Les fidèles du Boukornine
dimanche 16 décembre 2007
Divagations (encore une fois)
Ce n'est nullement avec la bouteille à la main que me vient l'ivresse... la morosité du présent me suggère pourtant de me mettre le plus tôt possible à l’emBOUTEILLAGE… Les courbatures prédominantes à l’orbiculaire de l’œil brouillent ma vision du monde… Et me donnent une image plutôt douloureuse de ce qui apparaît comme étant la vie… Je me demande encore à l’heure où nous sommes, s’il y a encore l’espace de croire en quoi que ce soit… Si les principes qu’on m’a toujours chantés l’existence, étaient vraiment de ce monde… Je m’évade en contemplant l’immensité de l’univers… Je me perds à essayer d’en deviner la fin sans vraiment y arriver… La musique est peut-être une solution… J’écoute… Je goûte à la plus belle des mélodies… Le rythme m’enivre sans bouteille… Mes paupière ont autant de mal à s’ouvrir que je me demande finalement si la trypanosomiase véhiculée par la fameuse mouche tsé-tsé est un supplice ou une fin heureuse... Je regarde l’horizon… Ce monde lointain où la vie semble être si haute en couleurs… J’y cherche encore ma raison d’être… Avec l’arrivée du nouveau millénaire, mes questions sont encore en l’attente de réponses… La morphine et ses dérivés pourraient, eux aussi apporter des réponses… Je n’attends qu’à voir… Sur les frontières du bonheur, j’ai été arrêté par les gardes-frontière… On m’a demandé mes papiers et je ne les avais pas… pas de chance… Le bonheur attendra encore bien un petit moment ! L’aïd dans quelques jours… La plus belle nouvelle que puisse entendre les moutons du monde musulman… Mabrouk… Inchallah aïd mabrouk…
mercredi 12 décembre 2007
Plaidoirie
On m’a bien souvent chanté que mes textes étaient trop ancrés dans la mélancolie. Que j’étais trop triste pour être vrai. Que je n’étais qu’un enfant gâté de plus. Qui pleurait de tout avoir et qui aspirait à ne rien avoir, un de ces jours. Et qui en attendant, se contentait de pleurer les malheurs des autres.
De mon box des accusés, j’ai demandé à être écouté et ma demande a été accordée. Je me suis levé, dirigé l’index vers les cieux et clamé d’une voix qui a fait trembler les mûrs de la salle : « Une nuit, pendant que je dormais. Un ange est venu et m’a chargé de mots. Quand j’ai remarqué sa présence, il m’a confié que ces mots donneront finalement un sens à ma vie. Que j’aurais la chance de pouvoir placer mes sentiments en des syllabes. Que je pourrais avoir ce dont beaucoup rêveraient, à savoir, un cœur dont les battements auraient une tout autre portée que de faire parvenir le sang aux différents organes. Mon cœur à moi, pourrait quant à lui, RESSENTIR. Mais une condition sine qua non, m’était imposée. Je devais absolument utiliser ce don à bon escient et être le porte-parole de ceux qui en étaient dépourvus. J’ai accepté volontiers.
L’écriture pour moi, plus qu’un simple hobbie est une raison d’être. Je me suis même parfois surpris à me lever à 5 heures du matin pour transcrire mes songes. Et même si chers lecteurs, mes écrits vous déplaisent ou sont trop moroses à votre goût, je ne saurais faire autrement. Mes doigts sont ainsi faits. Mon cerveau est ainsi ordonné. Et un pacte c’est un pacte…En tout cas, mes pages blanches me considèrent comme un héro et m’acclament à n’en plus finir. Je ne me confie qu’à elles. Et elles me le rendent bien finalement. Elles ne dévoilent jamais mes secrets après que je les eusse déchirées en mille morceaux et jetées par-dessus l’abyme.
Elles assistent à ma révolte. Elles admirent mon humour quoique parfois déplacé. Et les feuilles blanches n’attendent qu’à être consommées et mes sentiments qu’à être transcrits. »
Le ton était donné. Le quiproquo levé. « Qu’il en soit ainsi» diront les plus éclairés ! « Eddenya hénia» diront ceux qui me ressemblent !
De mon box des accusés, j’ai demandé à être écouté et ma demande a été accordée. Je me suis levé, dirigé l’index vers les cieux et clamé d’une voix qui a fait trembler les mûrs de la salle : « Une nuit, pendant que je dormais. Un ange est venu et m’a chargé de mots. Quand j’ai remarqué sa présence, il m’a confié que ces mots donneront finalement un sens à ma vie. Que j’aurais la chance de pouvoir placer mes sentiments en des syllabes. Que je pourrais avoir ce dont beaucoup rêveraient, à savoir, un cœur dont les battements auraient une tout autre portée que de faire parvenir le sang aux différents organes. Mon cœur à moi, pourrait quant à lui, RESSENTIR. Mais une condition sine qua non, m’était imposée. Je devais absolument utiliser ce don à bon escient et être le porte-parole de ceux qui en étaient dépourvus. J’ai accepté volontiers.
