Les fidèles du Boukornine

samedi 29 janvier 2011

Mon angoisse, ma révolution...

Pour commencer, je pense qu'une révision de la terminologie est à envisager.
On parle à tort de révolution dans le cas du changement opéré en Tunisie.
Il ne s'agit pas d'une révolution, on est encore au stade de soulèvement. La grande différence entre les deux c'est ce lourd héritage que nous a laissé Ben Ali en désertant la Tunisie pour le pays où les criminels vivent comme des princes.
Mais, il est envisageable qu'à ce soulèvement succède une vraie révolution, non pas par les manifestations violentes ou par la force mais par la vigilance et la citoyenneté responsable ! 







Cette séquence du JT de la chaîne nationale d'aujourd'hui aux allures fortement ressemblantes à la défunte TV7 avec le même discours, le même ton, la même propagande, le même "masdar ma2dhoun" (source autorisée) et la même fâcheuse habitude à prendre les gens pour des cons.

Cela ne vous rappelle donc rien ?
Les évènements du gouvernorat de Sidi Bouzid ? 
Les contestations ? Meknassi ? Menzel Bouzayene ?
La légitime défense invoquée pour légitimer les tirs à balles réelles sur des manifestants tuant plusieurs et blessant encore plus...
C'était en fin décembre ! 
"Les gentils policiers qui étaient simplement en train de prendre la relève de l'équipe de nuit et qui ont été surpris par les attaques gratuites de cette horde de sauvages venue de l'intérieur du pays pour dévaster notre capitale chérie et terroriser sa population...
Les pauvres BOP ont été contraints d'intervenir pour sauver l'humanité de ce nuage de sauterelles ayant pour unique dessein de foutre le bordel partout où ils passent.
Nous nions qu'ils y ait des morts. Les gens de l'intérieur ne meurent pas ou alors seulement un peu, et après ils ressuscitent.

Il est vrai qu'on leur a lancé des bombes lacrymogènes mais c'était pour les taquiner... Il ne faut pas être mauvais joueur non plus ! 
Ils ont mal réagi... Il y avait une insupportable odeur de pet qui planait sur la Kasbah, on voulait parfumer l'atmosphère... On n'avait de Dior à disposition... Donc..."

Voilà pourquoi je n'en crois pas un mot: 

Une nouvelle brigade avec des boucliers sur tout le corps a été précipitée dés le matin à la Kasbah, la brigade canine était déjà là dés le matin, l'armée s'est retirée pour laisser la police s'en occuper, ces mêmes policiers qui pleuraient en pleines rues il y a tout juste une semaine en se défendant d'être les bourreaux du peuple clamant qu'ils n'était que des victimes et insultant à tour de bras leur ancien patron vénéré, Ben Ali. 

Nous savons tous que la manipulation est le point fort du système tunisien toujours en place actuellement et que rien n'est évident, tout est flou, on n'arrive plus à distinguer le vrai du faux tant vos manigances touchent à tout...
Qui manipule qui ? Dans quel but ?  d'où tiennent-ils ces fonds ? Ces idées abracadabrantes ? 
Ce témoignage du Dr Sami Ben Sassi ne va pas me contredire.











Cela ne veut en aucun cas dire que le gouvernement actuel, que je surnommerai de Dream Team tunisienne, y est pour quelque chose.
La preuve dans cet article
Ces bizarreries et ces incohérences viennent s'ajouter à d''autres faits ambigus dont notamment la suspension du signal de la chaîne Hannibal Tv avant de la reprendre quelques heures plus tard avec les aveux du ministre Chebbi sur le fait qu'il ne sait pas qui aurait ordonné cela...

