Les fidèles du Boukornine

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vendredi 20 avril 2012

La fleur au fusil...



La tête creusant l'oreiller, obscurité et yeux fermés. Les idées se bousculent dans ma tête, aucune envie de dormir.
Je pense aux mères des martyrs qui n'ont toujours pas séché leurs larmes et fait leur deuil. Je pense à leur bourreau qui a étranglé sa conscience et qui ne doit pas avoir de problèmes d'endormissement.
Je pense aux blessés de la révolution, menés en bateau par les promesse électorales des partis hypocrites qui se sont servis d'eux avant de les lâcher sans se poser de questions et à les tabasser pour peu qu'ils réclament d'être soignés.
Je pense aux jeunes de Cité Mallaha, de Om Laârayes, de Rdeyef, de Menzel Bouzayene et au calvaire qu'ils vivent quotidiennement sans que personne ne semble s'en incommoder. Quand ce sont les miséreux qui pâtissent de la répression, on n'en discute pas à l'assemblée constituante, on n'en discute pas dans la rue, ni dans la presse. On se contente de les qualifier de bandits qui auraient reçu juste ce qu'ils méritaient sans vérifier leur version des faits.
Je pense à ces pauvres policiers endoctrinés qui terrorisent le peuple dont ils sont les enfants.
Je pense aux affamés toujours pas rassasiés, je pense aux chômeurs toujours sans issue.
Je pense à une révolution détournée par les profanateurs de l'Islam.
Je pense aux partis politiques aveuglés par leur insatiable rêve d'arriver au pouvoir. Je pense à cette opposition limitée, désespérante, décimée et à leur ingéniosité dans la médiocrité en inventant à chaque fois une nouvelle raison pour nous déprimer.
Je pense au parti Ennahdha, à son népotisme halal, à son projet diabolique dont il se cache à peine, à ses tendances dictatoriales avérées, à ce gouvernement d'incompétents et aux gens qui les défendent aveuglément.
Je pense à la liberté d'expression acquise au prix du sang et à sa précarité. Je pense à toutes les menaces qui la guettent, à tous ces ogres qui ne rêvent que de la dévorer.
Je pense à la désillusion révolutionnaire. Je pense au tourisme en crise. Je pense aux salafistes, véritable branche armée d'Ennahdha qui ne font du bruit que lorsque le gouvernement est sous pression pour détourner les regards de l'opinion publique des vrais problèmes. Je pense à leur impunité troublante et à leurs exactions moyenâgeuses.
Je pense à tous ceux qui rêvent de quitter le pays sous prétexte que le navire est en train de couler, alors que le navire, c'est nous...
Je pense à Rafik Bouchlaka et à son incompétence légendaire et à ses connaissances primitives en géographie. Je pense à Marzouki et à toutes ses convictions qu'il a défendu pendant des années avant de les abandonner pour un minable poste aux prérogatives de concierge. Je pense à Rached Ghannouchi qui dicte à l'état la voie à suivre en parfait amalgame parti/état comme au bon vieux temps avec ZABA et le RCD.

Je pense à la Femme tunisienne, menacée mais plus que jamais libre. Je pense à ces jolies demoiselles qui sont aux premières lignes dans les manifestations et que les coups de matraque n'arrivent à dissuader de s'élever pour leurs droits.

Je pense à nous dans cinquante ans, toujours la même révolte dans l'âme, que l'on soit vivant ou six pieds sous terre. Je pense à la peur qui nous a quitté à jamais, laissant place à une infaillible abnégation et à une détermination à toute épreuve.

Comment exiger de Morphée de me soustraire à ce tsunami délirant ?
La nuit sera longue. Mais au final, nous sommes là, le poing serré, le moral comme au premier jour de lutte, la fleur au fusil, prêt à se battre au quotidien.
Encore mieux que la liberté, beaucoup plus hallucinante que la LSD, nettement plus euphorisante que le cannabis, la libération est une aubaine pour les âmes rêveuses. Révoltons-nous ! Indignons-nous ! Demain nous appartient... 

vendredi 23 décembre 2011

Monologue d'un condamné à aimer son pays à perpétuité




Il est temps de dormir.
Mais comment fermer l'oeil quand ta terre fraîche agonise ?
La dictature te souhaite la bienvenue.
Les assoiffés du pouvoir sont tous aux aguets pour violer ton histoire, la dignité de ton peuple, sous-couverts de la religion, un viol qui se veut halal.
Tunisie, je t'ai sous la peau, je t'ai dans mes sanglots, dans mes rêves et mes réveils difficiles.
Tunisie, je t'ai dans mes frissons, dans mes larmes et quand je trébuche.
Tunisie, j'ai le nez qui coule et le navire de mes utopies qui fait naufrage.
Tunisie, je ne te demande rien, juste le soin de porter haut ton étendard.
Tunisie, je ne crois pas en l'euthanasie, je crois en un Tout-Puissant, je crois en son pouvoir à assurer ta résurrection.
Tunisie, on parle déjà de censure, de népotisme et d'ingérence.
Tunisie, de ta révolution populaire pour la liberté et la dignité, il n'en est foutrement rien !
Tunisie, tes pauvres meurent encore de froid, tes chômeurs se tournent encore les pouces, tes damnés sont plus que jamais regardés de travers et tes marginaux encore oubliés.
Tunisie, tu ne t'en es toujours pas remise de tes anciennes blessures que tes vieux démons resurgissent pour t'asservir à nouveau.
Tunisie, je ne suis qu'un coeur, que deux poumons et qu'un seul et unique foie. Mais j'ai foi en toi, en ton peuple si "stupide" soit-il comme dirait Taoufik Ben Brick de voter délibérément pour sa prochaine dictature.
Tunisie, je dors chaque soir sur l'espoir de te voir heureuse et je me lève tous les matins sur la douloureuse désillusion de te voir prise dans les mailles des mêmes filets qui t'ont paralysé autant de décennies.
Tunisie, je ne m'en irai la conscience tranquille que lorsque je t'aurais offert mon âme et mon corps et tout ce que j'aurais économisé jusqu'ici.
D'ici là dors sur tes lauriers ! Je veille au grain pour que personne ne touche à un poil de ton histoire, de ta  civilisation et de ta formidable présence.
Tunisie, quel sort m'as-tu jeté pour que je ne puisse voir qu'à travers tes yeux ? Respirer que par tes arbres perchés ? et m'exprimer qu'à travers l'harissa avec laquelle tu m'as gavé ?
Quel qu'il soit ne m'en exorcise pas, de grâce ! Combien d'Hommes payeraient de leurs vies pour vivre le centième de mes émois !
Je prend Dieu à témoin, je t'aime de ta Bizerte à ta Borj El Khadhra ! De ta Gammarth à ta Cité Ettadhamen ! De tes bourgeois hautins à tes miséreux condamnés à avoir faim et froid !
Je ne sais pas si cela t'importe ou te procure-t-il une quelconque satisfaction, je sais seulement que tu es belle, que tu coules dans mes veines et que ton adoration est jouissive.
Dors bien ! Fais de très beaux rêves de dignité, de liberté et de démocratie ! Je garde l'oeil pour mordre jusqu'à la moindre intention malveillante. 

dimanche 14 août 2011

Klem Ellil



Je prends mon stylo, pose des mots sans fin, évoque des maux et une faim.

Une fin malheureuse, une fin inopinée, un amer passage obligé pour les âmes en détresse, pour les âmes qui souffrent d'une insatiable paresse, d'une douloureuse absence d’allégresse.

C'est dans la solitude que l'homme devient désespérément créatif. Pourtant, c'est mélangée à ses larmes, que l'homme déverse une poésie d'une infinie puissance, d'un infini courage, d'une sincérité déconcertante, d'une beauté désarmante.