L’écriture pour moi, plus qu’un simple hobbie est une raison d’être. Je me suis même parfois surpris à me lever à 5 heures du matin pour transcrire mes songes. Et même si chers lecteurs, mes écrits vous déplaisent ou sont trop moroses à votre goût, je ne saurais faire autrement. Mes doigts sont ainsi faits. Mon cerveau est ainsi ordonné. Et un pacte c’est un pacte…En tout cas, mes pages blanches me considèrent comme un héro et m’acclament à n’en plus finir. Je ne me confie qu’à elles. Et elles me le rendent bien finalement. Elles ne dévoilent jamais mes secrets après que je les eusse déchirées en mille morceaux et jetées par-dessus l’abyme.
Elles assistent à ma révolte. Elles admirent mon humour quoique parfois déplacé. Et les feuilles blanches n’attendent qu’à être consommées et mes sentiments qu’à être transcrits. »
Le ton était donné. Le quiproquo levé. « Qu’il en soit ainsi» diront les plus éclairés ! « Eddenya hénia» diront ceux qui me ressemblent !
jeudi 6 décembre 2007
Divagation d'une heure trente cinq du matin
Sur le rythme des percussions, ma tête tourne, mon coeur danse et succombe à ses peines. A la girouette de l'amour j'ai fait mine d'être concerné. En chute libre, je suis. Mais les nuages sont interminables, et mon rêve inébranlable. Ame d'une autre époque. J'ai pris mon stylo et creusé ma feuille blanche. Noircit des pages. Ecrit avec rage. Essayé, tant bien que mal d’éviter le dérapage. Pas si évident avec un tempérament comme le mien. Silence on tourne ! On tourne pour perdre connaissance. On tourne pour n’y voir que du bleu. On tourne pour refermer le cercle vicieux. Qui ne veut curieusement pas encore faire joindre les deux bouts. Qu’elle est belle la vie. Que sont beaux les chars, les mutilés de guerre, les enfants amoindris d’un membre supérieur ou d’un membre de leur famille... L’hirondelle ne fait pas mon printemps. L’hirondelle est la cause de mes tourments. Je ne vois plus d’hirondelles… Hommage aux disparus. A ceux dont on rêve mais qu’on ne voit plus. Finalement, On s’en fout ! On se verra bien au paradis Inchallah ! Les notes du piano ont fait éruption dans la symphonie. La sauce a pris. Et nous voilà dehors. Je déploie mes ailes pour m’envoler. Rejoindre l’antipode. Il parait qu’on y vit heureux toute l’année. Mais j’y renonce après mûre réflexion. Par le pouvoir dissuasif du prix de pétrole. Le baril à 100 dollars. Le pain bientôt à 1 dinar.La montagne rouge s’embrase. Les khmers rouges ne sont plus. Les hutus et les tutsis sont tous deux des victimes. La différence ethnique est sans fondement. Le football, dure consolation. Merci l’Etoile de nous avoir fait honneur. Et pendant ce temps là, la vie continuait inexorablement calme dans ma chambre où le wifi sévit sans merci. Les photos ont été déchirées. Je ne suis pas là que pour m’exprimer. El Che vive !
Chroniques d'un jeune hammamlifois (III)
Mounir et lui se ressemblaient à priori comme deux gouttes d’eau. Ils étaient tous deux passionnés du Club Sportif d’Hammam-Lif, et quand ils se retrouvaient sur les gradins du stade municipal, on pouvait les entendre analyser d’un ton grave la prestation de chaque joueur, décortiquer comme il se doit, sinon plus, les péripéties des rencontres et commenter les déclarations de l’entraîneur qui était « aussi nul en coaching qu’en communication » comme aimait Mounir le rappeler à chaque fois que les circonstances le permettaient.
Mounir était aussi atteint de cette nostalgie presque pathologique envers un passé inconnu. De plus, Mounir était un bon vivant, relativement s’entend, vu ses revenus moyens d’ouvrier dans une usine de plastique de la zone industrielle de Ben Arous. Il n’évoquait jamais en public ce travail qui lui permettait à peine de vivre et de faire survivre sa famille dont il était le seul actif. Mais étant très bons amis, il avait confié à sa moitié qu’il était très humiliant d’accomplir une tâche d’automate et de répéter à l’infini les mêmes gestes ne faisant jamais appel à la raison. Il ne se voyait surtout pas finir sa vie dans cette boîte minable à affiner ses réflexes, il trouverait sûrement, un jour, une bouée de sauvetage à laquelle s’attacher dans cette vie fade et sans goût.
