Les fidèles du Boukornine

Affichage des articles dont le libellé est songes. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est songes. Afficher tous les articles

vendredi 16 octobre 2009

Songes et élucubrations

Porter tous les maux du monde, pâtir de toutes les peines.
Etre réduit au statut de simple spectateur impuissant d’un spectacle ennuyeux, d’une merde ornée de paillettes à laquelle on peine à prendre gout.

Marcher seul en silence avec pour unique compagnie un désespoir incommensurable et une haine démesurée.

Mâcher ses mots et les avaler parce que personne ne comprendra.
Parce qu’on parle une autre langue.

Voir dans tous les murs du monde, dans tous les entractes et des chapitres inachevés, des chansons tristes, un son mélancolique de piano vieilli et délaissé.

Ecrire pour unique amour.
Ecrire pour unique raison.

Ecrire comme pour mourir et renaître entre les dents des insectes nécrophages.

Aucune envie de pleurer car plus de force et plus de volonté.
Juste l’envie de marcher seul en silence, tout aussi désespéré.

Laisser un cœur qui ne sait de l’amour que la fougue des héros romanesques, communiquer avec une lune irréparablement navrée de l’écouter.

Se laisser prendre dans les draps de la solitude.
Ne surtout pas s’obstiner à quitter trop vite son exil.

Parce que dans son bagne on peut déguster du Brel, apprécier Baudelaire et trouver Aznavour trop joyeux de s’exprimer.

Demain est un autre jour, demain est un jour nouveau.
Dans son esprit anesthésié, sa créativité muselée ou sa liberté piétinée… Le mieux n’est-il pas de se laisser dévorer par l’insatiable envie d’exister ?

jeudi 24 septembre 2009

Côtoyer la mort




Le matin d’un lundi qui ressemble drôlement au mardi qui suivra et à un mercredi ordinaire.
Le jeune stagiaire vétéran, remonte ce couloir bondé comme pas possible par des malades désespérés de voir leur plainte entendue un de ces jours.
En arborant cette blouse jadis blanche, jaunie et ternie par le poids des jours et du café et des excréments que les oiseaux se plaisaient à lui larguer de là haut…
Elle lui donnait de l’allure et même une autre dimension.
Il voyait dans leurs regards égarés, renaître un certain espoir en le voyant.
Mais il savait pertinemment qu’il ne pouvait à lui seul changer tout un système, répondre aux attente d’un peuple alors que sans juger bon de leur faire parvenir cette convicition

En entrant, il fut accueilli par un spectacle matinal des plus agréables.
Un premier cadavre et puis un autre…
Des victimes du destin.
Un jeune de 24 ans pris dans une bagarre et qui essayait tout bêtement de calmer les esprits…
Et un vieux de 72 ans qui s’excuserait presque d’avoir été aussi longtemps en vie à croire les tares qui s’entassaient sur son dossier médical depuis des décennies entières.

Et puis, ce fut chaque jour pareil.
Avec des pics d’une dizaine de morts.
On n’est ni en période de guerre ni de pandémie.
Mais, on a tout a fait le droit de mourir quand même, de se faire réanimer, intuber, ventiler, de faire un arrêt respiratoire ou circulatoire et d’avoir un certificat médical de décès remplis en bonne et due forme.
Même en période de paix.

A la longue, notre stagiaire, mi je-m’en-foutiste, mi consciencieux, en arriva à flairer la mort, à la percevoir de loin, à lui parler, seul dans le noir et aussi à la sentir mais cette dernière faculté, il ne s’en vantait pas trop, croyant fermement qu’il n’était pas le seul.


Chaque jour en apercevant les corps inanimés, il s’en allait très vite vomir sa peine, son angoisse et son profond dégout de la vie.

En vomissant, il omettait d’expulser ses questions existentielles et son mal-être.

Pourquoi vivons-nous, si c’est pour se vautrer au fond d’un couloir sous les regards désintéressé d’un corps médical qui aura tout vu et tout vécu ?

Pourquoi baisser la tête tellement de fois si une telle fin est inéluctable ?

Pourquoi se pourrir la vie de questions existentielles si on n’est même pas sûr d’exister et qu’on est au moins certain de ne pas perdurer ?

