Les fidèles du Boukornine

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samedi 27 août 2011

La police fait la loi aux urgences de Ben Arous !




Hier, le 26 août 2011, plus de sept mois après la révolution tunisienne, une semaine après le départ inopiné de Sofiene Chaâri et faut-il le rappeler, prés de deux mois après mon anniversaire, un policier a brandi son arme en direction d'un résident en médecine, pauvre "bac + 11" coupable de soigner des malades avec tout le désintéressement du monde dans des conditions inhumaines.

L'histoire s'est déroulée au trauma centre de Ben Arous à 14h.
Trois heures plus tard, je suis réveillé au beau milieu de ma sieste par un coup de téléphone. Un ami qui a été témoin de l'affaire, m'en parle, tout remonté, terrorisé même !
Je vérifie, appelle une dizaine de personnes. L'information se confirme.

Vers 14 heures, les consultants s'agitent dans la salle d'attente des urgences de l'Hôpital de Ben Arous.
Le résident d'orthopédie présent sur les lieux demande à l'agent de sécurité de faire sortir les familles à l'autre salle d'attente pour qu'il puisse examiner les patients dans de bonnes conditions.

Mais un homme habillé d'un jean et d'un tee-shirt refuse de sortir.
Devant l'insistance du "SOGEGAT" à faire appliquer la loi, il sort son flingue qu'il avait soigneusement caché, le charge et braque ces hommes en blouse blanche qui ont eu la malheur de sacrifier leurs vies pour que les citoyens se sentent bien.

"Vous faites moins les malins maintenant !  Vous voyez l'hôpital de Ben Arous ? Il suffirait que je ramène huit personnes et on le brûlera en entier bande de bâtards !"

Cependant, et comme on est dans un pays où la loi est au dessus de tout le monde, le policier rentre comme si de rien n'était.
Au départ, c'est un autre policier qui était venu le délivrer des griffes de ces citoyens "cagoulés" "sauvages" qui voulaient que justice soit rendue.
La foule s'excite, les esprits s'échauffent et on retient le policer jusqu'à l'arrivée des militaires...
Sauf que ces derniers surprendront tout le monde en laissant repartir le policier les mains détachés sans même le conduire au poste...

Esprit fraternel ramadanesque me diriez-vous ? Même si c'était le cas, laissez-moi en vomir...
Le directeur de l'hôpital est venu calmer les esprits. "C'est rien..." lance-t-il amicalement au policier cowboy à ses heures perdues.

Il y a des caméras de surveillance qui ont tout filmé. Espérons que les cassettes ne seront pas dérobées pour couvrir ces criminels !
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, le Syndicat des Internes et Résidents de Tunis a été contacté et une action serait en train d'être entreprise à l'échelle nationale.

On savait qu'il n'y avait aucune reconnaissance face à tout le mal qu'on se donne pour rendre le sourire aux corps malades.
On savait que la fréquence des agressions dont font l'objet les médecins sont en nette recrudescence.

On savait que l'unique satisfaction dans ce métier était purement morale avec les "yer7am waldik" reconnaissants de patients soustraits à la maladie et réofferts à la vie.

On ne savait tout de même pas qu'on avait le droit de dégainer son arme et de nous braquer impunément. Un insigne est-il un passe-droit ?
Il faut savoir que les médecins n'ont jamais eu de revendications sociales. On n'a demandé que la réforme de notre secteur et que ce genre d'incidents soit réprimés d'une façon exemplaire pour ne pas donner d'idées à d'autres âmes malades.

Affaire à suivre !


Mise à jour du 30/08/11: Le ministère de la santé a précisé qu'il s'agissait d'un agent des services pénitentiaires, que les militaires ont "maitrisé la situation" et qu'une plainte a été déposée par la direction générale de l'hôpital.


Suffisant dîtes-vous ? Laissez-moi rire ! 

samedi 7 mai 2011

Je suis un témoin oculaire d'une Tunisie qui brûle...









J'étais au Centre-Ville aujourd'hui. 
J'ai la tristesse de vous annoncer solennellement que ce pays  brûle. 
Pourtant, j'ai une réputation de grand con d'optimiste, même quand ça va mal, avançant quoiqu'il arrive que "Lébés"...

