Les fidèles du Boukornine

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dimanche 21 février 2010

Dieu créa le monde, mais le Moulinex c'était nous !

Il était une fois, dans une contrée perdue entre l’espace et le monde, des gens sympathiques, beaux et créatifs mais quelque peu oisifs par manque de moyens ou pour cause de trois fois rien de volonté et d’opiniâtreté.

Seul bémol dans cette vie agréable et seule point noir venu entacher le facies aux traits forts enviables de cette commune paisible : On n’y pouvait jurer de rien.

Personne ne sait qui est à l’origine de cet adage qu’on avait érigé en véritable règle de conduite immuable et au dessus des lois. Si seulement on pouvait le savoir, on se serait rué sur son corps grêle soit-il, ou volumineux, pour lui affliger les pires des châtiments…
L’émasculer en pleine place publique bondée de gens heureux d’être là, est une très charmante représentation et qui nous aurait ouvert les portes du paradis.

Mais le fait est là, quiconque était surpris en train de jurer de rien était passible d’une sanction exemplaire. Il y avait même une brigade spéciale improvisée au départ à cet effet mais qui a fini par prendre une ampleur considérable : La brigade de la juridiction ou Les Défenseurs de la Jurisprudence ou les Chevaliers de la Table des Jureurs Invétérés.

Cependant, comme plus c’est interdit, plus le pic d’adrénaline atteint des sommets, je me surprenais souvent émettant un discours révolté et enthousiaste afin de galvaniser un interlocuteur hésitant et à le pousser à jurer de rien, justement.

Rien n’y faisait. Ici bas, les gens respectent la loi. Même quand elle n’est que morale. Même quand elle n’est qu’orale, elle est sculptée au fort intérieur des mentalités pierreuses.

Le peuple se devait donc de jurer à tout bout de champ….
Sur la tête de leurs mères, de leurs grand-parents ou de leurs proches qui venaient de décéder ou qui souffraient depuis peu d’une maladie incurable.

Dieu aussi y passait : « wallah » !

Dieu en est témoin, je t’aime bien !
Peu importe si je rêvais secrètement de lui défoncer le crâne à coups de briques Boucetta « empruntées » au chantier du coin ou si j’aspirais à pousser le couple qu’il formait avec l’autre jolie princesse à la rupture par unique envie et haine gratuite….

L’important c’était purement de jurer, peu importe l’objet, pour ne pas tomber dans le pêché, l’opprobre, l’interdit et  se retrouver d’un coup marginalisé, haï et marqué au fer rouge (à jamais).

Un beau jour, j’étais arrivé, pour une fois, à convaincre un passant, sur qui j’avais catapulté en pleine figure une tirade argumentative inévitablement efficiente.

« On est dans un pays libre. On est né égaux en droits. Devant la loi, il ne devrait jamais y avoir d’approximations. Pourquoi les fils de telle ou telle autre personnalité se permettent-ils de ne jurer de rien ? Vaut mieux pourrir en prison tout en étant libre d’esprit que de vivre une vie atone, terne faite de sempiternels hochements de tête…
[…] Vis ta vie, cher ami ! Demain, tes enfants se plairont à raconter à leurs petits enfants : Mon père y était, dans ce mouvement précurseur et internationalement reconnu… L’histoire retiendra ton nom…
[…] »

Je ne croyais même pas en ce que je disais… Dignité, honneur, liberté et justice… Ce sont des mots littéraires, romanesques, historiques et qui de ce fait ne doivent pas être sortis de leur contexte.
Ils appartiennent à l’histoire et aux livres. Pour la vraie vie, il y a tellement d’autres valeurs qui me tiennent vraiment à cœur… (Ne jamais jurer de rien, par exemple)

Quand j’ai su que mon premier disciple était convaincu de ce que j’avançais, je fus pris d’un tremblement aussi intense qu’on me pensait atteint de paludisme… (Cette maladie que les racistes attribuent aux « africains noirs » et qui a fini par me toucher autant que j’ai touché le passant de tout à l’heure)

En fait, j’étais effrayé. Si ce fou arrivait à déclarer ouvertement sa rébellion, t’imagines bien qu’on va l’écrouer parce que si Dieu a créé le monde, c’est dans notre coin paradisiaque qu’on a inventé le Moulinex… Vous savez cet outil indispensable pour gagner sa vie en brisant celle des autres…

Sous le coup de la torture conventionnelle ou d'un interrogatoire musclé, il allait certainement me citer personnellement…
La nuit porte conseil… Je remercie Dieu d’ailleurs de m’avoir guidé vers la solution idéale.
Je me suis vite dirigé vers un des locaux de la brigade anti-jureurs-de-rien. On ne pouvait pas les rater, ils ont des locaux dans pratiquement toutes les bâtisses.
D’où le célèbre proverbe : « Entre deux locaux de la brigade anti-jureurs-de-rien, il y a bel et bien un autre local de la brigade anti-jureurs-de-rien »

Quand on m’a accueilli, j’ai éclaté en sanglots… On comprenait rapidement que mon émoi cachait de valeureux aveux…

« Je suis venu vous faire part d’un certain X.Y qui a affiché des signes de rébellion quant à notre bien-aimée charte : On ne peut jurer de rien.
J’en suis certain. Il avait même l’intention de diffuser ses idées périlleuses et étrangère à notre si belle culture dans la population.
J’ai essayé de l’en dissuader sans succès… »

En dénonçant cet innocent, je fus pris d’une joie intense… Je jubilais… Je ne parlais pas, mais je rugissais… Je me sentais fort, utile (pour une fois)… On m’écoutait attentivement
J’étais important…

L'homme en question fut aussitôt attrapé, écroué, condamné, torturé, castré, puni, dénigré dans les médias et il finit par mourir dans conditions mystérieuses. (Le dossier fut vite classé, ne me demandez pas pourquoi...)

Depuis, j’ai décidé d’intégrer la firme multinationale Moulinex, moi aussi.
Les meuniers de toute part ne sont pas meilleurs que moi. J’ai le potentiel pour être excellent dans ce domaine.

Désormais, je fais ce que j’aime le plus. Je prêche la révolte et dénonce ceux que j’arrive à convaincre !
J’ai même une prime supplémentaire pour chaque personne de plus que j’arrive à surprendre dans mes filets.
Mon métier ressemble beaucoup à celui d'un démarcheur, ou d'un chef de rayon dans un hypermarché sauf que, quant à moi, je peux très bien cumuler ouvertement deux boulots sans avoir à m'en faire.

