Tout d'abord, intéressons-nous à ce match rocambolesque qui a opposé la Tunisie à la modeste équipe du Malawi.
Dés que l'arbitre a donné le coup d'envoi, j'ai tout de suite senti que l'équipe en face pouvait très bien créer la surprise, d'une part vu la fébrilité et la lenteur exemplaire dans le replacement de notre défense (d'autant plus que nous jouions l'attaque placée. On attaquait en nombre. On laissait de ce fait des espaces pour l'adversaire) D'autre part, l'adversaire du jour base tout son jeu sur les contre-attaques et arrive à monter rapidement vers le camp de Kasraoui.
Cependant, c'était un match largement à notre portée si ce n'étaient les ratages incroyables qui se sont suivis tout au long des 90 minutes.
Revenons maintenant au cas Issam Jomâa.
C'est le deuxième meilleur buteur de notre équipe nationale de tous les temps et le premier encore en exercice.
Il lui est arrivé de sauver l'équipe par des buts inespérés à des moments cruciaux dans des déplacements difficiles. Pourtant, il n'a jamais bénéficié de la sympathie du public.
Je ne vais pas vous dire que ce joueur est exceptionnel.
Je ne vais pas vous dire qu'il est exempt de tout reproche.
Mais ce que je trouve inadmissible c'est qu'un joueur de l'équipe nationale soit pris à partie par le public (qui a en partie accédé au stade gratuitement d'ailleurs) qui l'a sifflé de bout en bout même après avoir réussi le doublé.
C'est révoltant. C'est désolant. C'est inacceptable.
Le meilleur élément d'une équipe à la dérive qui sert de bouc émissaire à un public qui s'ennuie et qui n'a de ce fait rien de mieux à faire que de démolir toute ébauche de beau jeu.
Je sais que Issam Jomâa est antipathique. Il a une gueule antipathique. Il ne sait pas s'exprimer sans placer un 'ma3net'ha" toutes les deux secondes. Il fait des déclarations dont il pourrait et il aurait du se passer. Il passe parfois à coté de ses matchs (le match du Cameroun à la dernière édition de la CAN, par exemple) et quand il est en méforme, on a tout juste envie de l'expédier sur Mars...
Mais le fait est là, ce joueur est le meilleur attaquant tunisien actuel et peut-être même des cinq dernières années.
Le pire dans toute cette histoire, c'est que cette masse qui siffle un joueur de sa propre équipe, originaire de son propre pays, héritier de sa propre culture et qu'ils sont, à la base, venus encourager, n'est en fait influencée que par les sketchs de Wassim Herissi Alias Seyes khouk qui a su au fil de ses blagues souvent drôles, convaincre le public que ce joueur est un moins que rien, le dépeignant dans le portrait du parfait antihéros...
C'est à dire que dans notre beau pays, Wassim Herissi, jeune humoriste de talent arrive avec une facilité déconcertante à faire d'un personnage ce qu'il veut parce que ses auditeurs, influençables qu'ils sont, n'ont pas assez de neurones pour faire la différence entre sketchs et vraie vie.
L'opinion publique tunisienne s'est récemment radicalisée, trouvant dans le réseau social facebook un espace inespéré pour exposer "librement" sa haine farouche, ses complexes, son ignorance et sa volonté de se mobiliser pour une cause... Peu importe s'il s'agit d'un faux problème, d'un bouc émissaire ou de faux ennemis... L'important c'est d'être tous d'accord, de siffler en chœur et que le peuple l'emporte enfin. Mais si la bataille est fictive, les victimes, quant à elles sont bien réelles...
5 commentaires:
Issam Jomaa n'a rien d'un grand joueur dans l'équipe nationale du moins. Le grand joueur est celui qui fait la différence dans une équipe qui passe à côté du sujet. Lui, il est tout le temps à côté du sujet, de la même manière que notre équipe, si nationale soit-elle. Ses exploits footballistiques résumés dans ses 21 buts n'ont été faits que devant des équipes de seconde zone si ce n'est moins..
