Les fidèles du Boukornine

mercredi 20 octobre 2010

La commune française du bassin minier...

Fin octobre 2010. Le soulèvement populaire en France bat son plein.
Pour protester contre des concours d'accès pour le moins opaques de la CPG, la population locale est sortie dans les rues, déserté les raffineries de pétrole ce qui a fait que bon nombre de pompes à essence sont restées à sec.

Les gens brûlent des portraits de Sarko et scandent des slogans hostiles à ce régime en place qui érige des palais un peu partout et ne voit pas ou refuse de se rendre à l'évidence que son peuple a faim et n'a pas de toit qui le protégerait du froid glacial de cette région recluse.

La population très vite désignée comme populace, se  trouve pointée du doigt.
Le régime de Sarko se sent menacé et blessé dans son amour-propre. Il envoie d'abord la police régler son compte à cette "bande de voyous" qui foutent le bordel.
Puis, très vite, les forces de l'ordre, dépassés par les évènements, passent le flambeau à l'armée.
Les ordres sont clairs. Répondre aux troubles à l'ordre public en saccageant tout ce qu'ils trouveront sur leur passage tel un nuage de sauterelles venu pour éradiquer toute forme d'espoir en passant.
Le peuple n'a rien compris.
Qu'a-t-il fait pour mériter cela, à part réclamer son dû avec tout ce qu'il lui a été donné de civisme et de noblesse?
Brice Hortefeux, Woerth et d'autres grosses pointures s'indignent de la manipulation des jeunes par le PS et de cette frange égarée qui croit reproduire un Mai 68 à une époque où le rêve n'est plus permis.
L'UMP fustige des évènements d'une violence et d'une irresponsabilité fort condamnable.

Jean-François, journaliste, asthmatique, effectue sa noble mission journalistique dans des conditions inhumaines et arrive quand-même à faire l'écho de ces protestations légitimes sévèrement réprimées témoignant honnêtement et à ses risques et périls pour que l'histoire n'oublie jamais ni les victimes ni les bourreaux.

Jean-François s'est battu jusqu'au bout. Mais, voilà que la réalité finit par rattraper notre journaliste intègre et acharné.
On a fini par lui dégoter un procès sur mesure. Il  croupit actuellement aux cotés de sa difficulté à expirer et de sa Ventoline dans une cellule où le sarcopets scabei, digne agent de la gale se vautre confortablement.

Ce soir, j'ai mal pour Jean-François. Ce soir, je suis Jean-François.
J'entame une grève de la faim pour faire valoir mes droits. Pour protester contre l'ignoble injustice ou cette justice à deux vitesses.
Parce que les fins justifient les moyens. Peu importe si la mienne est une fin triste. On se rattrapera dans le générique, en me filmant au paradis...

mercredi 13 octobre 2010

Fin décembre, un bon film !


Ce qui est bien en Tunisie, c'est qu'il suffit qu'un film local sorte pour qu'il y ait assez de personnes de ton entourage à l'avoir vu et à ne pas y avoir pris gout pour te décourager définitivement de le visionner.

"C'est un film nul!"
Une déclaration sans équivoque que tu n'es même pas invité à discuter.
Cela fait déjà assez longtemps que j'ai décidé de ne plus écouter ces critiques d'art improvisées pour l'occasion.
J'ai vu le film. C'était un vendredi soir, la séance de 21 heures. La salle Hannibal d'el Manar était assez pleine pour une cinquième semaine de projection (si mes calculs sont bons).
Tout d'abord, ce qui nous frappe quand on va voir ce film, c'est le casting impressionnant dont il a disposé. Je cite (tenez-vous bien!): Dhafer Abidine (Qu'on n'oserait pas présenter), Lotfi Abdelli (excellent acteur en dépit de ses innombrables frasques), Lotfi Bondka (Qui fait un excellent baptême du feu cinématographique à l'occasion de ce film), Dalila Meftahi, Jamel Madani, Hend Fahem...
Des gens professionnels, maîtrisant parfaitement ce qu'ils font, capables de t'émouvoir, de te communiquer des états d'âme et des émotions... (Nous saluons au passage Sami Fehri qui préfère faire confiance aux amateurs qui jouent comme des pieds)

Par ailleurs, le film est tourné dans endroits pittoresques, on s'abandonne à contempler des paysages hors normes: des montagnes, la mer et des vestiges...

