Les fidèles du Boukornine

vendredi 3 juillet 2009

La mort à la clé



Il a tout juste vingt ans et un permis de conduire flambant neuf en guise de clés de l’enfer. En dépit de l’interdiction absolue infligée par ses parents de prendre la voiture, ce jeune rebelle qui se nourrit de vitesse n’a aucun scrupule à voler cette trois cylindres et à en faire une voiture de courses en pleine ville.
Esquivant les êtres humains tels des cônes en plastique teintés de blanc et de rouge fluorescent.
Ce jour là, comme à son habitude, il prit les clés et n’en avisa personne. A peine entré dans cette artère surpeuplée du centre ville, il monta les vitres jadis électriques, appuya sur le champignon et s’en alla caressant le ciel.
Il adorait cette sensation de toute puissance qui le submergeait quand il faisait peur aux passants et aux autres automobilistes, son sport favori était de flirter avec la mort dans une danse aussi périlleuse que palpitante.
A mesure que l’adrénaline montait, que son cœur battait à une fréquence encore plus élevée, que sa peau transpirait, il appuyait toujours aussi fort sur le champignon.
Le rythme des percussions de sa musique préférée, la « house music », le déconnectait de cette réalité cruelle qui allait soudain le rattraper quand une jeune demoiselle qui portait un bébé de 7 mois traversa la rue de ce quartier résidentiel sans faire attention.
Son corps fut projeté à 30 mètres du point d’impact et elle ne s’arrêta que lorsque son corps percuta un des immenses arbustes qui démarquaient la rue.
La mort pointe son nez, très souvent lorsqu’on s’y attend le moins. Les témoins de cet accident ont confié que rien que le vacarme causé pouvait laisser présager du pire.
Notre jeune (anti-)héro, était le seul survivant.
Cette faveur divine était curieusement insupportable pour un jeune amoureux de la vitesse et qui n’avait jamais songé à la portée de ses actes.
Il démarra la voiture en catastrophe et fuit lâchement surveillant nerveusement sur le rétroviseur les deux corps inanimés de ses martyrs. Il fut rongé par les remords...
Il baissa tout de même le son en respect à ses deux âmes probablement perdues à jamais, fit couler quelques larmes et se dit tristement que c’était peut-être la fin… Ou peut-être pas s’il déguerpissait pour un bon bout de temps jusqu’à ce qu’il y ait prescription…
Mais son unique lueur d’espoir s’éteignit définitivement quand il se rappela que sur les condamnations pour meurtre, il n’y a jamais de prescription.
Il arriva enfin à l’inévitable constatation : Il n’était peut-être pas mort… Mais il était déjà en enfer !

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