Les fidèles du Boukornine

dimanche 27 décembre 2009

Bloggeurs mégalomanes



La Tunisie, un pays où le blogging fleurit à longueur d’année avec certes des paroxysmes et des accalmies où la scène s’assombrit par des conflits sans fin et des enfantillages à tout va.

Mais dans mon pays les bloggeurs se prennent en général pour des sauveurs de l’humanité, des éternels donneurs de leçon, croyant parfois à tort faire partie de la minorité intellectuelle du pays.
Damnant en se réveillant tous les jours cette masse endormie qu’on se plait à dénommer « peuple » mais qu’on confondrait volontiers avec « troupeau ».

Se surpassant dans l’art de massacrer toute trace d’imperfection et ne mâchant jamais leurs mots parce que leurs blogs font souvent office d’échappatoires.

Oubliant souvent que rien ne nous en différencie, qu’on est le « peuple » et qu’on se confond naturellement dans ce troupeau.

Je fais partie de ces bloggeurs qui arborent un sourire fier en évoquant leur bébé virtuel en public ne trouvant aucun mal à décrire en détail leur dernier billet à tous ceux qui veulent bien l’entendre et parfois même à ceux qui n’ont rien demandé à savoir.

Je vois dans le regard des gens de l’incompréhension, de l’hébètement face à ma façon de parler de blogging, de blogosphère, de buzz, de censure, de « faire bouger les choses », de Ammar, de Nous...

On peine à me croire aussi impliqué, aussi « influent ». On me compare à un Don Quichotte qui croit pouvoir venir à bout de ses moulins à vent.
Beaucoup d’autres aussi assimilent ma mégalomanie à une mythomanie difficilement récupérable.

On croit surtout savoir que je ne fais que fanfaronner alors qu’au fond je suis un être ordinaire aussi impuissant qu’ils n’ont le malheur de l’être.

Ce n’est peut-être pas tout à fait faux.
Je dirais même plus, ils ont tout à fait raison.

Il m’arrive de me voir en porte-parole des opprimés, des laissés pour compte, des damnés et de toutes ces personnes qu’on prive de s’exprimer parfois par la force des choses (misère, pauvreté et tout ce qui en découle) voire même des fois par la force, simplement.

Je me dis souvent que si Patrick Sébastien a pu écrire des livres, que je pourrais sans aucun mal en rédiger des dizaines.

Je suis toujours à l’affut de cette information pour en faire l’écho sur la blogosphère, pour diffuser mon indignation ou dénoncer un abus ou une aberration.

Heureusement que je garde cette lucidité qui me fait revenir sur terre aussi souvent que la gravité (de la situation ou celle de Newton) me fait perdre la notion de la réalité.

2009, une année où les stars se plaisent à décéder



Il est des faits curieux qui surviennent de temps à autres et qui laissent à penser que le destin a un humour corrosif qui n’est pas du gout de tout le monde. Je cite à titre d’exemple cette loi des séries qui régit les assauts macabres d’Azraël, l’ange de la mort.
En 2009 nous avons assisté à une véritable hécatombe. C’est dire si mourir pendant cette année est devenu à la mode surtout avec le départ prématuré de la dernière star planétaire Michael Jackson.

L’actrice Brittany Murphy, le gardien international allemand Robert Enke, le penseur Claude Lévi-Strauss, l’humoriste des grosses têtes : SIM, Farah Fawcet ou encore le dinosaure politique Omar Bango.

Beaucoup d’entre eux sont morts jeunes et une mort prématurée affecte généralement plus que les autres.

Si on y rajoute le siroco un certain 24 décembre à Tunis et des catastrophes ailleurs, on ne peut que parler de véritable aubaine pour les barbus qui font entendre que l’on se rapproche de l’enfer.

Même si je reconnais sur ce point précis, que certains faits me troublent au point de ne pas pouvoir de cette thèse chaotique comme j’avais coutume de faire.

