Les fidèles du Boukornine

lundi 28 mai 2012

Ne soyons pas injustes envers les salafistes...



On brandit à tout va l'épouvantail salafiste, on leur fait même porter le chapeau pour l'échec de la révolution et c'est encore bien si on ne leur impute pas le trou de la couche d'ozone.

Voici une analyse objective et loin de l'hystérie collective qui déforme notre raisonnement. Ce sont des constatations recueillies après un travail journalistique d'infiltration des milieux salafistes, au risque de ma vie ou pire de me faire émasculer.

Si les salafistes détruisent la bière ici et là, c'est juste qu'ils préfèrent le vin.

S'ils incendient les postes de police, c'est parce qu'ils préfèrent de loin porter les tenues militaires.

S'ils ferment les "maisons closes", c'est simplement par purisme linguistique.

S'ils imposent à leurs femmes le port du niqab, c'est surtout par dégoût vis-à-vis de la dernière collection printemps-été de Jean Paul Gaultier.

S'ils ne regardent jamais la télé nationale, c'est parce que les sites pornos ne sont pas encore censurés.

S'ils s'interdisent d'écouter de la musique, c'est qu'après avoir écouté le dernier album de la fabuleuse Emel Mathlouthi, ils ont jugé nécessaire de raccrocher les gants.

S'ils saccagent les locaux d'AlHiwar Tv, c'est parce que sur MTv, ils passent beaucoup plus de strings.

S'ils tabassent les profs de théâtre, c'est qu'ils veulent avoir le monopole de la comédie.

S'ils détestent la gauche, c'est parce qu'ils se branlent dix fois par jour avec la main droite et que pour eux, la branlette, c'est sacré.

S'ils se laissent pousser la barbe, c'est parce que de savoir que Issam Jomâa est le buteur historique de l'équipe nationale, c'est vachement barbant.

S'ils ont jeté des détritus devant les locaux de l'UGTT, c'est parce qu'ils sont de fervents défenseurs de la pluralité syndicale.

S'ils sont aussi exubérants, c'est parce que t'en connais, toi, des gens qui ne rêveraient pas de faire la une du Washington Post ?

S'ils sont la branche armée d'Ennahdha, c'est qu'en matière d'actes terroristes, le palmarès d'Ennahdha force le respect. Et eux, le terrorisme, c'est tout ce qui les fascine.

Les salafistes sont des êtres humains comme nous ! Et les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.
S'ils ont des moyens un peu bruyants de les faire savoir, peut-on vraiment leur en vouloir  ?
Saluons au passage le laxisme du gouvernement, qui a tout compris et qui respecte leur droit légitime à la diversité ! 

mercredi 23 mai 2012

C'est ça la patrie, petit...




La patrie, c'est pas vous. Vous pourriez tous partir, on sera tout aussi chez nous.
La patrie, c'est pas les plages au sable fin ni les chameaux, ni le soleil assommant qui attire encore quelques touristes.

La patrie, c'est un drapeau rouge sang centré par une étoile et un croissant ! Véritable symbole de la nation, incontestable et indiscutable. Même si le profaner est devenu un sport national et complètement impuni.

La patrie, c'est une terre féconde qui a les cheveux aux quatre vents arborant un regard serein et un sourire insolent.

La patrie n'a rien à voir avec une quelconque idéologie, un parti ou un mort-vivant que vous vénèreriez.

La patrie ce sont les vestiges des civilisations passées, les sangliers et le cyclamen du Boukornine, le phosphate du sol du bassin minier, la plage de Kelibia, le domaine de Shadrapa, les misères juxtaposées de Douar Hicher, la délinquance engagée des quartiers populaires et la faim insatiable des chômeurs perpétuels.

La patrie, c'est l'Harissa, le lablebi bel hargma et le kafteji du hattab.

La patrie, c'est les glibettes noires de préférence, noires de ressentiments, noires de révolte, noires par essence, noires de naissance.

La patrie c'est les paysages pittoresques qui ornent le pays, les détritus oubliés un peu partout qui réduisent la propreté à une légende urbaine.

La patrie c'est quand tu rentres à 2h du matin, un mardi soir anodin où tout le monde dort, et là, petit, tu verras le pays s'illuminer, tu verras que c'est trop beau Tunis. Tu te sentiras chez toi, cette plénitude, ce bonheur, cette sécurité, cette envie impérieuse de t'assoupir dans les bras de ton pays, petit, tu ne ressentiras cela nulle part ailleurs.

La patrie, c'est quand tu chiales comme une tapette alors que tu as tout pour toi. Parce qu'ils ont volé ta révolution, parce qu'ils ont confisqué ton rêve, parce que tu as vu cet SDF à qui personne n'a accordé une prime de logement de 900 dinars, parce que la liberté n'est plus qu'une chimère et parce que le terrorisme d'Etat n'a jamais été aussi révolutionnaire.