Mais de quoi parle donc ce film ?
D'un sujet mâché et remâché. Que de films, pièces de théâtre et débats enflammés ont traité de la virginité de la fille tunisienne et des relations sexuelles hors mariage.
Pourtant, on a beau en parler, essayer de briser les tabous, de liquéfier les mentalités fortes d'une rigidité vieille de quelques millénaires... Rien n'y fait.
Il faut tout de même avouer que l'histoire n'est pas si originale que cela, une jeune demoiselle habitant une région recluse du territoire tunisien se lie d'amour avec un jeune homme qui lui promet monts et merveilles. Elle lui donne son corps pour lui dire son attachement, il s'enfuit en courant et la laisse perplexe comme ultime signe de gratitude.
Mais ce qui est intéressant dans ce film, c'est qu'on traite aussi d'un fléau très important en Tunisie à savoir les liaisons quasi-incestueuses qu'entretient tout artiste ayant l'envie de réussir dans son pays avec le pouvoir en place.
Le cas du poète qui a annoncé je cite: "Je suis  d'accord avec tout ce que vous diriez, avant même que vous ne le disiez" dans une réunion tenue entre la population et les responsables du bureau local du parti au pouvoir.
Pourtant il n'y gagne rien de concret. Il veut juste que sa poésie soit reconnue et qu'il soit plus compris et moins marginalisé. On ne va pas dire que c'est l'idée principale de ce film, mais que ce phénomène est survolé et j'ai beaucoup apprécié le clin d'oeil.
Le film se déroule dans une superbe ambiance souvent humoristique parfois poignante mais toujours émouvante. On se sent immergé dans l'atmosphère ennuyeuse et pourtant si exquise de ce village perdu.

Amour, trahison, politique, virginité, traditions, humour, désespoir et détresse se côtoient, s'épousent et se larguent tour à tour.

Au final, c'est un film léger dont on sort ému, attendri et souriant et qu'on ne devrait rater sous aucun prétexte pour différentes raisons dont la plus importante est qu'il faut toujours encourager les productions locales surtout quand elles sont d'un bon niveau.

Il est quand-même à signaler, qu'on n'aura pas de Rim Banna à crucifier cette année comme ce fut le cas avec le film Les secrets (Doweha) vu qu'il n'y a pas de scènes de nu. Ce qui n'empêcha pas un jeune homme assis devant moi de murmurer à sa petite amie (je présume) à la première embrassade: "Ce n'est pas normal, pour un film tunisien dans un pays musulman"...

Pour finir, Je souhaite beaucoup de succès à ce film dans les festivals de Beyrouth, du Caire et de Cannes où ils sera présent. Si vous voulez faire autant, vous savez ce qu'il vous reste à faire, ruez-vous vers les salles de cinéma pour le voir !

lundi 11 octobre 2010

Un petit bout de vie...