Ces derniers jours, Mounir inquiétait beaucoup son meilleur ami surtout depuis avoir tenu avec lui une discussion qui laissait présager le pire. Mounir lui avait dit avec émotion, tout en regardant le large :
- Je n’ai pas eu de chance dans la vie…
- Ne dis pas ça… La chance finira sûrement par te sourire un jour !
- J’ai tellement hâte que ce jour vienne…J’ai tellement attendu que la roue tourne… Cela fait des années que je rêve toutes les nuits de billets de banque portant l’image du célèbre poète Chebbi…
- C’est légitime d’aspirer à améliorer ses conditions matérielles, de rêver à entamer une fulgurante ascension dans l’ascenseur social…
- Oui… Le problème c’est que pour certains l’ascenseur social reste bloqué au sous-sol pendant toute une vie de dur labeur alors que d’autres ne font qu’amasser encore et encore ces fameux billets pas du tout romantiques contrairement aux apparences…
- Les classes sociales ont existé depuis longtemps tu contestes leur présence ? Tu ne serais pas marxiste ?
- Je n’adhère à aucun courant. Je pense seulement que c’est injuste de se tuer pour gagner quelques pièces…
- Que proposes-tu en échange ? Faut bien que les gens survivent…
- Je propose de quitter le ciel qui rechigne pour d’autres cieux, par exemple.
- Tu penserais à quitter le pays ? Mais pour aller où ? Et ta famille ? Tu es chez toi ici !
- Je serais toujours étranger là où on me fait si cher payer cette misérable vie ! Je me sentirais chez moi là où je pourrais aller en vacances, là où je pourrais m’orner de gourmettes 24 carats, là où je pourrais laisser un pourboire au garçon de café… Non je ne suis pas chez moi ici…
- Tu as une idée où tu pourrais aller ?
- Peu importe, du moment que je gagne ma vie et qu’on ne dise pas de moi à quatre-vingt ans : pauvre SDF ! J’irais probablement voir du côté du vieux continent il parait qu’il y est facile de gagner sa vie… comme ça si je meurs pauvre ce ne serait pas faute d’avoir essayé…
- Tu n’as pas idée sur la difficulté d’avoir une carte de séjour dans ces pays là !
Là, la face de Mounir vît se dessiner un large sourire, et il fît signe à son ami vers une barque amarrée juste devant eux. C’est là qu’ils se turent et qu’il comprît enfin que le temps des adieux était imminent. Il connaissait assez bien son compagnon de toujours pour affirmer que sous peu, il allait risquer sa vie pour essayer de rejoindre, « là où on ne meurt pas de faim »… Il en frémissait déjà…
Mounir était aussi atteint de cette nostalgie presque pathologique envers un passé inconnu. De plus, Mounir était un bon vivant, relativement s’entend, vu ses revenus moyens d’ouvrier dans une usine de plastique de la zone industrielle de Ben Arous. Il n’évoquait jamais en public ce travail qui lui permettait à peine de vivre et de faire survivre sa famille dont il était le seul actif. Mais étant très bons amis, il avait confié à sa moitié qu’il était très humiliant d’accomplir une tâche d’automate et de répéter à l’infini les mêmes gestes ne faisant jamais appel à la raison. Il ne se voyait surtout pas finir sa vie dans cette boîte minable à affiner ses réflexes, il trouverait sûrement, un jour, une bouée de sauvetage à laquelle s’attacher dans cette vie fade et sans goût.
Ces derniers jours, Mounir inquiétait beaucoup son meilleur ami surtout depuis avoir tenu avec lui une discussion qui laissait présager le pire. Mounir lui avait dit avec émotion, tout en regardant le large :
- Je n’ai pas eu de chance dans la vie…
- Ne dis pas ça… La chance finira sûrement par te sourire un jour !
- J’ai tellement hâte que ce jour vienne…J’ai tellement attendu que la roue tourne… Cela fait des années que je rêve toutes les nuits de billets de banque portant l’image du célèbre poète Chebbi…
- C’est légitime d’aspirer à améliorer ses conditions matérielles, de rêver à entamer une fulgurante ascension dans l’ascenseur social…
- Oui… Le problème c’est que pour certains l’ascenseur social reste bloqué au sous-sol pendant toute une vie de dur labeur alors que d’autres ne font qu’amasser encore et encore ces fameux billets pas du tout romantiques contrairement aux apparences…
- Les classes sociales ont existé depuis longtemps tu contestes leur présence ? Tu ne serais pas marxiste ?