Je réitère et je reprends pour ceux qui auraient mal compris:
J'ai une totale confiance en ce gouvernement d'union nationale. J'ai été ému aux larmes le jour de l'annonce de la nouvelle composition de ce gouvernement.
On a des sommités, des technocrates, qui plus est, sont indépendants pour nous représenter et défendre nos intérêts.
Sauf que j'ai bien peur que le système ne soit pas totalement épuré des reliquats d'un système pourri ayant terrorisé la population innocente pendant des décennies.
Je sais qu'à vouloir tout et rapidement, on risque de tout perdre sans rien acquérir.
Maintenant que la Kasbah est prête pour accueillir les nouveaux ministres.
Je vous conjure, cher GUN de prendre les rênes de mon pays, et celui de tous les tunisiens en toute urgence et "bikolli 7azm" (citation de deux prix Nobel de la paix: Ben Ali et Mubarak)


Dieu a créé le monde en six jours, j'en ai conscience. Mais quinze jours passés après la chute de Ben Ali, je suis en train d'angoisser pour nos acquis et de me poser beaucoup de questions.
J'espère que vous saurez les dissiper sous peu.
D'ici là, bénéficiez, messieurs les ministres de mon soutien, je vous confie mon bien le plus cher, mon soulèvement, prenez-en soin, je vous ai à l'œil ! 

samedi 22 janvier 2011

La météo de la révolution



Amis révolutionnaires, amies inévitablement contestataires, bonsoir !

Hier, le premier ministre intérimaire Mohammed Ghannouchi a été interviewé, il a failli pleuvoir de ces glandes lacrymales, le visage du peuple a laissé transparaitre quelques éclaircies après les violentes tempêtes de la révolte résiduelle qui vise à faire tomber ce gouvernement intérimaire qu'ils jugent pas assez "indépendant" et pas du tout en accord avec leur volonté de rompre complètement avec l'ancien régime.

Ce matin, le climat insurrectionnel sévit encore et toujours sur tout le pays. C'en devient même étouffant. Un vent d'anarchie souffle violemment sur le sud et le centre emportant le nord au passage et tout espoir de reprendre le cours normal de la vie.

Une épaisse  couverture nuageuse de morve continuera à circuler le long du flanc d'un anticyclone libyen qui m'emmerde personnellement, vachement.

Cette perturbation qui déferle sur l'ensemble du territoire commence à me gonfler sérieusement. D'autant plus, qu'elle s'accompagne, à mon gout, d'une précipitation évidente, fruit de plus de deux décennies de frustration.

Sinon, les courants maritimes venant du nord de la méditerranée nous ont apportés quelques espèces de poissons d'eaux-troubles qu'on n'était pas habitué à croiser sur nos côtes.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une accalmie au plus tôt et un soleil éclatant qui viendrait nous dépoussiérer des nuages de gaz lacrymogènes et des règlements de compte et autres lynchages commis à tort sous l'égide d'un étendard désormais intouchable, à savoir justice sociale et démocratie.

Liberté et anarchie ont divorcé avant même de se réunir.
Rendez-vous tout à l'heure pour d'autres prévisions météorologiques.
Amis révolutionnaires, vous nous aurez fatigués avec votre énergie débordante.
Bonne nuit !

jeudi 20 janvier 2011

L'hyménoplastie politique, l'histoire d'une virginité trafiquée







Après les années de plomb.
Après le népotisme et les abus de pouvoir.
Après la peur et le terrorisme d'état.
Après les mascarades en guise d'élections présidentielles et législatives.
Après les marionnettes pour magistrats.
Après la presse bâillonnée ou contrôlée.
Après l'opposition emprisonnée ou forcée à s'exiler.
Après les militants martyrisés.
Après les droits piétinés.
Après les biens confisqués.
Après la populace crétine et crétinisée.

Vint le Bouazizi et ses flammes,
la révolution et ses drames,
le 14 janvier et nos larmes,
et le tour du bourreau de déposer les armes.

Après que le sang des martyrs ait irrigué notre terre sacrée montrant la voie à notre peuple vers un meilleur lendemain.
Après que ce peuple trahi par ces intellectuels, ces journalistes et ces politiciens ait pris son courage à deux mains et soit descendu dans la rue destituer son despote.

Nous assistons aujourd'hui, à l'émergence d'une nouvelle race de bons à rien, j'ai nommé: Les militants de la onzième heure  !