Si la vie est une maladie incurable, où trouver la force et l’envie de vivre pleinement sa maladie ?

Et les nausées repartaient de plus belles…

Il passa outre ces interrogations… Il s’efforça de sourire face à cette brune inconnue au salut matinal chaleureux et séduisant.

Mais ces efforts étaient vains.

Force était de constater, que tous ces aléas de cette maladie incurable de la vie lui prirent le sourire… et pour longtemps.

mercredi 26 août 2009

Et si une fin heureuse était à considérer ?



On passe le plus clair de son temps à chercher ce qu’on croit éternellement inaccessible, ce dont on ne soupçonnera jamais la réalisation et à s’accrocher inlassablement à des chimères.
Mais on se plait à rêver, à s’évader d’un quotidien morose vers des songes magiques.

On s’en sert pour garder le sourire, pour ne jamais s’effondrer, pour être grand et fort comme un homme se doit d’être et de demeurer.

Cependant, qu’en est-il quand le plus fin des scénaristes à savoir le destin ou le hasard, selon les convictions, passé maître dans l’art du « dribbling », coupe court à toutes ces idées reçues du pessimiste endurci que je suis?

Comment nous sentirions-nous si la fin était vraiment heureuse ?

Si le paradis allait inéluctablement nous accueillir ?

Si la femme dont on a toujours rêvé existait vraiment ?

Cela revient à se demander si un prisonnier ayant passé sa vie derrière les barreaux saurait retrouver gout à la liberté ou si un palestinien saurait apprécier la paix après tant de décennies d’occupation sanglante…

Pour ma part, même pris de court, la question ne se pose même pas.

Je l’ai su le jour où j’ai découvert sa présence dans mon monde.

Elle.

Une jeune fille au sourire ravageur, au regard débordant de malice, à la sensibilité à fleur de peau et aux gouts raffinés.

Une personne digne de confiance.

Une créature féérique en l’apparence humaine mais seulement qu’en apparence.

Elle a su en un moment dissiper des doutes vieux comme le monde, déraciner des idées noires que je pensais aussi invulnérables que des mauvaises herbes qui savent résister indéfiniment aux diverses exterminations amorcées ou à entreprendre.

Elle qui sait inspirer. Qui arrive à l’aide d’un simple sourire à irradier le monde de paix et de joie de vivre.

A lui parler, on l’apprécie. A la regarder on l’admire. A l’écouter, elle nous subjugue.

Si vous pouvez évoquer des guerres, des famines ou une pandémie imminente avec un indétrônable sourire aux lèvres, c’est que vous tenez votre merveille.

Je souhaite à chacun de trouver son miracle et je me contente, quant à moi, d’apprécier le mien parce qu’une fin heureuse n’est autre qu’un commencement.
Et que même en achevant sa vie avec elle… On aurait pleinement la fraîcheur et le sentiment de débuter…

samedi 25 juillet 2009

Quand rien que le fait de tourner une page devient un acte douloureux


Dans le roman de ma vie et ses rocambolesques méandres, le premier chapitre s’est achevé d’une rapidité déconcertante avec une incroyable clarté dans le texte aux magnifiques caractères écrits à la main avec une insolente insouciance.

J’ai, aussitôt, décidé d’attaquer le deuxième chapitre.
Par hasard ou peut-être bien par le fait d’un destin qui s’est maquillé en hasard, d’autres voix m’ont rejoint.
Je lisais le premier paragraphe et je m’agrafais illico aux yeux de mon « inter-lectrice ».
Ces expressions voulaient tout dire. Mais je voulais tellement en dire plus.
Cependant, dés que je commençais à m’attacher à la page 24, il était très vite temps de passer à la page 25.
Je le faisais, le cœur et les gestes alourdis par une déception qui était à la mesure de l’importance de la page. Mais je suis toujours arrivé à dépasser mes pages.
Et quand j’arrivais à la page 30, le numéro 24 ne me disait plus rien.

La plus belle page qui ne m’ait jamais croisé, c’est surement la page 37. J’ai croisé les doigts pour la garder. Mais j’ai peut-être trop croisé les bras en passant.
La lecture n’étant pas une activité de tout repos mais une véritable croisade contre l’oubli et l’ennui.

