Et c'est le jour d'un Aïd el Seghir, l'une des plus belle fêtes de la communauté musulmane,que le destin a finalement choisi pour voir naître un bébé très mignon et plein de vie.. Bercé par la mélodie des vagues de la plage d'Hammam-Lif et protégé par l'oeil bienveillant du mont Boukornine qui étalait toute sa splendeur, il avait grandi.
Sa mère n'en croyait pas ses yeux en le voyant souffler ses quinze bougies. Son fils était devenu un homme. Elle n'en était pas peu fière de sa progéniture. Mordu de football qu'il était, il ne ratait aucune occasion pour aller voir sa 'dream team', l'équipe locale de football jouer comme elle savait si bien le faire.
Avant chaque match, il devait lui aussi entamer un stage à huis clos qui durait parfois jusqu'à quelques jours et durant lesquels, il n'existait plus. Il n'était que l'ombre de lui même. De visage hagard et de regard pensif. Son seul souci devenait la prestation qu'allait présenter son équipe et la tactique la plus appropriée pour ce match là. Il étudiait méticuleusement toutes les propositions sans pour autant s'en lasser ou demander l'avis de quiconque..
En entrant au stade, il déshabillait sa personnalité de ses caractères calme et sympathique et enfilait aussitôt la parure fanatique de la plupart des supporters qui peuplent les stades.
Avec le coup de sifflet de l'arbitre, le jeune homme n'épargnait personne. Il faisait l'étalage de son remarquable savoir-faire en matière d'insultes. Il s'indignait devant les décisions des arbitres aussi anodines soient-elles, il ne ratait aucune occasion pour remettre en place même ses propres joueurs qu'ils voyaient indignes de porter ce maillot qu'ont porté tant de légendes. Il insultait souvent ce professionnalisme "à la con", qui salissait,selon lui, le monde du football et réduisait les joueurs au statut méprisable de mercenaires.."C'était sûrement mieux avant!", qu'il s'entêtait à répéter à tousses interlocuteurs. Il ressentait parfois un sentiment très étrange qu'est celui de la nostalgie d'une époque qu'il n'avait jamais vécue.. Ce sentiment bizarre était tellement ancré en lui qu'il était l'essence même de son être.. Il y puisait une grande partie de sa marginalité par rapport aux jeunes gens de sa génération. En effet, il n'était pas comme les autres..
Il était si.. pur!! Lui même l'avait remarqué un jour quand il s'était surpris à proférer des propos régionalistes dans un match au stade municipal. Il s'était enflammé par la chaleur ambiante et par la teneur trop acide des slogans scandés par des incultes.. Lui pourtant si pur..
Quand il s'était rendu compte de l'ampleur de ses mots, que beaucoup prennent pour une façon comme une autre de taquiner le public adverse, il était parfaitement sonné. Il avait pris toute une semaine à réfléchir. Il s'était demandé comment le sport qui est une distraction créée à la base pour rapprocher les peuples avait fini un dimanche ensoleillé du vingt et unième siècle par pousser un gosse de quinze ans à haïr toute une région pour un penalty non sifflé aussi évident soit-il. Il trouvait cela très bête, finalement, le régionalisme.. Surtout quand il n'est pas justifié et à en croire ses méditations, rien ne pouvait vraiment justifier toute cette haine. Ces pensées avaient alors dessiné sur ses lèvres un large sourire, il songea qu'il était peut-être simple d'esprit ou trop bon et par conséquent trop 'con'(comme le disait le dicton) pour résonner de la sorte.
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