Les fidèles du Boukornine

Affichage des articles dont le libellé est révolution. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est révolution. Afficher tous les articles

mardi 3 avril 2012

Au nom des martyrs et des blessés de la révolution...




Amis martyrs qui êtes aux cieux, amis blessés de la révolution qui ruminez votre amertume à chaque instant que Dieu fait, j'ai mal pour vous.

Au nom de ces familles aux tables desquelles un membre manque quotidiennement à l'appel quand c'est le moment de manger, de regarder un match ou de se partager un fou rire en dépit de la misère et de la tragédie qui les a frappé de plein fouet.

Au nom de ces infirmités, de ces membres amputés, au nom de ces plaies infectées, de ces muscles mis à nu, de ces chaises roulantes acquises grâce à des dons de particuliers alors que l'état faisait le mort pour ne pas mettre la main à la poche, au nom de la bureaucratie derrière laquelle on se cache pour vous mener en bateau.

Au nom de ta maman tabassée, au nom de ton crane fracturé, de tes méninges remués, des hématomes qui te couvrent le corps, de ta dignité traînée par terre, de ta chaise roulante démontée, de ta perplexité devant cet acharnement, cette férocité, cette sauvagerie et au nom du gaz lacrymogène que tu as inhalé.

Au nom des insultes qui ont fusé de partout, au nom des brodequins qui t'ont piétiné alors que tu n'avais même pas la capacité de te mettre debout, séquelle d'une révolution que tu as faite mais qui te crache dessus, au nom des mensonges "officiels" du ministère des droits de l'Homme avec lesquels on veut justifier l'injustifiable et donner à l'inexcusable un certain aspect rationnel qui n'a simplement pas lieu d'être, au nom de ces méthodes dignes de l'époque la plus sombre de Ben Ali, de sa violence et de sa désinformation.

Au nom de ce gouvernement qui te doit tout et qui te tourne le dos, acceptant au plus d'intégrer ton nom à celle des bénéficiaires de l'aumône qatarie, toi qui ne réclamait rien d'autre que le droit à la dignité et à la reconnaissance de ton pays et non pas de Hamad et de sa Mouza.

Au nom de tout cela, mes frères, permettez-moi de mépriser ce gouvernement et de honnir sa triste "légitimité acquise grâce aux urnes qui exprime la volonté populaire" avec laquelle ils se croient tout permis, avec laquelle ils ont confisqué la révolution et par la même occasion puni ses symboles.

Loin des appartenances partisanes et de toute tentative d'instrumentalisation, votre cause est la nôtre, celle de tous les tunisiens !
Les livres d'Histoire retiendront l'ingratitude de cette nation à l'égard des héros qui l'ont hissé au sommet grâce à cette révolution, au péril de leurs vies.

Trop occupés à palabrer sur les sempiternelles questions identitaires et les interminables querelles idéologiques, ils avaient pris l'habitude à ponctuer leurs phrases de "Netra7mou 3la arwé7 echouhadé2" oubliant que vous mourriez à petit feu, que vos corps si purs se décomposaient dans l'indifférence, que les blessés de la révolution n'étaient pas une légende urbaine mais des personnes bien réelles à la tragédie atrocement vraie et palpable.

En votre nom aussi, chers compatriotes, chers héros, permettez-moi de me cracher dessus ainsi qu'aux gueules de tous mes semblables, pour avoir mis tout ce temps pour réagir.
Le rendez-vous est donné pour le 9 avril, qui j'espère sera le plus grand rassemblement en faveur de notre cause nationale la plus prioritaire, à l'occasion de la fête des martyrs, on se battra pour vous, plus question de se taire et advienne que pourra !

Qu'ils répriment ! Qu'ils lâchent leurs sbires ! Tous les coups du monde ne sont rien face à l'injustice que vous vivez.
J'ai honte pour ma nation, pour la révolution qui a mangé ses enfants ! 

mardi 31 janvier 2012

La révolution du népotisme




AbdelWaheb Mâater, notre ministre de l'emploi et de la formation professionnelle a accordé une interview au quotidien Assabah parue aujourd'hui (Voici l'article).
Dans cette entrevue, le ministre confirme que sa fille a été bel et bien embauchée dans le cabinet ministériel de Sihem Badi notre ministre de la Femme avant de se justifier en rajoutant: "Que tous ceux qui émettent des critiques sachent que le ministre est libre de désigner les personnes qu'il veut dans son cabinet. D'ailleurs, la plupart des ministres ont désigné des proches ou des amis dans leurs cabinets ministériels !"

Je me sens outré en tant que citoyen tunisien non pas seulement par l'info elle-même mais par cette légèreté en l'annonçant, cette tendance à minimiser un fait grave et à défier l'opinion publique !

Il y a quelque temps, on nous annonçait Bouchlaka, le gendre de Rached Ghannouchi au poste de ministre des affaires étrangères. En nous le déclarant, Ennahdha avait sorti l'argument de la "compétence" n'étant même pas embarrassés en nous imposant encore une fois un satané gendre ! Au fil des jours qui ont suivi et des déclarations de guerre de Bouchlaka à la Syrie les menaçant de leur envoyer notre armée qui a pourtant toutes les peines du monde à garder nos frontières, on commençait à découvrir l'ampleur de ses présumées "compétences".
 
Dans une nation qui n'est toujours pas guérie du "syndrome des gendres" dont elle souffre depuis des décennies .  Je nous rappelle qu'on vient de faire une supposée révolution notamment contre le népotisme.

Avant qu'on ait le temps de s'en remettre, on nous ressert le même plateau pourri avec en prime, la cerise sur le gâteau: la minimisation ! L'air de dire: Népotisme et alors ?

Je plains les martyrs et leur sang qui a coulé, je plains les militants et leur dignité violée et je plains tous ceux qui y ont cru et tous ceux qui sont allés voter perdant de précieuses heures de leurs vies à attendre leur tour dans des files interminables, pour que des politiques au moins aussi véreux et assoiffés que les précédents, prennent place sur les trônes et transgressent les lois en se moquant des fondements les plus élémentaires de la révolution.

Est-ce trop vous demander messieurs de laisser de coté tout népotisme ? Est-ce si difficile messieurs de ne recruter que selon les compétences ? Trouvez-vous si pénible de respecter ce peuple et son combat pour la liberté et la dignité ?
J'ai honte d'avoir un jour cru en cette révolution ! Vous déshonorez à la nation ! Puissent un jour, vos consciences se réveiller de leur hibernation et vous torturer jusqu'à la fin de vos jours ! 

lundi 21 novembre 2011

Solidaire avec Dr Ben Mansour



J'ai contacté aujourd'hui l'avocat de Dr Mourad Ben Mansour, le médecin qui vient d'être condamné à 6 mois de prison ferme. Selon lui, voici ce qui s'est passé.

Dans le contexte alarmant des 13-14/1, le Dr Ben Mansour se dévoue et assure les gardes aux urgences de l'hôpital Kheireddine au péril de sa vie.

Le 13 janvier, il reçoit un blessé par balle, l'examine, assure les premiers soins et juge nécessaire de l'adresser au Centre Hospitalio-Universitaire le plus proche à savoir, l'H. Mongi Slim de La Marsa afin de bénéficier d'une prise en charge plus spécialisée.

Au cours de son transport, le patient succombe à ses blessures. Il est immédiatement reconduit à l'Hôpital Kheireddine.
Le Dr Ben Mansour constate le décès.
La famille déchaînée par la nouvelle, et c'est compréhensible, décide de rentrer en emportant le cadavre.