Ma page s’est enfuie avec un autre lecteur qui était surement moins assidu que moi.
Ma page ne savait pas ce qu’elle faisait en me brisant le cœur. Je demande au seigneur de pardonner à ma page. Mais, c’est improbable que le seigneur daigne pardonner.
Etant moi-même rancunier quand il s’agit des pages.

Depuis, j’enchaine les ratures. Mais le livre s’est fixé, à ce que je vois, irrémédiablement sur la page 37.

Quand le pouce et l’index, généralement légèrement hydratés par le bout de la langue, dans un mouvement, il est vrai, complexe mais réalisé machinalement, tentent de passer à la page suivante… Il y a véritablement blocage.
La douleur commence à gagner les doigts tel un tonnerre dans un ciel serein. Petit à petit ce mal atteint le cœur et irradie à tout le corps paralysant l’âme de tout ce qu’elle comptait entreprendre.

La page 37 a ainsi commencé à m’habiter… M’obséder… Me rendre fou et m’aliéner…
C’est fou ce qu’une simple page peut faire d’un organisme complexe fait de viscères, de cerveau, de cœur et de tout ce que vous savez…

Oui, j’ai pensé, comme vous brûlez d’envie de me le crier, à déchirer la page. Hélas mon cœur s’est déchiré avant que je n’en vienne à bout.

En attendant de trouver les solutions à ce problème existentiel qu’est celui de tourner une page, j’ai jugé que la meilleure chose que j’avais à faire était de fermer momentanément le livre et de le ranger sur cette étagère, le temps que la poussière du temps fasse son effet.

Après il suffira d’un coup de chiffon pour tout dépoussiérer, et au moment voulu on entamera volontiers toutes les pages qu’il faudra pour trouver sa page fétiche !

lundi 20 juillet 2009

Le don de se créer des ennemis gratuitement



Pour un individu (super ultra méga) fauché comme j’ai eu le malheur de l’être, toute gratuité est une véritable aubaine.
Même quand il s’agît de foncer droit dans le mur ou de se lancer sans protection dans un précipice.
Tant qu’il n’y a rien à payer, je suis volontiers du voyage.

Ces dernières années je me suis découvert un don, que j’avais couvé depuis fort longtemps, celui de foutre en l’air toute forme de relation humaine (ou pas) qui me lie à un être humain (et même parfois à des êtres d’une autre espèce)

J’ai toujours eu les mots (in)justes, et que je sais prononcer au moment le plus opportun pour provoquer le plus de dégâts en face de moi.
Dés qu’il commence à y avoir une certaine complicité, que les sens s’épousent et apprennent à vivre en pleine symbiose… Mon sens inné de la destruction ressurgit.

Je suis incapable d’entretenir une relation sur le long terme et au bout d’un certain temps, des mécanismes physiopathologiques non encore élucidés me font foirer toute tentative de reprise de contact.

J’ai toujours été un « opposant » notoire à tous les avis qui ont le malheur d’être prononcés voire même murmurés en ma présence.

Inlassablement prêt à bondir à l’aide d’une tirade de contre-arguments et de contre-exemples même si je le reconnais, j’aurais bien pu mener le même combat mais dans le sens inverse si la situation se présentait.

Perpétuellement à l’affut de « la petite bête », de cette faille qui me permettrait de mettre à mal mon interlocuteur et de le malmener avec pour unique défi celui de le pousser à abdiquer.

S’il avait l’élégance de renoncer à cette confrontation aussi inutile que gratuite, je réduisais brutalement la virulence de mes interventions.
Mais s’il avait la mauvaise idée de me tenir tête, j’étais entièrement disposé à user de toutes les formes possibles et imaginables d’armes prohibées par toutes les conventions.

C’était comme légitimer mes « crimes de guerre idéologiques».

A la fin, je me retrouve seul face à ma tasse de thé.

Savourant la solitude en injuriant curieusement les outrages du temps qui m’ont fait faire le vide autour de moi.

