.
J’ai la conviction tout de même que ce ne sera pas une partie de plaisir et que le spectre de la tentation (d’écrire) sera toujours aussi présent.
Quoique trop jeune (en tant qu’auteur) pour entamer un jeûne verbal à durée indéterminée. Mais ce sont ces aléas de la vie qui lui donnent tout son charme et qui nous font apprécier chaque moment de gloire, aussi infime soit-elle.
J’ai jeté mes porte-mines 0.7 et déchiré mes feuilles blanches. Dégoûté par la réalité des choses, par le vrai état des lieux. J’ai jeté aux chiottes toutes ces idées qui foisonnaient dans mon esprit étourdi et j’ai tiré la chasse d’eau.
Désormais j’apprendrai, je l’espère, à apprécier la dorure du silence et j’arriverai peut-être, à surmonter les périls du mutisme.

mercredi 10 juin 2009

Les africains et leurs sélections de football sont-ils des animaux ?

Les appellations réservées aux sélections africaines sont quasiment toujours en rapport avec des animaux. Je citerai à titre d’exemple : les Aigles de Carthage (Tunisie), les Lions de l’Atlas (Le Maroc), les Lions Indomptables (Cameroun), les Lions de la Teranga (Sénégal) et les Eléphants (Côte d’Ivoire)…

Ceci m’intrigue énormément, je me demande même qui est à l’origine de ces désignations que je trouve racistes, réduisant les africains à des animaux et faisant ancrer cette mentalité de bestialité provenant de ce continent. Contrairement aux sélections européennes et autres : Les bleus (France), la Squadra azzura (Italie) et les oranges (Pays Bas) qui ont l’élégance de ne pas se sous-estimer.

Je vois mieux la Tunisie en Gladiateurs d’el Djem. En tout cas, c’est surement beaucoup plus classe que de s’identifier à des animaux et beaucoup plus à l’image de l’histoire richissime de l’ex Ifriqyia et actuelle Tunisie.

lundi 8 juin 2009

Quand la mémoire s’envole, heureusement qu’il y a encore le cœur pour la raviver !

Je prenais le bus numéro 51 en provenance du TGM et qui s’en allait vers la région d’Ennaser pour y retrouver quelques amis après avoir salué d’autres amis avec qui j’ai passé un très agréable après-midi dans un des cafés de l’avenue Habib Bourguiba.

Il était 21 heures, c’était le dernier bus ce jour là. Le chauffeur roulait à une vitesse effrénée sans doute pour gagner 5 ou 10 minutes pour rentrer au dépôt un peu plus tôt et peu importe si nous devions tous y passer comme ce fut le cas avec le tristement célèbre accident de l’autobus de Mornag. Nous discutâmes d’ailleurs, de ce sujet là pendant longtemps, avec ce vieux monsieur que je ne connaissais pas auparavant et qui venait tout juste de s’asseoir à côté de moi.

On était presque arrivés au terminus, quand tout juste avant le rond-point de cette nouvelle ville, (connue comme la capitale des salons de thé de tout le Grand Tunis voire même de toute la Tunisie.), un vieil homme, mal-rasé, avançant à petit pas, aux gestes d’une lenteur maladive s’avança doucement vers l’employé de la TRANSTU, pour lui demander où est-ce qu’il pourrait trouver le Monoprix d’Ennaser où devaient l’attendre ses enfants et sa femme.
Il lui indiqua le chemin à prendre et le pria de vite descendre sous l’insoutenable pression des klaxons des voitures qui nous précédaient.

Mais, l’homme demeura cloué sur place comme paralysé par la peur de ne pas arriver à destination. Il redemanda la même question à la même personne qui se trouva fortement embarrassée sous les menaces de plus en plus vives du chauffeur de quitter l’arrêt immédiatement.

Je regardais derrière moi comme pour m’assurer que j’étais le dernier passager du bus et que je n’avais pas le choix pour intervenir quitte à perdre quelques minutes d’une montre que j’avais omis de porter ce jour là.

Je me levai donc, me portant volontaire de la prise en charge de ce vieil homme jusqu’à Monoprix.

Il arriva à peine à descendre les marches du bus même avec mon aide. Nous primes un taxi vu que je l’imaginais vraiment mal pouvoir escalader cette parcelle de l’avenue Hédi Nouira qui menait tout droit vers son paradis : Le monoprix.

Arrivé à bon port, je m’apprêtais à partir… Quand il m’est venu à l’esprit, l’ingénieuse idée de lui demander où était sa femme… C’est là qu’il balbutia sans répondre vraiment… Pour enfin me révéler qu’il se devait d’aller devant l’agence de l’ATB un peu plus loin.