C'est la mort qui donne à la vie tout son charme.
la paix n'est-elle pas autant convoitée par la ménagère de cinquante ans que par le trafiquant d'armes ?
le doute ne trouve-t-il pas son bonheur dans la certitude ?
les courbes de la vie ne se vautrent-elles pas dans la monotonie de la rectitude ?

C'est le doux spectacle des corps déchiquetés d'insurgés morts à la gloire de leur étendard, des têtes décapitées, des membres désarticulés et des testicules délogés qui nourrissent l'abnégation des survivants, leur désir de mourir comme leurs congénères pour l'amour de valeurs désuètes mais ô combien séduisantes.

Il faut dire à l'amour d'arrêter de mentir et de stopper les tirs.
Il est temps que s'arrête la mort et que l'on commence à bâtir.
Il faut évacuer les survivants et réciter des versets à la mémoire des âmes dans le vent.

Le monde part en couille, les corps sont paralysés par la trouille et les idées brillantes usées par la rouille.
Où sont-ils à présent ces chevaliers, ces preux ? Ils ne nous ont laissé que leurs chevaux lépreux...

Il faut dire à la vie, qu'avec ses malheurs, elle nous ravit. Elle nous ravive. Elle nous enivre. Elle nous lessive.
Il faut dire à la vie, que demain nous vaincrons, que demain, du moins, nous irons mieux. Nous sortirons dans les rues, nous danserons sur des airs qu'on connaissait pas. Nous sauterons plus haut que ne le voudrait la gravité. Nous sauterons plus que ne l'impose la gravité de la situation.

Ne jamais perdre espoir, prendre son temps et croquer jusque dans la troisième poire. Se dire que peu importe si ça foire. Puisque finalement, tout sera oublié avant que ne s'achève le soir.


mercredi 6 juillet 2011

Texte orphelin







J'écris un texte sans cause à défendre, sans violence à prétendre, sans mains tremblotantes à tendre.
Un texte qui a la gorge serrée, un texte obnubilé d'avoir trop bu, d'avoir trop pleuré de n'avoir pas assez ri.
J'écris pour une révolution certes volée, violée, traînée dans la boue ou traînée tout court. Mais une révolution quand-même.
J'écris pour des mères qui ont enterré des enfants polis, turbulents et innocents. J'écris pour un drapeau flottant très haut à qui on a voulu faire goûter la poussière au nom de je ne sais quel dieu dans je ne sais quelle mythologie.
J'écris pour des partis politiques calculateurs et pourris, pour les partis pris, les partis trop tôt et les menés en bateau.
J'écris pour ceux qui en chient mais qui sourient, pour ceux qui triment et qui préfèrent le système D au système D' (déprime)
J'écris un texte où les idées fusent. Un texte rédigé sans muse et sans ruse. Un texte orphelin mais un texte heureux. Un texte prosaïque mais que la poésie courtise. Un texte sans nom qui ne cherche pas à ce qu'on le baptise.
J'écris indifféremment, le malheur de la flottille, la solitude d'une étoile esseulée qui brille et la grandeur d'un sourire arboré par une femme infidèle qu'on lapide.
J'écris les pas des amputés, la musicalité perçue par la surdité et le bonheur d'être un enfant maltraité.
J'écris les rêves d'un patient du service de réa de Charles Nicolle trop jeune pour mourir mais trop vieux pour s'en sortir.
Je crie avec de la craie de pacotille des mots qu'on balbutie sans comprendre l'algorithme adjacent ni pourquoi j'ai utilisé "adjacent" ni pourquoi dans la légende spartiate il y avait exactement trois cents, ni le mystère de la douleur que l'on  ressent.
Je crie mon exil dans ma patrie. Je crie mais de loin on voit que je ris.
Je crie ya msafer wahdek de AbdelWaheb et puis je dors.
Bonne nuit.


dimanche 21 novembre 2010

La chronique du prolétaire (Premier Volet)




Se lever du mauvais pied à l'heure où même les lève-tôt dorment encore, avec d'atroces maux de gorge, une fièvre et un écoulement nasal purulent...
Avoir envie de troquer son âme avec une minute sommeil en plus. Mais avoir aussi la présence d'esprit pour comprendre qu'une minute de sommeil de gagnée n'est en fait, qu'une simple et minable soixantaine de secondes.

Prendre son mal en patience. Taire ses maux à coups de "Vas-y bonhomme, tu vas y arriver !" et de poings fermés. 
Esquiver la boue et les chauffards de Beb Saâdoun pour arriver en un seul morceau à la Rabta.
Avoir un esprit anesthésié, une indifférence totale vis à vis des évènements qui peuvent venir altérer la quiétude du monde et un hébètement à toute épreuve.
Etre en parfaite alchimie avec la musique et en symbiose avec les éléments de la nature. 
Affectionner le silence et les sourires figés. 
Prendre ses fonctions comme un Homme.
Ausculter, palper, inspecter, ramener des bilans, réfléchir, interroger, éduquer, (re)ramener des bilans, présenter des malades pour des rendez-vous d'imagerie en urgence, "vendre" son malade à corps défendant pour obtenir le fameux OK et surtout dessiner un sourire sur les lèvres d'un nourrisson ou d'un enfant leucémique.
L'innocence qui s'extasie, la souffrance qui s'envole en l'espace d'un instant pour laisser place à la vie, à l'insouciance et à la joie paisible et inaltérable d'exister.
Ce sourire est jouissif pour l'idéaliste que je suis. 
Il m'émeut comme pas possible. Il me désintègre et me ramène à la vie par la toute-puissance de la dentition arborée du haut d'un petit bout de vie. 

Finir son boulot. Achever sa besogne. Prendre le chemin du retour, le corps las mais l'esprit enivré. 
Dévorer un plat indigeste qu'on trouve succulent en dépit des apparences. Peut-être, les papilles gustatives, auraient été, elles aussi, anesthésiées par le prolétariat. Seul l'estomac survit aux assauts en tout genre de cette nouvelle vie et réclame fermement son dû. 

Etre sollicité par tous les moyens que Dieu (et la technologie) ont fait pour boire un café ou débattre avec virulence sur la question du Proche-Orient sur fond de Karim Hagui et de Marxisme modernisé pour l'occasion et servi dans un plat doré de pauvres cons de capitalistes sauvagement initiés à l'art de la superficialité.
Répondre naturellement à toutes les requêtes. Se trouver à la fois partout et nulle part. 
Satisfaire ses amis et ses connaissances. 
Guérir les maux du monde en plaquant ses mains sur les plaies de l'univers et en crachant sur les verrues du cosmos. 
Rentrer pour finir, chez soi, une dernière fois, alors que tout le monde dort, même ces présumés lève-tôt qui se réveillent trop tard pour être réellement considérés en tant que tels.

Se déshabiller langoureusement et jeter son accoutrement à bouffer aux chiens qui ne se taisent jamais la nuit et qui bordent ce chez-soi qui nous manque bien souvent. 
Retrouver sa solitude et son profond désarroi. Parler aux anges et psalmodier des versets dont on n'est plus sûr de la minutie ni de la précision des souvenirs, évasifs et délabrés qu'ils sont, pour conjurer les idées noires, chasser le naturel qui reviendra le lendemain au galop et accessoirement aller au paradis dans le cas ou le divin préférerait nous retenir pour la nuit voire plus si affinités.

Se vautrer dans son lit. Rêver comme on peut. Rêver de ce que l'on voudrait. Même si l'on ne sait plus ce que l'on veut...
La nuit porte conseil. La nuit, comme son nom l'indique et à force de me conseiller, nuit à ma santé.
A chaque jour suffit sa peine. Demain est un autre jour.
Dormir est le seul remède des esprits endoloris. 
On sera plus vieux demain, on sera surtout plus heureux. 
Tant pis si ce n'est pas vrai. On fera en sorte de faire semblant. 

Fin du récit. 
[L'individu se ressource dans les bras de Morphée avant de renouer avec l'histoire dans son sempiternel recommencement.]

vendredi 17 septembre 2010

A l'enterrement d'une feuille morte...





