Les fidèles du Boukornine

jeudi 29 juillet 2010

En marge de cet OM-PSG

L'affiche était alléchante. OM-PSG à Radés pour conquérir le trophée des champions.
Je pris la route deux heures avant et puis ce fut le bouchon du siècle. Deux heures à rouler à la première vitesse.
La route était archipleine, des vuvuzelas à perte de vue (et d'ouïe aussi).
Quand j'étais arrivé, le match avait déjà débuté.
Je n'avais pas réussi à trouver des billets du coté de l'OM pourtant j'éprouve beaucoup d'affection pour cette ville et ce club dont les habitants ont l'air forts sympathiques.
Mais tel un tiersmondiste dont les convictions politiques ne sont que le fruit du hasard, je me retrouvai assis du coté parisien, supportant Sarkozy corps et âme, moi qui le trouvait nullissime un jour avant. (et surement la journée d'après)

Pendant tout le match des supporters venus de Kabbaria, Ettadhamen, El Menzah et d'ailleurs ont tour à tour "sodomisé" Marseille puis le PSG à en croire les obscénités scandées par le public des deux équipes.
Le tunisien a une facilité déconcertante à applaudir celui qu'on lui désigne. Ce fut le cas du virage de l'Espérance qui supportait à tue-tête les parisiens sans même connaitre un seul joueur de l'effectif du club de la capitale.

A un certain moment, l'enfant du pays, Hatem Ben Arfa, fit une entrée fracassante devant 60.000 spectateurs qui l'acclamaient debout.
Il n'y avait plus de public parisien ici et de marseillais là bas...
Tout le monde n'avait d'yeux que pour notre Ben Arfa national.
C'était à vous donner la chaire de poule. Une belle revanche pour ce joueur qui avait été sifflé en France quelques années auparavant à l'occasion du match amical qui avait réuni son équipe nationale à la nôtre.
D'ailleurs, le joueur en question était hier la star incontestable de la soirée. Il était comme déchainé dés son entrée en jeu.
Il se jouait des adversaires avec une facilité à peine croyable.

Au beau milieu du match le virage de l'espérance qui était à ma droite commençait à chantonner des chansons propres à son équipe, oubliant qu'au début il avait totalement mué en spectateurs parisiens qui soutenaient farouchement les coéquipiers de Claude Makélélé.
Parmi les chansons scandées, une d'entre elles était particulièrement dégradante vis-a-vis des sahéliens qu'elle considérait, je cite "sales et impuissants".
Quatre sahéliens qui étaient assis juste là, et n'ayant pas supporté d'être insultés par la foule dans un match qui opposait deux clubs français, s'étaient insurgés contre cette injustice.
A peine croyable, le public entier s'était solidarisé d'un coup pour les attaquer à coups de bouteilles en plastiques, de gestes obscènes et de "rentre chez toi!".

Un ami d'origine sahélienne, m'avait mis en garde, une fois, sur ce danger qui guettait notre société.
Il me disait que sa communauté est haïe et que même à travers le foot on comprenait qu'il y avait une coalition à leur encontre.
Ces remarques me faisaient rire. J'ai toujours trouvé les théories du complot ridicules.
Mais là je commence à m'en inquiéter.
Les supporters dont je vous ai parlé ont du quitter le stade en catastrophe escortés par la police.
La foule ayant interprété qu'elle avait, finalement, eu gain de cause, se mettait à applaudir sa victoire méritée.
C'est tout simplement scandaleux.
Imaginez la scène... Une zone de non-droit, ou une foule d'ignares fait la pluie et le beau temps.
Me sentant outré, je me suis aussi levé de mon siège et quitté le stade sur le champ. Je ne pouvais plus rester sous peine d'être assimilé à ces cons de première qui prennent à partie quatre supporters parce qu'ils ont eu le culot de porter un maillot autre que celui du Club Africain ou de l'Espérance pour assister à un match-gala entre deux clubs qui n'en ont rien à balancer.