Si vous me croisez un de ces quatres dans une des artères principales de votre commune, ne soyez pas nerveux ! Venez me parler, laissez vous faire… Sachez surtout, que vous n’avez absolument rien à craindre !

dimanche 14 février 2010

Jeunes assassins à la tchatche mortelle



Armés de lames de rasoirs pour certains et de feuilles de bouchers pour les autres, nous sortons la nuit, quand tous les chats sont gris selon l’adage.
D’ailleurs aucun chat gris n’a eu le malheur de me croiser, le premier que je trouverai sur ma route, je lui trancherai les deux jugulaires, je souillerai mon arme blanche avec son sang ruisselant.

Avec ma bande, je vis pleinement mes vingt ans. Je fais peur aux passants.
Je braque, je violente arbitrairement les gens et je passe même à tabac tous les cons qui ont assez de couilles pour me regarder dans les yeux et ne font pas preuve de soumission infaillible.

La vue du sang provoque en moi un plaisir quasi-jouissif. J’ai fait un pacte avec la mort, elle m’offre beauté et longévité et en contre partie j’assassine, j’égorge, j’éventre, je dépèce les cadavres et accomplit toutes ces tâches dans un silence religieux et avec un respect méticuleux du détail.

Je n’ai pas vraiment la gueule du métier mais j’aime ce que je fais.

Le matin je suis un minable cadre dans une banque offshore… Un nullard qui ressemble à s’y méprendre à un originaires des hauts de Gammarth qui ne connaît de la vie que le gout exquis et peu calorique de l’Activia au bifidus actif. Vous savez ce genre de yaourts dont la douzaine équivaut à nettement plus que la rémunération journalière d’un pauvre smigard qui sue tout son sang et se bousille les articulations pour pouvoir dormir au chaud.
Cependant le chaud le snobe, il se console comme il peut avec la chaux.

Au boulot, mon supérieur m’écrabouille à coups de téléphones incendiaires… Je me tais toujours pour ne pas lui coller la tête contre le mur et lui défoncer le crâne à l’aide de mon téléphone tactile au volume assez conséquent pour faire office d’objet contendant loin d’être méprisable.

Je me venge comme je peux sur des victimes qui ne s’y attendaient pas en sortant le soir de chez eux.

Je vise de riches fils-à-papa mais aussi de pauvres SDF sans défense…
Je n’ai ni foi ni loi. Ni dieu ni maître.
Je ne crois qu’à la mort.          
La mort ne croit qu’à l’arbitraire.
Tu crois que ton voisin au cancer métastasé et au visage cadavérique est plus proche de trépasser que ta sale tronche d’ado…
Tu as tout faux cher petit morveux. Mon cutter pas assez affuté pour abréger tes peines te l’expliquera tout à l’heure quand tu diras à tes parents que tu sortiras photocopier alors que tu ne pars que pour t’acheter des cloppes et les fumer en cachette.
Sans oublier les quatre bonbons à la menthe, technique classique pour dissimuler l’odeur nauséabonde du tabac.

Quel petit con…
Tu n’auras plus à fumer en cachette, je t’aiderai à arrêter brusquement sans patchs ni comprimés. Appelle-moi Nicorette…

mardi 8 décembre 2009

Les appréhensions d’un journaliste



C’est l’histoire d’un journaliste fort d’une expérience de plus d’une trentaine d’années.

Passionné qu’il était, depuis sa tendre enfance, de ces évènements qui font bouger la planète dans tous les sens.
Il avait toujours sa plume à portée de main, pour retranscrire le plus fidèlement possible ce qu’il constatait.

Du haut de son impressionnante bibliothèque qui lui a conféré une culture riche et variée, il pouvait prétendre voir en des événements apparemment anodins pour le commun des mortels, des indicateurs sociopolitiques infaillibles.

Il se tuait à la tache pour présenter à ses lecteurs une information aussi bien formulée que présentée et surtout pertinente.

Ainsi, il arrivait à pondre de véritables petits joyaux, entachés parfois, il faut dire, par ces innombrables coquilles qui venaient se glisser insidieusement entre les mots.

Le lendemain quand son billet était sur papier, il s’enfermait dans son bureau à dénombrer ces fautes de frappe qui ont échappé à la présumée infaillible triple correction qui est censée passer au crible tous les écrits mais qui finit toujours par succomber à la superpuissance de l’imperfection.

Il ne savait quoi répondre quand on le croisait dans la rue pour lui faire savoir qu’on avait relevé un participe passé faussement féminisé ou un « le » qui avait sauté.
Il hochait la tête signe de gratitude, souriait et continuait son chemin.

Il vivait rongé de ses remords pour des fautes dont il n’était que partiellement responsable. Il était journaliste mais on le condamnait pour avoir eu la malchance de tomber sur un correcteur incompétent.

Ce sont des aléas connus de la vie de tout journaliste. Il l’avait admis avec le temps. Il est même arrivé au point de devenir indifférent face à tous ces mots qui lui jouaient sournoisement des tours.

Cependant, ce qu’il n’a jamais pu accepter c’est surement le sempiternel mal de la « dead line », voyez-vous, cette ligne de la mort au-delà de laquelle on ne peut plus diffuser aucune information sous peine de ne pas pouvoir publier le journal en entier.
Dans le journal qui l’avait engagé, depuis des décennies, la « dead-line » était fixé à 20 heures.

Durant toute sa carrière, il en est arrivé à ne plus compter les scoops qui lui ont passé sous le nez.

Il trouvait que c’était dommage de détenir une information en avant-première et de voir le lendemain des télévisions et des radios et autres plateformes beaucoup plus réactives que les journaux, en faire l’écho.

Souvent il prenait son téléphone et appelait tous ses amis pour leur annoncer la nouvelle comme pour avoir l’impression qu’il ne perdait rien.
Mais il savait pertinemment qu’en journaliste consciencieux qu’il était, c’était un échec cuisant à chaque fois qu’il privait ses lecteurs d’une information qui leur aurait été précieuse.


A trois ans de la retraite, sa vie de journaliste classique qui semblait vouloir demeurer inexorablement figée jusqu’à la fin de sa carrière, a pris une tournure passionnante.
En effet, il a fini par opter pour le journalisme électronique.

Depuis, les coquilles ne sont plus aussi pérennes qu’elles ne l’étaient auparavant : gravées à l’encre noir sur du papier de format A3 mais sont corrigées au fur et à mesure qu’elles sont découvertes ou signalées par des lecteurs.

La « dead-line » ne veut plus rien dire pour lui.
Il lui arrive de poster des scoops au beau milieu de la nuit.

Il n’aurait jamais pu croire gouter un jour au plaisir, de faire de l’ombre aux autres médias.

Plus vite que son ombre, il écrit, publie et voit les gens réagir avec plus ou moins de ferveur.

A l’heure qu’il est, je le vois, crayon à la main à devancer tout le monde.