J'ai vu des hommes indignés de la sauvagerie dont ils ont fait l'objet hier. 
J'ai vu des fonctionnaires de l'état dévoués à la cause du citoyen, prêts à leur fournir en abondance un gaz qui va droit au coeur au point de provoquer un larmoiement ému et sincère.


Des attroupements par ci, par là. Des jeunes surtout et des beaucoup plus jeunes. Certains serrant des pierres dans les mains, d'autres justes effarés de voir leur Tunisie sombrer et leur révolution violée en public.

J'ai vu une police concentrée sur l'avenue Habib Bourguiba mais qui menait à chaque fois un assaut sur une des rues avoisinantes, violentant tout ce qui bouge avec une barbarie inouïe. 
J 'ai vu aussi pour être honnête, des manifestants qui les provoquaient. 
J'ai vu des visages angéliques et d'autres balafrés. J'ai vu des femmes, des enfants, des voilées, des sexys, des pauvres, des riches. 
J'ai vu un pays sous le choc. J'ai vu un peuple qui pleure à pleine voix sa peine d'être toujours de la chaire à canon pour ces politiques véreux attablés dans un resto chic qui se partagent sans aucun scrupule les tranches d'une pizza succulente nommée Tunisie en se foutant royalement des pions qui esquivent les tirs de bombes lacrymogènes sur lesquels il y a écrit en gras: MKII-560CS à croire mes yeux.

Des yeux baignés de larmes. Des larmes meurtris de ce mélodrame qui dure, de ce rêve qui foire à coup sûr. 
La liberté chez nous a eu une sacrée odeur lacrymogène. 
Le rêve chez nous a massacré les ambitions sans gêne. 
La trêve chez nous n'aura duré que le temps qu'on nous morigène.

Dans un des assauts de la police en notre direction, et nous étions au niveau de la zone du passage de Tunis, j'ai couru à n'en plus finir, à ne plus sentir mes jambes. 
Courir non pas pour fuir ni pour en finir. Courir pour aller de l'avant, courir vers l'avenir. 
Avec un présent qui cale et un passé loin de me convenir. 
Je suis rentré certes, mais je compte bien revenir. 
Demain, après demain hantant les pas des inhumains. 
Le thorax exposé, les mains nues, les idéaux apposées sur mes lèvres charnues.

Ma Tunisie, si une bombe lacrymogène venait à percuter mon crâne, m'ôtant la vie au passage, saches que ton amour survira à mon âme. Quand je serai charogne, que les insectes nécrophages se régaleront de ma trogne, je garderai toujours ma main sur ta joue déposée et la tête sur ton épaule adossée. 

D'ici là, dors bien. On ne mourra pas aujourd'hui, peut-être un peu demain. Mais je resterai à jamais face à ta splendeur un éternel gamin qui s'émerveille de ton sourire à l'odeur du jasmin...

vendredi 6 mai 2011

Silence, ça réprime !



Hier je me suis réveillé avec du sel dans la gorge. Farhat Rajhi nous a gratifié de bombes nucléaires en guise de déclarations. Tout y va: "Gouvernement de l'ombre", "Rchid Ammar prépare un coup d'état si Ennahdha remporte les élections", "BCE a menti à propos de ma démission"...

Le matin même, Rajhi parle sur les ondes d'Express FM pour dire qu'il est sûr de ces propos, qu'il savait qu'il était filmé et qu'il persiste et signe. 
La Tunisie s'embrase, le calme précaire devient vacarme austère ou simplement chaos, si tu préfères. Mais que dire que faire ? 

On craint le vendredi de la colère. On craint les rayonnements solaires. On craint la jeunesse qui a du flair. La liberté étant un acte pervers. On le matraque et on le classe dans les faits divers. C'est le prestige de l'état qui le requiert.
Sur les activistes, l'étau se resserre. On les éviscère. On les incarcère. On les traite comme un cancer. 

Rajhi se rétracte. "C'étaient des suppositions, vous dis-je. On m'a piégé"
Héros de la nation ? Faussaire ? Irresponsable ? Maladroit ? 

