Les fidèles du Boukornine

jeudi 6 décembre 2007

Coupable d'avoir existé

A peine venu,il était déjà condamné.
Etiquetté par le regard malveillant d'une société sans merci.

Du haut de ses vingt ans,les rides lui ont déjà plissé le front.
Il s'est habitué aux remarques déplacées de son entourage dont la priorité absolue était de lui rappeller sans cesse que c'est dans le péché qu'il avait été conçu par des adolescents égarés.
Constamment marginalisé à cause d'une case restée vide dans son état civil,celle du nom de famille.

Dans un centre spécialisé,il avait grandi et appris à survivre sans père ni repères.
A la recherche de ses racines,il se plaisait à abandonner son esprit vagabonder et lui ramener à chaque fois des visages possibles de ses parents.
C'était presque vital pour lui de mettre une image derrière les noms de papa et maman,pour qu'il puisse enfin tourner la page et attaquer les périples d'une vie qui ne lui a vraiment pas fait de cadeaux.

Son pire souvenir restera surement les rires moqueurs de ses petits camarades de classe quand on lui demandait la profession de ses parents et qu'il ne répondait pas.

Il n'avait jamais réussi à comprendre comment un être humain doué d'un minimum de sentiments,aussi jeune soit-il, pouvait jeter sa progéniture, le bébé qu'il avait porté si longtemps dans son ventre.
Il a beau essayer de pardonner, rien n'y fait.
Au fond de lui demeurera toujours une rancueur d'avoir juste un géniteur et une mère porteuse.

Il regarde toujours avec autant de stupeur les adolescents que dieu a comblé par la présence de leurs deux parents et qui leur parlent sur un ton pour le moins inapproprié.
Certes une personne qui n'a jamais été privée de cette faveur inestimable ne connaîtra jamais la réelle valeur de prononcer "papa".
Il aurait ô combien aimé avoir une mère à ses côtés pour partager avec lui ses joies et ses souffrances.

Il se rappelle encore de son brillant succès à l'examen du baccalauréat mais grande a été sa peine quand personne n'en a jubilé à part lui.

Telle est la volonté de dieu et qui peut réellement s'y opposer ?!

L'affection parentale,il avait appris avec le temps à s'en passer.
Néanmoins, il n'a guère pu justifier le mépris dont il faisait l'objet depuis sa tendre enfance.
Mais pourquoi le jugent-ils sur un crime qu'il na jamais commis?
Pourquoi le massacrent-ils avec leurs regards accusateurs?
Allah avait formellement interdit les rapports en dehors du mariage sous peine d'être fouetté et il avait sûrement raison, mais une question demeure sans réponse : pourquoi la société s'acharne-t-elle sur ces enfants illégitimes ? Eux qui ont si besoin d'encadrement pour ne pas dériver..
Décidèment la bétise humaine a encore un long chemin devant elle et elle n'a surement pas fini de causer du tort..

1 commentaire:

Anonyme a dit…

comment se fait-il qu'un comptable du burkina faso connaisse autant sur la vie au hammamlif? son goût, son essence, ses dessous..?
non, sérieux.. c'est vrai que c'est un peu trop morose à mon goût; n'empèche, je complimente l'auteur sur ses beaux textes.