Les fidèles du Boukornine

mardi 13 septembre 2011

La révolution médicale, c'est pour très bientôt !




Je suis un jeune interne en médecine révolté par l'état des lieux de ce secteur pourri jusqu'à la moelle !

De jeunes internes, comme moi, sont en train d'être sauvagement agressés tous les jours dans les différents centres de soins du pays dans l'indifférence la plus totale.

Un policier qui brandit son arme sur les résidents et internes à Ben Arous, un patient qui défonce la gueule d'une résidente aux urgences ORL de l'hôpital Charles Nicolle, une interne qui à défaut d'un coup de pouce reçoit des coups de poing aux urgences de la Rabta, une interne qui frôle la mort de justesse lors d'une agression au CAMU, une interne et une résidente férocement pris à partie par une patiente au service de gynéco de Ben Arous.... Et j'en passe !

Tous ces évènements ont eu lieu il y a moins de deux semaines.
La violence est notre pain quotidien.
Tous ces incidents ont eu lieu sans que des poursuites ne soient engagées et dans la parfaite insouciance de nos seniors qui se disent pourtant affectés mais qui reprennent, après un léger soupir, le cours normal de leurs vies.

On est des êtres vivants ! Si c'étaient vos gosses qui se faisaient tabasser vous feriez quoi dis-donc ?!
On est arrivé à un point où les victimes de ce genre d'agressions ont honte d'en parler ou de porter plainte.
Je me suis déplacé à maintes reprises pour parler avec des confrères et des consoeurs qui ont été violentés et je puis vous dire que c'est la loi du silence.
Il n'y a pas de honte à réclamer son du  ! Il n'y a pas de honte à gronder pour exiger que notre dignité ne soit plus bafouée, d'autant moins avec si peu de scrupules et tellement d'impunité !

J'ai déjà publié sur ce blog la vraie histoire de l'incident de Ben Arous. (Cliquez-ici ) Depuis j'ai été contredit par les mensonges du torchon électronique "Attounissia" et par un communiqué du ministère (cliquez-ici).

Après quelques jours le ministère appelle, je cite: "les citoyens à aller protéger les centres de soin" (cliquez-ici) et puis, le conseil de l'ordre, plongé depuis je ne sais quand dans un mutisme inquiétant nous pond un communiqué qui condamne très timidement les faits alors qu'ils devraient penser sérieusement à s'alarmer !

On se moque de nous.
Les seniors sont vautrés tranquillement dans leurs fauteuils moelleux, bien au chaud alors que nous risquons quotidiennement nos vies. Ils se contrebalancent de ce que nous indurons.

Le ministère s'en fout royalement si tu te fais tuer dans l'exercice de ton métier. Au pire, il sortira un communiqué où il présente ses "sincères condoléances" à ta famille qui aura perdu un enfant qu'elle n'a pas vu grandir parce qu'il était trop occupé à préparer ses innombrables et interminables examens !
De toute façon le climatiseur marchera toujours dans les bureaux, le jeu solitaire sera toujours d'actualité, on se tournera toujours autant les pouces et la terre continuera de tourner !

Personnellement, j'ai été victime plusieurs fois aux urgences de menaces de mort sans que personne ne bouge le petit doigt.
Etant un enfant de la banlieue sud au sang chaud de nature, à la culture populaire et au verbe acerbe, j'ai su en venir à bout tout seul comme un grand avant d'initier une grève qui aurait pu me coûter très cher, en désertant les urgences appuyé par une pétition de plus de trois cents signataires.
C'était en solidarité avec une amie, interne, qui s'était faite gifler par une patiente sans que l'interne en question n'ait pu porter plainte. (Menaces, pressions...) (Cliquez-ici)

Aujourd'hui, il n'est plus question de se taire ! Il faut employer les grands moyens !
Jeunes médecins, l'heure est grave !
Si aujourd'hui c'est ton confrère qui mord la poussière, demain ce sera ton tour ! Si tu ne te bouges pas le cul maintenant, personne ne viendra te porter secours quand on te fracturera le mandibule à coups chaises qui volent et de tables qui se déposent sur ton faciès !

Le Syndicat des Internes et Résidents de Tunis organise une AG ce mercredi à l'amphithéâtre du service de médecine légale de l'Hôpital Charles Nicolle pour discuter d'une éventuelle action commune. (Cliquez-ici)

Dans notre secteur, il y a plus d'un problème. La pourriture est telle qu'on se demande si c'est récupérable. Mais rassurez-vous, on ira jusqu'à l'amputation, si tel est la volonté divine.
On est les seuls à pouvoir révolutionner notre secteur. Assumons notre responsabilité historique !
Pour l'heure, il y a extrême urgence aux urgences !
Commençons par le plus élémentaire à savoir réclamer des conditions de travail dignes...
Le combat continue mais la révolution est en marche !



1 commentaire:

Red Lord a dit…

Moi qui était dans l'euphorie post révolutionnaire, je dois dire que ceci m'a violemment remis les pieds sur terre, lamentable comportement de nos concitoyen. Mais le pire c'est évidemment la passivité complice des forces de l'ordre qui, quand il s'agit de protéger le citoyen est au abonné absent, mais qui sont les premiers à donner des coups de matraque dans une manif bien gazée après avoir pleurniché la veille pour qu'on leur pardonne!