Une nouvelle ère du journalisme vient de voir le jour, il est comblé d’être un de ses rayons de soleil.

samedi 28 novembre 2009

L’esprit de l’aïd expliqué aux plus petits (et éventuellement aux nuls)



«L’aïd el kebir » autrement appelé la grande fête ou fête du sacrifice.
Qu’importe quelle nomenclature est plus d’usage.
Ce moment privilégié de la vie de tout musulman même des plus démunis d’entre eux. Vu que L’islam incite à l’entraide et aux offrandes qui permettent de faire des malheureux en ce jour une infime partie de la communauté.

Oui !
Seulement en théorie !
Parce qu’avec des moutons de « petit calibre » à 500 dinars valant presque plus que leur pesant d’or, on ne peut pas dire que c’est une fête accessible à tout bon musulman, ou à toutes les bourses quelque soit le degré de piété.

Je cite à titre d’exemple le cas de Skander, un jeune diplômé chômeur avec son quotidien morose et sa vie d’un ennui placide.

Quand je l’ai croisé, le jour de l’aïd, il était attablé, le regard vide, autour d’un verre de capucin à trois cents millimes acheté avec des facilités de paiement, dans un des cafés hammamlifois les plus connus vu que d’un point de vue purement géographique, on ne pouvait vraiment pas le rater.
Se situant en plein rond-point de la ville d’Hammam-Lif à savoir le centre de gravité de cette petite ville fort sympathique mais engloutissant, je le reconnais, un tas de cas sociaux et de peines ancrées.


Il passait à revue tous ces aïds où ses parents lui ramenaient un mouton avec des cornes faisant un tour et demi. Il le sortait dans le quartier pour fanfaronner, étant de nature extrêmement vantard.

Quand il faisait ses études à l’IHEC de Carthage, il côtoyait les riches de la Tunisie. Il avait appris au fil des jours à partager leurs folies des grandeurs, leurs rêves incommensurables et leurs ambitions infinies.

A mesure qu’il escaladait les échelons académiques, ses rêveries enflaient.
Il se voyait déjà ministre des finances ou président de l’ONU.
Jusqu’au bien évidemment où sa maitrise est arrivée comme pour lui rappeler d’où il venait parce qu’il semblait avoir oublié avec le temps.

« Il est né pauvre, il mourra pauvre. »
C’était presque scandé en chœur le jour de sa soutenance par les présents.
Pourtant personne n’était présent puisqu’il avait opté pour l’huis-clos de crainte d’être intimidé.
Les chaises vides de la salle n’en avaient rien à balancer. Ils le narguaient.
Il était pourtant arrivé à les ignorer et à terminer son exposé en toute beauté.

Après cinq ans de ce jour fatidique, Skander s’est esseulé le jour d’un aïd où tout le monde est censé être heureux sauf lui et probablement aussi les gens qui lui ressemblent, à qui la vie ne semble pas daigner sourire.

Il est de confession musulmane certes. Mais il se permet de se poser certaines questions quant à cette fête du sacrifice.
Cette fête est le jour le plus difficile à vivre pour le jeune diplômé chômeur qui ne compte plus les mois d’oisiveté.
Il voit les gens sourire, défiler devant le boucher d’en face forts de leurs couffins qui peinent à englober toute la masse de viande qu’elles véhiculent.

Chaque coup de feuille de ce boucher d’en face est un supplice.
Pourquoi n’a-t-il pas un travail ?
Pourquoi ses parents sont morts ?
Pourquoi personne ne l’aide ?
Pourquoi ce qui est théoriquement la fête de la générosité tourne au cauchemar pour lui ?

N’ayant pas les moyens de s’offrir de la viande tout au long de l’année.
Il en est arrivé à oublier son gout.
La blague assez connue qui dit « Comment appelle-t-on les gens qui ne mange pas de viande ? Les pauvres ! », ne le fait pas sourire du tout. Bien au contraire
Il trouve qu’il aurait répondu pareil vu son expérience personnelle.

Et puis il se leva avec amertume pour mettre fin à ce calvaire saluant au passage ce tortionnaire par excellence qu’est le boucher d’en face et quitta les lieux.

Il est déjà 17 heures, cette journée est bientôt finie. Il s’en va noyer son chagrin dans un verre d’eau à la concentration surélevée de calcaire pour faire passer ces calmants qui lui permettent de vivre ou plutôt de continuer à rêver.

Puisque le rêve éveillé s’est révélé impossible.
Il est devenu réaliste et s’en remet à Morphée.
Demain, il respirera un bon coup. Il lui restera une bonne année à vivre pleinement sa misérable vie avant que la fête de la générosité ne vienne le lui rappeler.

jeudi 13 août 2009

Le mendiant de l’amour

Sur le bord de cette route délaissée, accroupi et esseulé, se trouve un jeune homme à l’accoutrement qui ne paie pas de mine et au visage qui fait ressurgir des doutes sur la théorie créationniste de l’origine des êtres humains.
Parce qu’il n’est pas tolérable pour une présumée création divine de contenir en si peu de superficie autant de défauts.

Il ne pleurait pas.
Il ne gémissait pas.
Il ne mangeait pas.
Mais il n’avait pas faim.
Il attendait simplement la fin du calvaire en silence.
Il savait que c’était inéluctable.
Ce n’était qu’une question de temps.

Cette vision sombre du monde lui permettait paradoxalement de vivre et d’arborer constamment ce sourire insolent dont personne n’arrivait à percer les mystères.
Même pas lui, selon certaines interprétations.

Un sourire qui affichait une dentition jaunie et qui dégageait une haleine tellement fétide, qu’on préférait le qualifier désormais de sourire « trop » insolent, de sourire indigeste ou de sourire répugnant.

Il ne se faisait donc plus d’illusion quant à sa destinée, convaincu d’avoir perdu d’avance tout ce qu’il aurait la mauvaise idée d’entreprendre !

Jusqu’au jour où elle passait à côté de lui à pied.
Elle s’était retrouvée là bas par un pur hasard.
Elle fit un sursaut quand elle le vit.
Mais il eut ce jour là une véritable illumination.

Il n’avait jamais vu de visage aussi angélique, de sourire aussi ensorcelant ni de corps aussi parfait.
Il jeta de suite les idées noires qui l’ont accompagné tout au long de sa vie et lui fit une déclaration des plus enflammées.

Il lui révéla notamment, qu’elle était une déesse, un ange qui était descendu du ciel pour l’accompagner au paradis.
Il lui confia que le malheur était de règle dans sa vie mais qu’il la voyait en tant qu’exception.


Elle restait bouleversée devant des révélations aussi intenses…
Ses joues charnues devinrent toutes rouges signe de sa timidité proéminente.