Je l’y emmenai en le tenant par le bras l’épargnant ainsi de plusieurs chutes qu’il a tout de même évité de justesse… Je commençais au fil des minutes à penser sérieusement que la mémoire de cet homme commençait à flancher.
C’est là qu’il m’annonça non sans peines, que maintenant on devait aller juste en face.
La chasse au trésor n’était pas terminée pour autant.
Parce qu’en lui posant la question existentielle du jour… « Et maintenant ? Où sont-ils ? »
Il me répondait avec un « Je ne sais plus… Tu sais, je ne me souviens plus très bien ces derniers temps… »

On se retrouva coincés… devant un salon de thé sous les yeux curieux des bourgeois qui sirotaient des jus pourris à six dinars le verre.

C’est là qu’il eut une illumination inespérée : « c’est tout juste à côté d’un glacier… je me rappelle seulement de cela ! »
En suivant son dernier indice, ce fut l’ultime délivrance. Je fus accueilli en trompettes par un gardien à l’accent pour le moins marocain… (Peut-être parce qu’il venait du Maroc… Qui sait ? )
Le vieil homme en avait les larmes aux yeux. Il me demanda de venir lui rendre visite de temps en temps et me répéta : « Qu’il laissait à dieu le soin de me récompenser… »… Je n’en demandais pas plus à vrai dire !

Tout juste après, je suis rentré bouleversé de tout ce qui venait de se passer. J’ai même choisi de rentrer directement pour dormir et récupérer de cette périlleuse aventure qui s’est heureusement bien achevée.

Cet homme pouvait très bien se perdre, mourir de faim, être agressé… Mais heureusement que quand la mémoire s’envole il demeure toujours des cœurs pour la raviver !

dimanche 7 juin 2009

Quand l’Egypte affronte l’Algérie aux éliminatoires... L’ambiance électrique est garantie

A coups de chants patriotiques des deux côtés diffusés en boucle sur les chaines de télévision égyptiennes et algériennes et de discours belliqueux c’est à se demander si nos voisins ont toujours assez de lucidité pour se rappeler qu’il ne s’agît encore et toujours que d’un jeu où l’on peut perdre comme on peut gagner.
Ces démarches qu’ils pensent efficaces pour motiver leurs « troupes » (pour reprendre leur idéologie) ne servent qu’à envenimer la situation, qui on l’espère ne dégénérera pas quelque soit l’enjeu.


[Le match aller se jouera aujourd’hui vers 20h30 dans la ville algérienne de Blida]

samedi 6 juin 2009

Le harcèlement sexuel en Egypte, quand les tabous se mèlent à la frustration

Certains esprits illuminés vous diront: "C'est elles qui nous cherchent", "Elles n'ont qu'à ne pas s'habiller comme ça!"
Face à autant d'ignorance... Il serait condamnable de riposter...

vendredi 5 juin 2009

Le punching-ball ou la perte d’un jeune qui baissait dument la tête jusque-là…



Il habitait un coin populaire mais il avait la tête d’un gosse d’Ennaser. Ce qui lui rendait naturellement l’intégration quasi-impossible avec des jeunes qui avaient comme unique faire-valoir de posséder un couteau suisse, d’origine chinoise dans la plupart des cas.

Il se faisait braquer régulièrement parce qu’il ne possédait aucun objet contendant. Quand on lui demandait son portable, son argent de poche… Il ne discutait même pas. Il baissait la tête avec une fatalité et une soumission des plus édifiantes.

Quand au lycée, des connaissances lui faisaient des remarques déplacées ou tentaient même de le mettre hors de lui, il ne répondait jamais sous prétexte qu’il était plus grand que leur bassesse et leur étroitesse d’esprit mais le fait est là, il avait peur de réagir.
Il se sentait paralysé, une hypertonie le gagnait, il se crispait et devenait incapable de réagir même s’il le voulait.
C’était sa manière à lui d’esquiver la confrontation, de se dégager du poids qui pesait sur sa conscience en lui répétant sans cesse qu’il n’était que lâcheté.

Il n’avait jamais les mots pour répondre, il préférait se taire et terrer ses maux entre ses côtes.

Même ses profs s’en prenaient à lui, il devenait rapidement une tête à claque, le moyen le plus efficace de déstresser était de lui coller deux baffes et de continuer son chemin.
Après quelques années, une maitrise en sciences économique et un nouveau job en poche, son employeur a pris la place de ses bourreaux d’antan et lui menait la vie dure.

Entre insultes, dévalorisation et harcèlement moral notre jeune diplômé ne se retrouvait plus.

Mais tout a changé le jour où il s’est acheté un punching-ball.
Il avait enfin trouvé le moyen de muscler ses bras trop grêles, de se défouler et de ne plus refouler ces échecs sociaux qui se répétaient, se ressemblaient et le rabaissaient à chaque fois plus.

