Les fidèles du Boukornine

lundi 25 juillet 2011

Ne pas voter c'est cracher sur l'histoire !




Ton équipe nationale jouait à Radés. Dés qu'elle a encaissé un but inattendu contre une équipe nullissime, tu ne t'es pas abstenu de supporter l'équipe adverse et de siffler les joueurs qui te représentaient clamant à qui veut l'entendre que tu étais un supporter exclusif d'un des grands clubs tunisiens.

Ton pays vivait l'agonie sur le plan politique et économique. Tu ne t'en es jamais plaint. Tu te sentais merveilleusement bien, au contraire.

Tu ne connais rien de l'histoire de ton pays. Le 20 mars n'a jamais été pour toi plus qu'un jour férié. Par contre tu attendais impatiemment le défilé  du 14 juillet.

Tu as vécu comme tout le monde, avec beaucoup de détachement le début de la révolution tunisienne. Puis un certain 13 janvier, tu as même eu le culot et le courage de mettre sur ton profil facebook un statut subtile que l'on pouvait interpréter de mille manières mais par lequel tu étais le seul à y voir une critique pour le régime en place.

Plus fort encore, le 14 janvier, tu es sorti devant le ministère de l'intérieur pendant 10 minutes chrono.
Depuis, tu sens que c'est toi qui as fait la révolution et tu répète à tue-tête que rien n'a changé dans ce pays, que le système pourri est toujours en place, qu'il n'y a aucune avancée en matière de libertés et que cette révolution est une arnaque purement et simplement, au moins aussi répugnante que le parfum contrefait offert par Ennahdha: J'aRdore de Abessalem Dior.

Tu te dis que tous les partis sont pourris et calculateurs et qu'ils sont tous à l'affût pour te voler ta révolution.

Sauf que si des gens sont sortis dans la rue sans gilets pare-balle et sans autre ambition que de libérer la Tunisie, c'est pour que des morveux comme toi et moi ayons l'opportunité inouïe de voter.

Si tu ne sais pas pour qui voter, tu sais au moins quel parti tu ne voudrais pas voir triompher. Au pire tu feras un vote blanc. Mais, c'est inconcevable de rater ce rendez-vous avec l'histoire encore impensable il y a six mois.
Pour une fois, tu as la possibilité d'aller voter en ayant l'impression de pouvoir changer le cours de l'histoire de ton pays.
On vivait sous une dictature qui nous empêchait de respirer librement. Aujourd'hui, on a enfin la possibilité d'inspirer l'avenir de notre pays.

Amis morveux, petits et grands, encore récalcitrants concernant l'inscription. Je suis comme vous. J'ai des doutes sur la transition démocratique. Mais tant que l'espoir persiste, il ne faut pas rater cette chance.
Si vous ne le faites pas par conviction, faites-le pour l'amour de ce pays, pour le respect du sang de nos martyrs...
Amis de toute part, pour l'amour de Dieu, INSCRIVEZ-VOUS ! 

mercredi 20 juillet 2011

La justice révolutionnaire en Tunisie




On vivait dans un monde où l'injustice était de mise, où les innocents purgeaient des peines inhumaines et où les coupables dormaient bien au chaud auprès de leurs bien-aimées.
Mais tout cela, c'est de l'histoire ancienne.
Bouazizi, l'ange déchu ou le démon masqué en super-héros a donné l'étincelle par laquelle le monde est entré dans une ère nouvelle, un univers de paix, d'égalité et de fraternité.

D'ailleurs, depuis le 14 janvier, en Tunisie, on ne compte plus :
Les mafieux qui sont libres comme l'air.
Les agitateurs qui sont détenus provisoirement puis vite libérés.
Les agresseurs qui ne sont même pas poursuivis
Les comploteurs contre la sûreté générale de l'état qui sont inculpés pendant 24 heures avant d'être relâchés et embrassés sur le front en guise d'excuses. Accueillis par une foule conquise qui clame haut et fort: "Vive l'envoyeur du canal !"
Les Trabelsi et leurs bougres à qui la justice a pardonné malgré elle les innombrables abus.
Les Ben Ali qui ont volé des immeubles et à qui on reproche à tout casser, le vol d'un autoradio.
Les gendres du président déchu qui ont gardé leurs biens malgré la "volonté populaire" de récupérer le dû d'un peuple soumis pendant des décennies par droit de matraques et de brodequins boueux à suer sang et eau pour le bien-être des tout-puissants.
Des magistrats pas du tout véreux, pas du tout corrompus, contrairement aux apparences et qui ne sont, de ce fait, pas du tout inquiétés en dépit des sit-in et des vagues de protestations qui réclament le démantèlement du réseau de mafieux pourris depuis des décennies, vierges depuis six mois, qui salissent soigneusement une justice déjà décrédibilisée.

Cela dit et pour ne pas être mauvaise-langue, il ne faut pas oublier d'énumérer non sans un brin de fierté et de gloire les acquis de notre révolution bénite ! Je cite:

Les manifestants qui sont condamnés ou contraints de passer par la case "Caserne".
Les journalistes qui sont intimidés ou tabassés.
La censure institutionnalisée.
Les consommateurs de cannabis qui sont considérés comme de dangereux criminels. Et j'en passe...