Elle se mit sur ses genoux pour lui dire ô combien elle appréciait ses mots.
Mais en chemin et au cours de sa périlleuse descente, un vent nauséabonde l’arrêta net.
C’était l’insupportable haleine qui fit une entrée tellement remarquable dans ce jeu de séduction que notre ami ne connaissait que dans les livres qu’il a dû bouquiner avant de se retrouver à la rue.
C’est alors que la princesse de ce soir là, s’est réveillée de son emportement et son rêve a viré au cauchemar.
La réalité glaciale a figé tous ces mots qui l’ont fait frémir quelques minutes auparavant.

Elle le voyait enfin avec les yeux et plus avec le cœur. C’est alors qu’elle lui répondait au nez en criant d’aller voir ailleurs, soulignant qu’elle était trop bien pour lui.

Mais lui, il le savait…
Il l’a toujours su d’ailleurs.
Il en était convaincu pendant toute sa vie.
Mais en l’espace de quelques minutes, il s’était cru capable de tout bouleverser d’un coup.
Oubliant, à tort, l’effet ravageur de son haleine.

L’histoire si elle était finie de la sorte, ne lui aurait pas causé plus de peine que les innombrables déceptions qui ont ponctué sa vie.

Il a, malheureusement, fallu que la jeune fille en question finisse par lui cracher à la figure avant de s’en aller comme signe suprême de mépris vis-à-vis de ce clochard qui a osé se voir avec elle, même dans rêves !

C’était, comme on se plait à dire : « la goutte qui a fait déborder le vase ! »
On ne lui avait jamais faite, celle là.

Cet acte d’une violence inouïe rien que parce qu’il a eu l’audace de se croire vivant pour une fois dans sa misérable vie…

Notre ami, ayant perdu son sourire insolent avec lequel il combattait les aléas du destin et qui lui permettait d’attendre patiemment sa fin.

Plus besoin de vous faire un dessin. Notre ami en a fini à l’aide d’une lame récupérée sur le trottoir en face.
Il connaissait l’emplacement exact des veines à trancher tellement sa maigreur en laissait apparaître le relief.

Pour finir sur un note d’optimisme (comme le vent de joie de vivre qui souffle sur ma vie en ce moment en dépit des apparences) notre ami repose aujourd’hui au paradis en compagnie de soixante-dix vierges toutes plus belles que la fille en question.
Son sort nous a aussi ouvert les yeux quant à la désormais incontestable véracité de l’origine créationniste de notre héro.

mardi 28 juillet 2009

Si seulement il avait su…



19h32, Rue de Rome, Tunis

Personne ne le sait, mais dans exactement deux minutes quarante-sept secondes un jeune fougueux aux cheveux longs gominés va trouver la mort subitement à la suite d’un terrible accident de la voie publique.

Les circonstances de l’accident sont d’autant plus dramatiques. Ayant eu le tort de traverser trop occupé à défendre l’honneur de son club favori, une ISUZU n’a même pas daigné lui causer une mort digne…
Vu qu’elle l’avait écrasé tel un minable cafard avant de prendre la fuite sans que personne n’ait la présence d’esprit de noter sa plaque minéralogique.

Comme à son habitude la populasse s’est ruée sur « l’évènement » pour admirer le formidable paysage d’un jeune agonisant entouré par une effroyable mare de sang.

La totalité des témoins étaient restés les bras croisés, les yeux braqués vers la victime du jour de cette hécatombe que sont nos routes.
Aucun n’a pensé à alerter les secours omettant peut-être qu’il est un devoir citoyen élémentaire que de porter secours à une personne en danger ou du moins à appeler le SAMU.
Sous d’autres cieux on aurait réclamé et surement trouvé parmi les « spectateurs » une personne formée au secourisme comme il était de coutume de procéder.
Mais chez nous, on vous répondra naturellement que « Ce n’est pas ma spécialité !»

L’esprit du jeune homme étendu sur le sol, travaillait à une vitesse effrénée. Il se répétait inlassablement : « Non ce ne peut pas être la fin… »

Mais, si…bien hélas.
On ne choisit pas sa mort. S’il avait eu le choix, il aurait au moins préféré une voiture un peu plus luxueuse qu’une méprisable ISUZU.

Il regretta amèrement de n’avoir jamais cassé la gueule à leur voisin de palier qui s’acharnait à lui pourrir la vie sans qu’il ne réponde sous prétexte de respecter les règles rudimentaires de la bienséance.

Ou cette brune au teint clair qu’il contemplait chaque jour en croisant de temps à autres son regard hypnotisant. Mais, il ne lui avait jamais parlé de son amour de peur, certainement de se voir chassé définitivement de son royaume, ce qui pouvait anéantir sa vie d’un coup.

La prière aussi… Oui la prière !
Pourtant, il n’y avait jamais songé. Quand il entendait l’appel à la prière résonner dans l’atmosphère, c’était pour lui rien qu’un son dénué de toute portée.
Mais maintenant avec la face contre terre, mordant la poussière, à deux pas de la fin, il y pensait fortement.
Pourquoi il a fallu qu’il soit dans cette situation peu enviable pour juger bon de se prosterner ?
L’homme a cette incroyable capacité de n’atteindre l’humilité que lorsqu’il a tout perdu.

Sa vie défilait devant ses yeux, par bribes d’images avec comme image de fond le spectre de ces hyènes qui faisaient mine de s’apitoyer mais qui dans le fond, il le savait pertinemment n’étaient là que pour assouvir leur soif de sang.

Pour une fois, il était la star, celui qui retient l’attention de tous. En soit, c’est une incroyable ascension sociale pour l’extrêmement timide qu’il a toujours su rester.

C’est le moment où il commençait à balbutier quelques syllabes pour retenir l’attention de la foule endormie sur la nécessité de prévenir rapidement les secours, que la mort a choisi.
Et la mort, c’est bien connu, a toujours le choix. Elle aurait même pu lui distinguer une voiture de luxe pour le sale boulot… Mais, voilà !
La mort s’est prononcée et il a fallu que ce soit une ISUZU qui s’exécute.

Dix minutes plus tard, l’équipe du SAMU arriva sur les lieux et s’acharna vainement à réanimer un patient déjà parti sans retour.
Les gens continuaient à affluer de toute part pour ne rien rater de ce spectacle tant surprenant que gratuit !

Mais ces adeptes de séries tv en mal d’adrénaline et passant la majeure partie de leur temps à cultiver leur hébètement derrière un écran d’ordinateur n’affichant qu’une seule adresse, celle de facebook, peinaient à croire que c’était fini.

Oui ce jeune bien portant est décédé sur les lieux de l’accident.
Heure du décès : 20h approximativement.

La foule, ayant fini par comprendre, avait commencé à se dissiper laissant sur place ce corps inanimé gisant momentanément en l’attente d’être déplacé.