Après une longue journée de travail, il revenait et ne parlait à personne sauf à son punching-ball. Gauche, droite, gauche-droite, uppercut, crochet… Il n’économisait pas ses efforts pour se venger, pour relever la tête. Il voyait dans ce sac, les visages de tous ses détracteurs, de tous ses tortionnaires qui n’avaient jamais daigné le laisser vivre en symbiose avec son environnement l’amoindrissant chaque jour sans qu’il n’arrive à répondre jusqu’à ce qu’il ne soit plus que poussière.

Aujourd’hui il n’a plus peur de la confrontation, il s’est soulevé, il ne craint plus d’être amoché, de se fracturer un tibia ou un humérus. Il s’est juré de ne plus se taire face aux injures et de redorer son blason.
C’est fini cette époque où il était plus pur, plus précieux, plus intelligent que de s’engrener dans des situations qui pourraient lui couter la vie.
Il a enfin compris que dans certaines sociétés, l’intégration se fait par la force du coup de poing et non pas par une quelconque philosophie élitique. Il était comme eux, et il se devait d’agir comme eux pour être en concordance avec son époque et laisser à coté tout anachronisme qui ne masquait que son impuissance.

Même son employeur a commencé à changer de point de vue, de comportement craignant ses réactions devenues pour le moins violentes.

Mais en cette nuit obscure qui couvrait ce quartier malfamé, le plus téméraire des voyous commencerait à trembler.
Mais à avoir trop souffert dans sa pénible existence, il n’avait plus peur du tout. Il avait cette curieuse envie d’être attaqué à nouveau comme s’il était obligé de prouver à tout le monde qu’il n’était plus ce même ado atone et coincé de qui on riait à longueur de journée.

Coup de chance, ou d’infortune, une étoile filante passait tout juste par là. Une bande de quatre individus a commencé à le filer.
Il n’en croyait pas son cœur. Pour une fois, il n’avait aucune crainte. Il était prêt au combat. Il n’attendait que le corps à corps.

S’ils allaient lui demander son téléphone, il préférerait mourir plutôt que de céder.
Ils lui ont sifflé, et ont commencé à le provoquer… Il s’est retourné en fermant le poing, s’apprêtant à surgir tel un preux chevalier.
Il n’eut même pas le temps de penser, et reçut un coup de couteau dans la gorge qui eut raison de toutes ses bonnes intentions.
Il a rendu l’âme sur le coup ce qui a laissé le temps à ses agresseurs de lui dérober tout ce qu’il avait et qu’il s’était, à juste titre d’ailleurs, promis de protéger jusqu’à sa mort.

Aujourd’hui git en plein Djellaz, un jeune de 25 ans à priori ne différant en rien des autres défunts mais qui n’est ni mort de vieillesse ni d’un arrêt cardiaque mais d’avoir trop rêvé, d’avoir espéré bousculer le cours des choses. Cependant, sous un certain angle il a réussi… Au prix de sa vie certes, mais il a tout de même réussi.
C’est peut-être pour cela qu’on a l’impression en se recueillant sur sa tombe, qu’en dessous il ne dort pas mais il sourit !

توضيحات أخيرة حول البلوغسفير قبل النقطة إلي ترجعلني للسطر



في تدوينة سابقة كتبت على عاشور الناجي والأصوات إلي تنادي باش المدون هذا يقلع عن التدوين.
أنا نستعرف ما كانش عندي إلمام بالحكاية بكلها وبتفاصيلها الكل. طلعت فيها سبان، وتخربيش كرامة إلخ...
أنا مع بلوغسفير حية، تخمم، على قيد الحياة تمشي في الإتجاهات الكل أما فما إختراع إسمو إحترام لقيتو مفقود في جل الحوارات سوى من هذا الجانب أو من ذاك.
تقول حرب بين الحي الفوقاني واللوطاني وناس تستعمل في أسلحة غير مشروعة والإختلاف الوحيد هو أنو في الحي الفوقاني مغرومين بالتن وفي الحي اللوطاني السردينة تعجبهم خير.
يا خنازير يا كفار، يعطيك (***)، كلاب عربي، بلاصتكم في جهنم، سبان رب الإسلام...
أنا نعتبر روحي من مستوى راقي بكل تواضع، ونعتبر كل إنسان يحترم روحو عندو مستوى راقي، أما كي ولى التدوين فيه تشليك للعباد وتطييح قدر، نخير ما عادش نحكي على البلوغسفير إلي تستنى فيك بالسيوفة.
وما نقولش أحد الفريقين أحسن من صاحبو وإنما في البلوغسفير من المفروض ما يكونش فما فرق، وقيما قال جورج بوش يا معانا يا مع الآخرين، أنا ضد التجاوزات، ضد المناداة بالإقلاع عن التدوين وضد السبان زادة إلي يصدر من الجهتين وضد أنو واحد ما يؤمنش بربي يبدى يدعي أنو أذكى من العباد ولا أنو واحد يصلي ما يحترمش حقك في أنك تعبد بقرة.
نقطة ونرجع للسطر. سطر التدوين الحر إلي ما تكبلوش قيود، إلي يصير في الإحترام المتبادل، إلي ينقد كل حاجة يرى فيها العوج، إلي ما يهموش بكل الإتجاهات وعامل إتجاه وحدو: إتجاه التدوين على الجو ولتبادل الآراء على اختلافها.
وانشالله في البلوغسفير ما ننساوش الأهم ألاوهو الإبداع في الفضاء التدويني وما نكبشو كان في فلان بيه وفلتان عليه.
كلمة وتقالت والسلام على من إتبع الهدى وحتى على من لم يتبعه.

