Les fidèles du Boukornine

vendredi 19 octobre 2012

Premier assassinat politique post-révolution


Après avoir polarisé la société en "laïcs" (en faisant croire à leurs partisans que la laïcité est assimilable à l'athéisme) et les "musulmans", les islamistes au pouvoir depuis le 23 octobre dernier se sont remis à rabâcher la menace du retour des "résidus de l'ancien régime" pour contrecarrer la montée en puissance de Nidaa Tounes, le parti de Beji Caïd Sebsi, le deuxième premier ministre après la "révolution".

Le discours politique employé surtout par le CPR et Ennahdha est un discours haineux, stigmatisant et incitant à la violence.
A aucun moment après les diverses attaques à l'encontre des meetings et des responsables de Nidaa Tounes, on n'a entendu un islamiste condamner.

Pour assimiler le paysage politique en Tunisie, il serait naïf d'occulter le rôle des Comités de Protection de la Révolution, qui est devenue une association depuis l'arrivée au pouvoir des islamistes, et qui est formée d'hommes de main mobilisables à la moindre occasion prêts à tabasser, à saccager et à saboter les meetings des autres partis politiques.
L'équivalent des SA de Hitler ou des Chemises Noires de Benito Mussolini.

On savait par conséquent que le contexte politique du pays était inflammable mais ce qui s'est passé hier matin est tout de même un tournant dans la violence politique.
On a basculé vers l'assassinat, le lynchage, les pogroms et vindictes populaires...

Rappel des faits:

Le 15 octobre la page officielle d'Ennahdha de la ville de Tataouine diffuse un appel à manifester le 17 octobre 2012 pour "épurer notre pays des symboles de la corruption et de la décadence". 
Cette manifestation est organisée par les partisans d'Ennadha, du Congrès Pour la République et par ces fameux Comités de Protection de la Révolution.

Deux jours plus tard, les manifestants arpentent les rues de la ville en scandant des slogans virulents anti-BCE, anti-Nidaa Tounes. 

A un moment, ils assiègent le siège de l'Union Régionale des Agriculteurs dont le secrétaire général, Lotfi Nakdh,  n'est autre que le coordinateur de Nidaa Tounes à Tataouine et c'est là que la situation dégénère...

Le bilan au moment où j'écris ces lignes fait état de six blessés et de deux morts dont Lotfi Nakdh.

La vidéo ci-dessous montre les victimes à terre entourées par des assaillants déchaînés. 



Puis, tout s'enchaîne. Déclaration sur déclaration. Nidaa Tounes portera plainte contre Ennahdha pour meurtre. La télé nationale parle d'une manifestation pacifique qui aurait été provoquée, comme pour justifier cette dérive criminelle ! 

Le porte-parole du ministère de l'intérieur, Khaled Tarrouche, qui n'en est pas à une perle prés, avec notamment "Elle s'est peut-être faite violer mais on l'avait retrouvé dans une situation immorale", a déclaré que Lotfi Nakdh est décédé d'une "crise cardiaque".

Propos infirmés par des sources à l'hôpital de Tataouine: 



Heureusement, finalement, que Mohammed Bouazizi ne s'est pas fait immoler sous ce gouvernement nahdhaoui, sinon Khaled Tarrouche aurait rattaché sa mort à un coup de soleil...


La situation est en train de devenir incontrôlable, la Tunisie plonge dans la violence. Il devient impératif de commencer par démanteler cette organisation criminelle des Comités de Protection de la Révolution et de traduire ces tueurs devant la justice ! 

Il faudrait aussi signifier à Ennahdha que le recours à la violence comme à son "bon vieux temps", pour faire échouer la transition démocratique, demeurer au pouvoir pour asseoir sa dictature religieuse, va entraîner sa dissolution...


P.S: Le 23 octobre prochain, il est prévu que les tunisiens descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement vu le non-respect de la feuille de route signée le 15 septembre 2011 par treize partis dont Ennahdha et Takattol et qui limite entre autres, la durée de rédaction de la constitution à une année de son élection fixant à cette date butoir la tenue d'une nouvelle élection pour définir une nouvelle légitimité. 

Les Comités de Protection de la Révolution, sont justement en train de s'activer pour mobiliser pour mobiliser leurs hommes de main. Des affiches collées un peu partout les incitent à se rendre à l'avenue Bourguiba pour "appuyer la transition démocratique et la révolution". Ils leur fournissent même un transport gratuit ! 

Ils viendront en réalité appuyer les forces de l'ordre dans leur répression sauvage des manifestants pacifiques comme lors de la manifestation du 9 avril dont on attend toujours les résultats de la commission chargée d'enquêter sur les abus...