Ils se frottaient pratiquement tous les mains, ce soir ils auront au moins une histoire extraordinaire à raconter sous les yeux ébahis de leurs proches.
Ils se surpasseront chacun à sa manière à enrober l’histoire d’un caractère surréaliste pour décupler l’effet sur les auditeurs.
Dommage que vu la nature macabre de ces faits, personne ne les applaudira vers la fin.

lundi 8 juin 2009

Quand la mémoire s’envole, heureusement qu’il y a encore le cœur pour la raviver !

Je prenais le bus numéro 51 en provenance du TGM et qui s’en allait vers la région d’Ennaser pour y retrouver quelques amis après avoir salué d’autres amis avec qui j’ai passé un très agréable après-midi dans un des cafés de l’avenue Habib Bourguiba.

Il était 21 heures, c’était le dernier bus ce jour là. Le chauffeur roulait à une vitesse effrénée sans doute pour gagner 5 ou 10 minutes pour rentrer au dépôt un peu plus tôt et peu importe si nous devions tous y passer comme ce fut le cas avec le tristement célèbre accident de l’autobus de Mornag. Nous discutâmes d’ailleurs, de ce sujet là pendant longtemps, avec ce vieux monsieur que je ne connaissais pas auparavant et qui venait tout juste de s’asseoir à côté de moi.

On était presque arrivés au terminus, quand tout juste avant le rond-point de cette nouvelle ville, (connue comme la capitale des salons de thé de tout le Grand Tunis voire même de toute la Tunisie.), un vieil homme, mal-rasé, avançant à petit pas, aux gestes d’une lenteur maladive s’avança doucement vers l’employé de la TRANSTU, pour lui demander où est-ce qu’il pourrait trouver le Monoprix d’Ennaser où devaient l’attendre ses enfants et sa femme.
Il lui indiqua le chemin à prendre et le pria de vite descendre sous l’insoutenable pression des klaxons des voitures qui nous précédaient.

Mais, l’homme demeura cloué sur place comme paralysé par la peur de ne pas arriver à destination. Il redemanda la même question à la même personne qui se trouva fortement embarrassée sous les menaces de plus en plus vives du chauffeur de quitter l’arrêt immédiatement.

Je regardais derrière moi comme pour m’assurer que j’étais le dernier passager du bus et que je n’avais pas le choix pour intervenir quitte à perdre quelques minutes d’une montre que j’avais omis de porter ce jour là.

Je me levai donc, me portant volontaire de la prise en charge de ce vieil homme jusqu’à Monoprix.

Il arriva à peine à descendre les marches du bus même avec mon aide. Nous primes un taxi vu que je l’imaginais vraiment mal pouvoir escalader cette parcelle de l’avenue Hédi Nouira qui menait tout droit vers son paradis : Le monoprix.

Arrivé à bon port, je m’apprêtais à partir… Quand il m’est venu à l’esprit, l’ingénieuse idée de lui demander où était sa femme… C’est là qu’il balbutia sans répondre vraiment… Pour enfin me révéler qu’il se devait d’aller devant l’agence de l’ATB un peu plus loin.

Je l’y emmenai en le tenant par le bras l’épargnant ainsi de plusieurs chutes qu’il a tout de même évité de justesse… Je commençais au fil des minutes à penser sérieusement que la mémoire de cet homme commençait à flancher.
C’est là qu’il m’annonça non sans peines, que maintenant on devait aller juste en face.
La chasse au trésor n’était pas terminée pour autant.
Parce qu’en lui posant la question existentielle du jour… « Et maintenant ? Où sont-ils ? »
Il me répondait avec un « Je ne sais plus… Tu sais, je ne me souviens plus très bien ces derniers temps… »

On se retrouva coincés… devant un salon de thé sous les yeux curieux des bourgeois qui sirotaient des jus pourris à six dinars le verre.

C’est là qu’il eut une illumination inespérée : « c’est tout juste à côté d’un glacier… je me rappelle seulement de cela ! »
En suivant son dernier indice, ce fut l’ultime délivrance. Je fus accueilli en trompettes par un gardien à l’accent pour le moins marocain… (Peut-être parce qu’il venait du Maroc… Qui sait ? )
Le vieil homme en avait les larmes aux yeux. Il me demanda de venir lui rendre visite de temps en temps et me répéta : « Qu’il laissait à dieu le soin de me récompenser… »… Je n’en demandais pas plus à vrai dire !

Tout juste après, je suis rentré bouleversé de tout ce qui venait de se passer. J’ai même choisi de rentrer directement pour dormir et récupérer de cette périlleuse aventure qui s’est heureusement bien achevée.

Cet homme pouvait très bien se perdre, mourir de faim, être agressé… Mais heureusement que quand la mémoire s’envole il demeure toujours des cœurs pour la raviver !

vendredi 5 juin 2009

Le punching-ball ou la perte d’un jeune qui baissait dument la tête jusque-là…



Il habitait un coin populaire mais il avait la tête d’un gosse d’Ennaser. Ce qui lui rendait naturellement l’intégration quasi-impossible avec des jeunes qui avaient comme unique faire-valoir de posséder un couteau suisse, d’origine chinoise dans la plupart des cas.

Il se faisait braquer régulièrement parce qu’il ne possédait aucun objet contendant. Quand on lui demandait son portable, son argent de poche… Il ne discutait même pas. Il baissait la tête avec une fatalité et une soumission des plus édifiantes.

Quand au lycée, des connaissances lui faisaient des remarques déplacées ou tentaient même de le mettre hors de lui, il ne répondait jamais sous prétexte qu’il était plus grand que leur bassesse et leur étroitesse d’esprit mais le fait est là, il avait peur de réagir.
Il se sentait paralysé, une hypertonie le gagnait, il se crispait et devenait incapable de réagir même s’il le voulait.
C’était sa manière à lui d’esquiver la confrontation, de se dégager du poids qui pesait sur sa conscience en lui répétant sans cesse qu’il n’était que lâcheté.

Il n’avait jamais les mots pour répondre, il préférait se taire et terrer ses maux entre ses côtes.

Même ses profs s’en prenaient à lui, il devenait rapidement une tête à claque, le moyen le plus efficace de déstresser était de lui coller deux baffes et de continuer son chemin.
Après quelques années, une maitrise en sciences économique et un nouveau job en poche, son employeur a pris la place de ses bourreaux d’antan et lui menait la vie dure.

Entre insultes, dévalorisation et harcèlement moral notre jeune diplômé ne se retrouvait plus.

Mais tout a changé le jour où il s’est acheté un punching-ball.
Il avait enfin trouvé le moyen de muscler ses bras trop grêles, de se défouler et de ne plus refouler ces échecs sociaux qui se répétaient, se ressemblaient et le rabaissaient à chaque fois plus.