Je sais que ce ne sont que des chiffres, mais parfois l’alignement de ces chiffres laisse perplexe.

A toutes les stars qui veulent s’immortaliser aux cotés de figures aussi emblématiques dans cette liste nécrologique très prestigieuse, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Vite !
Dans une semaine vous le regretterez probablement !
(Humour noir, décalé, inutile, incompréhensible… Oui ! Je le sais et j’assume !)

vendredi 25 décembre 2009

La censure est une arme de destruction massive

La censure en elle-même est un acte fort condamnable mais celle qu'on pratique dans notre pays est d'un arbitraire étonnant.

Il suffit de n'être pas du gout de notre Ammar national pour que la paire de ciseaux opère.
Tu fermes ta gueule, tu baisses la tête, tu courbes le dos sinon on te prive du droit de la parole.

Il y a l'art muet mais il n'y a pas de blogging muet.
Soit on fait du bruit... Soit on fait du bruit.
Il n'a pas le choix. Il n'a pas à y réfléchir. Il n'a aucun pouvoir face au nôtre.
Quand le peuple choisit, Ammar et toute sa bande doivent s'exécuter.

Je ne laisserai pas cette occasion passer sans rappeler l'épisode de la censure de Facebook en Tunisie.
La première fois que les tunisiens ont réalisé l'ampleur de cette maladie endémique qui est la censure.
Le président de la république tunisienne en personne avait alors ordonné de laisser les tunisiens se connecter au monde à nouveau.

Ce qui prouve que Ammar fait des initiatives individuelles. Nous l'en remercions, mais qu'il fasse comme le commun des mortels.
Qu'il arrête de travailler consciencieusement !

Plus meurtrière que la tuberculose, plus incurable que le cancer avec métastases.
La censure tue... virtuellement.
La censure brime la créativité de tout un peuple.

Mais parce que c'est de notre pays qu'il s'agit.
Parce que l'on mérite d'avoir notre mot à dire (L'équivalent de "parce que je le vaux bien !")
Parce que je n'imagine pas que Ammar soit plus instruit que nous.
Nous en viendrons à bout.
Un jour.
Sinon aujourd'hui, surement demain!

تدوينة بيضاء ضد حجب المدونات و تقييد حرية مستعملي الانترنات


حاول حطم وجود مدون يطلعولك ألف من غدوة.
حاول تكتم صوت الحق تلقى مسعاك بدون جدوى.

mardi 22 décembre 2009

L’amour d’un club…




Avoir un diplôme d’ingénieur ou d’apprenti médecin en poche et avoir comme passion un club sportif.

Accepter sans trop se poser de questions qu’on te fouille avant d’accéder à tes gradins de prédilection.
Tout y passe.
Aucune intimité.
Même les zones sensibles du corps humain sont palpés soigneusement de crainte de te voir faire passer des armes de destruction massive parait-il.
Il n’est pas rare non plus de se voir obligé d’ôter ses chaussures en plein hiver.
Sécurité oblige. (Encore parait-il)
D’après nos informations, c’est la dernière méthode en vogue pour déceler les armes chimiques à type d’odeur nauséabonde. (Bravo pour l’innovation !)

Ressentir un plaisir quasi-jouissif rien qu’en usant ses cordes vocales dans l’unique dessein de soutenir son club jusqu’au bout.

Avoir une voix enrouée pendant toute la semaine qui suivra.
En être fier.
Parler pour ne rien dire afin que les autres se rendent compte que tu es de cette espèce noble qu’on appelle communément : Les fans.

Les fans sont des révoltés.
Les fans n’ont pas peur d’avaler des coups sévères livrés en bonne et due forme par des « bac moins dix » voire même des moins que rien.
Les fans, en entrant au stade qui est leur arène, ne lésinent pas sur l’effort pour cracher leur haine du système, pour dire leur mécontentement que leur inspire leur quotidien.