Il est indiscutable que pour préserver les acquis de cette révolution sinon pour réaliser ses objectifs, il faut qu'il y ait une justice indépendante représentée par des magistrats honnêtes, chose qui, malheureusement, tarde encore à voir le jour.

jeudi 7 juillet 2011

Fut un temps, une révolution...



Très lointaine me semble cette époque où le peuple tunisien a fait  sa révolution.

Très lointain ce moment où je me faisais cogner par des policiers sauvages avant de rentrer l'air de rien, rassurer mes parents qui n'en savaient rien.

Aux oubliettes ces moments où, un certain 14 janvier, j'étais déchaîné, les larmes aux yeux, la voix éteinte, chantant en frottant ce qu'il me restait des cordes vocales l'hymne national tunisien aux cotés des "Dégage !" et des "Khobz w mé w Ben Ali lé !".

Se sont très vite effacées de nos mémoires ces instants où bizarrement tout le monde a laissé tomber toute la haine qu'on a pu cultiver pendant des années de tyrannie, où le riche donnait au pauvre et le miséreux au plus nécessiteux en collant sur le front de son prochain un baiser baveux mais sincère, brouillon mais je le préfère au regain du mépris entre individus tous aussi charmants et aimables d'un peuple téméraire et indissociable qui a donné l'exemple à l'humanité.

Parties en fumée ces minutes où Bouazizi, héros en carton ou véritable figure légendaire, qu'il soit alcoolique ou pieux, thésard ou sans diplôme, a fait trembler le tyran, le Ben Ali, le mafieux et son clan, le Don Corleone de l'Afrique du Nord en usant d'une seule allumette frottée contre une seule surface rugueuse, donnant naissance à une seule flamme qui embrasa le monde entier.

Aujourd'hui, je suis nostalgique, de ce rêve que j'ai cultivé depuis ma tendre enfance comme en attestent les témoignages de mes amis. L'utopie d'un peuple qui s'aime et qui aime polémiquer dans le respect de la diversité.

Comme j'ai pleuré face au triomphe contre le despotisme, aujourd'hui je pleure les méfaits du pragmatisme. Je pleure le peuple qui ne te sourit plus au métro. Je pleure le peuple qui s'est lassé de se mobiliser. Je pleure le peuple qui s'est laissé mener en bateau. Je pleure le peuple qui a fait une rechute de passivité et de léthargie. Je pleure le peuple du "dégage" qui ne sait plus user de son sésame qu'à mauvais escient. Je pleure l'ennui qui nous a frappé

Peuple tunisien, il y a de cela six mois tu as fait une révolution et épaté le monde. Aujourd'hui tu t'enlises dans des sables mouvants alors que les forces de l'ombre opèrent et installent leur contre-révolution.
Peuple tunisien, de grâce, ressaisis-toi ! Sois beau et solidaire comme tu as toujours su le faire.

mercredi 6 juillet 2011

Texte orphelin







J'écris un texte sans cause à défendre, sans violence à prétendre, sans mains tremblotantes à tendre.
Un texte qui a la gorge serrée, un texte obnubilé d'avoir trop bu, d'avoir trop pleuré de n'avoir pas assez ri.
J'écris pour une révolution certes volée, violée, traînée dans la boue ou traînée tout court. Mais une révolution quand-même.
J'écris pour des mères qui ont enterré des enfants polis, turbulents et innocents. J'écris pour un drapeau flottant très haut à qui on a voulu faire goûter la poussière au nom de je ne sais quel dieu dans je ne sais quelle mythologie.
J'écris pour des partis politiques calculateurs et pourris, pour les partis pris, les partis trop tôt et les menés en bateau.
J'écris pour ceux qui en chient mais qui sourient, pour ceux qui triment et qui préfèrent le système D au système D' (déprime)
J'écris un texte où les idées fusent. Un texte rédigé sans muse et sans ruse. Un texte orphelin mais un texte heureux. Un texte prosaïque mais que la poésie courtise. Un texte sans nom qui ne cherche pas à ce qu'on le baptise.
J'écris indifféremment, le malheur de la flottille, la solitude d'une étoile esseulée qui brille et la grandeur d'un sourire arboré par une femme infidèle qu'on lapide.
J'écris les pas des amputés, la musicalité perçue par la surdité et le bonheur d'être un enfant maltraité.
J'écris les rêves d'un patient du service de réa de Charles Nicolle trop jeune pour mourir mais trop vieux pour s'en sortir.
Je crie avec de la craie de pacotille des mots qu'on balbutie sans comprendre l'algorithme adjacent ni pourquoi j'ai utilisé "adjacent" ni pourquoi dans la légende spartiate il y avait exactement trois cents, ni le mystère de la douleur que l'on  ressent.
Je crie mon exil dans ma patrie. Je crie mais de loin on voit que je ris.
Je crie ya msafer wahdek de AbdelWaheb et puis je dors.
Bonne nuit.