- Je n’adhère à aucun courant. Je pense seulement que c’est injuste de se tuer pour gagner quelques pièces…
- Que proposes-tu en échange ? Faut bien que les gens survivent…
- Je propose de quitter le ciel qui rechigne pour d’autres cieux, par exemple.
- Tu penserais à quitter le pays ? Mais pour aller où ? Et ta famille ? Tu es chez toi ici !
- Je serais toujours étranger là où on me fait si cher payer cette misérable vie ! Je me sentirais chez moi là où je pourrais aller en vacances, là où je pourrais m’orner de gourmettes 24 carats, là où je pourrais laisser un pourboire au garçon de café… Non je ne suis pas chez moi ici…
- Tu as une idée où tu pourrais aller ?
- Peu importe, du moment que je gagne ma vie et qu’on ne dise pas de moi à quatre-vingt ans : pauvre SDF ! J’irais probablement voir du côté du vieux continent il parait qu’il y est facile de gagner sa vie… comme ça si je meurs pauvre ce ne serait pas faute d’avoir essayé…
- Tu n’as pas idée sur la difficulté d’avoir une carte de séjour dans ces pays là !
Là, la face de Mounir vît se dessiner un large sourire, et il fît signe à son ami vers une barque amarrée juste devant eux. C’est là qu’ils se turent et qu’il comprît enfin que le temps des adieux était imminent. Il connaissait assez bien son compagnon de toujours pour affirmer que sous peu, il allait risquer sa vie pour essayer de rejoindre, « là où on ne meurt pas de faim »… Il en frémissait déjà…
Chroniques d'un jeune hammamlifois (II)
Quand il ne pensait pas au football, ce jeune homme allait s'abandonner au rythme effréné du son produit par les vagues qui venaient se briser sur la plage. La mer d'Hammam-Lif fût-elle répugnante et parfois même douloureuse à contempler tant la pollution en
avait fait son affaire, un espèce de silence s'installait quand même durant ses moments de forte intimité qu'il avait avec cette pseudo mer. En dépit de la forte ressemblance de ce qui fût la mer d'Hammam-Lif avec la cuvette des toilettes, Il lui reconnaissait tout de même, le droit d'être respectée. D'une part, vu sa situation géographique en face de l'une des plus belles montagnes du mondes qui lui conférait une certaine impunité. Et d'autre part, les poussières des livres d'histoires et les témoignages des estivants d'antan brossaient une description tellement surréaliste de cette mer que ne pas lui accorder ce profond silence s'apparentait à cracher sur l'histoire. Plus jeune, il s'énervait jusqu'au point d'ébullition à chaque fois qu'il parcourait la corniche, en voyant cette énorme masse de gens venus de toute part avec la seule idée d'envahir sa mer, même s'il excluait définitivement l'envie de s'y baigner. Il songeait que, finalement, c'étaient ces personnes là qui ont fini par pourrir sa plage à coups de restes de pastèques dans le sable, et de manières qu'il jugeait nauséabondes. Il pensait que la seule solution qui se profilait à l'horizon pour sauver cette côte en déperdition sinon inévitable, était de bloquer l'accès à cette ville à tous ceux qui ne savaient pas, comme il savait si bien le faire, respecter ce profond silence qui les empêcheraient de planter des pourritures dans le sable jadis doré, selon certains historiens. Même s'il reconnaissait que cette mesure restait inapplicable vu l'impossibilité à passer outre l'affirmation qui dit que "la Tunisie est aux tunisiens!". Il chevauchait parfois les énormes blocs de pierre qui servaient de brise vagues et qui savaient si bien représenter l’infinie bêtise humaine. Il s’y taisait et il écoutait… Il écoutait le murmure des vagues, c’était un langage qu’il avait appris à maîtriser devenant peu à peu insensible au son aigu des voix de ses amis. Mais depuis quelques temps, la mer ne disait plus rien. Elle semblait agoniser, probablement, à l’idée qu’elle ne servait plus au bonheur de pratiquement aucun hammamlifois. Et les vagues qu’il prodiguait en abondance venaient exploser en se heurtant aux pierres dans un élan de crime passionnel. Il essayait vivement de la consoler surtout qu’il n’était pas d’accord. La mer d’Hammam-Lif garde aujourd’hui, selon lui, une place privilégiée dans le cœur d’une grande partie de ses concitoyens : Elle gardait encore la vertu incontestable de bercer leurs rêves et d’entretenir l’ambition qu’ils avaient de rejoindre un jour l’autre rive… « C’est la seule raison d’être de cette mer », avait remarqué son ami de toujours, Mounir.