Ils le font souvent avec humour.
Un humour très corrosif, qui ne serait pas du gout de tout le monde.
Surtout, il faut le reconnaître en employant des termes choquants. Des termes évoquant les organes de certains des protagonistes du match en cours ou de leurs mères…
(Ce ne sont que leurs mères footballistiques m’a fait entendre un ami, une fois)
L’arbitre peut en attester, en « tête de turc » officiel de tous ces fanatiques du ballon rond.

Le fan est un être viril. Mais qui ne sait pas cacher ses larmes.

Il pleure pour exprimer sa joie ou sa peine. Tout dépend des circonstances.
D’autres préfèrent s’évanouir.
Les gouts diffèrent ici bas. On n’est pas là pour les discuter.

Quand les 90 minutes finissent par s’écouler. Le fan n’a pas encore fini son match.

Sa rencontre à lui dure des journées entières.
Des semaines parfois, de bonheur, d’amertume ou de migraine résistante à toutes les thérapeutiques usuelles.

Le fan est un passionné qu’on se plait à réprimander parce que le fan lambda a des diplômes mais très rarement des connaissances qui stimuleraient le respect enfoui au tréfonds de nos amis bourreaux.

Les joueurs dans tout cela ?

Les joueurs se gavent d’alcool et de produits illicites et dorment en toute quiétude, qu’importent les résultats tant que la paye de la fin du mois arrive en temps et en heure.

Ils se foutent de marquer ou de mettre à coté une balle inratable.
Quoiqu’ils doivent parfois se mordre les doigts pour une prime de victoire qui leur est passée sous le nez.

Le fan n’est pas dupe, il le sait et vit avec.
Sa passion est une maladie incurable qui réduit considérablement son espérance de vie.

Le fan meurt jeune pris d’une « crise cardiaque » en plein sommeil ou au mieux dans des gradins archicombles entre les siens.
C’est alors l’apothéose, la fin en toute beauté. Le martyr, arrivent à affirmer certains.

La société voit ces fans comme des bandits des moins que rien voire des êtres dénués de toute raison et de toute politesse.
Au contraire, je vois ces fans comme un signe de vitalité pour la société qui se donne tout ce mal à les héberger.
Parce que contrairement à beaucoup de leurs compatriotes, les fans forment une catégorie qui est parvenue tant bien que mal à exister.

samedi 19 décembre 2009

Pour l’amour de Dieu, souriez !




Il est des jours ou le simple fait de sourire devient une action pénible et douloureuse.
L’esprit hagard, le regard absent, l’air pensif et le geste grave.
Les gens que je croise ces jours-ci tirent le plus souvent une mine d’enterrement.

Il est vrai que la vie et ses vicissitudes nous accablent et s’évertuent à brouiller les signaux de la quiétude et du bonheur.


La vie dans son apparence est une expérience bête à pleurer, une cellule de trois mètres carrés où l’on est condamné à se tourner les pouces en attendant ce que l’on ne sait pas tout en regardant mourir avec hébètement les enfants dénutris du continent noir sur nos écrans LCD.

Cela dit, en piochant un peu plus, on en arrive parfois à distinguer le vrai du faux, la magie de la supercherie et à s’émerveiller de ce qui nous paraissait d’une platitude et d’une laideur exemplaires.
Pourtant on ne le fait que rarement.


Un simple sourire nourrit les rêves, enchante les indigents et guide les âmes perdues vers la suprême voie du salut.

C’est que l’affichage de ses incisives doit surement refléter la lumière solaire dans le regard des autres. (Cette réflexion serait curieusement proportionnelle à l’intensité du jaune couvrant l’émail)

Illuminez le monde autour de vous.
Que vous soyez vaincus, perdus, inutiles, revanchards, motivés, évanouis, malades ou même morts.
Gardez toujours le sourire. Faites que les rides se dessinent aux meilleurs emplacements.