La patrie, c'est quand ta mélancolie dégoûte tes lecteurs mais que tu n'en as rien à cirer. C'est quand tu déverses ta poésie à tous les coins de rue, que tu couvres la laideur du quotidien de jeux de mots pourris et autres calembours avant de t'essuyer la gueule avec ces bouts de torchons pseudo-journalistiques.

La patrie c'est une partie enfouie en chacun de nous, un cancer metastasé qui endolorit notre quotidien et fait de nous des cas désespérément perdus.

La patrie, c'est quand tu arrives au beau milieu de ta vie, que tu te retrouves seul, sans foi ni biens, sans amis ni ennemis, sans armes ni larmes, sans volonté ni révolte puis qu'en pleine errance, tu t'abandonnes à fixer l'asphalte, que tu souris et que tu y vois un repère après lequel il ne peut y avoir d'égarement.

La patrie, petit, se résume dans son regard.
La patrie, petit, c'est quand tu t'exiles dans ses bras, que tu t'abandonnes à son sourire et que tu t'oublies à la contempler.
Un jour peut-être, tu comprendras, que la patrie, c'est elle, petit.

La patrie, on l'aime ou on la quitte et même quand on la quitte, on l'emporte avec soi, sans le vouloir, sans le savoir mais on s'en rend compte une fois, un dimanche après-midi, ennuyeux, interminable et pluvieux. Au milieu des cheveux blonds, des regards émeraude, on se dit que rien ne vaut le chaos ambiant dans une ruelle du centre-ville entre matraques d'une police sauvage, aspirations dictatoriales de ces masses appauvries, incultes et approximativement pieuses et du fricassé dont le goût et le gras sont noyés dans celui de l'harissa.
Ausculte ton cœur petit, entends-tu ces battements à un rythme effréné, petit. Au final, c'est ce qui reste de la patrie quand tout s'en va, petit...

mardi 22 mai 2012

The tunisian "Ma3dnous" dream !


On a beau dire que tout va mal dans ce pays, mais certains contes de fées qui se réalisent viennent nous rappeler qu'ici bas tout est possible et qu'il ne faut jamais désespérer !
On a souffert, des mois durant, des témoignages poignants de Moncef Ben Salem, l'actuel formidable ministre de l'enseignement supérieur, sur son passé de militant et tout ce qu'il a pu endurer par les sbires de Ben Ali.

Les années de prison, l'aliénation et surtout cette fameuse reconversion en vendeur de persil sous Ben Ali! J'en ai presque eu les larmes aux yeux !

Un savant de l'envergure de Moncef Ben Salem (L'ironie a ses limites, laissez-moi rire !) qui ne trouve aucun mal à conduire une ISUZU et à nourrir ses enfants des revenus d'un misérable étalage de légumes.
On ne peut que respecter qu'un cerveau aussi impressionnant puisse accepter de se rabaisser à suer sang et eau pour une misérable paye et une besogne aussi ingrate.

Ces dernières semaines, grand a été mon étonnement, quand j'ai appris que Oussama Ben Salem le fils de notre valeureux ministre allait lancer sa chaîne de télé, excusez du peu ! Et même qu'il a décidé de la baptiser: Zitouna TV !

Toute ressemblance avec le gendre du président déchu, Sakhr Materi est bien entendu le fruit de votre esprit mal-tourné !
On comprend mieux maintenant qu'Ennahdha à l'époque, avait félicité notre Sakhr national pour sa station coranique Zitouna Fm, ils ont simplement apprécié le nom de la station et le concept, abstraction faite de son détenteur.

Les mauvaises langues se demanderont d'où est-ce que le fils d'un opposant politique condamné à vendre du persil dans un minable étalage a pu amasser assez d'argent en quelques mois pour lancer une chaîne de télé !

A tous ces conspirateurs, RCDistes, "anarchistes staliniens" au gout immodéré pour le cocktail Molotov, on répondra que le bonheur est dans le ma3dnous ! La baraka est dans le ma3dnous ! 
Ils sont peut-être allés sur la lune mais nous avons trouvé l'antidote de la misère et de la pauvreté: Le ma3dnous !
A tous les tunisiens diplômés, laissez tomber vos études ! A tous ceux qui n'ont de quoi se nourrir ni où crécher, sachez qu'il est venu le temps pour vous enrichir !
Ruez-vous tous vers notre eldorado national: Le ma3dnous !