Après une longue journée de travail, il revenait et ne parlait à personne sauf à son punching-ball. Gauche, droite, gauche-droite, uppercut, crochet… Il n’économisait pas ses efforts pour se venger, pour relever la tête. Il voyait dans ce sac, les visages de tous ses détracteurs, de tous ses tortionnaires qui n’avaient jamais daigné le laisser vivre en symbiose avec son environnement l’amoindrissant chaque jour sans qu’il n’arrive à répondre jusqu’à ce qu’il ne soit plus que poussière.

Aujourd’hui il n’a plus peur de la confrontation, il s’est soulevé, il ne craint plus d’être amoché, de se fracturer un tibia ou un humérus. Il s’est juré de ne plus se taire face aux injures et de redorer son blason.
C’est fini cette époque où il était plus pur, plus précieux, plus intelligent que de s’engrener dans des situations qui pourraient lui couter la vie.
Il a enfin compris que dans certaines sociétés, l’intégration se fait par la force du coup de poing et non pas par une quelconque philosophie élitique. Il était comme eux, et il se devait d’agir comme eux pour être en concordance avec son époque et laisser à coté tout anachronisme qui ne masquait que son impuissance.

Même son employeur a commencé à changer de point de vue, de comportement craignant ses réactions devenues pour le moins violentes.

Mais en cette nuit obscure qui couvrait ce quartier malfamé, le plus téméraire des voyous commencerait à trembler.
Mais à avoir trop souffert dans sa pénible existence, il n’avait plus peur du tout. Il avait cette curieuse envie d’être attaqué à nouveau comme s’il était obligé de prouver à tout le monde qu’il n’était plus ce même ado atone et coincé de qui on riait à longueur de journée.

Coup de chance, ou d’infortune, une étoile filante passait tout juste par là. Une bande de quatre individus a commencé à le filer.
Il n’en croyait pas son cœur. Pour une fois, il n’avait aucune crainte. Il était prêt au combat. Il n’attendait que le corps à corps.

S’ils allaient lui demander son téléphone, il préférerait mourir plutôt que de céder.
Ils lui ont sifflé, et ont commencé à le provoquer… Il s’est retourné en fermant le poing, s’apprêtant à surgir tel un preux chevalier.
Il n’eut même pas le temps de penser, et reçut un coup de couteau dans la gorge qui eut raison de toutes ses bonnes intentions.
Il a rendu l’âme sur le coup ce qui a laissé le temps à ses agresseurs de lui dérober tout ce qu’il avait et qu’il s’était, à juste titre d’ailleurs, promis de protéger jusqu’à sa mort.

Aujourd’hui git en plein Djellaz, un jeune de 25 ans à priori ne différant en rien des autres défunts mais qui n’est ni mort de vieillesse ni d’un arrêt cardiaque mais d’avoir trop rêvé, d’avoir espéré bousculer le cours des choses. Cependant, sous un certain angle il a réussi… Au prix de sa vie certes, mais il a tout de même réussi.
C’est peut-être pour cela qu’on a l’impression en se recueillant sur sa tombe, qu’en dessous il ne dort pas mais il sourit !

lundi 1 juin 2009

ولد الحومة العربي و أصول الإستقواء بالأجنبي



عمرو ما فاتش خمستاش سنة ، مغروم بالترجي الرياضي، ولد باب سويقة من قاع الخابية، ديما بعمايلو.
غزر لبوه قالو:
-يا بابا يا غالي !
-ربي يستر آش باش تطلبني المرة هذه
-لا ما فما كان الخير بقدرة ربي، والله يا بابا ماكش مقصر معانا، تكسيني وتوكلني وما خصني شيء.
-هيا باهي... كيف سبتك قمت تشكر فيا في غرغور القايلة.
-عندي شوية انتقادات يا بابا نتكلم وإلا تخيرني نسكت ؟
-تكلم تراه آش عندك باش تقول زادة.
-علاش يا بابا ما نوليوش نتناقشوا، تسمع رأيي، نتحاجوا تقنعني ونقنعك؟
علاش تاخو في قرارات تخفيض نصيب الفرد من الياغورت من غير ما تشاور ؟ علاش ما نتفاهموش وين الخلاعة العام الجاي ؟ علاش ما نوليش كيف جارنا عم حمد هكة عامل مع أولادو... فرحانين كان تراهم. علاش ما تزيدنيش من المصروف كيف عندك فلوس يا بابا وكي أنا ديما نعاون فيك في الخدمة وندخلك في الفلوس وهاك تهون على روحك من غير حساب؟.....

ما كملش كلامو، بوه يسرفقو بداودي يطيحلو سنتين وبرشة دمعات.
هرب الفرخ، مشى لدار جارهم يجري، وكان يعرف جارهم ما يخذلوش ويدافع عليه.
كيف خلط بوه يلقاه تحت رعاية الجار، وكان عام حمد باندي قديم في الحومة يهابوه كبار وصغار.
وقف البو وروح للدار حالفاً بلأيمانات السبعة لا عاد يقبل ولدو في دارو مهدداً إياه بتقديم شكاية في الغرض بتهمة القباحة إلي مش في محلها و الإستقواء بالأجنبي...

يتبع...

mardi 4 novembre 2008

ثلاثون أو شطر محبتي للسينما



في العادة ما نحبش ننقد السينما التونسية البائسة...

هوما كان سلكناها فما أربعة أفلام في العام ونكمل أنا نجي نسبلهم عرشهم الأول ما جات شيء...

أما ما نخبيش عليكم، بعد
الفيلم إلي تفرجت فيه البارح قررت نخرج من التحفظ الزايد متاعي ونعطي كل
ذي حق حقه وكل من يستحق السبة نعطيه برجو طالعو...


قبل كل شيء، دين أمهم ثلاثين
سنة وهوما يبكيونا في التلفزة في هاو السينما التونسية تحتضر وهاو الجمهور
يهجر صالات السينما ومن بعد كي نقرر باش نمشي نتفرج نطلب منهم التعريفة
الخاصة بالطلبة خاطرني خوكم زوالي وقبل ما نمشي نتفرج في شريط نحسبها في
المخطط الجديد قبل بستة أشهر على الأقل... تجي عاد السيدة إلي تقص في
التساكر تطلب مني ما يثبت. عطيتها "كارط ديتوديان" أو شهادة طالب بلغتنا
فقتلي سامحني سيدي راهو هال كارطة متاع عمناول ما عادش تصلح... لا حول ولا
قوة إلا بالله...