P .S : billet recommandé par l’Union Tunisienne pour la Santé Bucco-Dentaire :)

jeudi 10 décembre 2009

Le terrorisme médical ou le calvaire d’un tunisien grippé





La pandémie de la grippe, voilà un nom dont la simple évocation fait trembler des bataillons de guerriers surentrainés, à la musculature saillante et au courage pourtant démesuré.

En Tunisie, les médias font comme tous les médias du monde. Parce qu’à ce niveau aussi la contagion est d’une vitesse effrénée.
Comme le bulletin d’informations est d’un creux inimaginable, on se laisse prendre par la magie de diffuser la terreur dans les concitoyens.
Pour faire comme les confrères. Parce que le journalisme est aussi un de ces milieux où la solidarité justifie les moyens parfois.
De toute façon, l’audimat justifie tous les moyens et toutes les ruses. Cette dernière idéologie est hélas, une règle d’or.

Le terrorisme médical bat son plein dans le monde. L’OMS se dit inquiète et semble même affolée face à cette grippe A.
La grippe ordinaire tue chaque année des centaines de milliers de personnes. Je n’ai pourtant jamais vu une mobilisation ou une campagne quelconque sur le sujet. Peut-être que les labos qui produisent les vaccins contre la grippe n’ont pas la main aussi longue que ceux de la grippe A.

En Tunisie, comme partout ailleurs j’imagine, la panique a diffusé vers la population.
Il suffit aujourd’hui, de porter une bavette pour passer pour un individu galeux que l’on devrait fuir à tout prix.

Cette expérience je l’ai vécu à travers un proche qui vient de présenter quelques signes évocateurs d’une grippe.
Toux, écoulement nasal, larmoiement (Catarrhe), douleurs musculaires, fièvre…
Je lui ai conseillé d’aller consulter à l’hôpital de l’Ariana, où comme dans tous les hôpitaux et centres de santé, des bureaux ont été entièrement réservés à la grippe.

Il m’a raconté que dés son arrivée, et juste après avoir prononcé le mot magique « Puis-je savoir où se trouve les consultations de la GRIPPE ? », le personnel soignant et même les gardiens n’ont même pas daigné le regarder, se sont gentiment éloignés de lui faisant un signe vague de la main.

Dans son incompréhension, il a préféré se retirer et aller seul à la recherche du médecin.
Ce dernier l’achèvera finalement en prononçant la sentence on ne peut plus lourde de conséquences : « Vous avez vraisemblablement la grippe A ».

Oui !
Merci !
Une bavette lui donnant des airs d’un évadé d’un des pavillons de haute surveillance d’un hôpital psychiatrique étasunien. Comme ceux qu’on nous montre dans les thrillers américains.
En sortant, aucun taxi n’a accepté de s’arrêter pour le déposer chez lui, à deux kilomètres de là. Il a du tant bien que mal, prendre son courage à deux mains et marcher.
En arrivant il trouva que l’information avait déjà fait le tour du quartier. Aucun de ses voisins qu’il venait de saluer n’avait pris la peine de lui répondre.
Ils ont tous préféré fuir frénétiquement sans même faire semblant qu’il était pareil qu’hier, un voisin bien-aimé par tous.

En entrant chez lui, sa propre famille. Ses femmes et ses enfants tous deux adolescents, lui réservèrent une surprise de taille. Il était mis en quarantaine dans une chambre.
On le pria gentiment de ne pas en sortir jusqu’à nouvel ordre.
Il croyait halluciner. Pourtant ce n’était que la vérité crue.

Même ceux à qui il téléphonait pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, ne décrochaient pas. A le croire la grippe se transmet par téléphone aussi. Pourquoi pas !

Un ami d’enfance en arriva même à l’accuser de lui avoir transmis le virus non sans un brin de reproches.