Ceux qui, rien que la veille du 14 janvier 2011 jouaient encore le jeu du bourreau et étaient complices au moins par leur silence si ce n'est par leur propagande aux machinations dont nous étions les victimes, viennent actuellement se jeter devant les caméras pour voler la vedette à notre peuple, vrai et unique héros de cette révolution que le monde nous envie.

Des "militants" qui retournent leur veste à la dernière minute, il y en a tellement... et avec une facilité déconcertante.
Tels des caméléons qui se colorent au gré de l'environnement sans vergogne en gardant un sourire aussi faux que brillant à toute épreuve.
Je n'ai pas envie de les citer nominativement un à un même si j'en suis capable et j'en meurs d'envie.

Je leur dédie cette excellente chanson de notre grandiose Chedly Hajji.
Le peuple qui a su se soulever seul et avec l'aide de personne n'a pas besoin de ces opportunistes véreux qui veulent s'approprier notre révolution. 

Je reprendrais aussi le mot fort de cette protestation repris en chœur par les manifestants: "Dégage !"

Je suis sûr qu'ils feront mine de n'être pas concernés, mais je mise sur ce moment quotidien où ils se regarderont dans une glace pour leur pourrir le restant de leur existence.

mercredi 19 janvier 2011

Ne serait-on pas en train de nous voler notre révolution ?



Moins d'une semaine écoulée après la journée légendaire du 14 janvier 2011, retour à la lucidité et à la nature glaciale d'une réalité toujours floue et indécise.
Après le grabuge, les "Hip Hip Hip Hourra", les cris de libertaires en plein couvre-feu, les lynchages de pourritures ( Actes que je suis loin de cautionner) et les intarissables larmes de joie, force est de constater que nous baignons encore et toujours dans un flou très inconfortable. 


L'après 14 janvier sent la manipulation à plein-nez, je m'explique: 

Commençons par le commencement, Mohammed Ghannouchi qui déclare à tous les tunisiens que devant l'incapacité TEMPORAIRE du président Ben Ali à assurer ses fonctions, il se voit dans l'obligation de le remplacer TEMPORAIREMENT avant de se rétracter le lendemain et d'annoncer "la vacance définitive du poste de président."


Les évasions massives de prisonniers partout dans le pays dont notamment les dangereux criminels de la prison du Nadhour à Bizerte...

Les tentatives de brûler des points vitaux de notre économie et de notre société comme les hôpitaux qui ont été souvent pris à partie.

Quel intérêt aurait une bande organisée à attaquer un hôpital ou de libérer des détenus dangereux, sinon  de semer la zizanie dans le pays pour légitimer l'inévitable main-mise de certains cons sur notre devenir et laisser à d'autres truands l'occasion de quitter le pays alors que l'armée est occupée à rétablir la sécurité et pourchasser ces criminels armés.







La télé nationale, défunte Tv7, qui diffuse des appels à l'aide et décrit des situations d'insécurité totale et dramatique avec des échanges de coups de feu alors que ce n'est pas toujours le cas sur le terrain. Allant même jusqu'à relayer des rumeurs et parler d'un ton grave d'évènements d'une violence inouïe, appelant même l'armée en direct à intervenir dans tel ou tel endroit comme si nos militaires avaient besoin de la télé pour en être informés. Cette chaîne a une grande part de responsabilité dans le climat de terreur qui a sévit au sein de la population avant d'appeler les gens à garder leur calme.
Mais tu demandes au peuple de rester calme alors que tu lui chantes à longueur de journée qu'on a retrouvé de l'explosif dans des voitures abandonnées et que les snipers sont partout?  


Ainsi que la diffusion de faux reportages sur l'arrestation théâtrale d'une bande de casseurs "armés jusqu'aux dents" en pleine avenue Habib Bourguiba. Déclarations infirmées le soir même dans une vidéo sur Facebook où un des jeunes présumés coupables explique avec hébètement qu'il était juste allé acheter du pain au centre-ville de Tunis et qu'il a aussitôt été relâché...

L'exclusion de certains journalistes des dernières conférences de presse ne fait qu'aggraver cette crise de confiance et amplifier des doutes déjà fondés...