توا دين والديها كيفاش تحبني
نطلعلها بكارطة متاع السنة وهوما مازالو ما عطاوهناش ؟! نجيبلك شهادة فقر
؟ مضمون ولادة ؟ رخصة سياقة ؟ شهادة وفاة باش تصدقني؟


تي علاش البهامة؟ وإلا ديما
نتعقربو على بعضنا؟ ماكم نحيوها جملة حكاية طاريف إيتوديان ويزيو من الكذب
والتبلعيط والله لا تباركلكم في هاكل دينار و نصف الزايدين ...


يا سيدي منذ بضع اسابيع دقني ربي ومشيت تفرجت في الفيلم الكارثة شطر محبة لكلثوم برناز.

ساعة في صالة كاملة كنت أنا
المخلوق الرابع والأخير إلي دخل يتفرج. من الأول استغربت وقلت حرام عليهم
ولاد شعبي متلفين الثقافة في عوض يشجعوا المبدعين...


بعد بساعة بالضبط ولأول مرة في تاريخي هزيت دبشي وهممت بالخروج لاعناً النهار إلي تغرمت فيه بالسينما...

مانيش مختص في الميدان ومانيش
باش نفرعن على روحي ونقلكم المشكلة في زوايا التصوير ولكن برجولية ياسر
حكاية حولة إلي طلعتنا بيها الأخت كلثوم... كاستينغ يبكي الحجر... صحيح ما
عندكش برشة فلوس باش تجيب ممثلين كبار لكن يا كلثوم يهديك كي تجيك فكرة
المرة الجاية أقعد في دويرتك تبع الإعادة متاع صيد الريم في قناة 21
وفلوسك في جيبك أرتحلك وكانك ماكش مقتنعة بربي خمم في أفراد شعبك إلي
شطرهم شلطوا رواحهم في جرة الفيلم متاعك...


والفازة فاش الفكرة في الأصل
قوية برشة وكان عطاتني كاميرا بورتابل وقاتلي أعمل إستجواب للناس في
الشارع حول رايهم في الحكاية راهو جات حكاية أحلى بألف مرة...


حاسيلو، خليني نسكت خير لا يتقطعلي عرق ويزيدوني في القائمة الموسعة متاع ضحايا كارثة كاترينا، يا ربي نقصد فيلم شطر محبة...



إي يا سيدي ماني مشيت البارح عاد نتفرج في فيلم ثلاثون...

كيف العادة ما فيبالهمش إلي فما تعريفة خاصة بالطلبة وما في بالهمش إلي فما طلبة جملة...

مش مشكلة مانا فهمنا الداقزة...

ماهم طامعين فينا...

كولوا بالشفاء!

إييييه عاد فين كنا وفين صبحنا؟

هذا فيلم والآخر فيلم!

هاذوما ممثلين والأخرين ممثلين...

باش ما نطولش عليكم أقوى فيلم تونسي تفرجت فيه إطلاقاً ومن أقوى الأفلام...

هو سيناريو، هو تصوير وهو
إضاءة (هاو بديت نفلم عليكم فقتو بيا نكذب ولا نظهر ناقد سينمائي كبير ؟ )
وهو حوار وهو كاستينغ وهو .. وهو ...


آش باش نقلكم ؟

علي الدوعاجي ، الشابي ، الحداد (وهو الراوي) الكعاك ، السنوسي، الحامي ، بورقيبة وغيرهم وغيرهم ...

نحنا في الحقيقة في تونس
ناقصين برشة في النوع هذا متاع الأفلام أي الأفلام التاريخية وتاريخ
بلادنا ثري يعملك مليون فيلم وديما عندك ما تحكي...


وأكيد برشة ناس باش يتعلموا من
خلال الفيلم لحظات هامة من تلك الفترة وإلي خلات تونس تكون ليوم بلاد حرة
مستقلة، رجال صنعوا تونس بتضحياتهم انشالله نكونوا في مستوى أعمالهم
الجليلة...


وللناس إلي حافظين درسهم إحساس
جميل أنك ترى أخيراً وجه يجسد هؤلاء الأبطال ويخليك تقارن بين ما صوره
خيالك وما اختاره لك فاضل الجزيري...


المهم ضروري تمشيو كلكم
تتفرجوا كانكم في تونس وإلي من مواطنينا بالخارج، ما فيها باس يرجعوا
للبلاد على نهيرين ثلاثة وتو نكلموا مولى القاعة يعمللكم "تاريف ديتوديان"

mardi 14 octobre 2008

الأزمة الإقتصادية العالمية في نظر إنسان عادي


حمادي قاعد في قهوة الحومة يترشف في إكسبراس في وقت ما تلقى فيه في القهوة كان البطال وخوه...
كيف لا والساعة تشير إلى العاشرة صباحاً.
فجأةً نزل خبر عاجل نزول الصاعقة على التلفزة الوطنية... تم إيقاف كل البرامج للتفرغ لما يعرف الآن بالأزمة الإقتصادية العالمية...
ثلاثة سوايع وهوما يحكيو ويعاودوا.. وهو يسمع وساكت لكنه لم يخف انزعاجه نظراً لأن هذا الإنقطاع المفاجئ حرمه من متابعة شريط السلاحف إلي عندو ستة عشرة سنة ما فلت حتى حلقة منه...
كي ما لقى بيها وين، ركز كل إهتمامو على هذا المقدم الأصلع إلي كشاكشو خارجة وهو ماخو موقف تقول جدت عليه هذه الحكاية...
قال في نفسو باستنكار كبير، ياخي شبيه هذا المقدم ؟ ياخي ما في بالوش تونس بلد الأمان والإطمئنان وعمرها ما يوصللها الطش مهما كانت قيمة الأزمة وإنتشارها ؟
ربي يهدي ما خلق...
ومن بعد فجأةً قام حمادي وبدا يعيط وحدو في القهوة كي المهبول والناس تتفرج فيه...
قالوا شنوا هذا المقجول ؟ الناس تنعت في أزمة خانقة سادت كل العالم وكان لا قدر الله توصلنا تو نوليو كلنا نعملوا في ثلاثين ركعة إستسقاء ويجعلنا نلحقوا على قدمة خبز... والسيد ينقز من الفرحة... كان ما يطلع متكي على كنز...

هو في الحقيقة حمادي لا عندو لا كنز لا والو. كل ما في الأمر هو أنه سمع المقدم يحكي على تدهور منتظر في قيمة اليورو...
مع العلم إلي خو حمادي واسمو زياد و هو أحد أفراد جاليتنا الحارقة إلى فرنسا المبجلين المكرمين...
وفرحة حمادي هو أنه خوه زياد سوف يتمكن أخيراً من إقتناء سبادري يليق، يولي سي حمادي يتهمم بيه في الأفراح والمسرات...
كل واحد أولوياتو وكل واحد زاوية نظرو للحياة...
قام حمادي وقال:" يا جماعة الغرب مادام الحكاية فيها ربح انشالله عمرها ما تقوملكم قائمة!"

