Les fidèles du Boukornine

mardi 13 mars 2012

Amis blogueurs, notre liberté n'est pas dans les palais !

Moncef Marzouki a organisé au palais de Carthage  la commémoration de la disparition du premier martyr d'Internet en Tunisie, Zouhaïer Yahiaoui alias Ettounsi et a décrété cette date du 13 mars, journée nationale de la liberté d'Internet.

Personnellement, je dois beaucoup à TUNeZINE, à Takriz, à TunisNews, à RéveilTunisien et à Nawaat pour ne citer qu'eux, d'avoir réveillé en moi une "puberté politique" précoce, de m'avoir tenu au courant de ce qui se passait en Tunisie, lueurs dans l'opacité ambiante des médias contrôlés par la mafia au pouvoir.

Quand les gens installés en Tunisie avaient une diarrhée pour peu qu'ils toussaient en présence de la photo du président, Zou osait s'attaquer à l'empire. Il l'a payé de sa jeunesse, de sa liberté, de sa santé et de sa vie.
Il était chétif mais puissant. Il m'a appris que ta révolte ne sert à rien si tu la tais. Il m'a inculqué que les braves meurent au combat.
Je ne l'ai jamais connu autrement qu'à travers ses écrits mais il a toujours été là pour me donner des leçons posthumes d'abnégation et de témérité.

Grâce à des héros comme Ettounsi, des blogueurs comme moi sont invités aujourd'hui au palais de Carthage. Même si l'initiative est excellente et qu'elle était impensable avant le 14 janvier, j'ai du décliner l'invitation pour diverses raisons.

Pour commencer, Moncef Marzouki a complètement changé de discours au sujet de la censure d'Internet depuis les élections du 23 octobre.
Avant, il ne parlait que de "Liberté" et maintenant, il ne parle que de "Lignes rouges". Comment faire confiance à cet homme aux principes versatiles et aux positions imprévisible quand on sait aussi que même Ben Ali avait fait de 2009, l'année d'Internet mais ça ne l'avait pas empêché de tous nous censurer ?

Toute cette "mise en scène" autour de la liberté d'Internet, ce retour aux expressions d'avant 23 octobre, nous rappellent qu'il y a une échéance électorale qui n'est pas si lointaine que cela !
Moncef Marzouki a déclaré à maintes reprises qu'il avait "besoin de trois ans pour fonder des bases solides afin de faire renaître le pays" et aurait même déclaré à la directrice du FMI qu'il rêvait d'une présidence de trois ans !
Cette initiative s'inscrit donc, très probablement dans le cadre d'un coup de marketing politique pour faire monter sa cote de popularité à l'approche des élections.

Il faut savoir aussi que les rapports blogueurs/politiciens sont des rapports incestueux. Qu'un blogueur ait des convictions politiques, c'est bien entendu légitime mais qu'il utilise son blog pour cirer l'image d'un politicien ou servir ses intérêts en trompant délibérément son lectorat même s'il ne touche aucune contrepartie, c'est tout à fait immoral et contraire à toute déontologie ! D'autant plus que la plupart font croire à leurs lecteurs qu'ils sont indépendants. On a plusieurs exemples évidents dans la blogosphère tunisienne de "l'homme qui a dit non" aux pages vendues d'Ennahdha (si on peut les considérer comme des blogueurs) en passant par l'autre fille que vous reconnaîtrez...

Par ailleurs, amis blogueurs et internautes, sachez que nous sommes les seuls garants de la liberté de la toile ! Si vous croyez que c'est dans les palais que se trouve notre liberté, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil ! A l'intérieur des palais, on vous apprend à devenir diplomate, à émousser vos plumes et à trop modérer vos propos. Restons authentiques et ne faisons pas le jeu de ces politiques qui ne voient en nous qu'un danger qu'ils cherchent à récupérer comme argument électoral. Si vous ne sentez pas l'arnaque, c'est que vous devez avoir le nez bouché.

Pour finir, repose en paix Ettounsi. D'aucuns parlent de ta "fin tragique", je pense plutôt que ce fut la consécration ultime du Très-Haut à ton militantisme. Tu es passé d'un héros à un symbole. Tu as peut-être disparu un certain 13 mars mais tu ne nous a jamais quittés.

dimanche 4 mars 2012

Vomissements incoercibles...



Cela fait une dizaine de jours que je vomis.
Je vomis à frôler la déshydratation.
Devant moi, une flaque de vomi, mélange harmonieux d'aliments digérés, de bile, de sentiments, d'étoiles filantes, de barques échouées dans des ports abandonnés. Devant moi, gisent mes rêves et mes entrailles.

Je vomis la révolution volée et votre sens inné de la demi-mesure, votre demi-engagement et vos demi-principes...

Je vomis votre simplisme, votre manichéisme, votre haine de la diversité et votre peur de la femme libre.

Je vomis vos transgressions des libertés individuelles et votre ignorance flagrante de la religion dont vous vous targuer d'être les remparts.

Je vomis votre médiocrité, votre hypocrisie, vos alliances incestueuses pour asseoir votre dictature et votre morale à la con que  vous prêchez ardemment mais que vous n'appliquez jamais !

Je vomis votre indifférence criminelle et votre résignation à relâcher vos muscles pour ne pas sentir de douleur quand on violera votre volonté et vos libertés chèrement acquises...

Je vomis l'injustice sociale, la cherté de la vie et les bandits en costard cravate.

Je vomis Rached Ghannouchi, sa légendaire dentition et son parti liberticide, dictatorial, salafiste et hypocrite !

Je vomis le CPR, Ettakattol et tous ces partis qui n'auraient jamais existé si seulement le ridicule tuait.
 
Je vomis mon dégoût d'avoir fait du mal à bon nombre de celles qui m'ont aimé, trop occupé avec mon semblant d'existentialisme et mes idées révolutionnaires venues d'un autre monde.

Je vomis vos barbes hirsutes et vos conceptions barbantes et moyenâgeuses.

Je vomis votre attitude indigne et révoltante vis à vis des blessés de la révolution et des familles des martyrs.

Je vomis votre putain de syndrome de Stockholm qu'on est obligé d'endurer. Tenus de respecter cette ombre de légitimité qui a fait de vous des apprentis Ben Ali avec une bénédiction divine et populaire.

Je vomis le peuple en qui j'ai toujours cru et en qui j'ai toujours  foi. Je le vomis parce qu'il me dérange, parce qu'il me ressemble, parce qu'il me rappelle à quel point sommes-nous déjantés et justes bons à être hospitalisés en masse dans un asile psychiatrique.

Je vomis la pleine lune qui ne veut plus rien dire pour moi. Je vomis les relations humaines beaucoup trop complexes, finalement.

Je vomis votre amateurisme, votre incompétence et votre rationalisme morbide qui vous permet de trouver que le copinage et le népotisme sont des activités presque nobles !

Je nous vomis, je me vomis. Et comment ne pas l'être dans ce contexte déroutant, dans ce pays devenu dégoûtant.

Ce fut la note optimiste du jour...