D’une certaine manière, c’est peut-être ma quête d’une amitié inconditionnelle, loyale et définitive.
Une amitié qui ne s’arrêterait pas aux détails, qui n’aurait rien à foutre de mes orientations textuelles ou de ma conception de la divinité.
Voyez-vous, cette forme d’amitié qui n’existe nulle part ailleurs que dans des livres poussiéreux et délaissés qui n’attirent plus que de rares lecteurs idéalistes et fougueux parce que la science-fiction est beaucoup plus plausible que de parler de vrai ami.

jeudi 16 juillet 2009

La notion de mort bête dans un pays où l'on meurt bête

Pas une seule fois, j’ai commencé à parler de mort bête sans voir aussitôt mes propos déformés et qualifiés de divagations blasphématoires.

Pourtant, il m’a toujours semblé évident, qu’une mort qui aurait facilement pu être évitée est une mort bête.

Cependant, dans notre inconscient, le fatalisme fait rage au point qu’une faute médicale ou qu’un homicide involontaire avec conduite en état d’ébriété devient un « maktoub », un destin.

« Son heure est venue » m'a-t-on dit...
Oui l’ami ! Mais son heure ne serait pas arrivée s’il avait fait plus attention, et si… et si…

Pourquoi s’acharner à placer des barrières devant chaque raisonnement logique et de brimer le développement des neurones à coups de « Allah ghaleb » ?

Et pourquoi pointer ces regards accusateurs sur tous ceux qui cherchent à comprendre ou améliorer les conditions qui ont mené à la perte d’un être humain en le soupçonnant de haute trahison à la justice divine.

Il me semble ainsi que la mort bête soit une suite logique à l’absurdité de la fatalité. Avec ce laisser-aller qui nous donne l’impression de vivre plus heureux et plus tranquilles alors qu’en réalité, il vole la chance à des milliers de personnes de vivre encore quelques années.

Et pour être dans l’ère du temps, je finirai par déclarer que cette mentalité est ancrée dans notre identité et qu’il serait inutile de tenter de la déraciner… Car de toutes les façons « Allah ghaleb »

lundi 13 juillet 2009

Le mariage littéraire comme solution à la crise financio-existentielle

Je pensais être trop jeune pour penser au mariage ou plus tourné vers la gent féminine. J’ai fini par faire la singulière découverte de mon irrésistible attirance pour les mots.

Pas un «justice immanente » ou un « populisme » que je n’aie pas fini par désirer. Pas une belle tournure de phrase qui ne m’ait pas fait tourner la tête.

Quand j’ai commencé à courtiser les expressions, je n’aurais jamais pu imaginer que je finirais un jour par en être attaché au point de prendre un terme pour épouse. C’était sans compter sur le tyrannique décolleté qui mettait en valeur la générosité de la nature avec ce mot qui avait pourtant si peu de lettres.

J’ai fini, donc par succomber au charme des mots. J’ai accédé à leur monde qui ne demandait ni visa ni entretien ni même une présélection. C’est dire combien les jeunes d’aujourd’hui se désintéressent de cette dimension, pourtant si captivante.

Le jour de notre mariage, on a choisi un orchestre muet.
C’était une grande première mondiale. Jamais une union n’avait été célébrée en silence que je sache.

Mais certains mots étaient bien trop sensibles pour se taper quatre heures de pollution sonore, de Fatma Bousseha dont la valeur des chants se mesurait en décibels.
Cela risquait d’heurter cette sensibilité à fleur de peau et de réveiller ainsi certains maux.

Parmi les convives, il y avait toute la « high society » des phrases. Il y avait toute l’académie française… Des « néanmoins » en pagaille, aux verbes conjugués à l’imparfait du subjonctif en passant par des mots pompeux ou interminables tels « anticonstitutionnellement » qui passait la soirée à se vanter d’être le plus long de l’assistance.

On s’est acharné à organiser pacifiquement ce mariage et pour ce, on était obligé de veiller à ce que l’indicatif ne s’attable jamais à un subjonctif. Vu que ce dernier trop imbu de sa personne ne pouvait concevoir d’être attablé à un minable verbe au présent de l’indicatif. Encore moins s’il était aussi du premier groupe.