On naît dans un cocon familial bellissime.
On grandit au rythme des dualités sacré-profane, vertu-vice et paradis-enfer.
On croit nous commander notre destinée et nous tracer un chemin fleuri.
On y adhère, nous aussi. Vu la beauté de la thèse et notre suggestibilité puérile.
On nous apprend, tout de même, qu'on a le droit de discuter, de crier quand on se sent injustement punis, que la liberté et l'amour existent et qu'ils régissent l'existence.
On découvre les amis, les amours, les feuilletons mexicains, Antonio, Max et surtout Raquel, les baisers volés, l'amour innocent et enfantin où les oiseaux servent de chefs d'orchestre et les nuages de nids d'amour.
On enchaîne les paquets de Grain d'Or, l'air de dire, c'est bien beau d'exister.
On réclame que les frites accompagnent tout plat que Dieu fait. Peu importe, si le bon goût tente de s'y mêler.
Le cholestérol, étant pour nous, l'unique voie du salut.
On regarde le sexe opposé avec intérêt, surtout la petite fille qui avait fait valser mon cœur. C'était mon premier amour, ma première preuve vivante de son existence, mon premier leurre et le premier piège dans lequel j'ai été pris avec tout le plaisir du monde.
Par ailleurs, on ne nous laissait pas nous abandonner à notre belle insouciance, mais on se permet de nous enfermer dans des crèches à la con, où des institutrices aux discours belliqueux nous terrorisent et nous font réciter des slogans pro-Irak dans la première guerre du golfe.
Nous a-t-on demandé notre avis ? Je me fais gronder quand je lui raconte que je ne me suis pas encore fait mon avis là dessus.
"Traître ! Saddam, c'est presqu'un prophète, presqu'un Dieu, alors éteins ton esprit critique et chante ses louanges comme on te dit"
Je me suis tu et j'ai quitté cette crèche là.
D'ailleurs, j'ai changé de crèches comme on rote après un repas gras et déséquilibré, avec une facilité et une répétition déroutantes.
Ayant eu du mal avec l'autorité. Ne saisissant pas, de quel droit autrui pouvait m'imposer ces lois auxquelles je n'ai ni participé à l'élaboration ni accepté les rouages.

Par la suite, vint l'adolescence, apportant son lot de questionnements existentiels et aggravant l'anarchisme qui nous animait déjà, tout jeune...
Pourquoi suis-je là ? Quelle voie emprunter ? On se révolte contre tout et n'importe quoi comme tout ado digne de ce nom pour se donner l'illusion d'exister à son propre compte et d'avoir des avis personnels.
Les parents ? Pourquoi faire ?
La religion ? J'ai une meilleure idée, le Rami dans les cafés perdus de la rue des salines. En plus, si tu perds tu paies.
Si tu n'as pas de sous, tu feras la vaisselle.

On tutoie Dieu, on lui demande pourquoi ils nous a créé du côté des losers... Pourquoi les mécréants sont forts et unis ? Pourquoi l'Espérance gagne tout ? Pourquoi Slim Chiboub avoua impunément que son équipe était avantagée par les arbitres? Pourquoi le CSHL dut quitter la nationale ? Pourquoi les études nous ennuient ? Pourquoi les profs de philo ne jurent que par des philosophes morts et enterrés et ne nous disent jamais ce qu'ils en pensent personnellement ?
Pourquoi l'opposition politique est diabolisée ? Pourquoi l'Islam fait peur ? Pourquoi l'occident est beau ? Pourquoi Tunis est moche ? Pourquoi on n'a pas de pétrole ? Pourquoi les arabes accumulent les sommets pour émettre des discours enrichis en bois alors qu'ils en servent à leur peuple tous les jours ?
Pourquoi ? Pourquoi ?
Comme ce fut le cas à la crèche, on nous pria gentiment de se la boucler... Ce que nous trouvâmes du mal à réaliser.
La directrice du lycée, les surveillants généraux, les surveillants et le censeur en fîmes les frais.
Nous avions faim de liberté, soif de vie et de rires.
Nous sûmes boire le calice jusqu'à la lie.
En sortir grandis et de meilleurs citoyens.
Nous cassâmes des verres, fîmes la loi dans l'enceinte du lycée, scandâmes des chants révolutionnaires que j'écrivais pour la plupart, quand je ne dormais pas.