Nous sommes de la même ethnie, nous n'avons que très peu de minorités voire presque pas.
Nous sommes un pays tout petit géographiquement.
Pourtant on trouve le moyen de se haïr...
Honte à ces spectateurs irresponsables.
Je pense qu'on devrait prendre des mesures drastiques à leur encontre pour ne pas que se banalise de tels agissements dans un lieu public.
Quel exemple donnons-nous à ces jeunes enfants qui se délectent inconsciemment de ce spectacle sans comprendre la sauvagerie de la scène...
Ce problème de communautarisme n'est pas propre aux supporters de la capitale, en fait. On pourrait trouver les mêmes scènes à Sfax, Sousse et ailleurs... Ce qui rend la situation d'autant plus alarmante...
Sinon j'ai passé une soirée fort plaisante.


P.S: si je n'avais pas été invité à ce match il se peut que j'aurais refléchis à deux fois avant de faire le Don Quichotte et quitter le stade prématurément.

dimanche 25 juillet 2010

L’état des lieux

Un monde riche en rebondissements, des idées qui foisonnent là dedans mais aucune envie d’écrire et de meubler ce blog jadis fort animé.

Parce qu’envie de rien.
Parce que les verres des lunettes sont souillés et j’ai la flemme de les nettoyer.
Parce que ce putain de bas monde fout le camp.
Parce que le pain coute désormais 250 millimes au contribuable.
Parce que rien n’est clair dans la vie.
Parce que la lune nous boude.
Parce que l’UMP dénonce les moyens d’investigation « fascistes » de Mediapart sans discuter le fond de l’accusation.
Parce que l’ex brillantissime champion, adulé des foules, Lance Armstrong est un minable dopé qui finit sa vie comme une bête de cirque que tout le monde regarde mais à qui personne ne fait attention.
Parce que vous ne viendrez plus chez nous par hasard… (Vous n’aurez plus le choix, vu que les autres blogs sont censurés)
Parce qu’on a marché sur la lune mais que ce n’est pas vrai, en fait. Ou peut-être que si, même s’ils disent que non, à la télé et que pour faire intello et éveillé, je me dis que je n’y crois pas.
Parce que le Hamas interdit le narguilé aux femmes.
Parce que la fessée est désormais punie par la loi en Tunisie, même si bon nombre de responsables en mériteraient bien une. La loi est toujours au dessus de toutes les considérations, surtout quand il s’agit de nous et pas des autres.
Parce que beaucoup de principes se sont envolés.
Parce qu’en Tunisie, on trouve légitime la déforestation massive pour ériger des quartiers résidentiels de haut standing à Ennahli, Gammarth et ailleurs.
Parce que les gens sont indifférents.
Parce que je t’aime Tunisie, même si j’ai mal pour toi. Mal de te voir exploitée, incomprise, désarmée, détournée de ton orbite. Mal d’être toi.
Parce que le romantisme me tue, que la passion me consomme et que ma grandeur et ma candeur laissent souvent place à une haine farouche.
Parce que mes soupapes de sécurité ont explosé mais qu’on n’évoque même pas mon cas aux infos.
Parce qu’il fait une chaleur à s’encastrer pile poil dans le champ du climatiseur et à fermer sa gueule pour économiser son haleine.
Parce qu’on me spamme sur ce blog avec des commentaires chinois bourrés de virus.
Parce qu’on me pirate le compte facebook régulièrement, du fait d’une organisation secrète qui a des intentions maléfique à l’encontre de mon humble personne. Ou peut-être pas. Paranoïaque que je suis.

Voilà pour résumer pourquoi je zappe ces envies pressantes de m’exprimer, sauf qu’aujourd’hui je n’ai pas pu faire face à ce besoin impérieux de relater des faits qui me préoccupent.

A bon entendeur !

jeudi 8 juillet 2010

Dans mon monde idéal…




Dans mon monde idéal, Amazigh Kateb serait reçu comme un chef d’état.
Samir Loussif serait un dieu vivant, vénéré par tous les dépressifs du monde et même ceux simplement mélancoliques. (les alcooliques aussi)
Le lablebi serait traité avec respect de par le monde. Fini l'ère du caviar et du saumon fumé.
D’ailleurs, plus personne ne fumera du Cristal.
Toutes les plantes du monde pourraient être fumées sans risquer d’être inquiété.

On aurait l’occasion, à souhait, de se prostituer ou de se prosterner.
Il n’y aurait point d’intégristes. Les gens s’accepteraient en dépit de leurs différences.
Les blacks pourraient se marier avec des blonds aux yeux bleus sans pour autant craindre une éventuelle crise cardiaque dont serait victime la mère du marié aux suites immédiates de l’annonce de cette nouvelle électrique.

