Les fidèles du Boukornine

mardi 3 juin 2008

GAZA , à la vie à la mort!


Je suis un enfant de GAZA. J’ai eu l’enchantement de voir toute ma famille sous les décombres de notre maison tombée en ruine après le passage de l’armée israélienne.

A quatorze ans j’étais le plus aîné de mes orphelins de frères et sœurs. J’ai quitté l’école pour pouvoir répondre aux exigences de la vie. Je travaille comme mécanicien. C’est en effet l’un des rares métiers qui rapporte encore quelques sous pour ne pas mourir de faim. Malgré tout à chaque fin de mois je suis obligé d’envoyer mon tout petit frère Hassan qui a huit ans demander l’aumône car il a une gueule de mendiant. D’ailleurs, même moi je n’arrive à lui refuser aucune requête tant il a cette capacité d’apitoyer les gens. Il faut dire qu’il a grandi dans la misère et que ce n’est finalement pas du cinéma.

Depuis mes débuts dans ce monde, j’ai choisi d’épouser la religion de la pierre. Je ne fais confiance ni au HAMAS ni à FATH ni à aucune institution d’ailleurs. Je m’en fous de savoir que le conseil de sécurité s’indigne de nous voir renfermé dans ce petit patelin. Ils n’ont jamais rien fait pour nous sauver du naufrage. Et maintenant je ne suis même pas sur que je vis encore.

J’ai comme hobbie principal de tirer des pierres en prenant pour cible des chars de « tsahal » et je me sens tellement fort quand je m’oppose à ce tas de mécanique invulnérable. Quand je réussis à toucher le véhicule, au meilleur des cas, j’arrive à laisser une égratignure sur une des portes ou sur le toit. Vous pourriez comparer cet effort monstre que je livre et ce risque impensable que je prends à la légende de Sisyphe tellement c’est chimérique de penser qu’on va arrêter la plus grande puissance militaire mondiale avec de simples calculs. Mais dans ma tête, c’est suffisant. Je ne crois plus en rien. Ni à la paix d’Itzhak Rabin, ni à la belle vie ni à ce monde. Je ne crois qu’en moi. Quand je me lève et que je fais face à ces chars, je sens le monde m’appartenir. Et même s’ils avaient la lâcheté de tirer, je ne serais qu’un mort de plus dans le registre des victimes de cette révolution perdue d’avance. C’est fou comme on a pu s’engager dans cette impasse tête baissée sans penser à l’avenir de ces bambins. Maintenant on y est jusqu’au coup. Personne n’est prêt d’en sortir d’ici la fin des temps. Vous me parlez de paix ? Il n’y aura jamais de paix. Je ne sais même pas ce que c’est. Je suis un enfant de la guerre. Ce sont les tirs de mortiers qui m’ont élevés et je ne vous garanti pas que je ferais bon usage de cette paix éventuelle. Je serais perdu ne sachant plus comment agir.

Ils pourront tous nous inhumer. Ils pourront déverser du napalm et carboniser nos corps, user de bombes à fragmentation, d’uranium et de tout ce qu’ils voudront. L’essentiel c’est que je ne quitterai jamais mon pays. Ma patrie la terre où ma famille, mes joies, mes peines et ma vie sont enterrées côte à côte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A la vie à la mort, voilà des mots qui vont loin dans leur signification