Les fidèles du Boukornine

lundi 13 juillet 2009

Le mariage littéraire comme solution à la crise financio-existentielle

Je pensais être trop jeune pour penser au mariage ou plus tourné vers la gent féminine. J’ai fini par faire la singulière découverte de mon irrésistible attirance pour les mots.

Pas un «justice immanente » ou un « populisme » que je n’aie pas fini par désirer. Pas une belle tournure de phrase qui ne m’ait pas fait tourner la tête.

Quand j’ai commencé à courtiser les expressions, je n’aurais jamais pu imaginer que je finirais un jour par en être attaché au point de prendre un terme pour épouse. C’était sans compter sur le tyrannique décolleté qui mettait en valeur la générosité de la nature avec ce mot qui avait pourtant si peu de lettres.

J’ai fini, donc par succomber au charme des mots. J’ai accédé à leur monde qui ne demandait ni visa ni entretien ni même une présélection. C’est dire combien les jeunes d’aujourd’hui se désintéressent de cette dimension, pourtant si captivante.

Le jour de notre mariage, on a choisi un orchestre muet.
C’était une grande première mondiale. Jamais une union n’avait été célébrée en silence que je sache.

Mais certains mots étaient bien trop sensibles pour se taper quatre heures de pollution sonore, de Fatma Bousseha dont la valeur des chants se mesurait en décibels.
Cela risquait d’heurter cette sensibilité à fleur de peau et de réveiller ainsi certains maux.

Parmi les convives, il y avait toute la « high society » des phrases. Il y avait toute l’académie française… Des « néanmoins » en pagaille, aux verbes conjugués à l’imparfait du subjonctif en passant par des mots pompeux ou interminables tels « anticonstitutionnellement » qui passait la soirée à se vanter d’être le plus long de l’assistance.

On s’est acharné à organiser pacifiquement ce mariage et pour ce, on était obligé de veiller à ce que l’indicatif ne s’attable jamais à un subjonctif. Vu que ce dernier trop imbu de sa personne ne pouvait concevoir d’être attablé à un minable verbe au présent de l’indicatif. Encore moins s’il était aussi du premier groupe.

J’étais entouré de phrases simples et concises qui circoncisaient l’abjection d’une routine et d’une lassitude qui se faisaient insupportables et paraphrasaient un bien-être que je croyais perdu pour toujours. La vie était si belle dans cette peuplade éloignée.

J’étais comblé de bonheur. Je n’avais jamais soupçonné l’existence de tels plaisirs en dépit de leur présence à ma portée depuis mon jeune âge.
J’ai perdu tant de temps à rêver ou à aduler telle ou telle créature terrestre, lamentable mortelle.
Alors que j’avais tout près de moi toute l’immortalité.

Dieu m’a guidé vers le droit chemin même si, dans ma vie, j’ai pris le deuxième tournant à gauche.

Par accident, j’étais revenu. Ou peut-être ne suis jamais retourné.
Ou peut-être n’est-ce qu’un mirage…

Vivre dans un monde artificiel, un faux-idéal, une république montée de toute pièce, lever les yeux au ciel et prier pour je ne sais quelle faveur et voir l’utopie dans l’immense obscénité de ces faubourgs oubliés.
C’est peut-être là, le chemin le plus puéril du bonheur, mais probablement aussi le plus fantastique et le plus surprenant.

3 commentaires:

bent 3ayla a dit…

soupirs....

Khalil a dit…

Pourtant c'est tellement joyeux comme texte :)

bent 3ayla a dit…

ki a dit le contraire? soupirs d'aise et de....mmmm je trouve pas le mot!