Excédé, usé mentalement et même marqué au fer rouge après seulement 24 heures d’isolement et de haine incompréhensible. Il décida sans tarder d’aller faire un test de la grippe dans le laboratoire d’analyses le plus proche.
Ce test coute actuellement 30 dinars. Mais ce n’était pas très cher payé face à la délivrance qu’il pourrait ressentir si ce test revenait négatif.


Écouvillonnage nasal, la réponse était venue par téléphone, parce qu’on le pria, là encore, de quitter immédiatement après le prélèvement, les lieux. TEST NEGATIF !
Ce n’était qu’une vilaine bronchite.

Il s’en alla prévenir les autres.
Comme toujours, ils répondaient qu’ils savaient, qu’ils étaient juste occupés quand il les a appelés et qu’ils ne daignaient pas décrocher.

Désormais, il le sait, par expérience, dans ce contexte particulier, il vaut mieux attraper un cancer métastasé que cette abominable mais ô combien simple grippe A.

Le film Doweha (Les secrets), pas aussi catastrophique qu’on ne le prétend




J’ai eu l’occasion de voir ce nouveau film tunisien signé Raja Amari et laissez-moi en donner mon avis en toute objectivité.

Tout d’abord, je n’ai de cesse à le rappeler, je n’ai aucune qualification de critique cinématographique. Cela ne m’empêche pas d’avoir une réaction. Mais, il n’y a aucun mal à le rappeler.

Il est vrai que le film peut paraître monotone des fois. Que les acteurs entrent parfois dans un mutisme que certains trouveraient exagéré ou ennuyeux.
Ce film ne déroge pas à la règle des films tunisiens non plus, qui pour vendre des films offrent du sexe en prime. Avec des scènes que je trouve inutiles comme celle du bain où l’actrice apparaît nue avec sa poitrine vraisemblablement siliconée comme l’a si bien attesté notre fin connaisseur en la matière weld byrsa. :)

Ce film n’en demeure pas moins, un bon thriller.
Une vision chaotique du monde qui nous entoure.
Une collision entre deux dimensions celle de l’insalubrité et la misère contre celle de la jeunesse qui chante à pleins poumons sa joie de vivre et d’aimer.

Ce film, fait étalage certes, de trop d’évènements, de trop de complexité, de trop d’incohérences en trop peu de temps. Mais avec ses airs de « the others », il ne m’a pas laissé indifférent.

Le jeu de Hafsia Harzi, l’héroïne était grandiose en dépit de ses problèmes d’accent.

En tout cas, c’est un film « bon à prendre » dans cette sécheresse cinématographique nationale.

Cependant, ayant été au cinéma Hannibal d’el Manar, je fus choqué par l’attitude du public. Des gens d’un certain âge pour la plupart, d’un certain niveau en apparence. Mais Dieu qu’ils sont irrespectueux !

Des paquets de chips qui monopolisent notre ouïe voire même les éclats du mâchage de cette substance qu'on ne croyait plus voir de sitôt, vu l'interdiction du pèlerinage à savoir le « louben » !
C'était sans compter sur la formidable capacité du tunisien à en stocker pour les saisons rudes.
Etant prévoyant de nature.

Le cinéma, un des temples de la culture est profané par des minables. Mais c’est un mal nécessaire, que de supporter qu’il y ait des tunisiens dans une salle de cinéma en Tunisie.

Le tunisien étant une espèce à part, se doit de marquer son territoire, fort heureusement non pas en urinant autour de la zone en question mais en manquant de respect et en poussant à bout les voisins.

Si je gagnais à la loterie je me ferais édifier une salle de cinéma où je regarderais les films en avant-première en excluant toute odeur de peuple de ma compagnie et où, c’est inévitable, je me laisserais prendre dans la magie de la playstation 3 et le célèbrissime best-seller de Konami. J’ai cité : Pro Evolution Soccer.