jeudi 4 juin 2009

La dictature du lectorat

Ce samedi vers 19h44, j’ai publié une note que j’ai choisi d’intituler « Le formidable itinéraire d’une crotte de nez » où je décrivais en gros un jeune homme qui avait comme hobbie principal de se fourrer le doigt dans le nez.
Ce texte m’a valu des réactions très étonnantes de la part de mes amis. On me reprochait de les avoir dégoûtés, d’avoir décrit avec une répugnante précision un acte que les règles les plus élémentaires de la bienséance nous interdisent d’afficher. Certains sont même allés jusqu’à m’avouer qu’ils ne viendront plus me lire si je continue sur cette lancée. D’autres m’ont qualifié d’abject me lançant des regards méprisants…
Ce qui m’a poussé à répondre par une note et non pas directement, c’est le nombre effroyable de personnes qui pensaient la même chose.
Je trouve les crottes de nez d’une poésie inouïe et rien ne m’empêche d’en parler quitte à ne plus voir arriver mes amis sur cet url.
D’ailleurs je les préviens tout de suite les prochains textes parleront respectivement de la diarrhée, de l’effort d’exonération, du vomissement sous tous ces angles et du calibre du canal anal.
Ainsi, ils devront agir en conséquence et me laisser « me gazouiller dans l’herbe » tranquillement comme dirait l’humoriste franco-marocain Djamel Debbouze.
En attendant d’être inspiré pour donner le plus poétique et le plus dégoutant de moi-même aussi loin que possible des tabous de cette société, amis de longue date, je vous salue !

mercredi 3 juin 2009

عاشور الناجي دون والله معاك. ولا على بالك بيهم !


أمر خطير في البلوغسفير التونسية، حملة كاملة على مدون أعزل خاطر سمى روحو مسلم سابق، خاطر عندو آراء ضد الإسلام.
أنا بيدي شخصياً كمسلم نؤمن بربي، ما يعجبنيش كلامو، أما شنوا باش نعمل ؟ نشن حرب دامية على شخصو ؟
مو لا بأس ؟
كل واحد حر في الخربة متاعو.
نلوموا على عمار ونحنا ننادي باضمحلال بعض الأصوات.
المستوى في البلوغسفار ماشي وينزل.
التدوين التفاعلي هذا، تشليك للتدوين ككل.
ودون يا عاشور، كيما قال فولتير:" لا أوافقك في ما تقول لكنني سأفعل كل ما بوسعي كي تسطيع قوله"

lundi 1 juin 2009

ولد الحومة العربي و أصول الإستقواء بالأجنبي



عمرو ما فاتش خمستاش سنة ، مغروم بالترجي الرياضي، ولد باب سويقة من قاع الخابية، ديما بعمايلو.
غزر لبوه قالو:
-يا بابا يا غالي !
-ربي يستر آش باش تطلبني المرة هذه
-لا ما فما كان الخير بقدرة ربي، والله يا بابا ماكش مقصر معانا، تكسيني وتوكلني وما خصني شيء.
-هيا باهي... كيف سبتك قمت تشكر فيا في غرغور القايلة.
-عندي شوية انتقادات يا بابا نتكلم وإلا تخيرني نسكت ؟
-تكلم تراه آش عندك باش تقول زادة.
-علاش يا بابا ما نوليوش نتناقشوا، تسمع رأيي، نتحاجوا تقنعني ونقنعك؟
علاش تاخو في قرارات تخفيض نصيب الفرد من الياغورت من غير ما تشاور ؟ علاش ما نتفاهموش وين الخلاعة العام الجاي ؟ علاش ما نوليش كيف جارنا عم حمد هكة عامل مع أولادو... فرحانين كان تراهم. علاش ما تزيدنيش من المصروف كيف عندك فلوس يا بابا وكي أنا ديما نعاون فيك في الخدمة وندخلك في الفلوس وهاك تهون على روحك من غير حساب؟.....