Un sourire fait naître un espoir, un rêve ou un plan d'avenir.
un esprit crédule comme le tien, s'y accroche et se dit qu'il y a peut-être moyen de planter cet espoir et de le voir pousser au fil des ans.

Mais le fil ne tient pas sous le poids des années. Tu aurais du opter pour les fils métalliques. Cependant, toi, par amour du risque ou par souci d'économie, tu as préféré t'abriter dans une toile d'araignée.
Aujourd'hui tu ne paies que le tribut de ta nonchalance. 
Alors fermes ta gueule pour commencer et arrête de pleurnicher.

L'automne va bientôt s'installer.
Les feuilles de tes rêveries mourront et tomberont une à une décrivant une trajectoire curviligne obéissant à la loi de la gravité qui a cogné la tête de Isaac Newton tout en fléchissant la tête face à la volonté suprême du vent.

Tu me parais pale, peut-être malade. Mais souris ducon, pour avoir les rides aux bons endroits ou pour afficher tes incisives... Arrête de faire le malin!

Oublie l'amour, la liberté, les mots, la justice, la fraternité, la solidarité, l'humanité et tous ces autres principes poussiéreux. Tu es assez grand maintenant pour t'être aperçu au moins que le père Noël n'existe pas...

Pourquoi tu t'obstines alors à combattre des moulins à vent ?

Demain, au Djellaz, ce sera l'enterrement officiel de tes idéaux. Il y aura tous les rêveurs de ce coin du monde qui viendront te présenter leurs condoléances. Tu n'en as rien à foutre je sais... Tu es inconsolable même... Mais tu fermeras ta  gueule quand-même, parce que c'est moi qui te l'ordonne.

Demain, de tes propres mains, tu couvriras les corps inanimés de tes utopies de terre fraîche. Puis, impassible tu les enterreras à jamais. 
Plus tard, tu me remercieras, c'est nécessaire pour passer à autre chose. Alors s'il te plait, pour une fois écoute moi... Fais ce que je te dis...
Je dois partir à l'instant, je te laisse avec un pincement au cœur. Je te souhaite de t'en sortir, je sais ce que tu vis.
J'espère seulement que tes chimères ne sont pas des revenants et qu'une fois enterrés, ils ne referont jamais plus surface. 
Ceci dit, te connaissant et à avoir ces cernes qui te donnent une sale mine, je ne peux m'empêcher de craindre le pire... 



 

dimanche 29 août 2010

Les oiseaux sont partis...

 


Dans un moment de lucidité, je me rends enfin compte de l'éphémrité de notre existence.
Je descends en bas de chez moi en plein ramadan estival, un dimanche à sept heures du mat'. 
Tout le monde semble dormir, à l'heure qu'il est. Même les oiseaux en cage, en bas dans le garage.

Je prends la voiture, la démarre et roule prudemment. Esquivant je ne sais comment les voitures qui volent dans le sens inverse et qui ne sont en fait que le pur fruit de mon hallucination... 
Parce qu'à l'heure actuelle même les oiseaux en cage, en bas dans le garage dorment et ne volent pas...

Je prends la direction de la montagne et l'escalade patiemment omettant le voyant oranger qui clignote dans mon esprit pour m'avertir d'une soif insoutenable que je ne saurais étancher d'ici le coucher du soleil. Mais cela n'a pas d'importance... 
Parce qu'à l'heure actuelle même les oiseaux en cage, en bas dans le garage rêvent de vivre d'amour et d'eau fraiche en dormant.

Du haut de ma colline, je vois des convictions qui partent en fumée pour une poignée de dinars. 
Je vois des gens qui sont asservis par les dogmes et n'arrivent même pas à défendre une thèse, à argumenter, à débattre et à admettre que la divergence d'opinions n'est pas de l'ordre la grande criminalité.Je vois des escrocs qui portent des djellabas, des habits ecclésiastique ou une kippa sur la tête.
Ils sévissent au nom de Dieu, bénissent ou maudissent suivant où se trouvent leurs intérêts. 
Je vois des gens s'entretuer chacun pour sa vérité croyant à tort qu'il n'y en a qu'une seule. Plantant des lames aiguisés dans les coeurs de ceux dont ils jugent la vie imméritée.
Je vois des gens qui s'aiment crachant impunément sur les théories de la physique quantique, préférant l'alchimie et mettant en oeuvre les principes de la chimie organique.
Je vois des costumés cravatés qui pillent le peuple tout en étant adulés. Des infortunés qui volent de quoi subsister et qui sont jugés comme des criminels de guerre.

Pendant ce temps là, deux oiseaux dans une cage, en bas dans le garage sont surement en train de se lancer des regards profonds, authentiques, bienveillants résumant en quelques instants le bonheur et toute l'existence.

Je sortis, d'un coup de mes élucubrations matinales et revins chez moi. 
A peine rentré, je fis un terrible constat. 
En bas dans le garage, les deux oiseaux, seuls êtres au monde qui savent apprécier la vie à sa juste valeur, ne dormaient pas. 
Il étaient déjà partis... Etendus, silencieux, inanimés et incapables de poursuivre l'aventure sur une terre où l'on sème le sang en faisant mine de s'aimer.


vendredi 20 août 2010

Une vie oxymorique

C'est une vérité mensongère, d'une splendide laideur, terne comme l'or et armée comme un désœuvré immigrant pieds nus vers l'Afrique du Sud.
Venant de nulle part, pour aller je ne sais où.
Une vie au fond tristement belle.
Qu'elle nous donne spontanément l'occasion de pleurer de joie et de rire aux larmes... De jeûner 2 heures par jour et de les vivre avec un regard d'une piété étrangement ancrée.

La vie, vois-tu, ma chère interlocutrice, pourrait très bien se résumer à un sourire contrarié, un sourire machinal, figé et quelque peu oblique. Un sourire furtif, un sourire pétri de suffisance, laissant afficher une dentition grossièrement alignée, jaunie par le temps et ses aléas, la vie et ses méandres.
Cela n'empêche, que c'est toujours un sourire...

Une vie d'une logique irréparablement déformée, bizarre, incompréhensible mais parfois sublime.
Une vie qui te force à rêver, par des signes, par des rencontres, par des succès éphémères... Puis, aussitôt tombé dans le guet-apens, la vie te reprend sans sommation tout ce qu'elle t'avait offerte.

En une fraction de seconde, les fous rires cèdent la place à des rires nerveux, frénétiques, mettant en exergue ce qu'ils sont censés camoufler à savoir moins une déception que la surprise d'avoir tout perdu aussi rapidement.

Le savoir-vivre, finalement, c'est très loin de ce qu'on apprend dans les académies pour nouveaux riches, avec des règles aussi désuètes qu'antipathiques du genre ne pas faire de bruits en percutant couverts et assiette...
Savoir vivre, c'est apprendre à encaisser les coups du destin et laisser des plumes en arborant encore et toujours un sourire éclatant et invulnérable...
Peu importe les larmes que certains versent dans leur coin, l'important c'est de se souvenir qu'en cas de situations lacrymogènes l'unique remède est de sourire...

dimanche 25 juillet 2010

L’état des lieux

Un monde riche en rebondissements, des idées qui foisonnent là dedans mais aucune envie d’écrire et de meubler ce blog jadis fort animé.

