Elle danse, elle se déhanche. Tous les regards sont fixés sur le corps de cette jolie demoiselle. Cette jupe est tellement courte qu’elle a donné le vertige à ces deux « males » qui n’en croient toujours pas leurs yeux.
Ils bavent du coin de la bouche. La légende dit que c’est par l’effet de la minijupe que Darwin a évoqué sa théorie de l’évolution. Ce bout de tissu a un effet anesthésiant remarquable et il permet par sa grâce de semer l’hébètement des XY (et pas seulement) à chaque rue où il passe.
Un de ces deux énergumènes vient lui parler d’amour et de coup de foudre.
Elle qui en a entendu des dizaines de « Je t’aime !» aussi enflammés les uns que les autres rien que le jour même, elle a répondu avec un léthargique « Et alors ? »
Les larmes aux yeux il repartit d'où il était venu.
Elle lui a refusé d’accepter l’aventure, lui qui partait avec toutes les bonnes intentions du monde…
Mais chez ces gens là, il savait que les bonnes intentions ne comptaient pas plus que la niche qui se trouve dans son jardin et qui attendait encore l’arrivée du chien qui ne viendra jamais.
Il est amoureux. Il souffre. Il pense à elle.
Mais elle, elle ne souffrait pas. Elle n’était amoureuse de personne. Il était même sûr qu’elle ne pensait pas.
Elle était bête à mourir. Tellement bête qu’elle se voyait princesse de son époque. Qu’elle croyait qu’avec les « je t’aime ! » perdus au milieu du désert, elle valait plus que le SDF alcoolique du quartier de Cité Intilaka.
Du haut de ses vingt cinq ans, elle n’avait ni diplôme en poche, ni projet en tête ni rien du tout. Elle avait seulement sa tronche comme capital.
Elle était la reine des produits de beauté. Elle avait des notions en maquillage, en remise en forme et en mode.
A part cela, elle ne connaissait rien au monde.
Elle tenait souvent des déclarations brillantes du genre : « Les guerres, c’est pas bien ! » ou « Georges Bush n’est pas gentil » et elle avait des remarques pertinentes surtout en jugeant de la beauté de l’acteur de la série qu’elle regardait ou sur le temps qu’il faisait.
Elle n’était pas heureuse. Sa vie était monotone (la pauvre !) faite de sorties en boîte, de mots gentils et d’avances le plus souvent recalées qui nourrissaient comme il se doit son égo démesuré.
Je terminerai par l’illumination qu’elle eut un jour en déclarant : « Dans la vie être beau, c’est mieux que d’être moche ! »