avait fait son affaire, un espèce de silence s'installait quand même durant ses moments de forte intimité qu'il avait avec cette pseudo mer. En dépit de la forte ressemblance de ce qui fût la mer d'Hammam-Lif avec la cuvette des toilettes, Il lui reconnaissait tout de même, le droit d'être respectée. D'une part, vu sa situation géographique en face de l'une des plus belles montagnes du mondes qui lui conférait une certaine impunité. Et d'autre part, les poussières des livres d'histoires et les témoignages des estivants d'antan brossaient une description tellement surréaliste de cette mer que ne pas lui accorder ce profond silence s'apparentait à cracher sur l'histoire. Plus jeune, il s'énervait jusqu'au point d'ébullition à chaque fois qu'il parcourait la corniche, en voyant cette énorme masse de gens venus de toute part avec la seule idée d'envahir sa mer, même s'il excluait définitivement l'envie de s'y baigner. Il songeait que, finalement, c'étaient ces personnes là qui ont fini par pourrir sa plage à coups de restes de pastèques dans le sable, et de manières qu'il jugeait nauséabondes. Il pensait que la seule solution qui se profilait à l'horizon pour sauver cette côte en déperdition sinon inévitable, était de bloquer l'accès à cette ville à tous ceux qui ne savaient pas, comme il savait si bien le faire, respecter ce profond silence qui les empêcheraient de planter des pourritures dans le sable jadis doré, selon certains historiens. Même s'il reconnaissait que cette mesure restait inapplicable vu l'impossibilité à passer outre l'affirmation qui dit que "la Tunisie est aux tunisiens!". Il chevauchait parfois les énormes blocs de pierre qui servaient de brise vagues et qui savaient si bien représenter l’infinie bêtise humaine. Il s’y taisait et il écoutait… Il écoutait le murmure des vagues, c’était un langage qu’il avait appris à maîtriser devenant peu à peu insensible au son aigu des voix de ses amis. Mais depuis quelques temps, la mer ne disait plus rien. Elle semblait agoniser, probablement, à l’idée qu’elle ne servait plus au bonheur de pratiquement aucun hammamlifois. Et les vagues qu’il prodiguait en abondance venaient exploser en se heurtant aux pierres dans un élan de crime passionnel. Il essayait vivement de la consoler surtout qu’il n’était pas d’accord. La mer d’Hammam-Lif garde aujourd’hui, selon lui, une place privilégiée dans le cœur d’une grande partie de ses concitoyens : Elle gardait encore la vertu incontestable de bercer leurs rêves et d’entretenir l’ambition qu’ils avaient de rejoindre un jour l’autre rive… « C’est la seule raison d’être de cette mer », avait remarqué son ami de toujours, Mounir.
Chroniques d'un jeune hammamlifois (I)
Et c'est le jour d'un Aïd el Seghir, l'une des plus belle fêtes de la communauté musulmane,que le destin a finalement choisi pour voir naître un bébé très mignon et plein de vie.. Bercé par la mélodie des vagues de la plage d'Hammam-Lif et protégé par l'oeil bienveillant du mont Boukornine qui étalait toute sa splendeur, il avait grandi.
Sa mère n'en croyait pas ses yeux en le voyant souffler ses quinze bougies. Son fils était devenu un homme. Elle n'en était pas peu fière de sa progéniture. Mordu de football qu'il était, il ne ratait aucune occasion pour aller voir sa 'dream team', l'équipe locale de football jouer comme elle savait si bien le faire.
Avant chaque match, il devait lui aussi entamer un stage à huis clos qui durait parfois jusqu'à quelques jours et durant lesquels, il n'existait plus. Il n'était que l'ombre de lui même. De visage hagard et de regard pensif. Son seul souci devenait la prestation qu'allait présenter son équipe et la tactique la plus appropriée pour ce match là. Il étudiait méticuleusement toutes les propositions sans pour autant s'en lasser ou demander l'avis de quiconque..
En entrant au stade, il déshabillait sa personnalité de ses caractères calme et sympathique et enfilait aussitôt la parure fanatique de la plupart des supporters qui peuplent les stades.
Avec le coup de sifflet de l'arbitre, le jeune homme n'épargnait personne. Il faisait l'étalage de son remarquable savoir-faire en matière d'insultes. Il s'indignait devant les décisions des arbitres aussi anodines soient-elles, il ne ratait aucune occasion pour remettre en place même ses propres joueurs qu'ils voyaient indignes de porter ce maillot qu'ont porté tant de légendes. Il insultait souvent ce professionnalisme "à la con", qui salissait,selon lui, le monde du football et réduisait les joueurs au statut méprisable de mercenaires.."C'était sûrement mieux avant!", qu'il s'entêtait à répéter à tousses interlocuteurs. Il ressentait parfois un sentiment très étrange qu'est celui de la nostalgie d'une époque qu'il n'avait jamais vécue.. Ce sentiment bizarre était tellement ancré en lui qu'il était l'essence même de son être.. Il y puisait une grande partie de sa marginalité par rapport aux jeunes gens de sa génération. En effet, il n'était pas comme les autres..