Parce qu’envie de rien.
Parce que les verres des lunettes sont souillés et j’ai la flemme de les nettoyer.
Parce que ce putain de bas monde fout le camp.
Parce que le pain coute désormais 250 millimes au contribuable.
Parce que rien n’est clair dans la vie.
Parce que la lune nous boude.
Parce que l’UMP dénonce les moyens d’investigation « fascistes » de Mediapart sans discuter le fond de l’accusation.
Parce que l’ex brillantissime champion, adulé des foules, Lance Armstrong est un minable dopé qui finit sa vie comme une bête de cirque que tout le monde regarde mais à qui personne ne fait attention.
Parce que vous ne viendrez plus chez nous par hasard… (Vous n’aurez plus le choix, vu que les autres blogs sont censurés)
Parce qu’on a marché sur la lune mais que ce n’est pas vrai, en fait. Ou peut-être que si, même s’ils disent que non, à la télé et que pour faire intello et éveillé, je me dis que je n’y crois pas.
Parce que le Hamas interdit le narguilé aux femmes.
Parce que la fessée est désormais punie par la loi en Tunisie, même si bon nombre de responsables en mériteraient bien une. La loi est toujours au dessus de toutes les considérations, surtout quand il s’agit de nous et pas des autres.
Parce que beaucoup de principes se sont envolés.
Parce qu’en Tunisie, on trouve légitime la déforestation massive pour ériger des quartiers résidentiels de haut standing à Ennahli, Gammarth et ailleurs.
Parce que les gens sont indifférents.
Parce que je t’aime Tunisie, même si j’ai mal pour toi. Mal de te voir exploitée, incomprise, désarmée, détournée de ton orbite. Mal d’être toi.
Parce que le romantisme me tue, que la passion me consomme et que ma grandeur et ma candeur laissent souvent place à une haine farouche.
Parce que mes soupapes de sécurité ont explosé mais qu’on n’évoque même pas mon cas aux infos.
Parce qu’il fait une chaleur à s’encastrer pile poil dans le champ du climatiseur et à fermer sa gueule pour économiser son haleine.
Parce qu’on me spamme sur ce blog avec des commentaires chinois bourrés de virus.
Parce qu’on me pirate le compte facebook régulièrement, du fait d’une organisation secrète qui a des intentions maléfique à l’encontre de mon humble personne. Ou peut-être pas. Paranoïaque que je suis.

Voilà pour résumer pourquoi je zappe ces envies pressantes de m’exprimer, sauf qu’aujourd’hui je n’ai pas pu faire face à ce besoin impérieux de relater des faits qui me préoccupent.

A bon entendeur !

jeudi 8 juillet 2010

Dans mon monde idéal…




Dans mon monde idéal, Amazigh Kateb serait reçu comme un chef d’état.
Samir Loussif serait un dieu vivant, vénéré par tous les dépressifs du monde et même ceux simplement mélancoliques. (les alcooliques aussi)
Le lablebi serait traité avec respect de par le monde. Fini l'ère du caviar et du saumon fumé.
D’ailleurs, plus personne ne fumera du Cristal.
Toutes les plantes du monde pourraient être fumées sans risquer d’être inquiété.

On aurait l’occasion, à souhait, de se prostituer ou de se prosterner.
Il n’y aurait point d’intégristes. Les gens s’accepteraient en dépit de leurs différences.
Les blacks pourraient se marier avec des blonds aux yeux bleus sans pour autant craindre une éventuelle crise cardiaque dont serait victime la mère du marié aux suites immédiates de l’annonce de cette nouvelle électrique.

Dans mon monde à moi, il n’y aurait point besoin de police. Ce serait l’anarchie la plus totale, certes.
Mais une anarchie harmonieuse, car dans ma république platonique, les gens seraient très loin de leur état actuel.

Déjà, ils commenceraient par éviter, forcément de mastiquer des chewing-gums dans des salles de ciné délabrés de la région d’El Manar.
Ensuite, il n’y aurait jamais de différends à régler. Un télescopage de voitures finirait toujours par des accolades, des embrassades et de fou-rires à n’en plus finir.
Parce que l’argent, le bien maternel, c’est comme, me diriez-vous, la saleté de ce bas monde (cf. un adage tunisien)

Les citoyens de ma république hypothétique l’auraient compris.

Il n’y aurait jamais d’élections parce qu’il n’y aurait jamais personne pour représenter qui que ce soit. Toute personne douée de parole se devra de parler en son propre nom et de donner son avis sur à peu prés tout.

Dans mon utopie, les gens s’aimeraient. Les hypocrites ne seraient pas tolérés. Ils seraient soit bannis à jamais sans leur laisser une quelconque possibilité de se repentir, soit exécutés sur la place publique.

Par contre, ceux qui voleraient du pain pour subsister ne seraient jamais susceptibles de voir un jour, leurs petites mains innocentes coupées. Ce sera au tour de l’écume du peuple : Les costards cravates qui détournent des milliards de pâtir de ces peines inhumaines.

On aura un système économique à mi-chemin entre le capitalisme et le marxisme.

Tout le monde serait libre de dénigrer toute idée ou ébauche de pensée qu’elle soit politique, religieuse ou sociale.
Il n’y aurait absolument aucun tabou.

Il y aurait une vulgarisation sans précédent du baby foot et de la ps3.

Mon pays serait comme le Chili, réduit à une terre longeant une superbe côte sur laquelle belles filles et individus heureux feraient une fête non-stop ne s'inquiétant que rarement des nuits blanches qu'ils alignent.

Hammam-Lif serait naturellement le nombril du monde.
Le rap tunisien serait aboli.

Les couples qui s’aiment vivraient heureux éternellement. Plus jamais d’amoureux ne se quitteraient. Encore moins pour des futilités. 
Il n'y aurait plus d'histoires impossibles, plus de larmes versées et plus jamais d'incompréhension.

Il n’y aurait plus de mort sauf si l’on le souhaiterait fortement.
L’homme choisirait où et quand mourir et surtout de quelle manière.
L’homme serait Dieu et Dieu serait homme.
On vivrait tous une vie paisible loin du stress, des tensions, des ressentiments et en parfaite symbiose avec les éléments de la nature. 
Les baleines ne serviront plus à fabriquer des produits cosmétiques, parce que les femmes de ma république comprendraient finalement que l'on les préfère de loin sans maquillage.

On mourrait dans la joie, comblés, entourés de tous ses proches qui se remémoreraient alors en riant à pleines dents nos interminables mésaventures et anecdotes.
On nous chanterait pour requiem, la chanson espagnole Porque te vas puis cette demoiselle pétillante (saveur pêche) qu’on aura aimé, chéri, glorifié et honoré toute sa vie, prendra le micro et nous dédierait : Es la historia de un amor que no hay no otro egual… Avant de se préférer la mort à la vie, à son tour afin de nous rejoindre dans l’au-delà pour continuer infiniment notre histoire d’amour qu’aucune limite spatio-temporelle ne saurait contenir.


Dans mon idéal, la vie serait tellement différente de sa forme actuelle, trop morose, trop ennuyeuse, trop contraignante, trop réelle mais aussi parfois, il faut se l’avouer, passionnante, époustouflante et dépassant la fiction dans son évolution rocambolesque.

A défaut de faire de sa vie un rêve, il n’est pas interdit de la rêver comme on peut et de la dépeindre brouillement ou brillamment, selon les capacités, sous ses formes antipathiques en dents de scie dans un tableau de maitre, relativement s’entend. 

mardi 6 juillet 2010

Beb Saâdoun, au carrefour des civilisations




Midi et quart, à Beb Saâdoun, il fait tellement chaud que l’on se demande si Dieu ne nous envoie pas prématurément en enfer à cause notamment du dépôt de bière qui n’est pas très loin de ce portail à l’allure imposante qui fait partie des rares vestiges de ce vieux Tunis que feu Bourguiba a daigné nous laisser.

Un vieil homme qui apparait comme abasourdi, reste debout, le regard vide, fixant le néant. Le visage miné de tâches noires qui semblent s’être explosées en rides lui couvrant la quasi-totalité du visage.
Pourtant, il n’est semble s’en inquiéter outre mesure. 
A la Marsa, des vieux de son âge de ce début de millénaire auraient plongé sans se poser de questions dans un sceau de crème antirides de marque Yves Rocher (ou d’autres marques déposées que je ne citerai point par pure ignorance).
Mais à Beb Saâdoun, on sait pertinemment que les crèmes antirides sont faites pour les femmes et les pédés.