Le lendemain, Dr Ben Mansour reçoit la visite de dizaines de proches du défunt furieux et armés jusqu'aux dents (armes blanches). Ils le somment de signer le certificat de décès pour pouvoir enterrer leur mort et faire leur deuil.
On est le 14 janvier, un jour où la Tunisie est plus que jamais un état de non-droit. Un jour historique où l'insécurité a atteint son paroxysme.
Le médecin n'a d'autre choix que de délivrer le certificat de décès signalant que la mort est de "cause naturelle" et qu'il n'y a pas d'obstacle à l'inhumation. En précisant que la cause du décès est un "arrêt cardio-respiratoire" ce qui est très vague parce qu'on meurt tous d'un arrêt cardio-respiratoire.
Le médecin a noté dans le dossier médical que le décès était probablement du à la balle et a décrit l'orifice d'entrée.

La suite de l'histoire, vous la connaissez surement. Ben Ali s'envole pour l'Arabie Saoudite, le pays connait ce qu'on appelle communément "la révolution de la liberté et de la dignité"
L'état décide en signe de reconnaissance aux martyrs de la révolution de dédommager les familles en déboursant à chacune 20 milles dinars.

La famille de la victime se voit refuser ce dédommagement vu qu'il n'y a pas eu d'autopsie confirmant la mort par balle.
C'est alors qu'elle porte plainte contre le médecin qui lui a délivré le certificat de décès, en l'occurrence Dr Ben Mansour.

Le verdict a été prononcé le 16/11/11: 6 mois de prison ferme, radiation du tableau de l'ordre des médecins à vie et une amende de 1500 dinars à tous les héritiers de la victime !

On va essayer de décortiquer ce jugement.

Pour commencer, pour qu'il y ait infraction, Il faut la réunion de trois éléments: éléments légal, moral et matériel !
L'élément légal est un texte de loi qui énonce clairement l'infraction et la peine encourue. (On dit qu'il n'y a pas de peine ni de crime sans loi)
L'élément matériel consiste en un acte et non une pensée. Il faut être passé à l'action pour être condamné.
L'élément moral est le caractère intentionnel de l'acte. Que ce ne soit pas un acte involontaire.
Il y a un quatrième élément qui peut annuler l'infraction même dans la réunion des trois autres comme c'est le cas ici: L'élément injuste, en d'autres termes quand l'acte entre dans le cadre d'une légitime défense, quand l'accusé a été contraint de réaliser l'acte.
La loi ne pousse pas à l'héroïsme. C'est ce que nos professeurs de médecine légale nous ont enseigné.

Ce qui veut dire dans ce cas précis que le médecin n'a pas commis d'infraction du moment où il a été menacé dans son intégrité physique en signant le certificat de décès. D'autant plus dans le contexte extraordinaire du 14 janvier où on ne comptait plus les désertions parmi les forces de l'ordre et où on pouvait tout faire impunément.

Pire encore, le médecin a rapporté tous ces faits au poste de police du Kram le lendemain vu que celui de la Goulette avait été incendié la veille.

Concernant la radiation du tableau de l'ordre des médecins à vie, depuis quand c'est du ressort de la justice ?
On nous a enseigné que c'était à l'ordre des médecins de radier, d'interdire temporairement l'exercice de la médecine ou de blâmer et non au juge !
Je ne puis vous cacher ma perplexité face à cette décision !?

Enfin, concernant l'amende de 1500 dinars à chaque héritier du défunt. Il n'a été souligné ni le nombre des héritiers, ni leurs identités, ni leurs adresses. Ce qui veut dire qu'on peut avoir 300 héritiers ? Ou que des gens peuvent s'autoproclamer héritiers ?

Le médecin, un des héros de la "révolution" qui a risqué sa vie pour soulager les maux de ses concitoyens. Le Dr Ben Mansour, un des bons citoyens qui se sont sacrifiés pour leur pays, est aujourd'hui en prison.

Je ne peux que me révolter. Surtout que l'acharnement de la machine judiciaire est sélectif et qu'aucun des assassins de nos glorieux martyrs n'a été condamné alors qu'on se sert des médecins comme bouc-émissaires et on les présente comme des complices de l'ancien régime qui voulaient camoufler les exactions de l'appareil répressif de l'état.

Il ne faut pas se tromper de bourreau. Il ne faut pas se tromper de héros.
La médecine a été l'un des secteurs qui a le plus souffert pendant la révolution.
Demandez aux internes, résidents, assistants et à tout le personnel soignant combien de jours d'affilée ont-ils passé à l'hôpital cette période là !
Demandez à leurs corps à quel point ont-ils souffert en silence pris dans un élan de patriotisme et de sens du devoir !
C'est ainsi qu'on nous remercie ? En nous logeant, tous frais payés, certes mais derrière des barreaux !

Le médecin va faire appel de ce jugement et j'espère que cette affaire ne passera plus inaperçue, qu'il y aura une mobilisation du corps médical pour faire valoir notre dignité et se soulever contre cette injustice.

lundi 19 septembre 2011

قلم الرصاص الحي



إسمي بوقرنين.
ساعات نضحك والقلب ينين
على شعب داسوا كرامتو سنين،
ولسلبو ونهبو يأتيهم الحنين.
حبوا يقضيو عليه وهو في كرش أمو جنين. 


ندون كي ندوان
وندوان كي شعبي يتألم.
نحكي وما نخافش ضربة مقص وبلسان المجموعة نتكلم.
مرة نقول الصح مرة نزيد فيه ومرة نفلم. 

حكاية بدات ثلاثة سنين لتالي.
قلت نكتب ولا أبالي.
لا يوجد فرق إذا مت هرماً أو بعد اغتيالي.
والمهم نزيد خدمة لعمار البوهالي.

ثلاثة سنين، ساعة حلو ساعة مر.
البلعة ماء زمزم والكمية خمور.
المهم ديما ناشط ولا مكان للخمول.
نكتب ديما في الفجاري وفي
الصباح نقوم مثمول. 

ثلاثة سنين فيهم الرديف، بن قردان وبوزيد الغالية،
حبوا يخمدوا كلام الحق بالدمومات الجارية،
قاملهم شعب ينادي بمعرفة الحقيقة عارية. 

ليوم كيما سنصرني عمار
 أقسم أن أبقى في قلوبكم المرضى مسمار
ومن نشر الدمار لن يحصد أبداً العمار 


Ce texte a été publié le 29 décembre 2010 sur ma page facebook après la censure de ce blog. 

mardi 13 septembre 2011

La révolution médicale, c'est pour très bientôt !




Je suis un jeune interne en médecine révolté par l'état des lieux de ce secteur pourri jusqu'à la moelle !

De jeunes internes, comme moi, sont en train d'être sauvagement agressés tous les jours dans les différents centres de soins du pays dans l'indifférence la plus totale.

Un policier qui brandit son arme sur les résidents et internes à Ben Arous, un patient qui défonce la gueule d'une résidente aux urgences ORL de l'hôpital Charles Nicolle, une interne qui à défaut d'un coup de pouce reçoit des coups de poing aux urgences de la Rabta, une interne qui frôle la mort de justesse lors d'une agression au CAMU, une interne et une résidente férocement pris à partie par une patiente au service de gynéco de Ben Arous.... Et j'en passe !

Tous ces évènements ont eu lieu il y a moins de deux semaines.
La violence est notre pain quotidien.
Tous ces incidents ont eu lieu sans que des poursuites ne soient engagées et dans la parfaite insouciance de nos seniors qui se disent pourtant affectés mais qui reprennent, après un léger soupir, le cours normal de leurs vies.