Dans mon monde à moi, il n’y aurait point besoin de police. Ce serait l’anarchie la plus totale, certes.
Mais une anarchie harmonieuse, car dans ma république platonique, les gens seraient très loin de leur état actuel.

Déjà, ils commenceraient par éviter, forcément de mastiquer des chewing-gums dans des salles de ciné délabrés de la région d’El Manar.
Ensuite, il n’y aurait jamais de différends à régler. Un télescopage de voitures finirait toujours par des accolades, des embrassades et de fou-rires à n’en plus finir.
Parce que l’argent, le bien maternel, c’est comme, me diriez-vous, la saleté de ce bas monde (cf. un adage tunisien)

Les citoyens de ma république hypothétique l’auraient compris.

Il n’y aurait jamais d’élections parce qu’il n’y aurait jamais personne pour représenter qui que ce soit. Toute personne douée de parole se devra de parler en son propre nom et de donner son avis sur à peu prés tout.

Dans mon utopie, les gens s’aimeraient. Les hypocrites ne seraient pas tolérés. Ils seraient soit bannis à jamais sans leur laisser une quelconque possibilité de se repentir, soit exécutés sur la place publique.

Par contre, ceux qui voleraient du pain pour subsister ne seraient jamais susceptibles de voir un jour, leurs petites mains innocentes coupées. Ce sera au tour de l’écume du peuple : Les costards cravates qui détournent des milliards de pâtir de ces peines inhumaines.

On aura un système économique à mi-chemin entre le capitalisme et le marxisme.

Tout le monde serait libre de dénigrer toute idée ou ébauche de pensée qu’elle soit politique, religieuse ou sociale.
Il n’y aurait absolument aucun tabou.

Il y aurait une vulgarisation sans précédent du baby foot et de la ps3.

Mon pays serait comme le Chili, réduit à une terre longeant une superbe côte sur laquelle belles filles et individus heureux feraient une fête non-stop ne s'inquiétant que rarement des nuits blanches qu'ils alignent.

Hammam-Lif serait naturellement le nombril du monde.
Le rap tunisien serait aboli.

Les couples qui s’aiment vivraient heureux éternellement. Plus jamais d’amoureux ne se quitteraient. Encore moins pour des futilités. 
Il n'y aurait plus d'histoires impossibles, plus de larmes versées et plus jamais d'incompréhension.

Il n’y aurait plus de mort sauf si l’on le souhaiterait fortement.
L’homme choisirait où et quand mourir et surtout de quelle manière.
L’homme serait Dieu et Dieu serait homme.
On vivrait tous une vie paisible loin du stress, des tensions, des ressentiments et en parfaite symbiose avec les éléments de la nature. 
Les baleines ne serviront plus à fabriquer des produits cosmétiques, parce que les femmes de ma république comprendraient finalement que l'on les préfère de loin sans maquillage.

On mourrait dans la joie, comblés, entourés de tous ses proches qui se remémoreraient alors en riant à pleines dents nos interminables mésaventures et anecdotes.
On nous chanterait pour requiem, la chanson espagnole Porque te vas puis cette demoiselle pétillante (saveur pêche) qu’on aura aimé, chéri, glorifié et honoré toute sa vie, prendra le micro et nous dédierait : Es la historia de un amor que no hay no otro egual… Avant de se préférer la mort à la vie, à son tour afin de nous rejoindre dans l’au-delà pour continuer infiniment notre histoire d’amour qu’aucune limite spatio-temporelle ne saurait contenir.


Dans mon idéal, la vie serait tellement différente de sa forme actuelle, trop morose, trop ennuyeuse, trop contraignante, trop réelle mais aussi parfois, il faut se l’avouer, passionnante, époustouflante et dépassant la fiction dans son évolution rocambolesque.

A défaut de faire de sa vie un rêve, il n’est pas interdit de la rêver comme on peut et de la dépeindre brouillement ou brillamment, selon les capacités, sous ses formes antipathiques en dents de scie dans un tableau de maitre, relativement s’entend. 

mardi 6 juillet 2010

Beb Saâdoun, au carrefour des civilisations




Midi et quart, à Beb Saâdoun, il fait tellement chaud que l’on se demande si Dieu ne nous envoie pas prématurément en enfer à cause notamment du dépôt de bière qui n’est pas très loin de ce portail à l’allure imposante qui fait partie des rares vestiges de ce vieux Tunis que feu Bourguiba a daigné nous laisser.