Il regarde ébahi ce rond-point peu commun pris d’assaut de toute part par des voitures de différentes envergures. Ici c’est la loi de la jungle.
Le lion, l’indétrônable roi est joué par les Isuzu et autres voitures à la carcasse solide et dont les pièces détachées se vendent même chez l’épicier du coin.

Les proies privilégiées dans cette arène où se joue des drames au vu et au su de tout le monde, ne sont autres que les voitures de luxe ou les nouveaux véhicules.

Notre vieil homme étend le regard et voit affluer des marrées humaines vers la colline supportant l’hôpital Salah Azaiez, l’hôpital d’enfants et l’hôpital Zouhaier Erraies.

Certains de ces patients marchent en donnant l’impression de danser, en balançant les épaules, assurés de la bénignité de leurs maladies et confiants quant au nombre d’années qui leur restent à vivre.

D’autres, arrivent la tête basse et la démarche lasse. Leur bourreau, c’est leur maladie. Ils le savent, ils le sentent et ils l’on déjà saisi.
A la buvette de Salah Azaiez, ils se gavent de Kaftejis… Ils n’ont aucunement peur de raviver leur acné juvénile.
Leur apparence, c’est aujourd’hui le cadet de leurs soucis.
Ils voient tous déjà défiler leurs enterrements. Au cimetière surpeuplé du Djellaz (pour les plus chanceux), il y aura tous leurs proches qui les pleureront, même ceux qu’ils n’ont vu que sur les photos de famille et leurs amis mais spécialement tous leurs ennemis qui viendront triompher sur leurs tombes sous l’abominable masque des larmes préfabriquées pour ce genre d'heureux dénouements.

Des fonctionnaires désabusés du ministère de la santé qui fait le coin, prendront tout leur temps pour se garer avant de répéter à tue-tête à ces citoyens crédules de « revenir demain » pour ne pas déroger à l’inévitable règle qui régit les interactions citoyen-administration dans tout le pays du Botswana (1.800.000 habitants, faut-il le rappeler et un succès fulgurant face aux poussins de Carthage) et d'ailleurs.

A bord d’innombrables Polos et 206 Peugeot (de couleur noire de préférence), des étudiants de médecine escaladent ce mont vert avant de tourner à droite pour accéder à cet édifice majestueux, qui abrite la plus prestigieuse des institutions universitaires du pays, j'ai nommé: La FMT.

Toujours est-il, que beaucoup se feront recaler faute de macaron. Vous savez, cette incroyable invention faite par l’être humain pour pourrir inutilement la vie de son prochain.
D’ailleurs, le gardien se fait un point d’honneur à faire baver ces étudiants arrogants, qui plus est, sont riches, beaux (Je sais mesdemoiselles, ce n'est pratiquement jamais le cas, donc disons charmants pour ne pas les froisser), souriants, et intelligents…
Il leur aurait volontiers explosé la tranche un par un. Malheureusement, ce n’est point permis.
Il se console comme il peut, arborant un splendide sourire brun-jaune digne des sadiques de la pire des races.

Le vieillard toujours stupéfait, lance finalement un regard furtif à ce petit commerce qui fait le coin à sa droite.
Ouvert 24/24. Vendant toutes sortes de produits alimentaires. Faisant presque constamment salle comble.
Il l’envie de toutes ses forces, parce que comme lui le proprio n’a pas du aller très loin dans ses études. Mais contrairement à son humble personne, le détenteur de ce projet a réussi.

Veuf, fauché et surtout sans enfants à la dernière ligne droite de sa vie. Il mourra certainement seul.
Mais ce n’était pas de sa faute. C’est cette femme qu’il avait choisi pour épouse qui était stérile.
Il en a la conviction même si aucun test objectif n’est venu étayer son diagnostic.
Mais, autrement ce serait lui le fautif et sa virilité en prendrait un vilain coup.
Comme si ne lui avoir jamais donné d'enfants n'était pas suffisant, cette bonne femme a eu le mauvais gout de le quitter prématurément pour un monde (présumé) meilleur.

Sous ce soleil, féroce, sournois et maladif. Irradiant le vieillissement des peaux et la cancérisation au lieu d’émettre la bonne humeur, notre héro du jour succombe à son insolation et tombe dans les pommes.
C’est ainsi, naturellement que s’achève notre récit. (Et aussi particulièrement vu qu’il est temps d’aller se coucher avec les nuits écourtées qui se succèdent. Mais cela, voyez-vous, ne nous regarde pas et ne figure ainsi, jamais sur des textes sérieux)

samedi 3 juillet 2010

Rubrique nécrologique des rêves de la semaine




On est au début du mois de juillet, le mercure avoisine les 50° au soleil sur Tunis et les régions avoisinantes.
La misère n’est pas moins pénible au soleil. Je le sais maintenant.
Les plages sont surpeuplées. Les terrasses des cafés sont bondés. Où que tu ailles, tu devras demander la permission à ton prochain avant d'inspirer un bon coup. 

Que tu aies une connexion internet à haut débit ou qu’elle soit de la troisième génération, la lenteur d’accès à certains sites te surprendra toujours.

Mon compte Facebook a été piraté plusieurs fois. Je ne sais quelle « organisation » maléfique se cache derrière ces manœuvres… (Etant quelque peu paranoïaque de nature)
Je songe sérieusement à déserter ce réseau social. J’en ai marre de ces cons qui nous mènent la vie dure.
Il n’y a presque plus de plateformes vidéo disponibles sur le net, ici bas.
La censure arbitraire bat son plein.
Aucune logique, aucune ligne directrice. On censure au feeling. 
C’est à te dégouter de cette vie virtuelle et de ses délices que beaucoup ne soupçonnent même pas. 

La Tunisie se fait corriger dans son (ex) fief d’el Menzah face à un inconnu du football africain, j’ai cité le Botswana.
1.800.000 habitants. Un pays avec 30% de prévalence du VIH. Une espérance de vie de moins de 40 ans. Mais une économie florissante grâce notamment aux ressources naturelles de ce pays.
On tombe bien bas.
On croit avoir touché le fond de la piscine mais on est très forts, nous autres tunisiens, on a toujours cette capacité de se surprendre et de creuser encore plus profondément le sol.
A ce rythme là, dans quelques dizaines d’années nous aurons un pont tout fait (nous qui vénérons les ponts et les échangeurs) qui nous mènera directement de notre chère pays vers l’antipode.

Pendant ce temps là, des gens d’une autre dimension, des personnes ayant une tout autre envergure jouent la coupe du monde en Afrique du Sud.
Le Brésil, mené par un Kakà qui aura toujours été, sauf rares exceptions, égal à son patronyme, se fait éliminer par les oranges pressées (d'en finir avec la malédiction de la CM). Mais on s’en fout, je l’avoue. 
Ce sont deux pays aux traditions footballistiques bien ancrées.

Par contre, le Ghana, un pays démocratique, un pays jeune, un pays qui sent l’espoir et la réussite sur tous les plans, perd une qualification historique pour la demi-finale après un match fou et un rendement exemplaire.
Nous y avons cru. En l’espace d’un moment, je me suis vu ghanéen. L’Afrique se révoltait.
Depuis toujours surexploitée par l’occident, cette terre mère de toute l’humanité et aux richesses naturelles inestimables spoliées impunément par « l’homme blanc »…  Peinant aussi, comme si ce n’était pas suffisant, à se frayer un chemin dans le monde du football.
Le Ghana rentre bredouille, le Botswana fait la fête.
C’est ainsi que va la vie. Au même moment un homme bien meurt et un bébé nait derrière les mûrs du même hôpital. Sous le soleil d'un même continent.