On est des êtres vivants ! Si c'étaient vos gosses qui se faisaient tabasser vous feriez quoi dis-donc ?!
On est arrivé à un point où les victimes de ce genre d'agressions ont honte d'en parler ou de porter plainte.
Je me suis déplacé à maintes reprises pour parler avec des confrères et des consoeurs qui ont été violentés et je puis vous dire que c'est la loi du silence.
Il n'y a pas de honte à réclamer son du  ! Il n'y a pas de honte à gronder pour exiger que notre dignité ne soit plus bafouée, d'autant moins avec si peu de scrupules et tellement d'impunité !

J'ai déjà publié sur ce blog la vraie histoire de l'incident de Ben Arous. (Cliquez-ici ) Depuis j'ai été contredit par les mensonges du torchon électronique "Attounissia" et par un communiqué du ministère (cliquez-ici).

Après quelques jours le ministère appelle, je cite: "les citoyens à aller protéger les centres de soin" (cliquez-ici) et puis, le conseil de l'ordre, plongé depuis je ne sais quand dans un mutisme inquiétant nous pond un communiqué qui condamne très timidement les faits alors qu'ils devraient penser sérieusement à s'alarmer !

On se moque de nous.
Les seniors sont vautrés tranquillement dans leurs fauteuils moelleux, bien au chaud alors que nous risquons quotidiennement nos vies. Ils se contrebalancent de ce que nous indurons.

Le ministère s'en fout royalement si tu te fais tuer dans l'exercice de ton métier. Au pire, il sortira un communiqué où il présente ses "sincères condoléances" à ta famille qui aura perdu un enfant qu'elle n'a pas vu grandir parce qu'il était trop occupé à préparer ses innombrables et interminables examens !
De toute façon le climatiseur marchera toujours dans les bureaux, le jeu solitaire sera toujours d'actualité, on se tournera toujours autant les pouces et la terre continuera de tourner !

Personnellement, j'ai été victime plusieurs fois aux urgences de menaces de mort sans que personne ne bouge le petit doigt.
Etant un enfant de la banlieue sud au sang chaud de nature, à la culture populaire et au verbe acerbe, j'ai su en venir à bout tout seul comme un grand avant d'initier une grève qui aurait pu me coûter très cher, en désertant les urgences appuyé par une pétition de plus de trois cents signataires.
C'était en solidarité avec une amie, interne, qui s'était faite gifler par une patiente sans que l'interne en question n'ait pu porter plainte. (Menaces, pressions...) (Cliquez-ici)

Aujourd'hui, il n'est plus question de se taire ! Il faut employer les grands moyens !
Jeunes médecins, l'heure est grave !
Si aujourd'hui c'est ton confrère qui mord la poussière, demain ce sera ton tour ! Si tu ne te bouges pas le cul maintenant, personne ne viendra te porter secours quand on te fracturera le mandibule à coups chaises qui volent et de tables qui se déposent sur ton faciès !

Le Syndicat des Internes et Résidents de Tunis organise une AG ce mercredi à l'amphithéâtre du service de médecine légale de l'Hôpital Charles Nicolle pour discuter d'une éventuelle action commune. (Cliquez-ici)

Dans notre secteur, il y a plus d'un problème. La pourriture est telle qu'on se demande si c'est récupérable. Mais rassurez-vous, on ira jusqu'à l'amputation, si tel est la volonté divine.
On est les seuls à pouvoir révolutionner notre secteur. Assumons notre responsabilité historique !
Pour l'heure, il y a extrême urgence aux urgences !
Commençons par le plus élémentaire à savoir réclamer des conditions de travail dignes...
Le combat continue mais la révolution est en marche !



samedi 6 août 2011

La révolution de la "Generation Gap"




Nous sommes la génération du DanUp qui t'emmène très loin (ihezzek leb3id), la génération des jeans Bogart, accoutrement de ceux qui n'ont pas de gout (labset leg3ar), la génération des jeans taille basse, la génération de la voix nasonnée, la génération qui discute les décisions injustes de ses parents quand on trouve que ces derniers ont tort, la génération qui n'a pas de savoir-vivre mais qui sait comme personne apprécier le moment présent.

Nous sommes la génération qui tutoie les dieux, se moque de la mort et vénère l'amour, une génération passionnante mais ennuyée, une génération vivante mais qu'on tentait par tous les moyens d'assassiner.

Nous sommes la génération que certains traitaient d'aliénée, de plagiaire de la débauche occidentale. Nous sommes la décadence des moeurs et on s'en fout royalement. La génération des baisers volés sur les bancs publics. La génération accablée par la loi relative aux outrages aux bonnes moeurs.

Nous sommes une génération qui parle en évoquant ses organes génitaux à outrance même en parlant de religion. Nous sommes la génération de la révolte, une génération intenable, une génération furieuse, une génération haineuse, une génération créative, une génération irrespectueuse, une génération sous-estimée mais une génération romanesque, utopiste et révolutionnaire.

Une génération vulgaire, une génération qui emmerde tout le cosmos, une génération qui hait la police, ces délinquants qui opèrent des braquages à l'insigne. Une génération qui arrose le monde de ses crachats mélangés à des expectorations purulentes. Une génération qui pisse sur les qu'en-dira-t-on. Une génération qui sait où se trouvent les radars automatiques, qui roulent à 170 km/h sur l'autoroute Tunis-Hammamet. Une génération qui dérape à la sortie de l'autoroute et qui frôle la mort avant de reprendre sa route sans aucun répit, l'index en extension en signe d'ultime repentir en vue d'une éventuelle étreinte avec les nuages.

Quand vous, générations précédentes qui vous transmettiez la culture de la castration de père en fils vouliez nous inculquer vos valeurs "sacrées", vous n'y avez vu que du feu.

Nous sommes cette épopée qui a fait rêver le monde et valser les dictateurs.

Quant à vous, bande de déments frappés de plein fouet par la sénilité, vous êtes le peuple de la soumission qui a toujours accepté de vivre sous une dictature avec une suffisance criminelle et un silence complice.

Il faut exploser la tronche aux tyrans. C'est la seule chose que nous comprenons. Nos références ? Le groupe de rap NTM qui chante Nique la police, assassins de la police sur fond de "Non je ne regrette rien" de Piaf.
Oui pauvres losers ! On a dégagé Ben Ali et vous vous êtes agrippés aux vestiges du système pourri de peur d'être dépaysés. Allez au diable bande d'incapables ! Vous avez peur pour l'économie ? Allez en Arabie Saoudite rejoindre votre amour Ben Ali, il vous offrira du boulot.

Quand je commencerai à vous ressembler, je me jetterai du haut d'un pont. 

vendredi 5 août 2011

La mère du martyr





Couverte d’un voile qui laisse entrevoir une frange d’une chevelure teinte au henné…  Mais un voile qui n’a de religieux que l’apparence vu qu’en réalité ce n’est qu’un voile de misère, un voile de sénilité, un voile de tristesse…
Elle a la soixantaine. Pourtant, elle en fait vingt ans de plus. 


Rien ne la retient à cette vie si ce n’est ce résidu de foi en un Dieu qui la rôtirait inévitablement si elle passait à l’acte et se donnait la mort.
Khalti Fadhila est une dame respectée du quartier, on l’estime pour sa bonhommie, pour son sourire figé et tout récemment pour son martyr d’enfant.

La révolution tunisienne… Elle ne veut même pas en entendre parler. Elle a sacrifié malgré elle son fils unique pour que des morveux de Gammarth lisent en diagonale attablés au café journal la deuxième page de Charlie Hebdo.