J’étais entouré de phrases simples et concises qui circoncisaient l’abjection d’une routine et d’une lassitude qui se faisaient insupportables et paraphrasaient un bien-être que je croyais perdu pour toujours. La vie était si belle dans cette peuplade éloignée.

J’étais comblé de bonheur. Je n’avais jamais soupçonné l’existence de tels plaisirs en dépit de leur présence à ma portée depuis mon jeune âge.
J’ai perdu tant de temps à rêver ou à aduler telle ou telle créature terrestre, lamentable mortelle.
Alors que j’avais tout près de moi toute l’immortalité.

Dieu m’a guidé vers le droit chemin même si, dans ma vie, j’ai pris le deuxième tournant à gauche.

Par accident, j’étais revenu. Ou peut-être ne suis jamais retourné.
Ou peut-être n’est-ce qu’un mirage…

Vivre dans un monde artificiel, un faux-idéal, une république montée de toute pièce, lever les yeux au ciel et prier pour je ne sais quelle faveur et voir l’utopie dans l’immense obscénité de ces faubourgs oubliés.
C’est peut-être là, le chemin le plus puéril du bonheur, mais probablement aussi le plus fantastique et le plus surprenant.

dimanche 5 juillet 2009

La génération de l’ennui



On est tellement nombreux à craindre beaucoup moins la mort que l’ennui, à se ronger les ongles et à se dire qu’on serait surement mieux ailleurs à faire autre chose.
Mais on reste tout de même sur place à glander toute la journée, à attendre que l’horloge tourne, que les jours défilent inexorablement vides.

On essaie de meubler notre temps par n’importe quoi pourvu qu’on se sente vivre à travers une tasse de thé aux pignons ou même un capucin au gout amer du cramé que l’on dissimule vainement par ces innombrables morceaux de sucre.

Et puis on parle… de tout, mais surtout de rien… On fait semblant de raisonner, de débattre de sujets importants et de critiquer telle personne ou tel sujet avec une curieuse préférence aux propos diffamatoires enflammés qu’il est préférable de ne pas répéter sur cet espace de liberté sous peine d’offrir à Ammar un motif de censure inespéré.

On essaie d’être racistes, répugnants, haïssables, de perpétrer des blagues de mauvais gout, étant incapable de retenir cette envie d’exister, de laisser une emprunte dans cette vie insignifiante quitte à y laisser d’abjectes matières fécales.

On ne l’avoue jamais, mais ont vit une perpétuelle crise existentielle, accablés par la conviction d’être de jeunes gens bourrés de talent, d’être pratiquement les seuls à le savoir et de n’avoir jamais la présence d’esprit d’exploiter ses capacités à bon escient.

Pour garnir cet énorme espace dépeuplé que sont nos vies éparpillées, on s’attache à un regard, à une voix, à un corps, à une bouteille d’alcool ou même à un club de football. On en fait un problème existentiel, une affaire de vie ou de mort.

Néanmoins, on garde toujours l’espoir d’un lendemain meilleur sinon on se serait bien laisser tenter par la pendaison (ou à une autre distraction tout aussi sympathique) depuis fort longtemps.

vendredi 19 juin 2009

L’enfant qui sommeille en nous

Cette peur soudaine du noir quand un bruit surgit du milieu des ténèbres.
Cette sensibilité à fleur de peau.
Cette humeur capricieuse.
Ces larmes versées face au désarroi des autres.
Cette révolte et cette insatiable envie de changer le monde.
Cette boulimie d’oxygène et de vie.
Cette innocence qui subsiste au fond des yeux même après avoir succombé à toutes les tentations du monde et après bravé l’interdit.
Cette voix trempée de tendresse qui sait consoler quand les adultes fuient.
Ces yeux rivés vers l’horizon qui n’acceptent pas l’amertume de la défaite et la combattent à coups violents d’optimisme irradiant autour d’eux.
Cette malice, cette sensation de toute puissance, ces idées extravagantes, cette vérité spontanée qui émane de cette bouche ornée de dents de lait.
Se demander légitimement si dieu existe vraiment ou si nous avons juste atterri par erreur sur cette planète où l’on s’entretue en toute jouissance. Se sentir parfois étranger et vouloir à tout prix revenir sur Mars ou Platon…
Regarder la lune comme un chez-soi lointain. Ressentir l’amertume de l’exil.
Ces passages chez le dentiste pour les extraire une à une… « Ô mer, prends cette dent d’âne en offrande et offre moi en échange une dent de gazelle » avant de lancer sa dent défunte dans les vagues.
Aimer une fille sincèrement, sans arrière-pensées… De cet amour limpide, passionnel et grandiose. Chanter son amour aux oiseaux…
Son premier baiser. Sa première escapade dans le royaume des amoureux…
Et puis en un instant prendre l’ascenseur émotionnel pour rejoindre le rang des blessés de cette guerre qu’est l’amour.
Avoir en tête une interminable liste de projets impossibles que l’on se jure de mettre en œuvre…