ما كملش كلامو، بوه يسرفقو بداودي يطيحلو سنتين وبرشة دمعات.
هرب الفرخ، مشى لدار جارهم يجري، وكان يعرف جارهم ما يخذلوش ويدافع عليه.
كيف خلط بوه يلقاه تحت رعاية الجار، وكان عام حمد باندي قديم في الحومة يهابوه كبار وصغار.
وقف البو وروح للدار حالفاً بلأيمانات السبعة لا عاد يقبل ولدو في دارو مهدداً إياه بتقديم شكاية في الغرض بتهمة القباحة إلي مش في محلها و الإستقواء بالأجنبي...

يتبع...

Le Maroc, ce pays où l’on revendique publiquement son homosexualité

J’admire beaucoup le franc-parler et la liberté de ton des journaux marocains qui nous devancent nettement dans ce domaine, la censure y étant beaucoup moins prononcée que chez nous et les lignes rouges beaucoup plus laxistes.
Je vous propose seulement de jeter un œil sur cet article parus dans l’excellent magazine TELQUEL censuré en Tunisie.
L'homosexualité étant bien sûr un sujet extrêmement tabou dans les médias tunisiens qui ne font que caresser le sujet sans jamais traiter du fond de la question.
«
Inédit. L’homosexualité expliquée à ma mère

Loin de toute polémique, loin des tabous et des lois, l’écrivain Abdellah Taïa (L’armée du salut, Une mélancolie arabe) évoque, dans ce document exclusif, la différence expliquée à l’être le plus cher : la mère.


Ma chère famille,

C’est la première fois que je vous écris. Une lettre pour vous tous. Pour toi, ma mère M’Barka. Pour vous mes sœurs, mes six

sœurs. Et pour vous mes deux frères. Je vous écris par mon cœur et ma peau ces lignes qui sortent enfin de moi et qui me viennent aujourd’hui dans l’urgence. Je ne peux pas ne pas les dire, les tracer. Vous les envoyer. Expliquer ma démarche, ce que je suis, ce que j’écris et pourquoi je le fais. Expliquer ?! Oui, expliquer davantage parce que j’en ressens la nécessité intérieure et parce que vous, ma famille, n’avez pas pris la peine de lire, de bien lire, ce que j’ai publié – livres, articles, interviews… Expliquer parce que depuis longtemps c’est ce qui nous manque au Maroc : qu’on nous considère enfin comme des êtres dignes de recevoir des explications, qu’on nous implique vraiment dans ce qui concerne ce pays et qu’on cesse de nous humilier jour après jour.

Je sais que je suis scandaleux. Pour vous. Et pour les autres autour de vous : les voisins, les collègues au travail, les amis, les belles-mères… Je sais à quel point je vous cause involontairement du “mal”, des soucis. Je m’expose en signant de mon vrai prénom et de mon vrai nom. Je vous expose avec moi. Je vous entraîne dans cette aventure, qui ne fait que commencer pour moi et pour les gens comme moi : exister enfin ! Sortir de l’ombre ! Relever la tête ! Dire la vérité, ma vérité ! Etre : Abdellah. Etre : Taïa. Etre les deux. Seul. Et pas seul à la fois.

Au-delà de mon homosexualité, que je revendique et assume, je sais que ce qui vous surprend, vous fait peur, c’est que je vous échappe : je suis le même, toujours maigre, toujours cet éternel visage d’enfant ; je ne suis plus le même. Vous ne me reconnaissez plus et vous vous dites : “Mais d’où lui viennent ces idées bizarres ? D’où lui vient cette audace ? On ne l’a pas éduqué comme ça… Non seulement il parle publiquement de sexualité, non, non, cela ne lui suffit pas, il parle d’homosexualité, de politique, de liberté… Pour qui se prend-il ?”

Je viens du Maroc. Je connais le Maroc. Réussir, exister, c’est avoir de l’argent. Ecraser les autres avec son argent. Depuis que je suis né, en 1973 à Rabat, c’est cela l’idéal marocain, le modèle à suivre. Comme vous, je suis né pauvre, j’ai grandi pauvre à Salé. Je reste d’une certaine façon, aujourd’hui encore, pauvre. Moi, je refuse cet idéal marocain stérile. Cette platitude. Il ne me convient pas. Je le dépasse. L’idéal marocain, moi, à mon petit niveau, je le réinvente. Je le remplis avec un nouveau contenu, avec du sens, du courage et du doute… C’est cela, au fond, ce qui vous choque : je me révèle autre, quelque chose que vous n’avez pas prévu, vu venir. Un monstre. En plus, à côté de vous, j’ai toujours été tellement gentil, tellement studieux et bien élevé.