Le retour du 404 sur le net tunisien dont parle Tunivisions dans cet article. Nous, qui croyions comme des cons à l'émergence de la liberté dans notre pays... 


Les médias en général (malgré une liberté de ton quelque peu retrouvée) qui en évoquant les dernières manifs qui naissent spontanément un peu partout dans le pays réclamant la tête du RCD, la décrivent tous comme un appel populaire à démettre les ministres qui appartenaient à l'ancien régime occultant totalement l'aspect fondamental de cette ultime contestation où les manifestants scandent pourtant clairement: "A bas le RCD ! A bas le bourreau du peuple !" 

Hier, la police réprime violemment la manifestation anti-RCD qui a eu lieu à l'Avenue Habib Bourguiba. 

Une marche pacifique qui a eu droit à un nuage de gaz lacrymogène et des coups de matraque qui n'ont épargné ni les quinquagénaires présents en nombre, ni les grand-mères trop crédules pour se douter de la persistance d'une telle répression. 

Qu'en est-il des proches du président qui auraient été arrêtés ? Pourquoi aucune image ne filtre ? Aucune vidéo ? Le peuple a besoin d'apaisement, il a besoin qu'on le mette au courant, il a besoin d'être sûr qu'on n'est pas (comme d'habitude) en train de le duper... 
Cette guerre est aussi et surtout une guerre des images. 
J'invite d'ailleurs l'armée et le gouvernement tunisien à nommer deux porte-parole dignes de ce nom pour mettre un terme à ces rumeurs qui ne font que rendre insoutenable un équilibre psychologique populaire déjà précaire.


Des gens nous ont offert au prix de leurs vies l'opportunité de parler librement, dignement et sans crainte de se faire exploser la tranche pour nos idées. 
N'insultons pas leur mémoire, restons vigilants, ne laissons pas tomber la lutte !
Sauf qu'il est vrai que le pays a besoin aujourd'hui de revivre de ses cendres, de se remettre sur pied et c'est là, l'urgence vitale à laquelle nous devons faire face actuellement. 
C'est notre responsabilité de reprendre une activité normale, de ne plus avoir peur.
La peur, on l'a laissée pour les autres peuples. 

Quand on s'est mobilisé sans boucliers, les poings nus face à des hordes d'oppresseurs prêts à nous descendre pour la gloire de leur gourou Ben Ali, on sait que plus rien ne pourrait nous atteindre, ni les rumeurs d'Al Jazeera, ni les projets malveillants des comploteurs ni même les balles perdues.


Il est évident que des personnes à qui le système a profité pendant des décennies entières s'obstinent aujourd'hui à protéger leurs avantages et qu'ils se servent des médias, en diffusant des rumeurs, en finançant des milices et en organisant des mises en scènes rocambolesques. 


Mais, n'ayez nulle crainte, notre révolution et notre abnégation ont sonné le glas de votre réseau mafieux. La Tunisie aux tunisiens ! Gloire aux martyrs et à bas les intrus ! 

Cependant, j'appelle une dernière fois à bûcher en cours de semaine pour que le pays ne sombre pas et manifester en nombre le weekend pour que le système corrompu jusqu'à la moelle continue sa décomposition avec le moins de dégâts possibles pour ce pays que nous aimons, ce pays dont l'intérêt demeure notre unique préoccupation.



A bon entendeur !

samedi 15 janvier 2011

Ma Tunisie... Je te pleure de joie...






Je m'appelle Khalil. J'ai 24 ans. Je suis apprenti médecin amoureux de son pays et bloggeur à ses heures perdues.
Depuis l'annonce du départ du despote Ben Ali, mon corps est en effervescence et mes larmes coulent.
Ce matin, j'ai déserté mon travail pour aller crier "Dégage !" devant le ministère de l'intérieur avec mes compatriotes avant d'être gentiment dispersés à coups de matraque de 1 mètre de long et de bombes lacrymogènes qui ne m'ont pas atteint.
Ma Tunisie, rien n'est aussi lacrymogène que la passion que je te voue.
Vingt-quatre ans d'existence. Vingt-quatre ans de lectures. Vingt-quatre ans d'aliénation.
Aujourd'hui, 14 janvier 2011, j'ai assisté et participé à la renaissance d'un peuple tunisien agonisant depuis que le système pourri et totalitaire du général Zinochet nous a interdit de penser.