Bien sûr, nous eûmes des frissons, des frayeurs, des émotions, des punitions et des coups de gueules mémorables mais nous sûmes rester dignes en toute épreuve.
Nous stoppâmes les cours quand la Palestine fit son Intifada parce que la Palestine, on l'aime bien mais surtout parce qu'on voulait goûter à la saveur exquise de la liberté, celle dont on voyait nos ascendants castrés.
Nous avions du culot, de l'humour, de l'énergie. Nous savions trouver les mots, galvaniser les troupes et organiser des tournois de football pour foutre la merde où que nous passions.
Nous faisions des collectes pour venir à bout des préparatifs de ces fêtes.
A cette époque là, les fumigènes et les feux de Bengale n'étaient pas interdits par les lois en vigueur, ce qui n'empêcha pas le surveillant général de nous prendre à parti avant que nous ne lui rendîmes la monnaie de sa pièce.
Là aussi, l'amour fit trembler nos âmes à l'intérieur de nos enveloppes corporelles. Nous vîmes une princesse s'approcher au loin et nous sentîmes aussitôt des palpitations et des sueurs froides à mesure que sa silhouette s'affinait.
C'était elle, et pas quelqu'un d'autre. Nous vîmes nos esprits s'embraser et nous commençâmes à penser que les parents avaient raison, l'amour fou fut...
Puis, les jours défilèrent et nous comprîmes à nos dépens que les belles choses étaient créées purement et simplement pour meubler les pages des romans.
Nous quittâmes toutes les filles de la terre et épousâmes, de ce pas là, des causes séduisantes quitte à voir nos parents convoqués toutes les semaines auprès de l'administration pour discuter de la sauvagerie de nos revendications...


Nous marquâmes notre époque, nous vécûmes fièrement et dignement, nous déchaînâmes nos âmes tremblotantes et le plus important, nous réussîmes brillamment notre BAC, ne sachant pas qu'au-delà de cet examen fatidique, allait commencer un autre calvaire, d'une toute autre espèce...

jeudi 7 octobre 2010

Qui défend les droits du peuple tunisien ?

Cela fait quelques jours que je ne dors plus.
La cause ?
Les images poignantes du public espérantiste victime d'une sauvagerie sans précédent de la part des forces de l'ordre égyptiens qui ont visiblement très mal pris qu'une dizaine de personnes allument des feux de Bengale dans les gradins du stade du Caire.

Quand ils subissaient l'impensable barbarie des policiers, le public, ne sachant plus à quel saint se vouer, se mit à entonner notre hymne national:
"Houmet al hima ya houmet al hima
halommou halommou li majd ezzaman,
Lakad sarakhat fi ouroukina eddima,
namoutou namoutou w yahia al watane"
à traduire:
"Ô défenseurs de la Nation, allons à la rencontre de la gloire !
« Mourons s'il le faut pour que vive la patrie ! »
Clame le sang qui coule dans nos veines."

Avant de conclure avec les deux vers de Aboulkacem Chebbi que je ne saurais citer sous peine de ne plus pouvoir continuer mon récit.

D'ailleurs, je suis malade de ce que j'ai vu. Je suis troublé, attristé, peiné, outré, révolté...
Couverts du drapeau national tunisien, ces jeunes instruits pour la plupart se sont trouvés face à face avec un bourreau qui leur a adressé sans se poser de questions des coups de matraque meurtriers...
J'en perds la suite de mes idées, ma logique, mon sang froid, ma raison... Je ne suis plus.

La police égyptienne mondialement et tristement connue pour ces nombreux cas de transgression des droits de l'homme les plus élémentaires, s'en est prise à mon peuple.
Or, je suis mon peuple.
Qu'ils soient ivrognes, pieux ou agnostiques. Riches, pauvres ou faisant partie de la classe moyenne. Je représente mon peuple totalement et complètement.
Et mon peuple me représente à chaque fois qu'il quitte le territoire ou qu'il se mesure à des étrangers quelque soit la compétition ou la discipline.
Quand Mohamed, Larbi, Sadok et les autres se sont pris des coups de matraque, je les ai ressenti ici, chez moi, dormant bien au chaud dans mon lit douillet.
J'en garde encore des stigmates indélébiles.
Je n'en pleure pas, parce que je ne sais plus pleurer, même si l'envie est tellement forte...