Pour elle, rien n’a changé depuis Ben Ali. Mis à part, faut-il le rappeler, cet enfant parti trop tôt par une balle perdue qui s’est logée dans sa boite crânienne lui ôtant la liberté de penser et par la même occasion une vie miséreuse mais ô combien précieuse pour cette bonne femme qui n’avait d’autre fortune que les anecdotes de cette progéniture égarée.

Mohammed, ou Hamma pour les intimes, est un jeune qu’on se plait à appeler délinquant rien que parce qu’il roule des joints, rien que parce qu’il boit chaque soir du vin rouge de marque Koudiat, rien que parce qu’il s’en fout de la religion, rien que parce qu’il n’évoque Dieu que pour blasphémer, rien que parce qu’il est édenté, célibataire et perdu à 30 ans, rien que parce qu’il ne correspond à l’idéal tunisien.
Mais sa mère l’adorait.

Après la mort de son mari dans un accident de la voie publique il y a trois ans, il ne lui restait que ce rejeton pour raison de vivre. Aujourd’hui il n’est plus.
Il est l’un des trois cents martyrs « morts pour la révolution de la dignité, la révolution de la liberté, la révolution du jasmin »

Il a quand-même eu droit à des funérailles exceptionnelles où on lui a chantait les larmes aux yeux : « La ilaha ella allah w echahid habib allah »
Même si, juste après,  il a regagné sa place de damné dans ce quartier où l’on ne savait pas pardonner aux ivrognes et encore moins aux présumés hérétiques.
Aujourd’hui, khalti Fadhila, veuve depuis trois ans, mère de martyr depuis six mois vit dans une solitude infernale.

Ce fils que personne ne regrette était l’amour de sa vie, sa raison d’exister, son sourire quotidien, son soleil, sa merveille et paradoxalement, sa fierté.
N’a-t-on pas le droit d’être fier d’un enfant impie ? N’a-t-on pas le droit de s’en battre les couilles de la révolution ? N’a –t-on pas le droit d’en vouloir à la terre entière ? N’a-t-on pas le droit d’espérer que la révolution échoue ?

« Qu’ils aillent au diable avec leurs valeurs suprêmes. Mon seul principe dans la vie, mon seul moment de bonheur correspondait à ces blagues que venait me raconter mon fiston, ivre-mort.  Il ne faisait de mal à personne. »

Aujourd’hui Khalti Fadhila vit un ramadan des plus plaisants. Sous le soleil de kasserine, elle fait le jeûne et se tourne vers Dieu au moment de manger cette seule soupe qui meuble une table pourtant assez conséquente, pour lui dire :
« Toi Dieu qui est si grand ! Toi le Très-Haut ! Toi le Juste ! Pourquoi as-tu pris mon enfant alors que tu sais qu’il n’a rien à voir avec ces idées pourries importées de l’occident ? Toi qui m’inflige le supplice de perdre mon fils, t’a-t-il dérangé, toi dans les cieux, quand il buvait du Koudiat ? Qu’a-t-il fait pour être un martyr maudit ? Ni bien au paradis ni accepté dans ce monde ? Toi, Dieu, je t’offre mon jeûne, ma foi de mère de martyr damné qui voit son cœur mourir tous les jours, prends mon âme, mais ne leur donne pas ce qu’ils veulent avoir. Apporte-leur un autre dictateur ! Je veux qu’ils sombrent dans des querelles sans fin, Je veux que tu leur pourrisses la vie ! Je veux que mon fils ne soit pas mort pour les rendre heureux alors qu’il n’a jamais été un des leur ni n’a jamais vécu pour les faire sourire.  O toi le Tout-Puissant exauce mes prières au nom de tous les martyrs partis pour rien !»

Ceci est le récit d’une malédiction… 

lundi 25 juillet 2011

Ne pas voter c'est cracher sur l'histoire !




Ton équipe nationale jouait à Radés. Dés qu'elle a encaissé un but inattendu contre une équipe nullissime, tu ne t'es pas abstenu de supporter l'équipe adverse et de siffler les joueurs qui te représentaient clamant à qui veut l'entendre que tu étais un supporter exclusif d'un des grands clubs tunisiens.

Ton pays vivait l'agonie sur le plan politique et économique. Tu ne t'en es jamais plaint. Tu te sentais merveilleusement bien, au contraire.

Tu ne connais rien de l'histoire de ton pays. Le 20 mars n'a jamais été pour toi plus qu'un jour férié. Par contre tu attendais impatiemment le défilé  du 14 juillet.

Tu as vécu comme tout le monde, avec beaucoup de détachement le début de la révolution tunisienne. Puis un certain 13 janvier, tu as même eu le culot et le courage de mettre sur ton profil facebook un statut subtile que l'on pouvait interpréter de mille manières mais par lequel tu étais le seul à y voir une critique pour le régime en place.

Plus fort encore, le 14 janvier, tu es sorti devant le ministère de l'intérieur pendant 10 minutes chrono.
Depuis, tu sens que c'est toi qui as fait la révolution et tu répète à tue-tête que rien n'a changé dans ce pays, que le système pourri est toujours en place, qu'il n'y a aucune avancée en matière de libertés et que cette révolution est une arnaque purement et simplement, au moins aussi répugnante que le parfum contrefait offert par Ennahdha: J'aRdore de Abessalem Dior.

Tu te dis que tous les partis sont pourris et calculateurs et qu'ils sont tous à l'affût pour te voler ta révolution.

Sauf que si des gens sont sortis dans la rue sans gilets pare-balle et sans autre ambition que de libérer la Tunisie, c'est pour que des morveux comme toi et moi ayons l'opportunité inouïe de voter.

Si tu ne sais pas pour qui voter, tu sais au moins quel parti tu ne voudrais pas voir triompher. Au pire tu feras un vote blanc. Mais, c'est inconcevable de rater ce rendez-vous avec l'histoire encore impensable il y a six mois.
Pour une fois, tu as la possibilité d'aller voter en ayant l'impression de pouvoir changer le cours de l'histoire de ton pays.
On vivait sous une dictature qui nous empêchait de respirer librement. Aujourd'hui, on a enfin la possibilité d'inspirer l'avenir de notre pays.

Amis morveux, petits et grands, encore récalcitrants concernant l'inscription. Je suis comme vous. J'ai des doutes sur la transition démocratique. Mais tant que l'espoir persiste, il ne faut pas rater cette chance.
Si vous ne le faites pas par conviction, faites-le pour l'amour de ce pays, pour le respect du sang de nos martyrs...
Amis de toute part, pour l'amour de Dieu, INSCRIVEZ-VOUS ! 

mercredi 20 juillet 2011

La justice révolutionnaire en Tunisie




On vivait dans un monde où l'injustice était de mise, où les innocents purgeaient des peines inhumaines et où les coupables dormaient bien au chaud auprès de leurs bien-aimées.
Mais tout cela, c'est de l'histoire ancienne.
Bouazizi, l'ange déchu ou le démon masqué en super-héros a donné l'étincelle par laquelle le monde est entré dans une ère nouvelle, un univers de paix, d'égalité et de fraternité.

