Les fidèles du Boukornine

mercredi 2 février 2011

Menacés mais libres !







Bien sûr, il y a les milices.
Bien sûr, il y a encore les coups de matraque.
Bien sûr, il y a l'insécurité.
Bien sûr, il y a le couvre-feu.
Bien sûr, on parle de kidnappings.
Bien sûr, on entend parler de braquages partout.
Bien sûr, on parle même de viols.
Bien sûr, il fait froid.
Bien sûr, nos cœurs tremblent.
Bien sûr, Ghannouchi quoique intègre et digne de foi, a collaboré des années entières avec Ben Ali sans jamais avoir les cojones de partir en signe de protestation.
Bien sûr, les manifestants de la Kasbah ont été dispersés avec une violence que même Ben Ali aurait condamné.
Bien sûr, le ministère de l'intérieur est encore en cours d'épuration.
Bien sûr, il y a les centaines de milliers de tahhana qui sont encore en stand by en attendant que le vent tourne pour enfiler la bonne veste.
Bien sûr, tout le monde veut une augmentation de salaire au lieu de comprendre que pour cette phase de transition, notre pays a besoin de soutien et non pas que la population entière réclame tout de suite sa part du gâteau de la révolution.

Mais, voilà, il y a vous, nous, lui, toi et moi.
Peuple téméraire, peuple fort et peuple digne.
Il y a cette liberté de ton qu'on retrouve petit à petit dans nos médias avec un parfum temporaire et certes dérangeant pour certains, mais qui, je l'avoue, ne m'incommode guère.
Il y a ces débats politiques par téléphone avec tes amis en narguant ceux qui auraient encore la mauvaise idée de te mettre sur écoute.
Il y a ces plûmes libres qui voient le jour un peu partout dans le pays.
Il y a ce bonheur de se lever le matin en inspirant à pleins poumons un bon coup de liberté.
Il y a ces gens, sur tout le territoire tunisien qui gueulent pour tout et n'importe quoi. Et moi, j'aime cela. Je trouve cela beau, des  gens qui postillonnent en face d'une caméra en prenant position même si parfois cela devient ridicule, c'est toujours beaucoup plus intéressant que le silence.
Si le silence est d'or, il suffira d'être silencieux quand tu dors.
Il y a ce Farhat Rajhi qui m'offre la chance inouïe d'éprouver envers la personne et le métier de ministre de l'intérieur, pour une fois, autre chose que le dégout, la haine et la terreur.
Il y a cette nouvelle composition du gouvernement qui fait plaisir à entendre et honneur à écouter.
Personnellement, les expériences de la vie m'ont appris à ne jamais paniquer. La situation actuelle est d'autant moins propice à la terreur que finalement, on est plus que jamais menacés mais ô combien heureux d'être libres !

Aucun commentaire: