Les fidèles du Boukornine

mardi 11 août 2009

Le temps est mort cet après-midi



Dans un moment d’inattention, et alors que je m’y attendais le moins, le verre de ma montre à la valeur sentimentale inestimable s’est brisé.

Je restais debout, sur place, abasourdi… Ne sachant plus si c’est un mauvais rêve ou une extrêmement dure réalité.
Je ne pensais jamais avoir à m’en séparer. C’était sans compter sur l’incroyable capacité du destin à dépasser la fiction, probablement pour donner aux écrivains réalistes matière à rédiger.

Sonné. Je m’étais accroupi pour ramasser les vestiges d’une montre grandiose qui m’indiquait le chemin comme le phare d’Alexandrie.
Mais tel est le sort des merveilles de ce monde… La perte inéluctable de leur éclat.
Comme le verre de ma montre qui a éclaté.
Ou mon âme dans sa profondeur qui a éclaté en sanglots alors que j’apparaissais impassiblement inerte.

Depuis que ma montre qui n’a pas de prix, s’est brisée, le temps s’est arrêté.
Il n’y a plus de soleil, plus de lune.
On n’est peut-être en plein jour, même s’il fait nuit.
Les expressions que j’emploie se sont soudainement habillées de structures pompeuses et anachroniques.
La vie elle-même a perdu tout son goût.
Il me faudra plus d’eau gazéifiée pour pouvoir digérer…
Et encore le résultat n’est pas acquis d’avance…

Mais il ne faut pas perdre de vue que c’est peut-être aussi un curieux signe du destin.
Le destin n’ayant pas les moyens de s’exprimer par un flux verbal et recourant inévitablement au triste langage des signes qui fait confiance à notre interprétation pour sa compréhension.

Parfois le message ne passe pas. Probablement dû à sa confiance déplacée en notre interprétation défaillante.
Mais j’aimerai plutôt le voir comme un « passes à autre chose ».
« Le destin est à tes côtés ».
« Tourne la page ! Tu ne crains plus rien ! ».
Même si j’ai l’intime conviction que le destin aurait très bien pu ne rien vouloir dire avec ce geste d’une infinie cruauté, ce n’est pas impossible, non plus, que ce ne soit qu’une manière comme une autre d’être méchant en ces temps de quiétude démesurée.

2 commentaires:

Monsieur-bien a dit…

C'est ineluctablement un signe du destin, j'admire ton optimisme vers la fin du recit...Bonne route quand meme et profites de la vue.

ferrrrr a dit…

Félicitation! Tu n'as plus de temps maladroitement gradué sur un cadran, t'as toute la masse du temps maintenant