D'ailleurs, depuis le 14 janvier, en Tunisie, on ne compte plus :
Les mafieux qui sont libres comme l'air.
Les agitateurs qui sont détenus provisoirement puis vite libérés.
Les agresseurs qui ne sont même pas poursuivis
Les comploteurs contre la sûreté générale de l'état qui sont inculpés pendant 24 heures avant d'être relâchés et embrassés sur le front en guise d'excuses. Accueillis par une foule conquise qui clame haut et fort: "Vive l'envoyeur du canal !"
Les Trabelsi et leurs bougres à qui la justice a pardonné malgré elle les innombrables abus.
Les Ben Ali qui ont volé des immeubles et à qui on reproche à tout casser, le vol d'un autoradio.
Les gendres du président déchu qui ont gardé leurs biens malgré la "volonté populaire" de récupérer le dû d'un peuple soumis pendant des décennies par droit de matraques et de brodequins boueux à suer sang et eau pour le bien-être des tout-puissants.
Des magistrats pas du tout véreux, pas du tout corrompus, contrairement aux apparences et qui ne sont, de ce fait, pas du tout inquiétés en dépit des sit-in et des vagues de protestations qui réclament le démantèlement du réseau de mafieux pourris depuis des décennies, vierges depuis six mois, qui salissent soigneusement une justice déjà décrédibilisée.

Cela dit et pour ne pas être mauvaise-langue, il ne faut pas oublier d'énumérer non sans un brin de fierté et de gloire les acquis de notre révolution bénite ! Je cite:

Les manifestants qui sont condamnés ou contraints de passer par la case "Caserne".
Les journalistes qui sont intimidés ou tabassés.
La censure institutionnalisée.
Les consommateurs de cannabis qui sont considérés comme de dangereux criminels. Et j'en passe...

Il est indiscutable que pour préserver les acquis de cette révolution sinon pour réaliser ses objectifs, il faut qu'il y ait une justice indépendante représentée par des magistrats honnêtes, chose qui, malheureusement, tarde encore à voir le jour.

jeudi 7 juillet 2011

Fut un temps, une révolution...



Très lointaine me semble cette époque où le peuple tunisien a fait  sa révolution.

Très lointain ce moment où je me faisais cogner par des policiers sauvages avant de rentrer l'air de rien, rassurer mes parents qui n'en savaient rien.

Aux oubliettes ces moments où, un certain 14 janvier, j'étais déchaîné, les larmes aux yeux, la voix éteinte, chantant en frottant ce qu'il me restait des cordes vocales l'hymne national tunisien aux cotés des "Dégage !" et des "Khobz w mé w Ben Ali lé !".

Se sont très vite effacées de nos mémoires ces instants où bizarrement tout le monde a laissé tomber toute la haine qu'on a pu cultiver pendant des années de tyrannie, où le riche donnait au pauvre et le miséreux au plus nécessiteux en collant sur le front de son prochain un baiser baveux mais sincère, brouillon mais je le préfère au regain du mépris entre individus tous aussi charmants et aimables d'un peuple téméraire et indissociable qui a donné l'exemple à l'humanité.

Parties en fumée ces minutes où Bouazizi, héros en carton ou véritable figure légendaire, qu'il soit alcoolique ou pieux, thésard ou sans diplôme, a fait trembler le tyran, le Ben Ali, le mafieux et son clan, le Don Corleone de l'Afrique du Nord en usant d'une seule allumette frottée contre une seule surface rugueuse, donnant naissance à une seule flamme qui embrasa le monde entier.

Aujourd'hui, je suis nostalgique, de ce rêve que j'ai cultivé depuis ma tendre enfance comme en attestent les témoignages de mes amis. L'utopie d'un peuple qui s'aime et qui aime polémiquer dans le respect de la diversité.

Comme j'ai pleuré face au triomphe contre le despotisme, aujourd'hui je pleure les méfaits du pragmatisme. Je pleure le peuple qui ne te sourit plus au métro. Je pleure le peuple qui s'est lassé de se mobiliser. Je pleure le peuple qui s'est laissé mener en bateau. Je pleure le peuple qui a fait une rechute de passivité et de léthargie. Je pleure le peuple du "dégage" qui ne sait plus user de son sésame qu'à mauvais escient. Je pleure l'ennui qui nous a frappé

Peuple tunisien, il y a de cela six mois tu as fait une révolution et épaté le monde. Aujourd'hui tu t'enlises dans des sables mouvants alors que les forces de l'ombre opèrent et installent leur contre-révolution.
Peuple tunisien, de grâce, ressaisis-toi ! Sois beau et solidaire comme tu as toujours su le faire.

mercredi 22 juin 2011

Le Pr. Zaouch, la révolution des jeunes médecins et mon humble personne

Inutile de vous rappeler que le système médical tunisien est profondément malade, titre de mon précédent billet qui rapporte quelques pathologies qui menacent l'intégrité du patient et du médecin admis dans les hôpitaux tunisiens.

Samedi dernier, une demoiselle, interne dans le service de chirurgie A de l'hôpital Charles Nicolle, se fait violemment gifler par une patiente alors qu'elle assurait une garde aux urgences.
Etant de garde le même jour au sein du service de chirurgie en question, j'ai pu assister et essayer de défendre, non sans peine, la dignité bafouée de cette jeune interne, tout ce qu'il y a de plus sérieux et compétent.

On a permis avec quelques confrères volontaires que le service des urgences ne soit pas paralysée parce que l'interne violentée se devait d'aller porter plainte et ne pouvait plus continuer la garde. 

Entre temps, l'interne est prise à partie par une bande d'ouvriers qui la menacent de témoigner contre elle si jamais elle ne retire pas sa plainte. Etant livrée à elle même, aucun soutien moral de la part de cette administration complice par son silence et sa passivité à outrance de cette agressivité ambiante qui nous touche chacun à son échelle. 
L'interne affolée décide de se rétracter et de revenir compléter sa garde comme si de rien n'était. 

Pire encore cet acte  n'est pas isolé. Tous les deux-trois jours, dans les hôpitaux universitaires de Tunis, des médecins se font violemment agresser laissant chez certains d'importants dommages.
Ces crimes restent souvent impunis, du fait de la nonchalance de l'administration face à notre honneur piétiné. 
Les hôpitaux de Salah Azaïez, l'Hôpital d'Enfants ou tout dernièrement celui de la Rabta peuvent en attester.  

Fort de l'appui de mon chef de service, le grandiose Pr. Zaouch, sommité mondiale dans le domaine chirurgical et militant de longue date et celui d'une pétition que j'ai fait, moi-même en compagnie de deux autres collègues, tourner le lendemain, selon laquelle on n'était plus apte à assurer des gardes aux urgences tant que notre sécurité n'était pas garantie et pour protester contre l'absence totale d'encadrement dans ces lieux où nous consultent des centaines de malades pendant chaque garde avec un rythme effréné et desquels nous sommes contraints de faire le tri parfois à tort et à travers vu le manque d'expérience et le débordement manifeste dont nous faisons l'objet. 
La pétition a comporté plus de 300 signataires. 
Nous en avons fait des copies et en avons adressé au dit service. et aux autres services de chirurgie. 

Au final, hier mardi 21 juin 2011, je ne suis pas allé aux urgences. J'ai été dans mon service, en tenue et j'y ai passé toute la garde. 
Le chef de service des urgences a été obligé de recruter d'autres internes pour me remplacer à la dernière minute. Mais je pense que le message est passé. 
J'assume pleinement les conséquences de mes actes. Que ceux qui s'obstinent à nous encourager à se faire gifler en silence et à ne rien apprendre de surcroît fassent notre boulot à notre place. Que le système médical pourri bâti sur des chimères implose tranquillement. 

Je précise à nouveau que c'est de notre ressort, nous jeunes médecins, de révolutionner notre secteur. Qu'on arrête avec notre sempiternelle peur de changer les choses et de bousculer les a priori  !   

Voilà qui est dit.
Affaire à suivre... 

mercredi 18 mai 2011

Dis moi qui sont ces gens...