Dans cinquante ans, si Dieu m'en laisse l'opportunité, je raconterai à mes enfants et à mes petits enfants l'épopée du peuple tunisien. Je leur conterai tous les soirs avant qu'ils ne s'endorment l'histoire de ce vendeur de clémentine à la sauvette portant le doux nom de Mohammed Bouazizi qui a immolé avec son corps un régime en béton armé fort de 23 ans de répression, de népotisme, d'abus et de despotisme....
Tous les martyrs sont mes prophètes... Votre sang béni a arrosé les terres sacrées de notre pays.
Le peuple tunisien est un exemple pour le monde entier.
Un jour il a décidé de destituer un dictateur au prix de sa vie, rien n'a pu le faire reculer.
Ni les balles réelles, ni les arrestations, ni les bombes lacrymogènes, ni les discours mensongers...
Peuple tunisien, il n'y a nul besoin de te déclarer ma flamme je sais déjà que tu en as conscience.
Combien il aura fallu de morts avant que le traitre Ben Ali ne se rende à l'évidence...
Peuple tunisien, tu as arraché ta liberté. Tu es grand, tu es fort, tu es beau, tu es intelligent, tu es mature, tu es courageux.
Ben Ali n'est plus.
Levez-la tête, on est libre ! Où que tu sois, où que tu ailles, clame ton appartenance à ce peuple on saura que pour peu que tu portes cette nationalité que le monde nous envie, tu es un Homme, un vrai, un homme libre et tenace.
Peuple tunisien, peuple opprimé, peuple matraqué, peuple trainé dans la boue, peuple volé et violé dans sa dignité, peuple terrorisé, peuple fiché, peuple épié, peuple torturé... Lève-toi et souris tu as gagné, on a gagné !
Peuple tunisien, mon peuple, ce soir je te pleure, ce soir je ne dors pas, ce soir je pleure les années de plomb, ce soir je pleure nos martyrs, ce soir je pleure notre dignité piétinée pendant tant d'années, ce soir je pleure la censure qu'on nous infligeait, ce soir je pleure les fouilles qu'on nous imposait, ce soir je pleure les tahhana qui t'ont vendu pour une poignée de dinars.
Ce soir, je crie ma joie, ce soir je pleure mon combat et celui de tous les tunisiens.
Ce soir, je vous dis que je vous aime. Ce soir, je vous dis que je n'ai pas peur de la mort ni de la tyrannie. Ce soir, mes larmes coulent.
Peuple tunisien, peuple libéré, peuple heureux, peuple téméraire, peuple unique, peuple courageux, peuple exemplaire, peuple émouvant.
Ce soir je ne veux pas rentrer. Ce soir je tiens un bâton pour protéger mon quartier des éventuels pillards qui profiterait d'un soir de chaos pour propager la haine et la peur et gâcher notre fête.
Demain tout ira mieux, l'armée sera partout mais nous serons libres.
Un bras d'honneur au passage à la France, au States, aux despotes du monde et à toutes les institutions. Notre liberté, on l'a eu touts seuls, on ne la doit à personne. Un mouvement pur et spontané né dans la rue des étincelles sur un corps sacré.

Ce soir, peuple tunisien, je t'embrasse. Peu importe si nous mourrons, j'aurai vécu le jour où je t'ai vue libre, fraîche et comblée.  Ne t'inquiète pas, on te remettra sur pieds au plus tôt, la main dan la main.
Tunisie, je t'aime...

jeudi 13 janvier 2011

Petit Papa Noël, je veux une dignité pour mon peuple !





Père Noël, pour ne rien te cacher, je ne crois pas en toi.
D'ailleurs, quand Coca passait un spot publicitaire où tu jouais, je croyais plus à la capacité de la boisson de Hamadi Bousbii à dessiner un sourire sur les lèvres d'un enfant que de celle d'un personnage créé de toute pièce par l'Eglise catholique de faire de rêves puériles irréalisables une réalité.