L’histoire suit son cours naturel. Inutile de regretter ou de se morfondre et encore moins de pleurer les coups du destin. Savoir vivre c’est savoir laisser des plumes tout en arborant le même sourire figé dans sa splendeur.

mercredi 16 juin 2010

Billet délirant nocturne aigu

Il est exactement 3h51.
On ne sait pas où l'on est exactement... Si c'est le mercredi ou le mardi qui prennent le dessus...
Si on est tôt le matin ou tard dans la nuit...
Tel un fils d'immigrés, rejeté par son pays d'adoption et haï par son pays natal, ne maitrisant aucun dialecte, marginalisé et constamment pointé du doigt.

On est le 15 juin, et il pleut encore sur Tunis.
Des religieux, quelque peu, voire un peu trop crédules ou adeptes simplement du paranormal m'ont confié que c'était un des signes de l'imminence de la fin du monde.
Je veux bien les croire... 
Mais le fait est là, que la vie suit paisiblement son cours naturel.

On considère comme faisant partie de l'écume du peuple, l'ouvrier qui ne paie pas son ticket de métro afin d'économiser de quoi s'acheter un paquet de cigarettes de marque Cristal, affectueusement appelé: "Le tabac des champions" dont le prix d'ailleurs n'a de cesse de grimper pour préserver votre santé et mettre encore plus à mal votre pouvoir d'achat. (Cette phrase a été élue la plus longue de l'année)
On cautionne pourtant les détournements de milliards par des costumés cravatés à peine masqués d'un sourire hypocrite et démoniaque et des cheveux gominés.

C'est ainsi que va la vie. Arrête de faire ton justicier à deux balles... Surtout qu'il est 3h59 et que les voisins doivent dormir à l'heure qu'il est...

J'ai suivi avec attention le match qui a opposé la Corée du Nord au Brésil. J'ai été séduit par le jeu de ses coréens à la fois physique, engagé et très souvent juste.
A ce qu'il parait, ils n'ont qu'une seule chaine de télé. Quand on leur vend des téléviseurs, il n'y a qu'une seule touche sur la télécommande. Elle permet à souhait, d'éteindre ou de fermer l'appareil.
La propagande bat son plein.... Depuis toujours...
Je les ai vu sourire quand ils ont marqué le premier but... peut-être même pleurer de joie...
C'est fou ! 
Les coréens du nord peuvent sourire aussi. Même avec une seule chaine télé...
On en a trois, mais il est tout de même rare de me voir esquisser un sourire... Surtout qu'il est 4h03... Que le temps passe vite...
Il faut dire que nos trois chaines satellitaires sont absolument à chier...
C'est tout comme si l'on n'avait qu'une seule... et encore, je suis très gentil dans ma critique... J'essaie de ne pas froisser Ammar, qui me laisse m'exprimer librement contrairement à bon nombre de mes compagnons de misère.

D'ailleurs, ce sujet me travaille...
Est-ce un supplice que voudrait m'infliger Ammar en me séparant du peloton de tête, décapité en entier?
Est-ce légitime de sommer le censeur national à me décapiter à mon tour?
Ce n'est pas raisonnable...
Surtout qu'il pourrait le faire tout seul, sans attendre mon approbation...
Mon côté mégalomane me chuchote que Ammar doit être fan de mes écrits... 
Mon côté réaliste me met en demeure de la fermer...
Je réponds sans attendre par l'affirmative... Fermons la, tant qu'on y est...
Sauf que le pire, c'est qu'on n'y est même pas...

lundi 7 juin 2010

Je lève mon verre à la vie



Je lève mon verre au ciel étoilé sur lequel retentit mon humeur labile.
En hommage à ces mots d’amour balbutiés dans la pénombre, les yeux dans les yeux, entre deux larmes, entre deux sourires…
La rencontre, le bonheur et aussitôt le départ.

Sans crier, sans se dire au revoir, sans même se regarder.
Avaler sa peine, continuer à sourire et poursuivre son bonhomme de chemin calmement et dignement…

Divorcer de l’amour et épouser une cause, voire plusieurs. La polygamie causale étant tolérée (quoique parfois réprimée) dans ce bas monde.

Courir, suivre les flèches d’un parcours déjà tracé d’avance.
Fermer les yeux et se laisser tomber dans le vide.
Trébucher, se casser une dent ou une mâchoire et se relever.
Ne pas mâcher ses mots, tout tenter pour conjurer ses maux.

Au cours d’une sublime nuit, le lendemain d’une déchirure et l’avant-veille d’un bonheur potentiel, sortir de sa coquille  et parler en aparté à la pleine lune.

Lui chanter « j’en ai marre » de Samir Loussif.
Lui réciter des versets coraniques qui évoquent l’heureux dénouement qui attend ceux qui s’appuient sur la bonté divine, pour faire pieux et respectable.
La draguer, sans espoir et sans conviction à l'aide d’expressions usées et anachroniques du genre « Héhi stylék béhi » et « terka7li nhezzek el Ennna7li » dans l’unique but de tuer le temps et de dilacérer le silence qui pèse lourd sur la planète.
Il n’y a pire que le silence. Même les propos haineux passeraient nettement mieux.

Danser sur un rythme effréné, entrer en transe avec la musique mystique des Ness el Ghiwane.
La flottille a été attaquée. Saber Khelifa est revenu à l’EST. Neuf militants sont morts.
Il n’y aura jamais de justice pour ses pauvres victimes.
Elle est partie.
Je suis parti de mon côté, empruntant une route sinueuse et poussiéreuse.
Après demain nous mourrons. Mais aujourd’hui et demain nous vivrons.
Même ensevelis six pieds sous terre nous parlerons.
Le vent l’emportera, mais rien ne nous empêche de le narguer et d’être insolent en cet instant T, tel un supporter typique du Club Africain.

Je lève mon verre aux chromosomes, aux tubes de colle, aux plantes tropicales, aux benzodiazépines.
Je salue l’effet yoyo d’un régime trop contraignant.
Je tire mon chapeau au pélican qui se trouve piégé dans la marrée noire qui inonde les cotes de Louisiane, se débat violemment et meurt sous les yeux admiratifs de ce peuple d'inconditionnels des effets spéciaux hollywoodien, en direct sur le JT de 20 heures… C’est ainsi que cela se passe outre atlantique.

Je lève mon verre à la vie. Ami, remplis mon verre… 

samedi 1 mai 2010

Espace libre

Ce soir, il est presque une heure du mat’.
J’ai une envie insatiable d’écrire, mais au moment de tenir le stylo, c’est le blackout total.
Aucune idée, aucune inspiration, aucun verbe, aucun complément.
Que des bribes de mots rattrapés aussitôt par des ratures fermes et assurées

A force de voir le spectre de la censure planer sur tous les fronts, on en finit par se creuser des sillons à la face à se figer l’esprit dans une profonde léthargie.
Verbaliser ses songes devient de l’ordre de l’impossible.

Il est une heure du mat’ mais Pasqua a été acquitté malgré des interrogations toujours en suspens.
Lyes Hebadj, s’en sort indemne et menace même de porter plainte contre Brice Hortefeux.
Qui soutenir dans ce cas ? Un raciste et un integriste… Deux antihéros placés face à face…
Tel un derby soporifique qui ne m’intéresse point, opposant deux équipes que je ne porte pas dans mon cœur et voyant l’engouement que ce match suscite.
J’ai simplement envie de faire perdre les deux équipes.

Toute proportion gardée, le public clubiste est peut-être antipathique pleurant à tout bout de champ, mais il est loin d’être raciste. Les tifosis espérantistes ne sont pas extrémistes non plus… Quoique, l’on jurerait presque…

« L’islam n’interdit pas d’avoir des maitresses, la république non plus »
Putain, quel con ce Lyés.
Pauvre Islam qui se trouve « défendu » par des psychopathes de ce genre.