Dis moi qui sont ces gens qui se délectent de notre sang, au nom de la politique...
Je vis mal dans cet univers immonde, retouché à la chirurgie plastique...
Journalistes amateurs, militants profiteurs, aux convictions de tiques...
Des partis mal-partis, de mensonges sertis, nuls en pratique...
En ce jour, ils sont morts, nous laissant des remords et une vie chaotique...
Des militaires au patriotisme austère, en héros authentiques...
J'emmerde les intégristes, aux faciès tristes et aux idées dogmatiques...
Vos attaques, votre haine, vos déclarations hautaines, que des piqûres de moustiques
Ma patrie ne pleure pas, on fera nos premiers pas de transition démocratique...
Qu'ils aillent en enfer, ici ils n'ont rien à faire, ces criminels fanatiques...
A tous nos martyrs, ayant succombé à des tirs, votre mort m'est traumatique...
Que Dieu vous gâte dans ses cieux, vous héberge sur des pieux poétiques...
Pour finir, déployons des efforts drastiques, soyons honnêtes, soyons sarcastiques, mettons le doigt sur les problématiques, quitte à être taxés d'hérétiques.
Notre peuple est mythique et on va gagner, c'est mathématique...


samedi 7 mai 2011

Je suis un témoin oculaire d'une Tunisie qui brûle...









J'étais au Centre-Ville aujourd'hui. 
J'ai la tristesse de vous annoncer solennellement que ce pays  brûle. 
Pourtant, j'ai une réputation de grand con d'optimiste, même quand ça va mal, avançant quoiqu'il arrive que "Lébés"...

J'ai vu des hommes indignés de la sauvagerie dont ils ont fait l'objet hier. 
J'ai vu des fonctionnaires de l'état dévoués à la cause du citoyen, prêts à leur fournir en abondance un gaz qui va droit au coeur au point de provoquer un larmoiement ému et sincère.


Des attroupements par ci, par là. Des jeunes surtout et des beaucoup plus jeunes. Certains serrant des pierres dans les mains, d'autres justes effarés de voir leur Tunisie sombrer et leur révolution violée en public.

J'ai vu une police concentrée sur l'avenue Habib Bourguiba mais qui menait à chaque fois un assaut sur une des rues avoisinantes, violentant tout ce qui bouge avec une barbarie inouïe. 
J 'ai vu aussi pour être honnête, des manifestants qui les provoquaient. 
J'ai vu des visages angéliques et d'autres balafrés. J'ai vu des femmes, des enfants, des voilées, des sexys, des pauvres, des riches. 
J'ai vu un pays sous le choc. J'ai vu un peuple qui pleure à pleine voix sa peine d'être toujours de la chaire à canon pour ces politiques véreux attablés dans un resto chic qui se partagent sans aucun scrupule les tranches d'une pizza succulente nommée Tunisie en se foutant royalement des pions qui esquivent les tirs de bombes lacrymogènes sur lesquels il y a écrit en gras: MKII-560CS à croire mes yeux.

Des yeux baignés de larmes. Des larmes meurtris de ce mélodrame qui dure, de ce rêve qui foire à coup sûr. 
La liberté chez nous a eu une sacrée odeur lacrymogène. 
Le rêve chez nous a massacré les ambitions sans gêne. 
La trêve chez nous n'aura duré que le temps qu'on nous morigène.

Dans un des assauts de la police en notre direction, et nous étions au niveau de la zone du passage de Tunis, j'ai couru à n'en plus finir, à ne plus sentir mes jambes. 
Courir non pas pour fuir ni pour en finir. Courir pour aller de l'avant, courir vers l'avenir. 
Avec un présent qui cale et un passé loin de me convenir. 
Je suis rentré certes, mais je compte bien revenir. 
Demain, après demain hantant les pas des inhumains. 
Le thorax exposé, les mains nues, les idéaux apposées sur mes lèvres charnues.

Ma Tunisie, si une bombe lacrymogène venait à percuter mon crâne, m'ôtant la vie au passage, saches que ton amour survira à mon âme. Quand je serai charogne, que les insectes nécrophages se régaleront de ma trogne, je garderai toujours ma main sur ta joue déposée et la tête sur ton épaule adossée. 

D'ici là, dors bien. On ne mourra pas aujourd'hui, peut-être un peu demain. Mais je resterai à jamais face à ta splendeur un éternel gamin qui s'émerveille de ton sourire à l'odeur du jasmin...

vendredi 22 avril 2011

Ces libertés toujours prises en otage !


Toute personne naît libre, vit libre et meurt en tant que tel.

Libre de penser, de s'exprimer, de croire, d'idolâtrer, de danser, de crier, de parler, de sourire, de vivre, de sautiller, de courir ou de marcher, de dormir ou de cravacher, d'avaler ses mots ou de les cracher, d'exposer ses maux ou de les cacher.
Notre liberté de s'exprimer, on l'a arrachée à nos oppresseurs au prix du sang de nos jeunes, de quelques jambes amputées et de quelques reins fracassés.


Aujourd'hui nous sommes toujours privés de certains des droits de l'homme les plus élémentaires. Je cite à titre d'exemple, celui d'être décadent quand on le veut sans subir les remarques déplacées de moralisateurs à deux balles repentis il y a deux jours et qui après avoir joué aux cowboys pendant des décennies, se prennent pour Dieu, excusez du peu !
En effet, avec la montée en puissance de l'intégrisme religieux tenant un double discours tellement bien rôdé qu'il me fait craindre le pire et disposant d'un financement colossal, nos rêves sont menacés au même titre que ces libertés individuelles pour lesquelles nos aïeux ont bataillé dur.


Par ailleurs, l'Homme africain ou plus généralement, celui qui a le malheur de naître dans un pays sous-développé est privé de sa liberté de circulation.
On a parfois du mal à le saisir, mais l'Homme est libre de circuler là où bon lui semble, là où il se sent à l'aise. Tous ces obstacles ne sont que foutaises ! Visa et autres formalités sont des mesures liberticides et nous vivons dans un monde qui n'applique le bon sens que la où réside l'intérêt du puissant.

Une petite pensée à nos frères dans des cages à ciel ouvert à Lampedusa, à Trapani  et  ailleurs. Ceux là qui ont passé les frontières au péril de leurs vies avec pour unique rêve celui d'une vie meilleure.
Vous passez pour des hors-la-loi certes mais en réalité, vous êtes des guerriers de la liberté. Tous ces avions charters qui vous rapatrient comme de minables cargaisons, c'est inhumain ! c'est inadmissible!
Au diable les indicateurs économiques ! Au diables la xénophobie ! Il y a de la place pour tout le monde sous le soleil !
Je finirai avec le titre d'une chanson du grandiose chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly "Ouvrez les frontières !"

samedi 9 avril 2011

C'est en massacrant Molière qu'on destitue les présidents !










"Vos ! francis vos ? Non ! Vos li vaches ! vo li zalimooo !"






" laissi tombi la dictaturie" (émotion)

Je n'ai pas réussi à passer mon chemin sans immortaliser ces deux epic fail.
Si la langue française saigne autant ce n'est pas qu'elle ait ses règles ou que ces dernières soient abondantes, voyez-vous ! Mais c'est qu'en flagellant Molière la grammaire se meurt pour céder la place à des phrases si brillantes quoiqu'extravagantes...

On dit que c'est une révolution contre la dictature et pour la dignité mais c'est aussi une révolution linguistique. Il ne faut donc pas s'étonner de voir naître des néologismes.

Nos amis de Syrie, du Yémén et des autres pays sont prévenus nous n'en attendons pas moins d'eux !

Gloire aux martyrs !