وردد وراءه بعض العاطلين عن العمل المتعاطفين مع حاله... آمين يا رب العالمين!

mercredi 8 octobre 2008

Lettre à tous les mongoliens qui n’ont rien à voir avec la Mongolie


Elle si fière,

Victime d’un défaut de division cellulaire.

Porteuse d’une dysmorphie qui fait évoquer fortement le diagnostic de trisomie 21 dés les premières heures qui ont suivi sa naissance !

Le mythique syndrome de Down :

Epicanthus, hypertélorisme, faciès lunaire, pli palmaire transverse et tout le tralala que vous trouverez dans le polycopié des futurs médecins…

Elle n’a jamais mis les pieds en Mongolie.

Pourtant, ses semblables sont appelés archaïquement « Mongoliens ».

 

Sa mère qui refuse,

Exclut de reconnaître que sa fille n’est définitivement pas comme les autres…

Se défend d’avoir donné naissance à un monstre…

Dénie totalement l’atteinte de sa fille et promet d’aller au bout du monde pour prouver que sa fille est normale…

Enfin, rentre chez elle pour déprimer un tant soit peu et évacuer sa rage tranquillement chez elle…

En partant, elle oublie certainement un léger détail…

Sa fille est encore à la néonatologie…

Elle vient d’accoucher mais elle ne veut plus en entendre parler…

Il existe aussi des humains inhumains mon cher monsieur !

 

Moi-même ici présent,

Je fonds sous le regard perplexe de ce nouveau-né !

Que dire ?

Que faire ?

Maman n’est pas là ma vieille !

Elle est partie… chercher… voir si… essayer de…

Loin de vouloir tromper ta confiance ma chère Emna !

Je reconnais n’avoir aucune idée sur la vraie raison qui les a poussés à t’abandonner…

Tu es vivante pourtant ! Je sais…

Tu es si charmante cependant ! Je le confesse…

Mais la vie est ainsi faite d’imprévus et de déceptions…

Tu veux que je parle de toi à la radio ou à la télévision ?

Mais je ne connais personne qui puisse nous aider !

TV7 trop politiquement correct, Hannibal Tv tellement sensationnel qu’ils utiliseront ton image pour faire signer de nouveaux sponsors…

Sinon, j’ai un blog…

Ah bon tu es intéressée ?

Oui ! Je pourrais très bien parler de toi et de tes semblables !

Conter aux gens ta souffrance et ta peine…

Mais je ne te promets aucun écho…

D’accord… juré…

Je m’en vais de suite m’armer d’un stylo…

mardi 23 septembre 2008

L’externe du service

L’externe Ahmed se lève avec son air abattu après ce sommeil nullement réparateur.

Il prend le bus puis le métro pour rejoindre à la fin de son périple le service qui est censé le former à être un bon médecin.

Dés son entrée, il est accueilli avec les cris de la secrétaire qui lui rappelle encore une fois que le chef de service lui a ordonné de ne plus accepter aucun externe neuf heures du matin passée.

L’externe accepte volontiers cet accueil chaleureux et fait mine de n’avoir rien entendu devant les yeux larmoyants de cette étudiante qui l’accompagne et qu’il s’est évertué à émerveiller tout le long de son trajet.

Les deux victimes continuent leur bonhomme de chemin, tout droit vers la salle de staff où se trouve réunie toute l’équipe des médecins du service en attendant l’arrivée du messie alias le chef de service, qui comme tout être important digne de ce nom ne raterait pour rien au monde cette occasion rêvée de se faire désirer.

Le staff ayant enfin commencé, les yeux se sont mis à énumérer le nombre de chaises dans la salle, les mains à moitir et les esprits à vagabonder cherchant désespérément à meubler ce temps paradoxalement libre.

On discuta, le sourire aux lèvres de cas qu’on qualifiait généreusement de «foutus », « irréparables », « presque morts »… Et on ponctua les observations par des phrases à l’humour venu d’une autre époque.

Les autres externes s’évertuaient pourtant à rire aussi bruyamment que possible pour laisser entendre aux séniors, qu’eux au moins, ils avaient compris.

Soudain, le chef se tourna vers Ahmed et le pointa avec son index en criant « Toi ! L’externe ! »

En l’entendant, il commençait à suer, son cœur battait à une fréquence surhumaine sa paupière supérieure gauche semblait ne plus vouloir s’arrêter de cligner.

La star du service lui posa une question qui lui paru la plus longue de toute l’histoire des questions. Quand c’était à son tour de répondre, il se demandait même avec quelle tournure le supérieur de tous ses supérieurs avait préludé son interrogation.

Le chef des lieux n’ayant pas trouvé de réponse se mit gentiment à faire étalage de son immense savoir en matière d’évocation de la mère, de la tante et de toute la joyeuse famille de cet externe même pas capable de suivre une question jusqu’à la fin.

L’externe leva la tête pensant que cette hiérarchie virait trop souvent à l’anarchie et en voyant la tête que faisait cette fille qu’il essayait par tous les moyens de courtiser. Il n’y avait plus rien à faire. Il se devait de rétorquer pour aspirer un jour à sortir avec elle.

Il fixa de son regard glacial le chef des chefs, le maestro, le seul et unique à pouvoir insulter impunément tous ces clowns présents dans la salle de staff et il dit en criant : « Par les pouvoirs qui vous sont conférés, vous pouvez me refuser la validité de ce stage, vous pouvez me crier dessus, vous pouvez me mépriser autant que vous voudrez et je ne conteste aucunement ce statut privilégié sauf que la mère qui m’a porté neuf mois et qui a failli y passer en me mettant au monde m’a toujours demandé de garder la tête haute même dans les pires situations… La dignité n’a pas de prix mais elle a va certainement me coûter un stage non validé…Quelle perte ! Je me disais aussi que ce serait agréable de venir passer l’été dans ce service constamment climatisé ! D’ici là cherchez vous une autre tête de turc… Au plaisir »
Et il quitta la salle en arborant cette carrure impressionnante. Tous les êtres ici présents auraient salués cette réaction légendaire par des applaudissements (étant la seule activité à laquelle ils étaient vraiment doués) si ce n’était la violence avec laquelle le chef avait réagi.

L’externe érigé soudain en héro national retrouva la fille de son cœur qui fut sous le charme de ce brave chevalier au charisme incroyable qui a défendu l’honneur de sa famille jusqu’à son dernier souffle…

Il lui a confia dans une quiétude qu’on ne ressent que durant les moments qui suivent les grandes victoires : « J’espère qu’Hippocrate me pardonnera d’avoir manqué de respect à un maître… Mais je suis sûr que s’il écoutait toute l’histoire il comprendrait ! »