On croit tous l’avoir enterrée à jamais de notre existence, cette âme pure de notre tendre enfance… Elle finit souvent par ressurgir.
Mais qu’a-t-il fait de sa vie celui qui a assassiné cette âme d’enfant qui sommeille en lui ?

lundi 6 avril 2009

Les aveux d’un soir

Mon cœur… Mon unique espoir…
Mon immense désespoir…
Je n’aurais jamais imaginé pouvoir te le dire en face…

Mais avec ce crépuscule de printemps, tes yeux qui brillent, ta voix si douce, tes lèvres pulpeuses, ton visage angélique et tout ce que je n’aurai pas la présence d’esprit de citer…

C’en est trop pour moi…
Je le confesse, je le balbutie.

Je n’avais jamais bégayé auparavant. Aujourd’hui il m’est si pénible d’articuler ton nom pourtant composé de si peu de lettres.

Mon inspiration… ma muse…
Mon spleen et ma consternation…

Tu es si belle si sublime. Toutes les étoiles t’envient ta présence à mes côtés… Mais de toutes les étoiles c’est toi que je préfère, ton regard malicieux, ta mimique qui me fait toujours le même effet.

Tu me subjugue, tu sais…

Je sais pertinemment que notre amour est impossible car une étoile et un minable être humain ne pourraient jamais s’unir pour le meilleur et pour mourir…
Parce que les étoiles ne meurent jamais et que les humains périssent au bout d’un moment.

Mais toi mon étoile… mon illumination…
Tu me tues tellement de fois par jour.

On me demande ce qui me prend de vouloir à tout prix me refuser au monde.
Mais c’est parce qu’ils ne savent pas… que chaque nuit je veille jusqu’aux premières lueurs de l’aube dans les bras de mon étoile chérie…
Morphée m’accuse de trahison et a juré de ne jamais revenir.

Mais je la voie chaque nuit revenir, tête baissée implorer mon pardon… Rien que du fait que c’est avec mes mots qu’elle fait rêver les gens…
Je lui répète indéfiniment qu’il n’en pas question !

Cependant, il est une question dont j’ignore absolument la réponse…
Comment ne jamais célébrer notre union ? Sommes-nous vraiment si différents ? Notre amour ne pourrait-il par triompher de tous ces désaccords dont nous ne sommes pas coupables comme dans les romans du siècle dernier ?

« Carpe diem ! » me répondit-elle !
Vivons pleinement chaque instant, en gardant à l’esprit qu’un de ces jours on devra se laisser pourrir de solitude, chacun dans son coin…
C’est triste à mourir…
Mais rien que pour les moments qui me restent à tes côtés, la vie vaut bien plus que son pesant d’or et de diamants noirs…
Après, on verra bien…

mercredi 1 avril 2009

Seul face à sa feuille blanche

Envie de rien.
La mort dans l’âme.
L’esprit embrouillé.
L’avenir embrumé.

Seul face à sa feuille blanche.

Nul ne sait l’écouter, le comprendre.
Nul ne voit en lui ce qu’il est vraiment.

Seule cette feuille format A4 assaisonnée avec un porte-mine 0.7 qui la creuse et ne s’en excuse même pas, sont là quoiqu’il se passe.
Qu’il neige ou qu’il pleuve averse, elle ne se lasse jamais de lui tenir la main.
Elle était son hobby mais elle est vite passée au rang de passion puis même de véritable raison de vivre.
Personne ne réussit à percer véritablement tous les mystères de cette ascension fulgurante qui a littéralement transformé le destin d’une minable feuille blanche qui aurait bien pu finir aux oubliettes.