Vous devez vous poser chaque jour maintes fois la même question : qu’est-ce qu’on lui a fait ? Qu’est-ce qu’on lui a fait pour mériter ça, ce scandale ?
Vous devez certainement me détester maintenant, me maudire. Pour vous je ne suis sans doute plus un bon musulman. Vous devez aussi avoir peur pour moi : je prends des risques en m’exposant ainsi dans les livres et les journaux.

Ma mère : je sais que tu n’es pas d’accord avec mes choix mais que tu continues de prier pour moi. Et cela me touche. J’ai besoin, de loin, de croire que toi aussi tu réinventes le monde et les prières musulmanes. Ma mère, tu ne le sais sans doute pas, le désir de révolte, c’est toi qui me l’as donné. Chez nous, tu as toujours été le guide, la stratège, la révoltée. La réalisatrice. Ma mère, même analphabète, à toi toute seule, durant les 25 années que j’ai passées à côté de toi, tu étais une école de féminisme. Et quelle école ! Je t’admire. Je fais mieux que de t’aimer, je le répète : je t’admire ! Tu as imposé tes choix à mon père, à nous. Tu as réalisé ton œuvre : la maison de Hay Salam. C’est toi qui économisais de l’argent, qui achetais du ciment, du sable, des briques, toi qui engageais les maçons et négociais avec le “moqaddem”. Tu as compris, tôt, que tu n’avais pas d’autres choix que celui d’être un homme à la place des hommes. Mieux et plus courageuse que tous les hommes qui nous entouraient.

Certes, ta détermination à aller jusqu’au bout des choses devenait certains jours de la dictature. Certes, ta façon de parler c’était le cri, encore et encore le cri. Certes, il était impossible de discuter avec toi. Mais, quand même, que de leçons apprises à tes côtés.

Ma mère, ton prénom est magnifique. M’Barka. Il vient de la campagne de Oulad Brahim. Ton histoire et ton itinéraire, de Tadla à Salé, en passant par El Jadida et Rabat, quand je me les remémore, me ravissent. Une épopée. Sans larmes. Tu n’as jamais renoncé. Tu n’as pas toujours été juste, surtout avec mes sœurs, mais, aujourd’hui encore, chaque matin, je te tire mon chapeau. Et je reconnais mes dettes envers toi.

Ta langue, ma mère, est ma langue. J’écris en m’inspirant de ta façon poétique de voir le monde et d’inventer des rituels étranges et qui sont tellement beaux, envoûtants. J’écris en me rappelant tes cris. Je crie aujourd’hui pour rendre hommage à tes cris. Les fixer. Les donner à voir. Les faire entrer dans les livres, dans la littérature. C’est cela, entre autres, mon ambition. Tes cris comme une image du Maroc. Ton prénom comme symbole de la femme marocaine.
Ma mère, je peux faire tout cela pour toi. C’est ma seule richesse. Mon cadeau. Mon devoir.

Ma mère, le Maroc, ce n’est pas les autres, le gouvernement, les religieux, les éternels moqueurs, les “casseurs”, les empêcheurs, les jaloux, les mesquins… Le Maroc tout entier, celui que j’ai en moi et celui à qui je parle aussi à travers cette lettre, c’est toi. C’est un Maroc qui n’est pas parfait. Un Maroc dans la tension, la fièvre. Un Maroc dans l’élan. La possession.

Ma mère, ce que disent les autres de négatif sur moi, je m’en moque. Ce que tu dis toi, et même si je ne suis pas d’accord avec ta dictature, je l’écoute, je l’analyse. Et j’ai envie de te répondre.

Le Maroc, c’est toi. Ma vérité, mon “je” dont fait partie, que je le veuille ou non, mon homosexualité, mes livres publiés et à venir, c’est pour toi. C’est important pour moi que tu m’écoutes à ton tour. Que tu saches que je suis comme toi. Pas dans la même révolte que toi mais, quand même, comme toi.

C’est toi que j’ai envie de convaincre.

