Pour un individu (super ultra méga) fauché comme j’ai eu le malheur de l’être, toute gratuité est une véritable aubaine.
Même quand il s’agît de foncer droit dans le mur ou de se lancer sans protection dans un précipice.
Tant qu’il n’y a rien à payer, je suis volontiers du voyage.
Ces dernières années je me suis découvert un don, que j’avais couvé depuis fort longtemps, celui de foutre en l’air toute forme de relation humaine (ou pas) qui me lie à un être humain (et même parfois à des êtres d’une autre espèce)
J’ai toujours eu les mots (in)justes, et que je sais prononcer au moment le plus opportun pour provoquer le plus de dégâts en face de moi.
Dés qu’il commence à y avoir une certaine complicité, que les sens s’épousent et apprennent à vivre en pleine symbiose… Mon sens inné de la destruction ressurgit.
Je suis incapable d’entretenir une relation sur le long terme et au bout d’un certain temps, des mécanismes physiopathologiques non encore élucidés me font foirer toute tentative de reprise de contact.
J’ai toujours été un « opposant » notoire à tous les avis qui ont le malheur d’être prononcés voire même murmurés en ma présence.
Inlassablement prêt à bondir à l’aide d’une tirade de contre-arguments et de contre-exemples même si je le reconnais, j’aurais bien pu mener le même combat mais dans le sens inverse si la situation se présentait.
Perpétuellement à l’affut de « la petite bête », de cette faille qui me permettrait de mettre à mal mon interlocuteur et de le malmener avec pour unique défi celui de le pousser à abdiquer.
S’il avait l’élégance de renoncer à cette confrontation aussi inutile que gratuite, je réduisais brutalement la virulence de mes interventions.
Mais s’il avait la mauvaise idée de me tenir tête, j’étais entièrement disposé à user de toutes les formes possibles et imaginables d’armes prohibées par toutes les conventions.
C’était comme légitimer mes « crimes de guerre idéologiques».
A la fin, je me retrouve seul face à ma tasse de thé.
Savourant la solitude en injuriant curieusement les outrages du temps qui m’ont fait faire le vide autour de moi.
D’une certaine manière, c’est peut-être ma quête d’une amitié inconditionnelle, loyale et définitive.
Une amitié qui ne s’arrêterait pas aux détails, qui n’aurait rien à foutre de mes orientations textuelles ou de ma conception de la divinité.
Voyez-vous, cette forme d’amitié qui n’existe nulle part ailleurs que dans des livres poussiéreux et délaissés qui n’attirent plus que de rares lecteurs idéalistes et fougueux parce que la science-fiction est beaucoup plus plausible que de parler de vrai ami.