Le fait est là que le peuple n'a plus confiance en ce gouvernement pour qui la justice n'est pas une priorité. 
Plus d'une centaine de magistrats véreux sont encore en poste. La Tunisie ne fait pas d'efforts pour récupérer son argent ici et là. 

Pendant ce temps là, à l'avenue Habib Bourguiba, sous une journée ensoleillée, une foule se rassemble, "A bas Sebsi ! A bas le gouvernement " crient-ils. 
On prendra tout de même le temps de leur répondre un à un en les caressant avec des matraques fraîchement débarquées de nos pays amis. Mais si la police est sadique le peuple n'est pas maso. 
Problème ? 
Non ! répondis-je ! 
Pour émouvoir la foule rien de tél que les gaz lacrymogènes. On aurait pu leur lire le conte de ce peuple mort pour sa dignité et sa liberté pour susciter leurs larmes mais ce serait trop long.

Puis, des journalistes passés à tabac. Des méthodes qui font un tabac. Le local de la presse violé par la BOP.  Des appareils photos confisqués ou cassés.  Des arrestations à l'aveugle...

"Non, merci !
Je ne veux pas de café. 
Les excitants irritent mes nerfs..." 

Dure journée... 
Et dire que c'était mon premier jour de congé depuis trois mois de dur labeur. 
Une révolution 2.0 serait-elle en train de voir le jour ou peut-être ne seraient-ce que les derniers soubresauts d'un peuple qui rend l'âme. 

Toujours est-il, Sebsi et cie, que la répression n'a jamais été la solution pour museler notre peuple ! ZABA l'a appris à ses dépens. Combien faudrait-il que vous nous frappiez de plein fouet avant de comprendre que mis à part les bleus que vous nous causez, c'est toute notre dignité que vous bafouez. 
Toutes les polices du monde me révoltent, sauf le Times New Roman, d'ailleurs j'utilise le Verdana ! 

"Aujourd'hui, c'est donc le vendredi.
Demain, ce sera le samedi. 
Je prendrais du thé, w bagla liha" 


jeudi 28 avril 2011

A quoi joue la police tunisienne ?



La police tunisienne a tabassé, assassiné, humilié, épié, fiché, surveillé, transgressé les lois et commis des abus à tout va durant l'ère du président déchu.

Pourtant, ils ont été les premiers à récolter les fruits de la révolution tunisienne.
Ils ont gagné à être syndiqués. Ils ont obtenu une augmentation de salaire très significative. Ils ont bénéficié de mesures exceptionnelles d'amnistie pour les policiers qui ont été injustement écartés. Mis à part quelques rarissimes cas d'agents qui ont été jugés, la majorité écrasante n'a pas été inquiétée.

Pourtant ce sont leurs brodequins qui ont écrasé les boites crâniennes des tunisiens depuis des décennies !
Les bourreaux de ce peuple, ceux qui n'ont pas hésité une seule seconde à tirer sur leurs compatriotes, sont désormais les heureux bénéficiaires d'une récolte qu'ils ont tenté par tous les moyens de détruire.

J'ai déjà dans un récent billet (cliquez ici) reconnu qu'il n'était pas de tout repos d'être policier à l'heure qu'il est dans ce pays où tout est hors de contrôle.
Cependant, aujourd'hui il me parait évident que cette police faillit à sa mission.
Ces citoyens assermentés pour servir leur patrie font désormais dans la surenchère sans aucun scrupule.
On l'a vu notamment pendant le match qui a opposé le CAB au CSS et qui s'est terminé en catastrophe avec pour déclencheur, la fuite des policiers.

Des blogueurs sont passés à tabac pour peu qu'ils aient la mauvaise idée de couvrir un évènement pacifiste, légitime et spontané d'un peuple qui a offert son sang en échange de sa liberté de penser, de s'exprimer et de manifester.

Cette même police devient tout à coup bienveillante quand il s'agit de manifestations de RCDistes qui réclament leur réhabilitation et leur refus d'une exclusion collective.

Des vieux réflexes qui trahissent l'ancienne architecture du pouvoir en Tunisie ? Les dogmes selon lesquels l'état c'est le RCD, que l'état c'est la police et que par conséquent la police c'est le RCD ?