Il était si.. pur!! Lui même l'avait remarqué un jour quand il s'était surpris à proférer des propos régionalistes dans un match au stade municipal. Il s'était enflammé par la chaleur ambiante et par la teneur trop acide des slogans scandés par des incultes.. Lui pourtant si pur..
Quand il s'était rendu compte de l'ampleur de ses mots, que beaucoup prennent pour une façon comme une autre de taquiner le public adverse, il était parfaitement sonné. Il avait pris toute une semaine à réfléchir. Il s'était demandé comment le sport qui est une distraction créée à la base pour rapprocher les peuples avait fini un dimanche ensoleillé du vingt et unième siècle par pousser un gosse de quinze ans à haïr toute une région pour un penalty non sifflé aussi évident soit-il. Il trouvait cela très bête, finalement, le régionalisme.. Surtout quand il n'est pas justifié et à en croire ses méditations, rien ne pouvait vraiment justifier toute cette haine. Ces pensées avaient alors dessiné sur ses lèvres un large sourire, il songea qu'il était peut-être simple d'esprit ou trop bon et par conséquent trop 'con'(comme le disait le dicton) pour résonner de la sorte.
Sa mère n'en croyait pas ses yeux en le voyant souffler ses quinze bougies. Son fils était devenu un homme. Elle n'en était pas peu fière de sa progéniture. Mordu de football qu'il était, il ne ratait aucune occasion pour aller voir sa 'dream team', l'équipe locale de football jouer comme elle savait si bien le faire.
Avant chaque match, il devait lui aussi entamer un stage à huis clos qui durait parfois jusqu'à quelques jours et durant lesquels, il n'existait plus. Il n'était que l'ombre de lui même. De visage hagard et de regard pensif. Son seul souci devenait la prestation qu'allait présenter son équipe et la tactique la plus appropriée pour ce match là. Il étudiait méticuleusement toutes les propositions sans pour autant s'en lasser ou demander l'avis de quiconque..
En entrant au stade, il déshabillait sa personnalité de ses caractères calme et sympathique et enfilait aussitôt la parure fanatique de la plupart des supporters qui peuplent les stades.
Avec le coup de sifflet de l'arbitre, le jeune homme n'épargnait personne. Il faisait l'étalage de son remarquable savoir-faire en matière d'insultes. Il s'indignait devant les décisions des arbitres aussi anodines soient-elles, il ne ratait aucune occasion pour remettre en place même ses propres joueurs qu'ils voyaient indignes de porter ce maillot qu'ont porté tant de légendes. Il insultait souvent ce professionnalisme "à la con", qui salissait,selon lui, le monde du football et réduisait les joueurs au statut méprisable de mercenaires.."C'était sûrement mieux avant!", qu'il s'entêtait à répéter à tousses interlocuteurs. Il ressentait parfois un sentiment très étrange qu'est celui de la nostalgie d'une époque qu'il n'avait jamais vécue.. Ce sentiment bizarre était tellement ancré en lui qu'il était l'essence même de son être.. Il y puisait une grande partie de sa marginalité par rapport aux jeunes gens de sa génération. En effet, il n'était pas comme les autres..
Il était si.. pur!! Lui même l'avait remarqué un jour quand il s'était surpris à proférer des propos régionalistes dans un match au stade municipal. Il s'était enflammé par la chaleur ambiante et par la teneur trop acide des slogans scandés par des incultes.. Lui pourtant si pur..
Quand il s'était rendu compte de l'ampleur de ses mots, que beaucoup prennent pour une façon comme une autre de taquiner le public adverse, il était parfaitement sonné. Il avait pris toute une semaine à réfléchir. Il s'était demandé comment le sport qui est une distraction créée à la base pour rapprocher les peuples avait fini un dimanche ensoleillé du vingt et unième siècle par pousser un gosse de quinze ans à haïr toute une région pour un penalty non sifflé aussi évident soit-il. Il trouvait cela très bête, finalement, le régionalisme.. Surtout quand il n'est pas justifié et à en croire ses méditations, rien ne pouvait vraiment justifier toute cette haine. Ces pensées avaient alors dessiné sur ses lèvres un large sourire, il songea qu'il était peut-être simple d'esprit ou trop bon et par conséquent trop 'con'(comme le disait le dicton) pour résonner de la sorte.
Coupable d'avoir existé
A peine venu,il était déjà condamné.
Etiquetté par le regard malveillant d'une société sans merci.