Glorifier la mort peut paraitre absurde, longtemps je l'ai pensé.
Comment une mère peut-elle bien lancer des youyous pour accompagner les funérailles de son fils unique de vingt deux ans mort d'une balle perdue ?
Un être humain bien portant, sans tares, sans rides, débordant de jeunesse et de vie qui rejoint l'au-delà d'un coup de "Baga" (Estafette de la police) magique... Comment peut-on admettre une telle nouvelle d'autant plus quand il s'agit d'un proche ?

Il a fallu que les évènements de la fin décembre 2010 viennent éclairer ma lanterne.

Chaque jour où je partais la peur au ventre manifester mon mécontentement dans les rues de Tunis, il y avait une partie en moi qui espérait secrètement qu'une balle vienne en finir avec ma vie non pas par témérité ni pour qu'on me divinise ni par élan suicidaire mais parce que j'étais tellement convaincu de la grandeur de la cause pour laquelle je manifestais, que je trouvais que c'était loin d'être cher payé d'offrir son âme en offrande pour que les générations futures vivent mieux et pour que ces millions de compatriotes aient l'opportunité inouïe de s'émanciper après que leur dos se soit courbé par ces années de dictature.

Alors que nous commençons à récolter les fruits de cette révolution, il ne faut pas perdre de vue qu'il y a des mères qui ont sacrifié sans hésiter leur propre progéniture si chère soit-elle à leurs yeux pour que nous puissions dire que s'attaquer sauvagement à des manifestants est inacceptable ou pour traiter le ministre de l'intérieur de ripoux sans craindre pour sa vie.

En ce jour béni où l'on célèbre nos héros, des mères ne peuvent tout de même toujours pas faire leur deuil. La cause ? Les assassins de leurs enfants, emblèmes de notre révolution, circulent impunément et librement partout en Tunisie.
On va me dire que c'était des directives ? Qu'on leur tapait sur les mains pour tirer sur les manifestants pacifiques ? Qu'ils n'avaient pas le choix ?
Faux !
Ils pouvaient se désister, maintenant qu'ils assument !
Ces mères manifestent aujourd'hui devant le ministère de l'intérieur. Un sit-in à l'emplacement très symbolique, puisque c'est de cet édifice lugubre qu'ont été donné les ordres par lesquels tant d'âmes innocentes ont péri.
J'invite tout le monde à y participer parce que comme disent les anglosaxons: No justice, no peace ! 

Gloire aux martyrs de la révolution ! Gloire à ceux des évènements du 9 avril 1938  et tous les autres !
Jamais on vous oubliera !
A toutes ces mères légitimes de la révolution, on ne vous remerciera jamais assez...

samedi 2 avril 2011

لا بأس يا تونس ! لا بأس








On aura beau me répéter que l'heure est grave, que des tunisiens à l'apparence afghane et à la barbe moyenâgeuse scandent des slogans belliqueux en pleine avenue mythique Habib Bourguiba principale artère qui a irrigué ma jeunesse en doux souvenirs et bercé mon adolescence entre la douceur des coins de rue et la pente abrupte des périlleuses aventures qui nous menaient tout droit vers une perte certaine n'eusse été la bienveillance du Très-Haut.

Labess, répondis-je à chaque fois du haut d'un impassible sourire. 

Il y a le son des balles qui retentit sous les appels de ce bon millier de personnes de voir ce pays sous l'emprise d'interprétations diaboliques de ce que le Miséricordieux a pu inculquer à son prophète analphabète. 
Que la femme se terre chez elle et s'ensevelisse sous un niqab. 
Que la démocratie, parfaite illustration du blasphème made in occident soit abolie à jamais au profit d'un calife à la place du calife. 
Au diable les libertés individuelles ! Vous n'avez d'autre choix que d'adhérer ! On est prêt à mourir pour faire de la Rezzia de Tunis un exemple à suivre et du pouvoir en place une triste victime de notre abnégation et de notre infini attachement aux valeurs que Dieu a sacralisées. 

La police rétorque avec des réflexes vieux comme le monde, tel un violent coup de matraque sur la nuque ou une mère évoquée dans des positions peu enviables ou pire, un coup de brodequin sur l'angle mandibulaire qui rappelle vaguement la scène mythique du film culte American History X sauf qu'à la place des Skinhead on a des agents du désordre prêts à se sacrifier pour la patrie voire à sacrifier les patriotes qui ne veulent pas la fermer. 

Le rêve de voir cette parcelle de terre qui pointe le bout de son nez en plein dans la méditerranée, se hisser parmi les pays démocratiques ne tient plus qu'à un fil.
Mais à ceux qui se disent atterrés, apeurés et paralysés par la simple idée que notre révolution échouerait, je réponds avec toute la confiance qu'il a été donné à un humain d'arborer: Labess ! 

Malgré la dérive répressive d'un régime qui traîne les revendications légitimes du peuple que le monde entier lui envie, comme un fardeau. 
Malgré le Beji Caïd Sebsi destourien endurci qui peut te parler pendant deux heures sans répondre à aucune question. 
Malgré Farhat Rajhi qui a été démis de ses fonctions pour avoir refusé de prendre part au jeu répressif d'un gouvernement qui n'a toujours pas traduit en justice les criminels, les truands et les voleurs de la république.
Malgré la liberté acquise au prix du sang et tronquée par les médiocres et véreux politiques. 
Malgré l'occupation financière des superpuissances par le biais d'énormes dettes dont rien n'arrivera au peuple comme d'habitude.

J'engage mon honneur, je vous donne ma parole, je vous le  déclare solennellement: Labess ! 
Menacés, nous le sommes certes mes frères. Mais nous sommes libres et personne ne nous l'enlèvera cette fois-ci ! 
  

lundi 21 mars 2011

Le faux débat sur la laïcité


Les débats d'après 14 janvier sont comme une fripe, on y trouve de tout mais surtout de la camelote.
Alors, dans cette friperie idéologique on est parfois tenté de raccrocher, de devenir apolitique et de faire de la situation actuelle du football tunisien sa plus grande préoccupation.

Cependant, parfois, la nostalgie de l'époque où l'on débattait de tout sans aucune peur ni aucune vergogne refait surface et nous revoilà.

La scène politique et sociale en Tunisie est actuellement secouée et très divisée sur un interminable débat autour de la laïcité.
Rien de plus légitime, me diriez-vous ? Ou encore, c'est un indicateur de bonne santé sociale si le peuple se met à réfléchir et à prendre position ?
Peut-être, oui... Mais le problème c'est que ça vole très bas coté arguments et les gens ne maitrisent aucunement la question.

Par ailleurs, des manifestations pour la laïcité sont sévèrement réprimées par d'autres manifestants qui jugent cette prise de position blasphématoire, des femmes sont traitées de trainées pour peu qu'elles aient manifesté, des gens sont agressés au nom de l'islam et Dieu sait combien il en est innocent et des vidéos circulent sur le net affichant des personnes qui ridiculisent les laïques avec un humour digne d'un écolier en cour de récréation.

Je ne vous cache pas que je suis pour la laïcité et que je ne perçois aucune autre voie du salut pour notre nation que sous un gouvernement laïque.
Maintenant, essayons de comprendre le sens de la laïcité dans le calme et loin de ce climat  de chasse aux apostats. Nous sommes des gens supposés civilisés, Bon Dieu !
Commençons alors par dépassionner le débat.

La laïcité veut dire séparation entre autorité religieuse et état dans la gouvernance d'un pays et ne désigne en aucun cas l'athéisme. Je suis musulman et je trouve que l'islam si pur et si spirituel n'a pas à se prostituer dans un milieu répugnant comme la politique.  La compréhension de ce principe est essentielle pour le reste du débat. Parce que si tu me taxes de renégat au premier désaccord, il est clair que tu es loin de m'accorder le respect minimum nécessaire pour une discussion civilisée.

