Les fidèles du Boukornine

mardi 31 janvier 2012

La révolution du népotisme




AbdelWaheb Mâater, notre ministre de l'emploi et de la formation professionnelle a accordé une interview au quotidien Assabah parue aujourd'hui (Voici l'article).
Dans cette entrevue, le ministre confirme que sa fille a été bel et bien embauchée dans le cabinet ministériel de Sihem Badi notre ministre de la Femme avant de se justifier en rajoutant: "Que tous ceux qui émettent des critiques sachent que le ministre est libre de désigner les personnes qu'il veut dans son cabinet. D'ailleurs, la plupart des ministres ont désigné des proches ou des amis dans leurs cabinets ministériels !"

Je me sens outré en tant que citoyen tunisien non pas seulement par l'info elle-même mais par cette légèreté en l'annonçant, cette tendance à minimiser un fait grave et à défier l'opinion publique !

Il y a quelque temps, on nous annonçait Bouchlaka, le gendre de Rached Ghannouchi au poste de ministre des affaires étrangères. En nous le déclarant, Ennahdha avait sorti l'argument de la "compétence" n'étant même pas embarrassés en nous imposant encore une fois un satané gendre ! Au fil des jours qui ont suivi et des déclarations de guerre de Bouchlaka à la Syrie les menaçant de leur envoyer notre armée qui a pourtant toutes les peines du monde à garder nos frontières, on commençait à découvrir l'ampleur de ses présumées "compétences".
 
Dans une nation qui n'est toujours pas guérie du "syndrome des gendres" dont elle souffre depuis des décennies .  Je nous rappelle qu'on vient de faire une supposée révolution notamment contre le népotisme.

Avant qu'on ait le temps de s'en remettre, on nous ressert le même plateau pourri avec en prime, la cerise sur le gâteau: la minimisation ! L'air de dire: Népotisme et alors ?

Je plains les martyrs et leur sang qui a coulé, je plains les militants et leur dignité violée et je plains tous ceux qui y ont cru et tous ceux qui sont allés voter perdant de précieuses heures de leurs vies à attendre leur tour dans des files interminables, pour que des politiques au moins aussi véreux et assoiffés que les précédents, prennent place sur les trônes et transgressent les lois en se moquant des fondements les plus élémentaires de la révolution.

Est-ce trop vous demander messieurs de laisser de coté tout népotisme ? Est-ce si difficile messieurs de ne recruter que selon les compétences ? Trouvez-vous si pénible de respecter ce peuple et son combat pour la liberté et la dignité ?
J'ai honte d'avoir un jour cru en cette révolution ! Vous déshonorez à la nation ! Puissent un jour, vos consciences se réveiller de leur hibernation et vous torturer jusqu'à la fin de vos jours ! 

dimanche 1 janvier 2012

2012, le rêve continue...



Le dernier réveillon, je l'ai passé dans la douleur. Ce réveillon s'est déroulé sous le signe de l'émotion.
Je tiens à remercier 2011 pour ses larmes de joie, pour la révolte qu'il nous a inspiré, pour la peur dont il nous a exorcisé et pour la joie de reconquérir notre pays trop longtemps occupé.

C'est devant mes yeux baignés d'émotion que les images défilent virevoltantes, me donnant le tournis.
Zouhaïer Yahiaoui allah yarhmek ! Merci pour Tunezine ! Merci d'avoir existé !
Merci à Takriz ! Merci à Tunisnews ! Merci à ReveilTunisien ! Merci à Nawaat !

Merci à toutes les mamans qui se réveillent avec la douleur d'avoir perdu un gosse offert à la révolution d'un peuple qui n'en pouvait plus d'être asservi !

Merci à tous les opposants qui n'ont jamais prostitué l'encre de leurs plûmes ni les particules qui se rassemblent pour former leurs âmes si pures !

Merci à ceux qui ont un jour embrassé la terre bénite de ce pays ! Merci à tous les expatriés, qui comme moi, applaudissaient instinctivement dés que l'avion se posait sur le sol tunisien.

Merci à tous les sanglots étouffés dans le noir, sans que personne n'en sache jamais rien d'avoir donné naissance à cette révolte.

Merci à tous les "Je t'aime" chuchotés à ce pays dans ces moments où il était interdit d'embrasser le drapeau rouge à l'étoile et au croissant sans élever des soupçons quant à ses orientations politiques.

Merci à tous les militants du bassin minier qui ont pâti depuis toujours de l'ingratitude et de l'hostilité du pouvoir.

Merci à tous les regards que le destin a figé. Merci à tous les corps frileux que les couvertures trop insuffisantes ne réussissent pas à réchauffer. Merci aux déshérités. Merci aux marginaux. Merci à tous les coeurs gros. Merci à toutes les mères célibataires de mener leur combat contre l'injustice et les regards méprisants.

Merci aux diplômés chômeurs d'ingurgiter autant "d'express serrés" sans se donner la mort. Merci aux chômeurs qui n'ont connu de l'université que la virtualité des espérances de la famille qui se sont brisées contre l'iceberg de la réalité glaciale.

Merci à tous ceux qui ont espéré en cachette. Merci à ceux qui ont élevé la voix à leurs risques et périls. Merci à ceux qui ont pactisé avec le diable mais qui regrettent aujourd'hui amèrement. Merci à tous les tunisiens d'être tunisiens. Merci à la vie de m'avoir fait de cette terre. Merci à ma mère de m'avoir inculqué l'amour de cette patrie. Merci à mes parents de m'avoir enseigné qu'un homme n'est un homme que parce qu'il ne se tait devant aucune injustice.

Merci à tous les journalistes qui ont été frustré, qui ont bu chaque soir à vomir leur peine de tromper leur peuple, de trahir sa confiance, qui ont fuit leur image dans le miroir durant des décennies.

Merci à tous les sacrifices, à tous les compromis, à toutes les années de prison, aux coupables de délits d'opinion, à tous les sévices au nom d'une pensée ou d'une croyance non homologuée.

Merci à la censure de nous avoir exaspéré. Merci à la répression de nous avoir désespéré au point de nous étouffer faisant de nous des kamikazes prêts à nous sacrifier pour pouvoir souffler.

Merci à ce pays qui me manque atrocement pour peu que je le quitte pour mes heures de sommeil nécessaires à mon salut.

Je n'ai rien oublié. Je n'oublierai jamais rien. J'aime ce pays d'une manière maladive. Je suis un olivier qu'on ne peut plus déraciner qui s'enivre de la brise, qui danse au gré du vent, qui pleure au rythme des sécheresses et chante "fer7anine" de Cheikh Imam même quand ça va mal.

2012, je m'en fous des chiffres. Tu n'es qu'une formalité. Je suis un meuble tellement vieux qu'on ne peut plus le déplacer. 2012, on a une révolution à poursuivre. On a un combat à mener. 2012, quelles que soient tes prévisions pour mon pays, sache que tu auras affaire à moi pour peu que tu aie la moindre intention de toucher un seul cheveux de ce petit pays qui abrite une grande nation.

2012, on a une liberté d'expression à préserver sinon à renforcer. On a des régions oubliées à développer. On a une corruption à déraciner. On a un esprit dictatorial à combattre. On a une presse impuissante à remettre sur pied. On a une conscience politique populaire à élever. On a des dogmes à combattre. On a une misère à éradiquer. On a une culture à renforcer. On a une ignorance à arracher. On a un peuple à adorer et un pays à vénérer.

Tu es prévenu et tu n'as pas d'autre choix que de t'y plier.