Après avoir craint pour leurs vies et avoir été arrêtés pour beaucoup, marqué au fer rouge pour les autres et à la matraque et aux poings parfois, ces gens là s'en sont pris plein la gueule de la part des médias égyptiens.
Ils ont été trainés dans la boue par nos amis de "Omm eddonya" avant d'être désavoués par les leurs.
Le Bureau directeur de l'espérance et le bureau fédéral de football tunisien présente ses excuses au nom du peuple tunisien pour ce hooliganisme de cette "frange égarée"...

Pourtant, sur les images, cette frange n'a été égarée que par la férocité de la police égyptienne.

Ne s'en est suivi aucun témoignage de sympathie, aucune défense acharnée et aucune intervention de l'ambassade qui vaille la peine d'être citée.

la "frange égarée" est écrouée au Caire et Dieu seul sait comment ils sont traités par ces bêtes féroces inhumaines. Mais, suis-je le seul à m'en inquiéter ?
Ils encourent jusqu'à cinq ans de prison, suis-je le seul con à en perdre le sommeil ?
Ils sont coupables d'avoir allumé des feux de Bengale ? De s'être défendu quand les policiers égyptiens les ont dévoré sans vergogne ?
Cinq ans ? putain... J'en perds les pédales...
Même pas la possibilité d'être rapatriés pour l'instant ?
Suis-je le seul à y voir une intolérable injustice à l'encontre de onze de nos ressortissants ?

Qui est là pour nous défendre ?
Nous sommes citoyens d'un beau pays nommé Tunisie.
Nous payons les impôts et nous suons sang et eau pour que des responsables ventrus, moustachus et écœurants de suffisance en venant se la péter dans le JT à propos de classements bidons où l'on est premier dans le monde arabe et le continent africain dans la qualité de "survie" notamment.
Nous subissons chaque année des accidents de transports en commun qui tuent plus que ne le fait le SIDA.
Aucun responsable n'est désigné. Aucun coupable n'est reconnu.
Pourtant, nous nous taisons, en attendant sagement que des problèmes techniques ou des freins défaillants viennent mettre un terme impunément à notre minable existence.

Cependant, quand nous sortons en dehors de nos frontières, Nulle aide, nulle reconnaissance, nulle solidarité et nulle pitié.
Pourtant, c'est notre droit d'être protégés et de voir nos intérêts défendus par l'état où que nous allions. Nous ne demandons pas la lune.
Juste un peu de décence et de dignité.

Touche un cheveu à un marocain ou à un algérien en Tunisie ou partout ailleurs et leur ambassade et leur consulat monteront aussitôt au créneau pour te corriger sévèrement.
Quant à nos ambassades et nos consulats, ils sont atones et léthargiques quand il s'agit de nous secourir.

Nous sommes tunisiens, nous en bavons pour avoir un simple VISA touristique pour le présumé "paradis" schengen, nous n'avons pas de presse digne de ce nom, nous n'avons pas de vie politique épanouïe ni de débats qui mériteraient d'être suivis et pourtant nous restons dans notre pays, nous militons pour lui permettre de gravir doucement mais surement les échelons du développement.
Alors, faites votre travail convenablement. Ce n'est pas une faveur que je demande, mais votre devoir de nous défendre que j'exige...

Pour cloturer en beauté, je cède finalement la parole à Aboulkacem Chebbi, le plus grand poète tunisien:

"Lorsqu'un peuple veut la vie, force est au destin de répondre
Aux ténèbres de se dissiper et aux chaînes de se rompre !"

lundi 4 octobre 2010

Ton malheur, frérot, est pour moi un jour de fête...



L'Espérance de Tunis joue son destin au Caire.
Ses supporters jouent leurs vies et celles des agents de police égyptiens. L'anarchie la plus complète.
Des coups de poing dans le ventre, des coups d’extincteur dans la gueule et malheur à celui qui tombera en premier.
Il sera piétiné par une foule sans merci.
Notre football, bien qu'il nous coûte des milliards est médiocre. Seul le niveau de la violence dans les stades a su très vite hisser le drapeau national très haut.

