Les fidèles du Boukornine

jeudi 6 décembre 2007

Chroniques d'un jeune hammamlifois (II)

Quand il ne pensait pas au football, ce jeune homme allait s'abandonner au rythme effréné du son produit par les vagues qui venaient se briser sur la plage. La mer d'Hammam-Lif fût-elle répugnante et parfois même douloureuse à contempler tant la pollution en
avait fait son affaire, un espèce de silence s'installait quand même durant ses moments de forte intimité qu'il avait avec cette pseudo mer. En dépit de la forte ressemblance de ce qui fût la mer d'Hammam-Lif avec la cuvette des toilettes, Il lui reconnaissait tout de même, le droit d'être respectée. D'une part, vu sa situation géographique en face de l'une des plus belles montagnes du mondes qui lui conférait une certaine impunité. Et d'autre part, les poussières des livres d'histoires et les témoignages des estivants d'antan brossaient une description tellement surréaliste de cette mer que ne pas lui accorder ce profond silence s'apparentait à cracher sur l'histoire. Plus jeune, il s'énervait jusqu'au point d'ébullition à chaque fois qu'il parcourait la corniche, en voyant cette énorme masse de gens venus de toute part avec la seule idée d'envahir sa mer, même s'il excluait définitivement l'envie de s'y baigner. Il songeait que, finalement, c'étaient ces personnes là qui ont fini par pourrir sa plage à coups de restes de pastèques dans le sable, et de manières qu'il jugeait nauséabondes. Il pensait que la seule solution qui se profilait à l'horizon pour sauver cette côte en déperdition sinon inévitable, était de bloquer l'accès à cette ville à tous ceux qui ne savaient pas, comme il savait si bien le faire, respecter ce profond silence qui les empêcheraient de planter des pourritures dans le sable jadis doré, selon certains historiens. Même s'il reconnaissait que cette mesure restait inapplicable vu l'impossibilité à passer outre l'affirmation qui dit que "la Tunisie est aux tunisiens!". Il chevauchait parfois les énormes blocs de pierre qui servaient de brise vagues et qui savaient si bien représenter l’infinie bêtise humaine. Il s’y taisait et il écoutait… Il écoutait le murmure des vagues, c’était un langage qu’il avait appris à maîtriser devenant peu à peu insensible au son aigu des voix de ses amis. Mais depuis quelques temps, la mer ne disait plus rien. Elle semblait agoniser, probablement, à l’idée qu’elle ne servait plus au bonheur de pratiquement aucun hammamlifois. Et les vagues qu’il prodiguait en abondance venaient exploser en se heurtant aux pierres dans un élan de crime passionnel. Il essayait vivement de la consoler surtout qu’il n’était pas d’accord. La mer d’Hammam-Lif garde aujourd’hui, selon lui, une place privilégiée dans le cœur d’une grande partie de ses concitoyens : Elle gardait encore la vertu incontestable de bercer leurs rêves et d’entretenir l’ambition qu’ils avaient de rejoindre un jour l’autre rive… « C’est la seule raison d’être de cette mer », avait remarqué son ami de toujours, Mounir.

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