Tous nos remerciements vont à notre alchimiste-ministre Moncef Ben Salem, l'homme qui a découvert la formule pour transformer le persil en or ! Que serions-nous sans lui !
Et dire que les opposants qui ne sont jamais satisfaits osent encore réclamer qu'il se concentre à résoudre les problèmes de son ministère !
Il a beaucoup mieux à faire, bande d'athées maléfiques, ennemis de l'Islam ! 

mardi 15 mai 2012

Leur conception d'un Journal Télévisé "épuré"




Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, bonsoir !  
Notre ayatollah (wannabe) Rached Ghannouchi va bien. Il affiche toujours le même sourire éclatant laissant entrevoir sa superbe dentition. Il accueille toujours les visiteurs de la Tunisie comme un officiel, escorté par des agents de l'ordre que le contribuable paie lourdement et cela, dans un fabuleux amalgame parti/Etat, comme au bon vieux temps du RCD déchu! Les puristes apprécieront !
Le chef du gouvernement, notre extrêmement pieux Hamadi Jbali travaille d'arrache pied pour répondre aux attentes du peuple tunisien. Il répartit son temps entre prières, invocations et pensées profondes aux plus démunis ! Que Dieu le guide et le renforce ! Jamais cette nation ne trouvera mieux que lui pour la diriger !

En gros, tous les ministres sont magnifiques ! Ce gouvernement est indiscutablement "le plus fort de l'histoire du pays" comme l'a si bien souligné un beau jour, le tellement compétent et non moins gendre de l'ayatollah Ghannouchi, j'ai nommé: son excellence Rafik Abdessalem !
  
On destitue les gouverneurs et on en nomme d'autres, appartenant tous, simple coïncidence, au même parti au pouvoir ! 

On essaie de récupérer l'ISIE. Mais c'est pas grave, "Take it easy" !

On ferme les yeux sur les exactions des salafistes. Les tunisiens naissent tous égaux en droit, mais les barbus sont simplement plus égaux que les autres. Quel mal y a-t-il, à se faire tabasser, insulter, menacer de mort par de jolis barbus ? 
Nous sommes des frères et nos amis salafistes ont besoin de nous pour satisfaire leurs pulsions psychopathes et sauvages ! Si on ne se dévouait pas pour nos frères, qui le ferait ?!
D'ailleurs, l'Etat vient généreusement d'autoriser un parti salafiste pour accorder à nos compatriotes, un cadre dans lequel ils pourront exercer leur sadisme dans la légalité.

Depuis le glorieux 14/1/11, le chômage augmente frénétiquement, mais c'est pas grave ! 
Les miséreux se sont appauvris et les affamés ne sont toujours pas rassasiés, mais comme on s'en fout !
Les symboles de la corruption et les tueurs des martyrs n'ont pas encore été jugé, mais après tout, Dieu est miséricordieux, pourquoi ne le serions-nous pas aussi ? 

Les blessés de la révolution et les familles des martyrs sont ignorés, dénigrés par les ministres voire agressés par la police pour peu qu'ils réclament un minimum de reconnaissance. Mais ce que l'opinion publique ne sait pas, c'est que l'Etat suit le principe: "Guérir le mal par le mal" sur lequel se base l'homéopathie ! C'est de ce fait, la manière du gouvernement de panser les plaies de nos blessés, que de les ruer de coups même si cela n'en a pas l'air !  

Les opposants politiques se font sauvagement agresser pour peu qu'ils s'aventurent sur le terrain pour exposer leurs visions aux citoyens ! Mais nous pouvons dire que ce n'est que du "cinéma" car ces gens s'obstinent à "saboter ce gouvernement qui réussira malgré tout à triompher" 

La police tabasse aléatoirement des manifestants pacifiques, mais nul besoin d'en faire tout un plat. Il s'agit d'agressions "légitimes" de nos concitoyens qui veulent juste nous éduquer quand l'on s'égare ! Ils sont payés pour cela, je vous le rappelle ! 
Inutile de répondre aux mauvaises langues qui s'indignent contre l'utilisation accrue des gaz lacrymogènes ! Rappelons à ceux-là, que nous en avons un stock énorme et qui si nous ne l'écoulions pas dans des délais assez rapprochés, on dépassera la date limite d'utilisation et on serait obligés de tout jeter, ce qui serait une grosse perte pour notre Etat ! 
Il y a certes ici et là des couvre-feux, des sit-in, des désobéissances civiles, des manifestations, des jets de pierre... Mais ce ne sont en aucun des revendications légitimes. Ce ne sont que des bandes "d'anarchistes staliniens financés par des partis d'extrême gauche qui veulent semer le chaos dans le pays" ! 
"Nous en avons les preuves mais nous ne voulons pas les dévoiler pour ne pas aggraver la situation" !

Pour finir, on vous rappelle les principaux titres de notre journal: La Tunisie va bien ! Le gouvernement est "très" musulman ! Les opposants sont des mécréants qui en s'attaquant au parti au pouvoir, visent en fait l'Islam en collaboration avec la franc-maçonnerie internationale ! 

Vous pouvez désormais éteindre vos téléviseurs, reprendre une activité normale et dormir sur vos deux oreilles. Même si mourrez de faim, même si vous n'avez plus de quoi subsister et que vous vous rabattez sur ce fameux "dhalaf" comme dirait Ibrahim Qassas, ne faites surtout pas de bruit, le gouvernement travaille ! 
Maintenant, Lotfi Zitoun dormira moins révolté et nous honorera moins, Dieu en soit loué, de sa présence si élégante sur les plateaux télé !