En Tunisie, il y a deux catégories de gens: Les espérantistes et les anti-espérantistes.
Je ne vous cache pas que d'habitude, je fais partie intégrante de cette population qui trouve que l'Espérance est un club qui use trop souvent de l'interrupteur.
Etant moi-même victime, d'innombrables manigances du plus vieux club tunisien. La dernière en date, l'inoubliable huit avril de cette même année. Quand même les dieux du stade n'ont rien compris à l'affaire.
Je suis hammamlifois jusqu'à la moelle. Je ne vois la vie qu'en vert et blanc. J'aime mon club et ma ville plus que tout.

Cependant, dans les compétition internationales, où un club tunisien se trouve propulsé en porte-drapeau national, je ne trouve aucun mal à le supporter corps et âme.
C'est ainsi, qu'on m'a éduqué. On m'a toujours dit que les plus proches méritaient plus que les autres mon affection.

Ce que je trouve aberrant en Tunisie.  C'est que la population est divisée dans tout ce qu'elle peut entreprendre.
On se souhaite un échec inéluctable même si ton compatriote rencontre des protagonistes étrangers.
On se délecte des malheurs des autres.
On déguste sans aucune retenue et avec une exaltation criminelle les larmes de son prochain.

Les espérantistes, eux-mêmes, ne sont pas des anges non plus. Ce fléau est général à toutes les catégories.
Même le niveau d'instruction n'a rien à voir là dessus.

On m'a appris, tout jeune, que la discorde et cette haine qui grandit à vue d'oeil est un ogre dont l'apparition signe le déclin de l'empire dans lequel il surgit.
Heureusement, la Tunisie n'est pas un empire. Mais c'est tout comme puisque les choses ne cessent d'empirer ici bas.

On se traite de tous les noms. On prie Dieu avec une incroyable sincérité et une piété jamais "employée" auparavant (sauf l'année du bac et celle du concours) pour que son prochain trébuche et tombe avant d'atteindre son but suprême.

On promet à Sidi Mehrez et Sidi Belhassen des offrandes (Généralement, un immense plat de couscous avec plein de morceaux de viande dedans) si jamais il intervient auprès du Très-Haut pour faire réussir notre complot.
Les pistons envahissants même les prières, mes amis.
Il m'a suffi d'afficher mon soutien au seul candidat tunisien à la présidence du football africain pour que je sois pris d'assaut d'insultes et d'une vague sans précédent d'indignations.
Je profite donc de l'occasion pour réitérer mon  le plus sincère qui soit, à un club qui porte haut les couleurs de notre patrie.
Bonne chance aussi au CSS.
Au passage, j'emmerde les médias égyptiens qui sèment la haine et mettent une lourde ambiance qui dégénère souvent dés qu'un de leur clubs accueille une équipe arabe.
Après, ils se mobilisent pour dénoncer la sauvagerie de la réaction des autres supporters.
Je ne défend pas l'indéfendable comportement des tifosi espérantistes, mais les connaissant, il doit probablement y avoir une injustice quelque part qui a pu catalysé de la sorte leur révolte.
Et ci-après, la confirmation de mes suspicions en images.
La police égyptienne, une des plus barbares de ce continent de sous-développés, s'attaque avec une violence inouïe au public espérantiste pour avoir osé manifester leur soutien à leur club à travers des feux de Bengale.





 

   






Dommage que chez nous, les journalistes, les médias et les hommes en général sont castrés. On n'a personne pour mener une guerre des images et répondre à des allégations aussi fausses qu'insolentes.
Notre presse est bien plus occupée à faire sa propagande et à copier et coller des insolites qui ne nous font même pas sourire.
Peu importe si quelque part, on nous fait passer pour de viles créatures sanguinaires.

Je ne vous dirai pas au revoir mais je me contenterai d'un "ya3mel allah fel retour" qui veut tout dire.