Les fidèles du Boukornine

lundi 5 septembre 2011

Dans mon pays, il fait noir...









Il y a des mots balbutiés dans le noir, dans la douleur, au beau milieu d'une beuverie, avec les yeux qui pétillent, fixant une étoile précisément comme pour y accrocher l'infime espoir restant après que les immenses rêves se soient écartelés par les manigances des contre-révolutionnaires.

Ne m'en voulez pas si ce soir, j'ai juste envie de partager avec vous ces larmes, d'un gosse qui se réveille pour trouver qu'on vient de lui voler le joujou pour lequel il vivait, le mien s'appelle liberté.

Vous avez envie de partir ? Trop de pudeur pour partager tout ce désarroi avec un blogueur que vous ne connaissez même pas ? Restez quand-même.
On croit connaitre des gens qui s'avèrent au bout de quelques années comme étant de parfaits inconnus, alors de grâce arrêtez de tergiverser !

Je veux rendre hommage à ces soirées passées à sécuriser nos quartiers dans un froid de canard au péril de nos vies pourtant loin d'être miséreuses. Il faisait tout noir, mais nos visages étaient illuminés !
Quand je postillonnais, le poing levé, élevant la voix pour expliquer ce que je connaissais de la politique et des différentes révolutions qu'a connues l'humanité à ces jeunes incultes qui m'entouraient avec leurs regards intéressés, quand je chantais à pleine voix dans la rue, quand on partageait au delà des repas, des jus préparés à la maison, ces accolades fraternelles avec des gens que tu n'osais même pas saluer la veille.
Quand on sortait manifester dans les rues lacrymogènes de Tunis, ce centre-ville qui fut et restera à jamais mon plus grand amour, pour y avoir passé une très belle adolescence.
Quand du temps de Ben Ali, je rentrais le soir de mes aventures rocambolesques tunisoises matinales, pour regarder le ciel, l'étreindre et l'implorer avec insolence et piété. Comme pour lui dire que de toute façon on y arrivera, avec ou sans lui...
Quand on rêvait de mourir en martyrs pour la liberté.
L'univers entier nous enviait nos rêves insouciants, notre fougue incommensurable et notre effroyable sens du sacrifice, prêts à dévorer toute entrave à notre révolution.

Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec des braquages à tous les coins de rue, à toute heure, des forêts qui ont cette formidable aptitude à l’auto-combustion simultanée, ces barbus qui imposent à des gens tolérants et ouverts depuis des siècles des lois venues de pays où l'on ne vit pas, ces policiers réservés exclusivement à la répression des manifestations légitimes et pacifiques et ce tribalisme qui éclate et s'estompe comme par magie par ci et par là comme pour nous sommer de calmer nos ardeurs, de baisser nos pantalons et de revenir dans nos tanières et de laisser les corrompus et les truands achever notre "révolution" sous les acclamations de la "majorité silencieuse" qui nous qualifie de délinquants.

Aujourd'hui, avec cette âme de révolutionnaires en herbe arrivée à bout de souffle, mordant la poussière, ne se levant plus que pour mieux trébucher, laissez-moi pleurer.
Parce que les hommes pleurent, de ces larmes qu'il serait criminel de brimer, ces gouttelettes qui s'insinuent pour creuser un visage à la mimique figée, sous le regard compatissant de cette étoile à laquelle on s'agrippe pour ne pas sombrer.


Sous les murs de ma ville sainte assiégée, de ma Jérusalem encerclée, de mon Andalousie attaquée, de ma défaite annoncée, de ma fierté submergée, de ma liberté bâillonnée et de ma dignité massacrée.
Mon âme pleure des larmes d'hommes, une tristesse de guerriers dont la témérité n'est plus à prouver, doués d'une persévérance à toute épreuve.
Dans mon silence, dans ma solitude, surgit ma haine farouche des journalistes et des politiciens à qui le peuple a offert un cadeau aussi inespéré qu'immérité.
Trop occupés à faire chanter les hommes d'affaires pour les premiers et le pauvre peuple malheureux pour les seconds, ils nous ont abandonné une énième fois. La fois de trop...

J'entends les bombes pleuvoir de toute part, les femmes crier et les enfants pleurer. Je vois des hommes fuir en toute lâcheté.
Je n'ai pas peur, j'ai juste une douleur qui m'afflige.
Je ferme les yeux, étend mon index et récite l'attestation de foi, me lève vaillamment, regarde une dernière fois mon étoile qui scintille et court vers ma destinée.
Ils veulent ma liberté, ils veulent mon droit de rêver.
Ils devront me passer sur le corps... 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

dans ton pays il fait noire parce que les usa et les islamistes sont mains dans la main et tous ça graçe à monsieur le président du csid mr :redwan masmoudi ,c'est fini les rêves ont est pas capablent de vivre en liberté ,avant c'était les trabelsi et ben ali et maintenant si l'islamisme et les americains ,pauvre tunisiens ,votre destin est de vivre sous une dictature.......