Ces derniers jours la police multiplie les grèves et enchaine les manquements à leurs obligations.
Pour une fois bon sang, agissez en tant qu'Hommes et arrêtez d'exister en tant qu'animaux féroces sans discernement ni foi ni loi. Prenez exemple sur la bravoure et la dignité du peuple tunisien dont vous faites à priori partie.

vendredi 8 avril 2011

La police tunisienne, d'un bourreau à un "héros" !





J'ai toujours haï la police de toutes mes forces du jour où du haut de mes dix ans, je me suis pointé avec un ami qui venait s'enquérir sur la disponibilité de sa carte d'identité nationale, dans le commissariat d'Hammam-Lif. A ce moment là, un policier m'a pris à partie gratuitement évoquant mon dieu et celui de toute ma famille dans des termes d'une violence inouïe insupportables pour l'âme innocente que j'étais.

Je les percevais comme des délinquants qui poursuivaient d'autres délinquants sauf que les premiers ont des insignes et ont le pouvoir d'incarcérer les seconds pour des crimes pour lesquels les premiers ne sont pas passibles d'emprisonnement.
S'ils retrouvaient un citoyen en train de se bourrer la gueule, ils lui confisquaient tout l'alcool qui était en sa possession, ils se le partageaient, le buvaient illico devant ses yeux attristés avant de briser les bouteilles vides devant ses yeux et de repartir pour de nouvelles "rezzia".

S'en est suivie des dizaines d'injustices dont j'étais témoin me révoltant à chaque fois, faisant de ma chanson préférée celle de Cut Killer et des NTM qui était présentée en vedette dans la bande originale du film français mythique: La haine !








Les évènements de Rdeyef puis de Sidi Bouzid n'étaient pas vraiment le meilleur choix pour cirer l'image d'une police répressive, véritable bourreau d'un peuple sans défense usant de balles réelles comme on fume des cigarettes, ne discutant aucunement les directives qui demandaient pourtant l'extermination du peuple dont ils font partie au profit du pouvoir en place qui les martyrise pour quelques misérables dinars.

Aujourd'hui encore, je garde des séquelles de ma haine enracinée pour les hommes en noir, figure de proue d'un ministère passé maitre de renommée mondiale dans le domaine de la torture.

Cependant, je me dois de me faire l'écho de ce que je vois aux urgences de l'Hôpital Charles Nicolle en toute honnêteté.
Je vois des policiers tabassés pour avoir fait leur boulot à savoir protéger le citoyen des malfrats et des abus. Je vois des policiers qui se font amocher par des bandes organisées parce qu'ils veillent sans tricher sur le droit du tunisien de dormir sur ses deux oreilles.
Je vois des hommes stressés, des hommes qui ont peur pour leurs vies, des hommes dont les regards en disent long sur leur effroyable quotidien mais des hommes qui font leur boulot consciencieusement et des hommes entièrement dévoués au service de la nation.
Rien que durant les derniers évènements de Beb Dzira, des dizaines de policiers ont été blessés avant de contrôler totalement la situation.

Je ne vais pas dire que ce sont des anges, loin de là, mais qui d'entre nous peut bien se targuer d'être exempt de tout reproche ?!

Il existe encore des abus perpétrés par la police. Il existe encore des policiers corrompus comme partout dans le monde, peut-être plus et peut-être moins. Toutefois, aujourd'hui, être policier est devenu un métier horrible, un métier héroïque, un métier noble d'autant plus qu'en post-révolution, la période anarchique habituelle où les braquages et la criminalité en général semble atteindre des sommets.


La peur du gendarme est un mal nécessaire, c'est une constatation inévitablement évidente. C'est une notion incontournable pour retrouver la fameuse "autorité de l'état" que nous répète à chaque fois notre papi à nous, Beji Caïd Sebsi, pour que la vie de tous les jours reprenne enfin, un cours normal.

Il faut tout de même qu'il y ait des structures sérieuses et intègres de surveillance des éventuels abus de la police, parce qu'il ne faut pas être émotif à en perdre la raison. Une rechute peut-être envisageable, ou peut-être serait-elle en cours et nous devons impérativement être armés comme il se doit pour y faire face.


P.S: Pour ce qui est de la police politique et de la DST, c'est un tout autre sujet...