Un vieil homme qui apparait comme abasourdi, reste debout, le regard vide, fixant le néant. Le visage miné de tâches noires qui semblent s’être explosées en rides lui couvrant la quasi-totalité du visage.
Pourtant, il n’est semble s’en inquiéter outre mesure. 
A la Marsa, des vieux de son âge de ce début de millénaire auraient plongé sans se poser de questions dans un sceau de crème antirides de marque Yves Rocher (ou d’autres marques déposées que je ne citerai point par pure ignorance).
Mais à Beb Saâdoun, on sait pertinemment que les crèmes antirides sont faites pour les femmes et les pédés.

Il regarde ébahi ce rond-point peu commun pris d’assaut de toute part par des voitures de différentes envergures. Ici c’est la loi de la jungle.
Le lion, l’indétrônable roi est joué par les Isuzu et autres voitures à la carcasse solide et dont les pièces détachées se vendent même chez l’épicier du coin.

Les proies privilégiées dans cette arène où se joue des drames au vu et au su de tout le monde, ne sont autres que les voitures de luxe ou les nouveaux véhicules.

Notre vieil homme étend le regard et voit affluer des marrées humaines vers la colline supportant l’hôpital Salah Azaiez, l’hôpital d’enfants et l’hôpital Zouhaier Erraies.

Certains de ces patients marchent en donnant l’impression de danser, en balançant les épaules, assurés de la bénignité de leurs maladies et confiants quant au nombre d’années qui leur restent à vivre.

D’autres, arrivent la tête basse et la démarche lasse. Leur bourreau, c’est leur maladie. Ils le savent, ils le sentent et ils l’on déjà saisi.
A la buvette de Salah Azaiez, ils se gavent de Kaftejis… Ils n’ont aucunement peur de raviver leur acné juvénile.
Leur apparence, c’est aujourd’hui le cadet de leurs soucis.
Ils voient tous déjà défiler leurs enterrements. Au cimetière surpeuplé du Djellaz (pour les plus chanceux), il y aura tous leurs proches qui les pleureront, même ceux qu’ils n’ont vu que sur les photos de famille et leurs amis mais spécialement tous leurs ennemis qui viendront triompher sur leurs tombes sous l’abominable masque des larmes préfabriquées pour ce genre d'heureux dénouements.

Des fonctionnaires désabusés du ministère de la santé qui fait le coin, prendront tout leur temps pour se garer avant de répéter à tue-tête à ces citoyens crédules de « revenir demain » pour ne pas déroger à l’inévitable règle qui régit les interactions citoyen-administration dans tout le pays du Botswana (1.800.000 habitants, faut-il le rappeler et un succès fulgurant face aux poussins de Carthage) et d'ailleurs.

A bord d’innombrables Polos et 206 Peugeot (de couleur noire de préférence), des étudiants de médecine escaladent ce mont vert avant de tourner à droite pour accéder à cet édifice majestueux, qui abrite la plus prestigieuse des institutions universitaires du pays, j'ai nommé: La FMT.

Toujours est-il, que beaucoup se feront recaler faute de macaron. Vous savez, cette incroyable invention faite par l’être humain pour pourrir inutilement la vie de son prochain.
D’ailleurs, le gardien se fait un point d’honneur à faire baver ces étudiants arrogants, qui plus est, sont riches, beaux (Je sais mesdemoiselles, ce n'est pratiquement jamais le cas, donc disons charmants pour ne pas les froisser), souriants, et intelligents…
Il leur aurait volontiers explosé la tranche un par un. Malheureusement, ce n’est point permis.
Il se console comme il peut, arborant un splendide sourire brun-jaune digne des sadiques de la pire des races.

Le vieillard toujours stupéfait, lance finalement un regard furtif à ce petit commerce qui fait le coin à sa droite.
Ouvert 24/24. Vendant toutes sortes de produits alimentaires. Faisant presque constamment salle comble.
Il l’envie de toutes ses forces, parce que comme lui le proprio n’a pas du aller très loin dans ses études. Mais contrairement à son humble personne, le détenteur de ce projet a réussi.