Revenons plutôt sur un sujet plus sympathique, avec le volcan islandais qui a paralysé tout le trafic aérien européen voire beaucoup plus loin.
Quelle jouissance pour un peuple islandais en mal de reconnaissance internationale.
Pendant plus d’une semaine, j’ai rêvé d’être islandais, de faire chier le monde à défaut de l’émerveiller.
Chacun ses aspirations, vous savez… On finit souvent par se résigner à faire avec les moyens du bord.
Quoique, faire chier le monde, ce n’est pas donné à tout le monde non plus ! Ce n’est pas moins louable qu’autre chose.

J’ai visionné il y a quelque temps une vidéo signée l’équipe du Takriz où ils malmenaient les bloggeurs.
Je me permets alors de répondre, étant bloggeur, à priori.
Un blog c’est avant tout personnel. C’est un putain d’espace où tu viens te fourrer le doigt dans le nez comme tous les jours mais en faisant partager cet acte jugé (à tort) anodin.
Les gens ont alors le choix de venir ou de déserter.
Je trouve pathétique le délire de persécution et de mégalomanie dans lequel vous vous enfoncez
Je comprends votre frustration vu le désintérêt que présentent beaucoup de gens vis-à-vis de votre projet.
Mais, je réaffirme, qu’il ne faudrait surtout pas vous croire au dessus de la masse. Venir donner des leçons, se croire mieux que les autres, les traiter de tous les noms d’oiseaux parce qu’ils n’adhèrent pas à ce que vous faites… Je trouve que c’est exagéré.
Sinon, la foire du livre en Tunisie est un vrai succès avec toujours le même nombre hallucinant de livres islamiques. C’est la loi de l’offre et de la demande. On n’y peut rien.
Le public est demandeur de livres à 1,5 dinar où l’on trouve détaillé la technique ancestrale de l’interprétation des rêves.
Il y aussi les livres de recettes qui font un tollé au sein de cette population cible (ménagère > 40 ans)

Demain c’est férié. Joyeux premier mai à tous les travailleurs. Hommage à tous ces bucheurs qui savent apprécier le repos bien mérité comme celui que je m’apprête à faire.
Au revoir les enfants…

vendredi 19 mars 2010

Les délires de minuit, Abdessalem Trimèche et les bricks au thon



A minuit, en ce jeudi, naturellement veille de vendredi (lilet jem3a), des jeunes normo-constitués se gavent de vodka absolut orange et s’injectent de la bonne musique dans les veines.

Des parents ultra-conformistes dorment depuis une heure, et ont forcé leurs enfants majeurs et vaccinés à faire de même ayant l’intime conviction que demain est un autre jour.

Des médecins de garde se réunissent autour d’une théière pourrie, se servant un thé aussi pourri que le contenant et guettant les quintes de toux de ces patients plus vivants que leurs soigneurs pour une paie minable avec en prime les grondements du chef le lendemain matin.

Abdessalem Trimèche, (citoyen tunisien, vendeur de bricks à ses heures perdues et dont le suicide, ultime acte désespéré de bravoure et de refus de l’ordre établi des saisies arbitraires, a soulevé les masses, attisé les passions) git à ce moment même dans un cimetière de Monastir en ayant l’insoutenable crainte de se voir refuser le permis d’être enterré là, de voir se pointer les services municipaux pour lui saisir la pierre tombale le dévêtant de sa dignité pour la énième fois.

Des responsables municipaux monastiriens n’ont pas sommeil.
Des responsables municipaux monastiriens baillent mais ne dorment pas.
Ils damnent, insultent et pleurent cette minable invention qu’on appelle communément « conscience » qui peut dormir pendant des dizaines d’années pour revenir nous hanter tout à coup.

Des bricks au thon gisent dans un réfrigérateur Arthur Martin. A ces bricks on donne de l'importance. Ces bricks ont le droit de séjour, le droit d'exercer, le droit d'avoir des enfants, le droit à la dignité, le droit à la vie, le droit au mariage, le droit de s'exprimer, le droit de se téléporter à Haïti de constater les dégâts du dernier séisme et de revenir aussitôt dans le réfrigérateur.
Contrairement à certains êtres humains... Dont on bafoue parfois même le droit de respirer, sans se brûler les ailes, sans être enterré aux suites de funérailles grandioses mais ô combien inutiles...
Ah si seulement, les bricks pouvaient témoigner...

Un joueur de football professionnel rejoint la bande de jeunes tunisiens supposés normo-constitués aux poches trouées par le poids des sous, jetant par la fenêtre le professionnalisme, la confiance des supporters, l’hygiène de vie et toutes ces conventions ridicules auxquelles il n’adhère pas.

Une femme de ménage, digne représentante de cette masse prolétaire pleure toutes les larmes de son corps de n’avoir pas eu les moyens de fournir un Twix dont les «deux doigts coupent la faim » selon certains témoins, à un enfant dont elle a eu le malheur d’être la mère.

[…]

Pendant ce temps là, un zombie à l’apparence humaine, aux yeux profondément cernés et à la cervelle en bouillie tape machinalement sur les touches de son clavier pour remplir une page de format A4 dans l’unique but de meubler un Boukornine qu’il n’a de cesse de délaisser.
Mais cela n’a pas d’importance, au fond, Abdessalem Trimèche comprendra…
Paix à son âme…

jeudi 18 février 2010

Habla (de l'arabe) y escuchamos




Elle est née artiste. Mort-née. Bornée. Chatouillant l’inspiration de tous ces chiens errants en mal d’être ce qu’ils sont et étant malgré tout, juste ce qu’ils essaient de brimer.

Marchant dans la brume épaisse des jours nouveaux. Tuant le temps à maintes reprises. Ce temps éternel s’estompe avant de renaître de ses cendres à nouveau.

Le temps ne renonce jamais. Mais elle a de ces abnégations, à faire douter un dinosaure de son existence.
D’ailleurs, ont-t-ils jamais existé ? N’eussent été ces foutus fossiles qui attestent de la véracité de leur passage…

En ce qui me concerne, je ne sais que son regard. Je ne comprends que son langage à peine balbutié dans la pénombre d’un 40° au soleil d’un 24 décembre ou d’un  35 du mois... Peu importe, après tout.
Je ne vis que de ses souffles ou de son spectre ou de sa vision trouble. Que sais-je encore ? Que dis-je ?

C’est l’effet enivrant d’un déodorant pour chiens aspergé en pleine face par accident ou par mégarde ou … Que puis-je avancer encore ?

Je cligne des yeux comme pour m’assurer de mon existence. Peut-être suis-je un dinosaure, on n’a pas retrouvé des fossiles de mon corps que je sache…
Cela m’inquiète outre mesure.

Mais rien que le fait de pouvoir cligner ses paupières tombantes par le poids des jours et des nuits éveillées, me rassure et apaise mon angoisse devenue insoutenable depuis que j’ai fini par savoir que X+Y égalent inéluctablement à Z.

Comment deux lettres ont eu le culot d’en égaler une autre…
C’est tout à fait hallucinant…

Dans mon délire je suture cette bouche qui me sert de parloir ou de source inépuisable de propos diffamatoire ou blasphématoire… Je suis un absurde notoire.

Je regarde un verre à la fois à demi-rempli et à l’autre moitié bien vide. Je ne sais plus quoi penser de cet ustensile qui représente le sort tragicomique qui m’est tombé dessus comme on lance un minable réfrigérateur dont le moteur a calé et dont la candidature pour réparation a été vite recalée.

Cette femme a accouché dans un taxi. Oui ! Je vous le jure !
C’est le taxiste qui a coupé le cordon avec une lame gilette qui trainait dans sa boite à gants pour je ne sais quel usage malencontreux. (Que vient faire malencontreux dans tout cela ?!)
Le bébé va bien. La mère est en bonne santé. Incroyable bonté divine !!
Des femmes accouchent en milieu médicalisé et risquent parfois très gros. Cette parturiente a un verre très rempli. Mais surement qu’il est quelque peu vide comme en témoigne la série de la voiture : 49. Elle ne devrait plus être en circulation.

