Les fidèles du Boukornine

dimanche 20 juillet 2008

Paraître pour espérer être


J'ai 25 ans.
Je suis le pur fruit de ma société.
Je représente ce à quoi tous les tunisiens sans exception veulent ressembler.
Cette chemise D&G que je porte coûte dans les 300 dinars.
Ce jean de marque temps des cerises vaut 320 dinars.
Ces paires de lunettes Ray ban font aux alentours de 500 dinars.
Rien que cette ceinture, elle fait l'équivalent de 150 dinars. Elle m'a été offerte par ma copine à l'occasion de mon anniversaire.
Cette voiture, quand je l'ai achetée, elle était presque neuve et pourtant elle m'a coûté plus de 40 milles dinars.
Je marque toutes les soirées auxquelles j’assiste de mon emprunte indélébile.

La table où je décide de m'asseoir, elle vaut au bas mot mille dinars. C'est peut-être pour cela que les gérants de boîtes de nuits se donnent autant de mal à me courtiser et à m'inviter question d'égayer l'ambiance et la caisse du lieu par la même occasion.
Je suis un bon vivant tout le monde vous dirait la même chose.

C’est en quelque sorte mon image de marque et je veille comme je peux à l’entretenir aux yeux de tous ceux qui ont l’honneur de me croiser.

Sinon, il est vrai que mon boulot merdique me fournit 400 dinars par mois. Soit une somme qui me permet à peine d’acheter un pantalon chic.

Je reconnais aussi que je suis en train de dilapider doucement mais sûrement la petite « fortune » que m’ont léguée mes chers parents et que dans quelques années je me retrouverai certainement à la rue vu le train de vie que je me permets d’avoir.

Ce n’est sûrement pas ma faute si cette fille ne me considère qu’au poids des sous qui pèsent sur mes poches.

C’est cette société qui a fondé tous ses jugements de valeur sur l’image de l’individu.

Piaget n’a-t-il pas défini l’intelligence comme « la capacité d’un individu à s’adapter à son environnement. »

Finalement je n’ai fait que m’acclimater. Me colorer pour survivre dans un milieu hostile.

Mais tout cela il ne faut surtout pas qu’on le sache.

C’est un secret entre nous que vous vous devez d’enterrer ici même !

La seule vérité qui doit transparaître c’est ma richesse exemplaire et ma maîtrise du monde.

On n’est respecté que si on porte des marques et qu’on a les moyens de se faire considérer.

Et tant que je pourrai imposer le respect par les sous je le ferai sans hésiter quitte à se réveiller ruiné le lendemain.

7 commentaires:

MAD DJERBA a dit…

Moutons de panurge
Paraître et ne pas être, valeurs d'apparence et d'apparat sans aucune créativité, uniforme copier/coller d'ailleurs créatifs, quotidien étouffé d'une couche de superficialité et de snobisme, de poudre aux yeux sans éclat, pathétique.
A qui la faute ? A une société qui ne tolère pas et n'enseigne pas la différence, la créativité, l'épanouissement de l'individu, de sa personnalité, qui favorise non pas l'émulation mais la compétition sur des valeurs bassement matérielles uniquement, une société qui ne nous enseigne pas à nous réjouir du bonheur de l'autre mais à l'envier.

Anonyme a dit…

honte a toi et a cette société a laquelle tu t'idenntifie, ou plutot cette frange de vaux rien.
Tes parents ont bossé dur, ou ont peut etre volé dur , mais l'important c qu'ils ont trimé pour que tu vives bien , et au lieu de quoi t'as meme pas atteint leur statut social.
Tu crois qu'on t'aime à cause de tes fringues, non tu te trompe on aime la couleur de tes thunes et sans plus, on te considére meme pas.
Termine ton périple et tnkt qu'un jour on te chiera dessus

Khalil a dit…

-----> Mad Djerba:
Très joli commentaire!
La société est fautive dans la genèse de ce genre d'individus.
Le vrai problème c'est que ces stéréotypes ne font plus l'exception, mais sont de règle actuellement.
Société tunisienne réveilles-toi!

-----> Anonyme:
J'adore les gens qui s'emportent pour exprimer leurs avis dans un minimum de respect quand-même :)
Je suis tout à fait d'accord avec toi sauf que le point sur lequel nous différons est que le "JE" utilisé dans le post n'est pas forcément est "JE" qui me représente. Si on emploie la première personne, ce n'est pas automatique que l'on parle de soi.
En d'autres termes, je ne parle pas de moi dans cet article comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Je dresse simplement le monologue d'un tunisien comme il y en a tellement à notre époque.
D'ailleurs, khouk zaweli :)
la 3andi la voiture à 40 milles dinars lé walou. :)
Marhbé bik!

Amira Yaakoubi a dit…

je crois que cette image est assez lourde et difficile à assumer;
même ceux qui s'y collent puisqu'ils ont les moyens arrivent à réaliser à un moment donné que ce n'est qu'éphémére;
il peut être beau, riche...
le jour ou il perdra l'une de ces qualités superficielles, il se retrouvera réduit à néant;
tout ceci pour dire que l'aspect exterieur est un mauvais investissement s'il n'est pas accompagné de valeurs morales ou intellectuelles vraies;

Anonyme a dit…

tunisien expatré en France et bientot je change de cap vers un autre pays que j'espere plus souple et prometteur pour ma vie professionelle.
Tunisien et malheureux de voir comment ce pays a changé comment les gens vivent, comment son administration fonctionne et comment ses gens s'en foutent eperdument.
tunisien issu d'une famille assez riche mais qui ne l'assume toujours pas, et il fait tout pour se construire tt seul, malheuresement la vie n'est pas facile et les couilles t'en as a chanque coin de ruen ,alors comprends qu'a la simple lecture de ton message je deviens vert et la rage l'emporte sur moi même.
Je reve d'une tunisie qui avance, qui se modernise mais pas qu'en l'apparence, je reve d'une tunisie responsable d'une tunisie moins radicale ou le merite l'emporterait sur le favoritisme
Voila tout, mnt tu pourras passer mes sentiments a la personne que t'as decrit

Amira Yaakoubi a dit…

@anonyme: tous mes respects!

Khalil a dit…

---> l'éternelle Pink!
seules les valeurs morales peuvent se pérenniser.
--->Anonyme:
Bravo pour ta prise de position ! Tes sentiments passeront à plus d'une personne sois-en sur !
Bienvenue sur ce blog!
Eddar darek!