Elle noircit à coups de phrases inachevées mais se lave souvent la conscience à coups de bains d’encre sans trop s’en faire. Quand il écrivait, il la blessait, elle se taisait mais versait indéfiniment du sang d’encre.

Il était fort avec les mots, elle était à peine remise de ses maux, qu’il se remettait encore à la noircir, à lui ternir l’esprit.

Il était le seul, elle était l’unique. Ils affichaient tout deux le même visage, la même mimique.
Ils ne faisaient plus qu’un…

Esseulé face à sa feuille blanche, sa solitude s’est envolé, il a atteint le Nirvana, le sommet du Boukornine.
Qu’a-t-il vraiment fait de sa vie, celui qui n’a jamais frémi d’émotion en atteignant la pointe du Boukornine ?!

vendredi 13 mars 2009

Jeunesse internationalement tunisienne

Jeune homme aux idées étranges. Souvent altruiste mais avec parfois des pulsions destructrices…

Jeune guérillero perçu comme un combattant suprême venu délivrer le monde des mauvais esprits qui le désagrègent.

Jeune étudiant aux idées révolutionnaires. Sa parole contre le monde… Même si le monde vaincrait, il aurait eu l’audace de lever la voix pour défendre ses droits…

Jeune citoyen du monde sans certificat de résidence ni carte de séjour…

Jeune rêveur arrêté sur les frontières de la réalité pour cause de passeport périmé…

Jeune parmi tant de jeunes, qui essaie tant bien que mal de se frayer un chemin, de devenir un des grands de ce monde, de se faire entendre, de dire NON, de donner ses raisons et de présenter une alternative…

Jeune chanteur occasionnel, sous la douche ou dans l’ascenseur, dans la salle quasi-vide, les seuls spectateurs présents ronflent déjà mais il sait au moins que cette étoile qui brille au loin apprécie sa voix mélancolique. Et rien que pour le plaisir d’admirer sa luisance, il ne se taira jamais !

Jeune diplômé chômeur, la maîtrise en poche mais rien à se mettre sous la dent. Banni à jamais d’une société qui refuse catégoriquement d’entendre parler d’un « Tunisian Dream ». L’ascenseur social étant bloqué au sous-sol et en dépit de la sonnerie qui se fait entendre à des kilomètres à la ronde, tout le monde passe son chemin et fait mine de n’être pas concerné.

Jeunesse perdue entre le minaret, les tabous et le verre de vodka. Peinant à choisir entre les cinq prières et les soirées arrosées jusqu’à cinq heures du matin.

Jeunesse sans repères, sans idéaux, sans principes, sans convictions, sans ambitions, sans avenir, sans passé, coincée entre un présent dérisoire et des plans illusoires.

Jeunesse qui sourit bêtement sans savoir pour quelle raison. Qui fredonne des paroles de chansons anglaises dont elle n’a jamais percé le sens.

Jeunesse vieillie prématurément sous les yeux d’un monde glacial où l’indifférence est une religion.

Jeunesse pas plus profonde qu’un calendrier qui compte passivement les jours s’écouler et qui se trouvera surement à un moment donné abandonné à jamais.

jeudi 12 février 2009

Quand la personnalité s’exprime

Paroles acides
Comportement agressif.
Idées noires.
Sentiment de persécution.
Termes révolutionnaires.
Critiquer à outrance.
Voir le mal partout.
Considérer la vie comme un dédale,
Faisant partie de l’oubli.
Rire souvent.
Savoir pardonner.
Rendre coup pour coup.
Mais avoir l’amour pour ligne de conduite.
Avoir une humeur volatile.
Mais n’être pas fou pour autant.
Croire à un meilleur lendemain.
Avoir la tête dans les nuages.
Rêver… Et ne jamais se réveiller.
Verser des larmes en guise de solidarité.
Ne jamais baisser les armes en toute intrépidité.
Etre apprécié pour ce qu’on est.
Ou haï pour ses idées.
Qui pourrait vraiment prétendre faire l’unanimité ?