Du haut de ses vingt ans,les rides lui ont déjà plissé le front.
Il s'est habitué aux remarques déplacées de son entourage dont la priorité absolue était de lui rappeller sans cesse que c'est dans le péché qu'il avait été conçu par des adolescents égarés.
Constamment marginalisé à cause d'une case restée vide dans son état civil,celle du nom de famille.
Dans un centre spécialisé,il avait grandi et appris à survivre sans père ni repères.
A la recherche de ses racines,il se plaisait à abandonner son esprit vagabonder et lui ramener à chaque fois des visages possibles de ses parents.
C'était presque vital pour lui de mettre une image derrière les noms de papa et maman,pour qu'il puisse enfin tourner la page et attaquer les périples d'une vie qui ne lui a vraiment pas fait de cadeaux.
Son pire souvenir restera surement les rires moqueurs de ses petits camarades de classe quand on lui demandait la profession de ses parents et qu'il ne répondait pas.
Il n'avait jamais réussi à comprendre comment un être humain doué d'un minimum de sentiments,aussi jeune soit-il, pouvait jeter sa progéniture, le bébé qu'il avait porté si longtemps dans son ventre.
Il a beau essayer de pardonner, rien n'y fait.
Au fond de lui demeurera toujours une rancueur d'avoir juste un géniteur et une mère porteuse.
Il regarde toujours avec autant de stupeur les adolescents que dieu a comblé par la présence de leurs deux parents et qui leur parlent sur un ton pour le moins inapproprié.
Certes une personne qui n'a jamais été privée de cette faveur inestimable ne connaîtra jamais la réelle valeur de prononcer "papa".
Il aurait ô combien aimé avoir une mère à ses côtés pour partager avec lui ses joies et ses souffrances.
Il se rappelle encore de son brillant succès à l'examen du baccalauréat mais grande a été sa peine quand personne n'en a jubilé à part lui.
Telle est la volonté de dieu et qui peut réellement s'y opposer ?!
L'affection parentale,il avait appris avec le temps à s'en passer.
Néanmoins, il n'a guère pu justifier le mépris dont il faisait l'objet depuis sa tendre enfance.
Mais pourquoi le jugent-ils sur un crime qu'il na jamais commis?
Pourquoi le massacrent-ils avec leurs regards accusateurs?
Allah avait formellement interdit les rapports en dehors du mariage sous peine d'être fouetté et il avait sûrement raison, mais une question demeure sans réponse : pourquoi la société s'acharne-t-elle sur ces enfants illégitimes ? Eux qui ont si besoin d'encadrement pour ne pas dériver..
Décidèment la bétise humaine a encore un long chemin devant elle et elle n'a surement pas fini de causer du tort..
Etiquetté par le regard malveillant d'une société sans merci.
Du haut de ses vingt ans,les rides lui ont déjà plissé le front.
Il s'est habitué aux remarques déplacées de son entourage dont la priorité absolue était de lui rappeller sans cesse que c'est dans le péché qu'il avait été conçu par des adolescents égarés.
Constamment marginalisé à cause d'une case restée vide dans son état civil,celle du nom de famille.
Dans un centre spécialisé,il avait grandi et appris à survivre sans père ni repères.
A la recherche de ses racines,il se plaisait à abandonner son esprit vagabonder et lui ramener à chaque fois des visages possibles de ses parents.
C'était presque vital pour lui de mettre une image derrière les noms de papa et maman,pour qu'il puisse enfin tourner la page et attaquer les périples d'une vie qui ne lui a vraiment pas fait de cadeaux.
Son pire souvenir restera surement les rires moqueurs de ses petits camarades de classe quand on lui demandait la profession de ses parents et qu'il ne répondait pas.
Il n'avait jamais réussi à comprendre comment un être humain doué d'un minimum de sentiments,aussi jeune soit-il, pouvait jeter sa progéniture, le bébé qu'il avait porté si longtemps dans son ventre.
Il a beau essayer de pardonner, rien n'y fait.
Au fond de lui demeurera toujours une rancueur d'avoir juste un géniteur et une mère porteuse.
Il regarde toujours avec autant de stupeur les adolescents que dieu a comblé par la présence de leurs deux parents et qui leur parlent sur un ton pour le moins inapproprié.
Certes une personne qui n'a jamais été privée de cette faveur inestimable ne connaîtra jamais la réelle valeur de prononcer "papa".
Il aurait ô combien aimé avoir une mère à ses côtés pour partager avec lui ses joies et ses souffrances.
Il se rappelle encore de son brillant succès à l'examen du baccalauréat mais grande a été sa peine quand personne n'en a jubilé à part lui.
Telle est la volonté de dieu et qui peut réellement s'y opposer ?!
L'affection parentale,il avait appris avec le temps à s'en passer.