Nous nous téléphonons souvent. Mais je ne peux pas tout te dire au téléphone. Je redeviens un enfant timide et un peu imbécile. Je te l’écris. Crois-moi, ma mère, je n’ai aucune envie de te salir, de t’abaisser, de “t’inonder de honte”. Mais la vérité, ma vérité, j’ai besoin de te la révéler. Te communiquer ce qui change en moi. Au Maroc. Le changement passe d’abord par toi. Tu as imposé tes idées à mon père, au quartier. Au monde. Je n’ai pas d’autres choix que celui de t’imposer les miennes. Tu vas crier. Tu as crié “on va encore se déchirer”. Ce n’est pas grave. Je n’aime pas la tranquillité. Le Portugais Fernando Pessoa est mon poète préféré. L’Ecossais Francis Bacon, mon peintre favori. La Française, d’origine algérienne, Isabelle Adjani, mon étoile. Aucune de ces trois personnes hors du commun n’était (ou bien n’est) dans le calme. Tu ne les connais pas ? Je répète leur nom, ce sont des artistes très importants pour moi et mon engagement dans la vie : Fernando Pessoa, Francis Bacon, Isabelle Adjani. Tu es analphabète et tu ne connais rien à la culture ? Permets-moi d’en douter. Tu connais le mystère, le monde invisible. Tu connais la transgression. La culture, toute la culture, n’est que cela. Dire ce qu’on voit. Ce qui vient. Imposer sa différence. Et sa langue. Se dépasser. Se transformer. La littérature, le cinéma, la peinture, etc., ne sont que cela. La révélation. Puis la révolution. Dis à mes sœurs et à mes frères tout cela. Mon ambition, ma modestie, mon intransigeance.

Je ne suis pas le seul au Maroc, ma mère. Quelque chose a commencé dans ce pays. Une réelle rupture par rapport aux générations précédentes, qui soit ont abdiqué, soit ont été récupérées. Nous, c’est le 21ème siècle.

On essaie de nous intimider. De nous ramener à un soi-disant ordre moral, nous faire revenir à nos soi-disant valeurs fondamentales. Lesquelles d’abord ? Et qui décide que c’est de ces valeurs-là que le Marocain d’aujourd’hui a besoin ?

Le monde traverse une crise sans précédent en ce moment. Le monde fait son autocritique. Bouge. Le monde accueille Barack Obama comme un immense espoir. Et que fait-on au Maroc ? On nous fait peur encore une fois. Vieille recette. On nous ramène en arrière. Jusqu’à quand cet aveuglement ? Jusqu’à quand cette arrogance ? Jusqu’à quand va-t-on continuer d’ignorer et de tuer la jeunesse de ce pays ? Jusqu’à quand cette politique qui fait semblant ? Le Maroc ne mérite-t-il pas mieux ? Une vraie modernité ? Une réelle révolution des mentalités ?

A y regarder de près, cette révolution a déjà commencé. Le seul problème, c’est qu’on ne veut toujours pas le voir. Certains au Maroc ont visiblement intérêt à ce que notre identité marocaine ne change pas d’un iota. Or cette identité, cela fait des années qu’elle n’est plus la même. Les jeunes Marocains d’aujourd’hui ont d’ailleurs tout compris à cette question complexe. Ils sont même très sophistiqués dans leur réflexion à propos de ce sujet. On pourrait même dire qu’ils sont d’une certaine façon déjà dans la post-modernité. Mais qui comprend ça au Maroc ? Qui va les aider dans ce changement ? Qui va les rattacher différemment au Maroc et leur rendre confiance dans ce pays ?

Pardonne-moi, ma mère, je parle comme dans les livres. Mais vous, mes sœurs et mes frères, vous comprenez ce que je dis là. Vous avez fait des études comme moi. Vous avez comme moi lu les livres que nous ramenait notre père de la Bibliothèque Générale de Rabat où il travaillait comme chaouch. Vous avez les moyens intellectuels pour saisir ce que je dis. Ne me dites pas que je parle dans l’air, que je m’emporte pour rien, que mon combat est perdu d’avance. Ne me dites pas de rentrer dans le rang comme les autres. De m’aligner. De dire : “Wana mali ?”

Je ne peux pas. Je suis dans l’écriture. C’est-à-dire dans une certaine responsabilité vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis de la société d’où je viens. Je suis dans le questionnement. Un livre, ça vient de soi, ça interpelle le monde, la société. Je ne peux pas faire les choses à moitié. J’assume jusqu’au bout. Je n’ai plus envie de baisser la tête. Je ne suis pas un héros. C’est juste que je ne supporte plus l’hypocrisie et ses ravages au Maroc. Je ne supporte plus qu’on donne de nous des images clichés, “folklorisées”, pour attirer le touriste. Je ne supporte plus qu’on ne voie pas la richesse réelle de ce pays : l’imaginaire, les histoires, le mystère. LA JEUNESSE. Je ne supporte plus qu’on n’aide pas assez le Maroc à se relever et à grandir. Je ne supporte plus ce système qui casse du matin au soir le Marocain et qui fait taire les voix nouvelles qui émergent pour dire ce pays autrement. Je ne supporte plus cette médiocrité et cette petitesse qu’on nous impose. Le Maroc est, pour moi, plus grand que tout cela. A nous de le révéler au mieux. Même si pour cela il faut se battre, mener la guerre. Donner à certains l’impression de trahir.