Mais, aujourd'hui, petit Papa Noël, je m'en excuse, du fond du coeur.
Mon peuple joue au paintball avec des hommes en noir avec des balles réelles.

Des estafettes de la garde nationale prennent feu spontanément ainsi que des wagons de trains de fret, n'en parlons même pas de l'autocombustion de vendeurs de clémentine à la sauvette, assimilables à de méchants citoyens qui prennent à partie de charmants agents de police municipale.

Des pistolets portés par des hommes en tenue, laissent éclater leur colère, répandent le mal et envoient des mâles et des femelles par terre.

Des jeunes qui ont marre du paintball se prennent au jeu de la roulette russe en escaladant des lignes de haute tension avant d'embrasser la mort et de l'étreindre, elle qui vient aux aguets dans son plus simple appareil, réveillée en pleine nuit par les sirènes des forces de l'ordre qui diminuent les chiffres du chômage à leur manière, en neutralisant des chômeurs.

Les officiels minimisent, ce qu'ils considèrent comme "une simple partie de paintball qu'il serait fort condamnable de sortir de son contexte"
Il faut avoir du fair-play ! Rappelons-nous du slogan de la FIFA: My game is fair play !
So?
So what ?

L'escalade de la violence dans mon pays m'attriste, m'atterre et me choque.
Je vis dans l'angoisse pour les familles qui seront brisées par des arrestations abusives, des condamnations surement à venir et des balles perdues qui atterriraient sur des tempes innocentes.
Je suis la langue d'un corps tunisien dont le coeur est de Sidi Bouzid, le foie de Menzel Bouzayene et le rein de Meknassi.

Petit Papa Noël, je ne sais plus à quel sain me vouer !
J'ai demandé au Dieu des musulmans, puis celui des chrétiens, celui des juifs n'a pas donné signe de vie non plus, Bouddha s'est tu, toutes les mythologies m'ont délaissé, le soleil, la lune, diverses statues à diverses effigies n'ont rien pu faire... J'en suis même arrivé à me prosterner pour le dieu des athées. Rien n'y fit.

Aujourd'hui c'est vers toi que je me tourne.
Je veux une dignité pour mon peuple !
Je veux une liberté d'expression !
Je veux une solution au chômage !
Je veux polémiquer librement sur les terrasses des cafés à propos de la gestion d'une crise par un gouvernement, la critiquer et pouvoir tout de même envisager le lendemain avec sérénité.
Je veux un accès libre à internet !
Je ne veux plus avoir des SuperMenteurs en guise de responsables !
Je veux voter en ayant l'impression de décider librement, dignement, décisivement et concrètement !
Je veux avoir une opinion politique sans être taxé "d'opposant" au premier désaccord, terme lancé à la figure comme une accusation de viol sur mineure.
Je veux qu'il n'y ait plus de détournement de fonds, plus d'abus, plus de népotisme, plus de fumiers qui se targuent d'accaparer le patriotisme tout en extorquant des fonds destinés à de pauvres gens malheureux.
Je veux plus qu'il y ait de politisation de performances sportives ni d'instrumentalisation de faits divers.
Je veux qu'on soit traité tel un peuple et non pas comme un troupeau.
Je veux que Wikileaks me dise que mon pays va mieux.
Parce qu'aujourd'hui le corps dont je fais partie est fébrile.

Je veux, aussi, que cette migraine qui me cloue la tête à l'oreiller et qui me fait redouter toute lumière cesse à jamais.

Père Noël, si tu ne me répondais pas, demain je réitérerais ma demande à l'arbre imposant qui signe de son ombre un terrain vague juste à coté.
Peu importe si on m'étiquetais comme fou. Un jour mon peuple triomphera et mon militantisme à la Don Quichotte aura raison des oppresseurs. D'ici là, dormons. Peut-être que nos ronflements diffuseraient nos bonnes intentions et soulageront nos migraines.