J'ai toujours été de ces êtres qui s'éprennent d'un coup, d'un monde, d'une idée, d'une belle âme ou d'un regard assassin.
Tout jeune, ma vie ressemblait plus à des cycles de jeu qui se répétaient inlassablement à un rythme plus ou moins soutenu: Au début, une idée commençait à me plaire et à germer dans mon jeune esprit. Puis, je passais petit à petit, mon temps à réaliser cette idée jusqu'à ce que les "grands" y voient une certaine menace pour mon équilibre ou pour mon intégrité. Enfin, on me dépossédait de force, de mon joujou et je passais une période assez longue à faire le deuil de cette dernière rupture.
A cette époque là, je devais avoir tout juste huit ans, si mes souvenirs sont bons.. Mais prétentieux de nature, je sais très bien qu'ils le sont.
Je commençais à m'intéresser de prés au feu, à cet élément de la nature qui a cette capacité de fasciner les humains à tout âge.
Comment frapper deux silex l'un contre l'autre ou frotter une allumette contre une surface rugueuse arrivent-ils à faire naître une flamme, un concentré de poésie, de magie, de passion, de douleur et de brûlure.
J'avoue que jusqu'à aujourd'hui, je garde toujours la même stupéfaction puérile devant la même flamme qui faisait valser mon coeur presque vingt ans auparavant.
On était en plein été de l'année quatre-vingt-quinze, j'étais, le plus clair de mon temps, occupé à expérimenter le contact du feu avec à chaque fois une nouvelle matière.
La plante verte ne se brûle pas de la même manière que le papier qui à son tour présente des différences de combustion vis-à-vis du papier imbibé d'essence.
Je me délectais de ce spectacle extraordinaire que produisait la destruction d'une matière par l'effet de flammes dansantes au gré du vent.
Jusqu'au grand jour, où j'avais décidé de passer le cap et de jouer dans la cour des grands. Nous avions un débarras au fond du jardin dans lequel toute la famille élargie avait enfoui un jour ou l'autre, un bouquin, un moteur à essence de barques ou un objet à qui on ne trouvait plus aucune utilité mais dont on ne pouvait absolument pas se séparer.
Il y avait au moins une vingtaine de personnes pour qui ce lieu était loin d'être anodin.
Ce n'était pas assez pour me dissuader de réaliser mes plans maléfiques de la découverte du monde et de ses éléments. J'étais un peu trop passionné, un peu trop convaincu pour abandonner mon projet.
Pour m'acheter une boite d'allumettes. J'ai du galérer.
Il faut dire que j'étais à court d'argent et être fauché à l'âge de huit ans, c'est tout simplement n'avoir pas un sou.
J'ai dû aller voir ma tante qui nous rendait visite et lui demander d'un air d'une candeur inouïe après lui avoir chanté une chanson et raconté quelques blagues si elle avait cinquante millimes pour que je m'achète des bonbons.
Pour en rajouter, je lui ai promis que ce n'était qu'un prêt et que je lui rendrais la somme aussitôt mes parents rentrés...
Attendrie par mon stratagème ou ma dignité de façade, elle m'avait refilé cent millimes.
Ce qui nous faisait deux boites d'allumettes, si mes calculs sont bons...
Un arsenal qui m'avait permis de tuer le temps tranquillement en mettant le feu un peu partout avant de me décider à me lancer.
Le débarras a pris feu sous mes yeux, et j'ai eu l'occasion de rajouter volontairement d'autres foyers avant de lancer l'arme de crime cramer sur les lieux.
Je n'avais aucune conscience du danger qui me guettait ni de celui que je faisais encourir aux voisins et à mes proches.
J'étais juste un gamin qui triomphait devant son jouet... Un jouet qui prenait feu rapidement...
Il aura fallu l’intervention musclée de la protection civile et la coopération de dizaines de voisins et de passants pour contenir un incendie impressionnant qui n'a heureusement pas fait de victimes.
Toute personne de la famille avait obligatoirement une histoire particulière à raconter à propos de ce débarras, des objets dont ils ne croyaient jamais avoir à se débarrasser.
Dés lors, ils allaient commencer à conter leurs histoires avec les yeux qui pétillent.
Avec cette fin tragique que j'ai su leur donner, de minables magazines Prima et Mode&Travaux se sont vus ériger au statut fort enviables de martyrs.
Les soixante dix vierges n'étaient peut-être pas leur destinée non plus... Mais, dans ma famille on en parlait comme des tableaux de maîtres qui seraient partis en fumée.
Puis quand un fonctionnaire de la protection civile était venu demander le nom et l'âge de celui qui avait déclenché l'incendie. Je lui ai donné un faux nom et un age nettement inférieur au mien.
Mais mes proches m'en voulaient trop pour laisser filer cette occasion inespérée de venger leurs magazines...
Aujourd'hui, presque vingt ans après les faits, tout le monde m'a pardonné peut-être par lassitude vu les innombrables catastrophes que j'ai pu causer ou probablement parce que j'ai su, à coté de ces frayeurs que je leur faisais endurer, irradier le foyer de vie, de farces, de blagues et de bonne humeur.
Mais force est de constater, que si j'ai laissé tomber les allumettes et les briquets, je garde toujours un faible incontestable pour les propos incendiaires et j'ai toujours tendance à m'enflammer durant les débats même s'il n'a plus jamais été question du magazine Prima... Comme par respect à son statut de martyr...
Pire, mon humour d'avoir trop pris feu, s'en est trouvé calciné. Corrosif et noir jusqu'au bout.
Si je suis resté incendiaire de confession, je suis devenu pyromane de la discussion.
Heureusement que maintenant je suis un grand garçon et que j'ai au moins la possibilité d'assumer et de répondre de mes actes éventuellement...
5 commentaires:
c'est étrange. c'est comme si j'avais vécu cet agréable moment dans une vie parallèle :D
Salut,
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Ah oui.. impressionnant... :) Moi aussi je suis -restée- une petite pyromane mais contrairement à vous, je ne m'en sors jamais indemne.. Vous pourriez peut-être me donner des cours d'esquive..
ya mama ya mama al bounia ....
andi souel khatir ya abdou mazel mach ytbath Mousameh karim? winhom les autorités Tunisiennes ????? MALA FDHAYEHHHHHHHHHHHHHHHHHSSSSSSSSSSSS ,,,
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