Ma chère famille, je vous tends la main. C’est sincère. C’est naïf. C’est moi : je suis comme ça. Je ne vous demande pas de comprendre mes névroses, ni de m’aider à m’en sortir. Non. Je vous prie de ne pas me faire sentir que je suis un paria. Un mécréant. Je suis, à ma façon, dans la continuité de votre histoire, de notre histoire. Des origines. Je ne peux rien vous offrir pour que vous soyez socialement fiers de moi. Aujourd’hui. Là n’est pas mon but. Je n’aime pas la fierté, sentiment qui bloque. Je rêve du dialogue. Un dialogue impossible jusqu’à aujourd’hui. Je ne suis pas dans la minorité. Je suis vous, avec vous, toujours avec vous, même quand je brise les tabous. Même quand je vole vos vies pour les transformer en fragments littéraires.

Dans mes livres et mes conférences, je vous défends. Je vous dis. Je vous fais exister. Je rêve qu’un jour si quelqu’un m’insulte devant vous, en disant : “Ton fils, ton frère est zamel…”, vous répondiez : “Non, il n’est pas zamel, il est mathali.” Un mot, un petit mot tout simple et qui change tout. Un mot-révolution. A vous de voir. Je n’exige rien. Je vais. Je vole comme je peux. Je prie, comme ma mère, à ma manière : j’écris.

Il y a chez nous cette chose terrible : la haine du Marocain ! D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle encore là ? Pourquoi ne pas oser être soi : se libérer. Se libérer même dans la provocation et le scandale. De toute façon, il n’y a pas d’autres moyens. Autant oublier la peur et aller nu affronter le monde.
Voilà. Encore une fois, dans la tendresse, ma vérité. Pour vous.

Je n’aime pas les affrontements inutiles. Je suis pour les batailles nécessaires. Celle que je mène avec et contre le Maroc est utile. Je le pense sincèrement. Je ne dois pas être le seul. Je peux parler, écrire. Pour moi et pour les autres. Je le fais. C’est un devoir.
»

Si c’est votre conception du blogging… Sachez que la blogosphère tunisienne est déjà morte

Dernièrement, des voix se sont élevées au sein de notre blogosphère nationale pour critiquer d’autres blogs avec une méchanceté gratuite parce qu’ils les trouvaient soit trop « islamophile » soit au contraire trop islamophobe ou même parfois trop inutiles trop calmes ou trop inertes.
Des clans se forment et se font la guerre et oublient même de discuter les idées, se rabattant à des insultes visant les personnes différentes.
Pourquoi dans ce pays avons-nous toujours ce foutu ton moralisateur, comme si l’on possédait la vérité ?
Ma conception du blogging correspond à un acte avant tout individualiste qui devrait se passer à la fois dans une attitude de respect des autres mais aussi dans un « je-m’en-foutisme » exemplaire de ce que pourrait penser l’autre pour ne pas s’autocensurer et donner libre cours à son inspiration et ne pas brimer son talent.
Chacun est libre d'écrire ce qu'il veut sur son blog.
En fait, le système de notation qui se trouve sur tn-blogs (le plus grand agrégateur de blogs tunisiens) y est certainement pour quelque chose. (Je vote pour lui parce qu’il fait partie de mon clan… Je ne vote pas même si c’est un bon article parce qu’il fait partie de l’axe du mal)
Personnellement, je respecte les lecteurs de ce blog, ceux qui votent pour moi aussi. Mais sincèrement je n’en ai rien à foutre de ce qu’ils peuvent penser de moi ou de mes écrits. Si j’écris, c’est avant tout pour moi et en second lieu, pour moi-même aussi.
Il se trouve que parfois j’ai des idées que j’aimerais noter sur un bout de papier. Comme le papier c’est presque dépassé et pour me mettre à l’air du temps j’ai décidé de lancer mon blog. Je ne fais qu’immortaliser des songes pour pouvoir les relire un de ces jours comme un album photo datant de la première enfance qu’on ressortirait après quelques années avec un brin de nostalgie.
Le jour où je fermerai ce blog, je le ferai sans regret même si dans cette blogosphère si attachante des fois, il y a des bloggers qui en valent la peine !
Des Wallada, WeldByrsa, Pinkpanther, Barbech, Zabrat, Bigtrapboy, Arabicca, Barberousse et j’en passe…
Je ne suis pas là pour donner des leçons à qui que ce soit mais j’ai une immense phobie des donneurs de leçon.