Je défend farouchement cette position vu que les exemples dans l'histoire d'ingérence des religieux dans les affaires de l'état se sont tous soldés par un échec cuisant ,une décadence à n'en plus finir et une réduction franche et affligeante de l'espace des libertés individuelles.

Où sont les revendications des anti-laïcité ?  Garder l'islam comme religion de l'état tunisien dans le premier article de la constitution. Bien sûr !
Ceci est un fondement de la constitution. Beji Caïd Sebsi a même qualifié ce point de "ligne rouge à ne pas franchir".

Où est le problème alors ? Appliquer la chariâa ?
Tu veux qu'on coupe les mains aux voleurs avec une taille à la coupe proportionnelle à la gravité du vol ? Qu'on décapite les assassins en pleine place publique sous l'étendard du Qasas ? Tu veux qu'on lapide à mort les femmes adultères en prenant soin de choisir une taille moyenne pour les pierres pour faire le plus mal sans tuer trop rapidement ?

Il faut garantir les libertés individuelles dans cette patrie connue depuis des millénaires pour sa tolérance à toute épreuve. C'est un énorme bond en arrière que de fermer les maisons closes. Ce serait un acte d'autant plus liberticide si on empêchait les gens de se bourrer la gueule dignement.
Le code du statut personnel est sacré pour moi et pour tous les tunisiens qui savent respecter l'histoire de cette nation. C'est une fierté nationale, un acquis considérable que nous envient tous les autres pays plus ou moyens ouvertement. Le Maroc par exemple bataille jusqu'à ce jour pour essayer de garantir le dixième des libertés dont jouit la femme tunisienne depuis le 13 aout 1956.

Pour garantir les libertés individuelles et contrecarrer les courants salafistes qui fantasment sur une Tunisie "talibanesque" nous nous devons de protéger la laïcité.

Je vois que concernant l'application de la laïcité, les rumeurs vont bon train.
Les horaires spéciaux au cours du mois de ramadan seront maintenus.
Les fêtes religieuses seront encore et toujours fériées comme c'est le cas en France vu qu'ici bas, l'islam est la religion de majorité écrasante.
L'éducation islamique sera encore et toujours enseignée. 
La femme pourra à souhait porter un hijab ou un string (ou les deux à la fois) sans être inquiétée pour autant.

En gros, arrêtons de diaboliser les laïques en dépeignant des ivrognes libertins athées et irrespectueux des mœurs et coutumes. C'est trop caricatural et le peuple tunisien est intelligent pour croire à ces niaiseries.
La Tunisie est un pays musulman certes mais la laïcité est un principe qui est là pour être érigé comme rempart à l'obscurantisme et aux éventuels aléas de notre jeune expérience démocratique.

Je ne trouve pas que cette dualité d'un état laïque dont la religion est l'islam est de l'ordre de la schizophrénie, loin de là. Les deux principes peuvent très bien s'épouser et cohabiter en toute harmonie.

Mon frère quand tu diffères de moi, que tu te prosternes pour Allah, Dieu ou le néant c'est un choix personnel et je ne te jugerais jamais pour tes orientations religieuses. Mon frère si tu bois de l'eau minérale, ou de l'alcool, que tu fais vœux de chasteté ou que tu fais de tes organes génitaux un fond de commerce, loin de me léser et parfois loin de m'enrichir (contrairement au petit prince) tu m'en vois souvent indifférent
Mais bien heureux de voir que tu peux exister avec la manière qui te chante sans craindre pour ta vie, pour ta dignité ou pour ton intégrité physique.

Pourquoi maintenant parler de faux débat ?
Tout simplement parce que si les deux parties s'attablaient et discutaient dans le calme et la sérénité je suis sûr qu'au lieu de la violence dont ils font preuve actuellement, ils en sortiraient avec beaucoup d'amour, de compréhension et d'accord dans le respect mutuel.


A bon entendeur !


P.S: Je m'excuse si l'organisation de ce texte est quelque peu anarchique. Je suis dans un piteux état. Cloué au lit depuis deux jours.

dimanche 13 mars 2011

Contre le lynchage et pour une justice digne







J'ai été choqué par les images diffusées au JT de la chaine nationale tunisienne à propos de l'inculpation des trois hommes forts du régime déchu. 
Bien sûr je ne porte aucun d'entre eux dans mon cœur mais ce n'est pas en les lynchant qu'on se vengera. 

Ce qui est bizarre, c'est que même les avocats s'y mettent et chacun y va de sa touche personnelle de bassesse pour que le lendemain les simples d'esprit retiennent son nom et viennent le consulter pour leurs affaires. Quel honneur y a-t-il, messieurs les avocats et ô grand peuple de Tunisie à insulter une personne entre les mains d'une justice qu'on veut indépendante ? 
Faire pression pour que la sentence soit la plus sévère possible ? 

J'ai demandé au sang des martyrs de la dignité et ce dernier m'a répondu que c'est pour bâtir un état de droit qu'il a coulé à flot pendant un mois et qu'il hante encore à ce jour les bourreaux d'un peuple opprimé pendant des décennies.

Je fais confiance à notre justice. J'attendrai que cette dernière fasse son boulot en respectant le déroulement de toutes les procédures. 
Quant à TTN, notre chaîne nationale, je tiens à préciser que je l'admire profondément... Même en voulant bien faire, couvrir de façon objective et supprimer la censure, ils arrivent quand-même à être médiocres.
Je pense qu'ils n'auraient pas dû diffuser de telles images par pudeur... 



mardi 8 mars 2011

Femme tunisienne, merci d'exister...

Je rends hommage ce soir à ces femmes tunisiennes qui ont su accoucher d'un peuple si séduisant si féérique.
Ces dames d'honneur et de courage qui ont toujours supporté leurs maris et leurs progénitures dans la conquête de leur dignité violée et martyrisée.

Je suis fier de vous mesdemoiselles et mesdames. Vous me comblez.

Je suis un amoureux, un passionné d’un seul sourire certes, d’un seul regard et d’une seule fossette mais c’est parce qu’en elle j’admire toute  la gent féminine.

J’aime les filles munies de leur gloss autant que les demoiselles armées de leur seuls courage et patience pour affronter les aléas de ce destin ridé.

J’ai une pensée particulière aux mères et aux sœurs de Bouzid, de Meknassi et de Menzel Bouzayene et puis de Théla, de Kasserine et d’ailleurs.
Ces dames qui ont dignement refusé les vingt milles dinars de dédommagement offerts par le gouvernement rappelant que rien ne pourra remplacer leurs enfants morts en martyrs pour la liberté et qu’elles ne troqueront jamais leur droit en une justice rendue pour quelques dinars aussi miséreuses soient-elles.

Mon esprit frémit aussi à l’évocation de cette femme tunisienne présente sur tous les fronts depuis que Bourguiba est venu l'émanciper (espérons que ce soit) à jamais des chaînes de l’obscurantisme.
Femme tunisienne, je t’aime. Je n’ai que mon cœur à t’offrir.

Tu accepteras je l’espère ma place dans ce bus étatique [à la peinture jaune esquintée par le poids de la dictature,] en guise de remerciement et de reconnaissance pour tes services rendus à la nation et je m’excuse au nom de tous les hommes de la terre pour tous les bleus qu’un XY ait pu causer à une si douce créature.

Femme tunisienne, pour faire court, et Dieu sait combien tu es occupée, merci infiniment d’exister !