Veuf, fauché et surtout sans enfants à la dernière ligne droite de sa vie. Il mourra certainement seul.
Mais ce n’était pas de sa faute. C’est cette femme qu’il avait choisi pour épouse qui était stérile.
Il en a la conviction même si aucun test objectif n’est venu étayer son diagnostic.
Mais, autrement ce serait lui le fautif et sa virilité en prendrait un vilain coup.
Comme si ne lui avoir jamais donné d'enfants n'était pas suffisant, cette bonne femme a eu le mauvais gout de le quitter prématurément pour un monde (présumé) meilleur.

Sous ce soleil, féroce, sournois et maladif. Irradiant le vieillissement des peaux et la cancérisation au lieu d’émettre la bonne humeur, notre héro du jour succombe à son insolation et tombe dans les pommes.
C’est ainsi, naturellement que s’achève notre récit. (Et aussi particulièrement vu qu’il est temps d’aller se coucher avec les nuits écourtées qui se succèdent. Mais cela, voyez-vous, ne nous regarde pas et ne figure ainsi, jamais sur des textes sérieux)

samedi 3 juillet 2010

Rubrique nécrologique des rêves de la semaine




On est au début du mois de juillet, le mercure avoisine les 50° au soleil sur Tunis et les régions avoisinantes.
La misère n’est pas moins pénible au soleil. Je le sais maintenant.
Les plages sont surpeuplées. Les terrasses des cafés sont bondés. Où que tu ailles, tu devras demander la permission à ton prochain avant d'inspirer un bon coup. 

Que tu aies une connexion internet à haut débit ou qu’elle soit de la troisième génération, la lenteur d’accès à certains sites te surprendra toujours.

Mon compte Facebook a été piraté plusieurs fois. Je ne sais quelle « organisation » maléfique se cache derrière ces manœuvres… (Etant quelque peu paranoïaque de nature)
Je songe sérieusement à déserter ce réseau social. J’en ai marre de ces cons qui nous mènent la vie dure.
Il n’y a presque plus de plateformes vidéo disponibles sur le net, ici bas.
La censure arbitraire bat son plein.
Aucune logique, aucune ligne directrice. On censure au feeling. 
C’est à te dégouter de cette vie virtuelle et de ses délices que beaucoup ne soupçonnent même pas. 

La Tunisie se fait corriger dans son (ex) fief d’el Menzah face à un inconnu du football africain, j’ai cité le Botswana.
1.800.000 habitants. Un pays avec 30% de prévalence du VIH. Une espérance de vie de moins de 40 ans. Mais une économie florissante grâce notamment aux ressources naturelles de ce pays.
On tombe bien bas.
On croit avoir touché le fond de la piscine mais on est très forts, nous autres tunisiens, on a toujours cette capacité de se surprendre et de creuser encore plus profondément le sol.
A ce rythme là, dans quelques dizaines d’années nous aurons un pont tout fait (nous qui vénérons les ponts et les échangeurs) qui nous mènera directement de notre chère pays vers l’antipode.

Pendant ce temps là, des gens d’une autre dimension, des personnes ayant une tout autre envergure jouent la coupe du monde en Afrique du Sud.
Le Brésil, mené par un Kakà qui aura toujours été, sauf rares exceptions, égal à son patronyme, se fait éliminer par les oranges pressées (d'en finir avec la malédiction de la CM). Mais on s’en fout, je l’avoue. 
Ce sont deux pays aux traditions footballistiques bien ancrées.

Par contre, le Ghana, un pays démocratique, un pays jeune, un pays qui sent l’espoir et la réussite sur tous les plans, perd une qualification historique pour la demi-finale après un match fou et un rendement exemplaire.
Nous y avons cru. En l’espace d’un moment, je me suis vu ghanéen. L’Afrique se révoltait.
Depuis toujours surexploitée par l’occident, cette terre mère de toute l’humanité et aux richesses naturelles inestimables spoliées impunément par « l’homme blanc »…  Peinant aussi, comme si ce n’était pas suffisant, à se frayer un chemin dans le monde du football.
Le Ghana rentre bredouille, le Botswana fait la fête.
C’est ainsi que va la vie. Au même moment un homme bien meurt et un bébé nait derrière les mûrs du même hôpital. Sous le soleil d'un même continent.

L’histoire suit son cours naturel. Inutile de regretter ou de se morfondre et encore moins de pleurer les coups du destin. Savoir vivre c’est savoir laisser des plumes tout en arborant le même sourire figé dans sa splendeur.