P.S: Vous aurez bien saisi j'espère que c'est seulement une partie du peuple tunisien que je critique. Il y a des cons partout. Ici pas pas plus qu'ailleurs.

mardi 8 décembre 2009

Les appréhensions d’un journaliste



C’est l’histoire d’un journaliste fort d’une expérience de plus d’une trentaine d’années.

Passionné qu’il était, depuis sa tendre enfance, de ces évènements qui font bouger la planète dans tous les sens.
Il avait toujours sa plume à portée de main, pour retranscrire le plus fidèlement possible ce qu’il constatait.

Du haut de son impressionnante bibliothèque qui lui a conféré une culture riche et variée, il pouvait prétendre voir en des événements apparemment anodins pour le commun des mortels, des indicateurs sociopolitiques infaillibles.

Il se tuait à la tache pour présenter à ses lecteurs une information aussi bien formulée que présentée et surtout pertinente.

Ainsi, il arrivait à pondre de véritables petits joyaux, entachés parfois, il faut dire, par ces innombrables coquilles qui venaient se glisser insidieusement entre les mots.

Le lendemain quand son billet était sur papier, il s’enfermait dans son bureau à dénombrer ces fautes de frappe qui ont échappé à la présumée infaillible triple correction qui est censée passer au crible tous les écrits mais qui finit toujours par succomber à la superpuissance de l’imperfection.

Il ne savait quoi répondre quand on le croisait dans la rue pour lui faire savoir qu’on avait relevé un participe passé faussement féminisé ou un « le » qui avait sauté.
Il hochait la tête signe de gratitude, souriait et continuait son chemin.

Il vivait rongé de ses remords pour des fautes dont il n’était que partiellement responsable. Il était journaliste mais on le condamnait pour avoir eu la malchance de tomber sur un correcteur incompétent.

Ce sont des aléas connus de la vie de tout journaliste. Il l’avait admis avec le temps. Il est même arrivé au point de devenir indifférent face à tous ces mots qui lui jouaient sournoisement des tours.

Cependant, ce qu’il n’a jamais pu accepter c’est surement le sempiternel mal de la « dead line », voyez-vous, cette ligne de la mort au-delà de laquelle on ne peut plus diffuser aucune information sous peine de ne pas pouvoir publier le journal en entier.
Dans le journal qui l’avait engagé, depuis des décennies, la « dead-line » était fixé à 20 heures.

Durant toute sa carrière, il en est arrivé à ne plus compter les scoops qui lui ont passé sous le nez.

Il trouvait que c’était dommage de détenir une information en avant-première et de voir le lendemain des télévisions et des radios et autres plateformes beaucoup plus réactives que les journaux, en faire l’écho.

Souvent il prenait son téléphone et appelait tous ses amis pour leur annoncer la nouvelle comme pour avoir l’impression qu’il ne perdait rien.
Mais il savait pertinemment qu’en journaliste consciencieux qu’il était, c’était un échec cuisant à chaque fois qu’il privait ses lecteurs d’une information qui leur aurait été précieuse.


A trois ans de la retraite, sa vie de journaliste classique qui semblait vouloir demeurer inexorablement figée jusqu’à la fin de sa carrière, a pris une tournure passionnante.
En effet, il a fini par opter pour le journalisme électronique.

Depuis, les coquilles ne sont plus aussi pérennes qu’elles ne l’étaient auparavant : gravées à l’encre noir sur du papier de format A3 mais sont corrigées au fur et à mesure qu’elles sont découvertes ou signalées par des lecteurs.

La « dead-line » ne veut plus rien dire pour lui.
Il lui arrive de poster des scoops au beau milieu de la nuit.

Il n’aurait jamais pu croire gouter un jour au plaisir, de faire de l’ombre aux autres médias.

Plus vite que son ombre, il écrit, publie et voit les gens réagir avec plus ou moins de ferveur.

A l’heure qu’il est, je le vois, crayon à la main à devancer tout le monde.

Une nouvelle ère du journalisme vient de voir le jour, il est comblé d’être un de ses rayons de soleil.