Avant d’entamer ce billet, je ne saurais occulter la censure sauvage et irresponsable qui a accablé un blog ami, d’un individu que je couvre de ma toute ma bienveillance.
Il s’agit du blog
3al-7it qui vient de subir la terrible sentence mais ce bloggeur qui, ingénieux comme toujours, vient de lancer un deuxième blog à savoir
ta9tou9a.
Il va sans dire que je salue cette abnégation qui n’est pas étrangère à notre héro du jour.
Revenons à ce sujet ô combien sensible, j’ai nommé la radicalisation des peuplades.
Tout commence en France avec une série de commentaires racistes proférés par les plus hautes sphères du pouvoir avec notamment Brice (de Nice) Ortefeux et Sarko qui veut être à jamais calife à la place du calife tel son idole Iznogoud.
Avec une cote de popularité au plus bas, Sarko décide, comme il sait si bien le faire de détourner l’attention de son peuple en proposant une loi selon laquelle il pourrait déchoir certains criminels ayant la double nationalité de leur appartenance française.
Fait gravissime mais qui passe quand-même avec un discours bien rôdé et un peuple qui sombre à son tour dans la xénophobie encouragé par une Suisse qui a déclaré son inquiétude vis-à-vis de la « prolifération » de minarets sur son territoire à la suite d’un referendum fatidique.
Mais « cela ne nous regarde pas » comme dirait les inconnus dans un de leurs sketchs les plus populaires.
Je me considère comme étant citoyen du monde, mais entre nous, j’arrive à fermer les yeux sans tarder même en sachant que Sarkozy sera probablement réélu et que les tunisiens qui oseront demander le visa à l’ambassade française se verront traiter comme des chiens. (L’exemple typique du gardien de l’ambassade qui crie « Allez vous-en ici c’est le territoire français… »)
En Tunisie avec l’éclatement de l’affaire Mohsen Cherif et tous ces artistes qui ont opté pour la « naturalisation » des relations avec l’état d’Israël, on a compris que ce tsunami de racisme et de discrimination a fini par retentir sur le bon fonctionnement des neurones de nos concitoyens.
Facebook a relayé la révolte d’un peuple en mal de repères, de causes à épouser, d’ennemi à haïr, de valeurs à adopter et d’intellectuels à vénérer.
Un peuple endormi depuis des décennies qui a voulu dans un sursaut d’orgueil rétablir l’ordre des choses en sa faveur, comme au bon vieux temps.
La démocratie, c’est la dictature de la majorité. Mais quand la majorité est conne, le système ne tourne plus rond.
Des dizaines de milliers de tunisiens ont appelé à déchoir Mohsen Cherif de sa nationalité pour avoir trahi « la cause ».
Ce même peuple qui s’en fout royalement, au fond de ce qui se passe au proche orient. Qui se contente d’assister à une bagarre au quartier sans se donner la peine de composer le 197.
Qui s’arrête en pleine autoroute pour se délecter du spectacle d’un accidenté déchiqueté sans même appeler les secours et puis qui remonte tranquillement dans sa voiture avec au pire quelques nausées.
Ce peuple qui assiste tous les jours à un festival de « vendus » passés as dans l’art de la parlotte qui vient leur chanter des pseudo-convictions fabriquées de toute pièce dans l’unique but d’étoffer leur compte bancaire.
Jamais aucun individu respectable du Nafkhanistan n’avait osé hausser la voix.
Jamais, non plus, le peuple ne s’est insurgé contre ces pseudo-journalistes qui prennent à parti de pauvres personnes qui ont eu le malheur de l’ouvrir, de dire ce qu’ils pensent.
Pourtant, sur les colonnes de ces torchons on peut lire que leurs femmes sont des putes, que leurs enfants sont des drogués et qu’eux-mêmes sont des vendus aux services secrets étrangers.
Tout le monde sait que de toutes ces atrocités, il n’en est rien.
Mais Les nafkhanistanais dormaient confortablement sur leurs deux oreilles, jusqu’au jour où un certain Mohsen Cherif, les a « trahi » pour une poignée de dollars, il l’a fait le con.
Il a scandé « vive Bibi »
Netanyahou le criminel de guerre ? Oui c’est bien de lui qu’il s’agit.
Qu’on réclame une enquête sur ses artistes « vendus » qui vont pactiser avec l’ennemi et partager leurs joies alors que notre peuple subit les pires supplices en terre occupée. Oui je veux bien.
Mais qu’on vienne demander violemment la déchéance de la nationalité. Permettez-moi, ô grand peuple nafkhanistanais de vous demander gentiment d’aller chier.
La nationalité tunisienne.
Celle de Bourguiba, de Abdelaziz Thaâlbi, de Ali Riahi, de Ali Ben Ghedhahom, de Moncef Bey, de Mosbah Jarbou, de Chouchou (celui qui fait une ojja succulente prés tout prés du passage au centre ville), de Hattab (le célébrissime « Kaftejiste » de la rue du Ghana), celle de la yaourterie de la Marsa et d’Ennasr, celle du golfe d’Hammamet, celle du Boukornine…
Vous voulez priver un être humain de son identité ?
Décapitez-le, lynchez-le, agressez-le, ce serait moins douloureux que de lui enlever ce qu’il a de plus cher.
Ces derniers jours, le feuilleton Nsibti laâziza produit par Nessma tv avec un casting intéressant comportant entre autres Mouna Noureddine, Sofiene Chaâri et Kaouther Bardi et qui se moque ouvertement de l’accent sfaxien en reprenant grossièrement certains clichés mâchés et remâchés à propos des personnes originaires de cette région.
La diffusion de cette série a provoqué un tollé sur le net. Comme d’habitude la réaction a été disproportionnée.
Des milliers d’internautes ont manifesté leur mécontentement avec des répliques brillantes du genre : « Ils sont jaloux de nous parce que nous sommes la race supérieure », « on devrait instaurer le visa à Sfax »… (Je vais m’arrêter là, pour pouvoir continuer sans vomir ce que j’ai ingurgité au moment de la rupture du jeune)
L’accent du nord-ouest de la Tunisie et des tunisois a été surexploité par les humoristes tunisiens, jamais je n’ai entendu parler de mouvement de protestation.
Pourquoi Lamine Nehdi qui a toujours fait de ces accents là sont cheval de bataille, n’a jamais été contesté. Les sfaxiens (une partie) se prendraient-ils vraiment pour une race supérieure ?
Ou peut-être n’auraient-ils simplement pas le sens de l’humour ?
Parce que personnellement, je trouve la série très réussie avec parfois des accès certains de mauvais gout. Mais que voulez-vous ? Avec si peu de productions artistiques annuelles on est condamné à se contenter de peu.
Le pire c’est que chaque affaire qui éclate me fait redouter le futur. A chaque fois, l’avenir m’a donné raison puisque les réactions se radicalisent encore plus.
Si parfois mes mots sont durs, crus ou déplacés, comprenez que j’essaie de vous choquer pour que vous vous rendiez compte de la délicatesse de la situation.
Soyons indulgents. Soyons raisonnables.
Semons l’amour. Aimons-nous…