Il est temps de dormir.
Mais comment fermer l'oeil quand ta terre fraîche agonise ?
La dictature te souhaite la bienvenue.
Les assoiffés du pouvoir sont tous aux aguets pour violer ton histoire, la dignité de ton peuple, sous-couverts de la religion, un viol qui se veut halal.
Tunisie, je t'ai sous la peau, je t'ai dans mes sanglots, dans mes rêves et mes réveils difficiles.
Tunisie, je t'ai dans mes frissons, dans mes larmes et quand je trébuche.
Tunisie, j'ai le nez qui coule et le navire de mes utopies qui fait naufrage.
Tunisie, je ne te demande rien, juste le soin de porter haut ton étendard.
Tunisie, je ne crois pas en l'euthanasie, je crois en un Tout-Puissant, je crois en son pouvoir à assurer ta résurrection.
Tunisie, on parle déjà de censure, de népotisme et d'ingérence.
Tunisie, de ta révolution populaire pour la liberté et la dignité, il n'en est foutrement rien !
Tunisie, tes pauvres meurent encore de froid, tes chômeurs se tournent encore les pouces, tes damnés sont plus que jamais regardés de travers et tes marginaux encore oubliés.
Tunisie, tu ne t'en es toujours pas remise de tes anciennes blessures que tes vieux démons resurgissent pour t'asservir à nouveau.
Tunisie, je ne suis qu'un coeur, que deux poumons et qu'un seul et unique foie. Mais j'ai foi en toi, en ton peuple si "stupide" soit-il comme dirait Taoufik Ben Brick de voter délibérément pour sa prochaine dictature.
Tunisie, je dors chaque soir sur l'espoir de te voir heureuse et je me lève tous les matins sur la douloureuse désillusion de te voir prise dans les mailles des mêmes filets qui t'ont paralysé autant de décennies.
Tunisie, je ne m'en irai la conscience tranquille que lorsque je t'aurais offert mon âme et mon corps et tout ce que j'aurais économisé jusqu'ici.
D'ici là dors sur tes lauriers ! Je veille au grain pour que personne ne touche à un poil de ton histoire, de ta civilisation et de ta formidable présence.
Tunisie, quel sort m'as-tu jeté pour que je ne puisse voir qu'à travers tes yeux ? Respirer que par tes arbres perchés ? et m'exprimer qu'à travers l'harissa avec laquelle tu m'as gavé ?
Quel qu'il soit ne m'en exorcise pas, de grâce ! Combien d'Hommes payeraient de leurs vies pour vivre le centième de mes émois !
Je prend Dieu à témoin, je t'aime de ta Bizerte à ta Borj El Khadhra ! De ta Gammarth à ta Cité Ettadhamen ! De tes bourgeois hautins à tes miséreux condamnés à avoir faim et froid !
Je ne sais pas si cela t'importe ou te procure-t-il une quelconque satisfaction, je sais seulement que tu es belle, que tu coules dans mes veines et que ton adoration est jouissive.
Dors bien ! Fais de très beaux rêves de dignité, de liberté et de démocratie ! Je garde l'oeil pour mordre jusqu'à la moindre intention malveillante.