Néanmoins, il n'a guère pu justifier le mépris dont il faisait l'objet depuis sa tendre enfance.
Mais pourquoi le jugent-ils sur un crime qu'il na jamais commis?
Pourquoi le massacrent-ils avec leurs regards accusateurs?
Allah avait formellement interdit les rapports en dehors du mariage sous peine d'être fouetté et il avait sûrement raison, mais une question demeure sans réponse : pourquoi la société s'acharne-t-elle sur ces enfants illégitimes ? Eux qui ont si besoin d'encadrement pour ne pas dériver..
Décidèment la bétise humaine a encore un long chemin devant elle et elle n'a surement pas fini de causer du tort..
Tête brûlée au 3ème degré
Sur les plages pourries d'Hammam-Lif et à cette heure tardive aucun être sensé n'ose s'aventurer. C'est surement pour cela qu'Ahmed s'était retrouvé seul à contempler cette mer-patrie. Tout fier, il écoutait le murmure des vagues qui ferait, sous peu, de lui un être riche, un homme comblé et surtout européen, un détenteur fortuné d'une grossecylindrée. Mais à quel prix ? Ce voyage périlleux risquait bien entendu de lui coûter la vie. Mais il s'accordait à dire que sa vie à lui n'était pas vraiment cher payé pour se retrouver outre méditerranée... De toute façon, sous terre on vivait au chaud toute l'année, il ne pouvait vraiment pas en dire autant pour sa vie actuelle... Le décés était donc en soi, une ascension sociale, d'un certain angle. Pourtant, il avait la curieuse impression que sa mère ne saurait voir le monde sous cet angle là. Elle était la bouée de sauvetage, qui l'empêchait de se noyer dans l'océan de ses vicissitudes. Elle était vraisemblablement la seule à avoir foi en sa personne.L'émotion commençait à se faire sentir, quand il songeait que c'était peut-être la dernière fois que ses pieds sales s'enfonçaient dans ce semblant de sable. Mais la tristesse n'était pas au rendez-vous pour cette ultime étreinte avec son passé. C'était un peu son jubilé qu'il fêtait aujourd'hui. Il se devait alors de bannir toute mélancolie de son esprit. Après tout il en avait rêvé depuis sa tendre enfance. Et pour lapremière fois de sa vie il allait réaliser un rêve. Et même sa mère finirait sûrement un jour par comprendre sa démarche. Il s'imaginait déjà à s'éxhiber le long des magnifiques plages siciliennes. Il frémissait même à l'idée qu'il serait acceuilli quand il sera enfin arrivé par un panneau de bienvenue, écrit en italien,s'il vous plaît!L'appel à la prière interrompît soudain ses reflexions signalant aux fidèles que le temps de la première prière de la journée était venu. Il fît alors le triste constat qu'il n'allait sûrement pas retrouver cette spiritualité en abondance qui résonnait dans l'atmosphère de l'autrecôté de la méditerrannée.Il allait finalement sceller son destin. Devenir riche ou euthanasier défintivement sa souffrance.Un étrange sentiment lui faisait croire que la deuxième option était plus apte à se réaliser vu la guigne qui l'a toujours poursuivie.
Deux semaines plus tard,dans la rubrique des faits divers du plus grand journal du coin parût un article faisant état de 25 mort dans le large d'Hammam-Chott,le point de départ culminant de l'immigration clandestine tunisienne. Dans la liste des naufragés figurait le nom d'Ahmed qui avait raison de penser que la vie n'allait jamais lui sourire et aussi de croire que sa mère ne verrait pas les fait avec philosophie, surtout son coeur qui n'a su tenir face à l'annonce maccabre.Ahmed repose actuellement bien au chaud dans l'immense cimetière d'el Jallez. A côté de lui sont allongés d'autres malchanceux qui ont vu leurs rêves trop fragiles pour tenir face à des vagues de 2 mètres de hauteur s'écarteler à jamais. Khalil
Deux semaines plus tard,dans la rubrique des faits divers du plus grand journal du coin parût un article faisant état de 25 mort dans le large d'Hammam-Chott,le point de départ culminant de l'immigration clandestine tunisienne. Dans la liste des naufragés figurait le nom d'Ahmed qui avait raison de penser que la vie n'allait jamais lui sourire et aussi de croire que sa mère ne verrait pas les fait avec philosophie, surtout son coeur qui n'a su tenir face à l'annonce maccabre.Ahmed repose actuellement bien au chaud dans l'immense cimetière d'el Jallez. A côté de lui sont allongés d'autres malchanceux qui ont vu leurs rêves trop fragiles pour tenir face à des vagues de 2 mètres de hauteur s'écarteler à jamais. Khalil
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