Sur les plages pourries d'Hammam-Lif et à cette heure tardive aucun être sensé n'ose s'aventurer. C'est surement pour cela qu'Ahmed s'était retrouvé seul à contempler cette mer-patrie. Tout fier, il écoutait le murmure des vagues qui ferait, sous peu, de lui un être riche, un homme comblé et surtout européen, un détenteur fortuné d'une grossecylindrée. Mais à quel prix ? Ce voyage périlleux risquait bien entendu de lui coûter la vie. Mais il s'accordait à dire que sa vie à lui n'était pas vraiment cher payé pour se retrouver outre méditerranée... De toute façon, sous terre on vivait au chaud toute l'année, il ne pouvait vraiment pas en dire autant pour sa vie actuelle... Le décés était donc en soi, une ascension sociale, d'un certain angle. Pourtant, il avait la curieuse impression que sa mère ne saurait voir le monde sous cet angle là. Elle était la bouée de sauvetage, qui l'empêchait de se noyer dans l'océan de ses vicissitudes. Elle était vraisemblablement la seule à avoir foi en sa personne.L'émotion commençait à se faire sentir, quand il songeait que c'était peut-être la dernière fois que ses pieds sales s'enfonçaient dans ce semblant de sable. Mais la tristesse n'était pas au rendez-vous pour cette ultime étreinte avec son passé. C'était un peu son jubilé qu'il fêtait aujourd'hui. Il se devait alors de bannir toute mélancolie de son esprit. Après tout il en avait rêvé depuis sa tendre enfance. Et pour lapremière fois de sa vie il allait réaliser un rêve. Et même sa mère finirait sûrement un jour par comprendre sa démarche. Il s'imaginait déjà à s'éxhiber le long des magnifiques plages siciliennes. Il frémissait même à l'idée qu'il serait acceuilli quand il sera enfin arrivé par un panneau de bienvenue, écrit en italien,s'il vous plaît!L'appel à la prière interrompît soudain ses reflexions signalant aux fidèles que le temps de la première prière de la journée était venu. Il fît alors le triste constat qu'il n'allait sûrement pas retrouver cette spiritualité en abondance qui résonnait dans l'atmosphère de l'autrecôté de la méditerrannée.Il allait finalement sceller son destin. Devenir riche ou euthanasier défintivement sa souffrance.Un étrange sentiment lui faisait croire que la deuxième option était plus apte à se réaliser vu la guigne qui l'a toujours poursuivie.
Deux semaines plus tard,dans la rubrique des faits divers du plus grand journal du coin parût un article faisant état de 25 mort dans le large d'Hammam-Chott,le point de départ culminant de l'immigration clandestine tunisienne. Dans la liste des naufragés figurait le nom d'Ahmed qui avait raison de penser que la vie n'allait jamais lui sourire et aussi de croire que sa mère ne verrait pas les fait avec philosophie, surtout son coeur qui n'a su tenir face à l'annonce maccabre.Ahmed repose actuellement bien au chaud dans l'immense cimetière d'el Jallez. A côté de lui sont allongés d'autres malchanceux qui ont vu leurs rêves trop fragiles pour tenir face à des vagues de 2 mètres de hauteur s'écarteler à jamais. Khalil
1 commentaire:
tu écrivais bien mieux à l'époque! :'( allah yar7am li métou blé dfina :'( w yél3én li kén ésbab..
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