La partie remplie a fini par inonder le vide qui le guettait de toute part… C’est l’effet tant escompté par les mesures d’arrosage par le judicieux système du goutte-à-goutte.

Des idées arrachées, détachées et recousues grâce à une poussiéreuse machine à coudre de marque Singer.
Un ensemble disharmonieux certes. Mais qu’importe ! Tant qu’on a l’ivresse, qu’on arrive enfin à tuer la tendresse et à déchainer un tant soit peu la liesse !

Ou peut-être pas… Que sais-je ?!

mercredi 10 février 2010

L’indifférence

Cerveau en bouillie.
Cœur indifférent.
Muscles courbaturés.
Volonté mise à plat.
Attention nulle.
Envie de rien.

Prendre sa peine et ses emmerdes, sortir la tête de l’eau ou sortir tout court.
Marcher seul dans la brume ou dans la nuit étoilée.
Terrer sa blouse au fond de son cartable parce que oui ! Tu as encore un cartable que tu traines sur ton dos comme un insoutenable fardeau.

Marcher encore… Marcher à n’en plus finir avec pour uniques boussoles son esprit vagabond et les lois arbitraires du hasard.
S’arrêter par maladresse devant la station de métro, ne pas acheter de tickets, risquer l’amende et l’humiliation en public… Parce qu’en fait, tu ne sais pas où tes pas te mèneront… Ni dans quelle station tu voudras finalement descendre… Ni dans laquelle on te descendra finalement…

Et puis tu t’arrêtes… Seul comme à ton habitude…
Tu rebrousses chemin, tu dévisages les passants… Avec ta schizophrénie naissante et tes idées noires permanentes, tu vois le mal partout.

Ils veulent ta peau.
Même s’ils ne te regardent pas… C’est un peu leur manière de faire diversion !
Ces rats qui rêvent de grignoter ton cadavre à moitié décomposé étendu dans la zone de Beb Saâdoun.
  
Au fond de ton esprit, tu te dis que tu te fais peut-être des idées… Quelle importance au juste ?!

Au loin, il voit arriver un bus couvert d’une énorme affiche publicitaire où il distingue à peine le mot « Demain »…
Il sautille de joie comme un fou dont l’interminable période d’internement s’achève enfin…
Il monte en bousculant une vieille dame qui lui a pourtant demandé de l’aider à y accéder avant lui...
La vie appartient à ceux qui crachent sur leurs prochains…
Sans soucier de la destination de cette épave qui garde vaguement certains traits d’un bus, il gifle une femme enceinte qui était assise au fond, s’éloigne pour lui laisser l’espace d’aller vomir son étonnement et son effroi et se met confortablement à sa place…
« Demain, me réussira forcément !! »… se dit-il en fermant les yeux dans un élan fort louable de récupération de cette journée à la forme oblongue et au caractère éprouvant évident…

jeudi 24 septembre 2009

Côtoyer la mort




Le matin d’un lundi qui ressemble drôlement au mardi qui suivra et à un mercredi ordinaire.
Le jeune stagiaire vétéran, remonte ce couloir bondé comme pas possible par des malades désespérés de voir leur plainte entendue un de ces jours.
En arborant cette blouse jadis blanche, jaunie et ternie par le poids des jours et du café et des excréments que les oiseaux se plaisaient à lui larguer de là haut…
Elle lui donnait de l’allure et même une autre dimension.
Il voyait dans leurs regards égarés, renaître un certain espoir en le voyant.
Mais il savait pertinemment qu’il ne pouvait à lui seul changer tout un système, répondre aux attente d’un peuple alors que sans juger bon de leur faire parvenir cette convicition

En entrant, il fut accueilli par un spectacle matinal des plus agréables.
Un premier cadavre et puis un autre…
Des victimes du destin.
Un jeune de 24 ans pris dans une bagarre et qui essayait tout bêtement de calmer les esprits…
Et un vieux de 72 ans qui s’excuserait presque d’avoir été aussi longtemps en vie à croire les tares qui s’entassaient sur son dossier médical depuis des décennies entières.

Et puis, ce fut chaque jour pareil.
Avec des pics d’une dizaine de morts.
On n’est ni en période de guerre ni de pandémie.
Mais, on a tout a fait le droit de mourir quand même, de se faire réanimer, intuber, ventiler, de faire un arrêt respiratoire ou circulatoire et d’avoir un certificat médical de décès remplis en bonne et due forme.
Même en période de paix.

A la longue, notre stagiaire, mi je-m’en-foutiste, mi consciencieux, en arriva à flairer la mort, à la percevoir de loin, à lui parler, seul dans le noir et aussi à la sentir mais cette dernière faculté, il ne s’en vantait pas trop, croyant fermement qu’il n’était pas le seul.


Chaque jour en apercevant les corps inanimés, il s’en allait très vite vomir sa peine, son angoisse et son profond dégout de la vie.

En vomissant, il omettait d’expulser ses questions existentielles et son mal-être.

Pourquoi vivons-nous, si c’est pour se vautrer au fond d’un couloir sous les regards désintéressé d’un corps médical qui aura tout vu et tout vécu ?

Pourquoi baisser la tête tellement de fois si une telle fin est inéluctable ?

Pourquoi se pourrir la vie de questions existentielles si on n’est même pas sûr d’exister et qu’on est au moins certain de ne pas perdurer ?

Si la vie est une maladie incurable, où trouver la force et l’envie de vivre pleinement sa maladie ?

Et les nausées repartaient de plus belles…

Il passa outre ces interrogations… Il s’efforça de sourire face à cette brune inconnue au salut matinal chaleureux et séduisant.

Mais ces efforts étaient vains.

Force était de constater, que tous ces aléas de cette maladie incurable de la vie lui prirent le sourire… et pour longtemps.

samedi 29 août 2009

Texte hallucinogène



A base de métaphores, de comparaisons, d’oxymores et d’autres procédés (douteux) d’écriture.

En employant le passé simple de l’indicatif et l’imparfait du subjonctif comme pour dire qu’il ne susse pas mais qu’il ne fusse pas innocent pour autant…

S’efforçant d’être objectif pour écorcher vive une vérité d’une hypocrisie inouïe en s’aidant d’un sabre trempé dans de l’encre de chine en guise de plume.

Un texte à mi-chemin entre la poésie et la prose qui pose des verbes, des noms masculins émasculés par la force des choses.

Un texte aux appas certains qui allèchent plus d’un. Un texte fait entièrement à la main avec du cuir de daim.

Un texte qui rend la liberté aux oiseaux emprisonnés pour peu qu’il les entende chanter et qui traite des plus grands maux du monde avec une incroyable légèreté.

Un texte intemporel qu’on lira dans mille ans pour dire que l’on ne comprend pas ces divagations blasphématoires.

Un texte que l’on psalmodie du bout des lèvres de peur d’être surpris à regretter le temps où les gens écrivaient leur peines mais ne pleuraient pas, ne trouvaient aucune gêne à retranscrire les dimensions de leur pas.
Pour que justement dans mille ans, un jeune ado boutonneux perdu dans l’amour d’une console de jeu sache à quoi ressemblait la face du monde à notre époque.

Texte très souvent porté vers la poésie qui sent le moisi et dont les méthodes de persuasion s’apparentent à celles des nazis.

Quelques mots subtils, fragiles mais non moins agiles qui s’étendent, attendent et prétendent pouvoir agir.

Sacrées maudites lettres, qui ont marre d’avoir du mal et ont tellement envie d’être.

Elles partent déjà pour de nouvelles pages et avant de s’évanouir dans la pénombre, clament avec rage : « A bas les syllabes qui nous enchainent, bandes d’écervelés laissez les lettres prendre les rênes »