Concernant le public et ses sifflement envers Jomaa, je crois que ce public, amassé difficilement malgré la gratuité de l'entrée au stade a totalement le droit de siffler quiconque, d'autant plus que ce joueur a fait une erreur de contôle de la balle. La réaction publique n'est pas anodine, mais montre bien que le publique tunisien n'aime pas vraiment ce joueur. Tout est critiquable, sauf la réponse du gentelman, Issam Jomaa. Oser défier son public maison, lui faire un geste malsain, c'est du pur amateurisme... ou de la mégalomanie. Comment oser le huer, lui l'intouchable, l'excellent, le sauveur...
Dernier point, je ne crois pas que IJ est hué par le public aprés les sketchs de Wassim. Comme ça, vous insinuez que le tunisien est simplement manipulable trés facilement, susceptible de changer d'avis comme Cactus prod change de guignoles.
Personnellement, l'équipe nationale doit être débarrassé des joueurs qui se croient irremplaçables.
Issam Jemâa je ne le trouve pas antipathique. Il donne pê l'impression de bégayer lorsqu'il répond aux ITV mais doit-on demander à un joueur de foot d'être irréprochable en matière de communication ? En fait, Jemâa qui est un bon joueur, est irrégulier. Il l'est à Lens, il l'est aussi en EN. Mais lorsqu'il explose,il fait des étincelles. Et c'était le cas contre le Malawi. Et il n'est pas le seul joueur irrégulier. Dieu sait combien de joueurs irréguliers compte notre pays et combien d'entre eux ont raté leur carrière à cause de cela. Alors pourquoi s'acharner contre lui ? Parce qu'il a fait un mauvaise contrôle ? Et alors, quel joueur ne fait pas un mauvais contrôle ? Quel joueur ne dévisse pas complètement sa frappe pour l'envoyer dans les nuages. Cela arrive souvent sur les pelouses européennes. Siffle-t-on pour autant les joueurs ? Les condamne-t-on ? Et bien non. Un joueur n'est pas une machine c'est un être humain qui a le droit de se tromper. Et on doit l'accepter. Il s'agit de juger son bilan global. Sans les deux buts de Jomâa on se serait fait ratatiner par les gars du Malawi et j'aurais bien aimé voir la tête de ces mêmes spectateurs (je ne dis pas supporter car le statut de supporter d'une équipe se mérite) à la sortie du stade. L'histoire de Jemâa me rappelle un cas précis, celui de Sirajeddine Chichi, qui est un très bon joueur de l'EST et de l'EN. Chichi se faisait régulièrement dénigrer par ceux qui se considèrent comme des supporters de l'EST. Il se faisait appeler Raquel à cause de ses cheveux longs. Raquel est la vedette d'un feuilleton mexicain. Et les pseudo supporters de son équipe se moquaient de lui en ces termes pendant l'entraînement et durant le match même lorsqu'il fait une bonne prestation. Malgré cela, Chichi a fait son chemin, il a aidé son équipe a gagner des titres et a fait une bonne carrière en équipe nationale. Lui, le garçon timide et réservé de Hammam-Lif disait que ces quolibets l'atteignaient personnellement. Je sais aussi qu'elles minaient sa fragile confiance qu'il s'évertuait de capitaliser match après match. Je pense que notre public, qui est finalement le reflet de notre société, est castrateur et paternaliste. Comme bcp de nos pères, de nos chefs d'entreprise et de nos dirigeants politique. Ce public doit savoir qu'un match de foot n'est pas seulement un défouloir. Que les joueurs méritent le respect d'abord pour leur propre personne mais aussi pour le maillot qu'ils portent. On peut bien évidemment critiquer leur prestation, de manière posée et rationnelle. Mais on n'a pas le droit de les atteindre sur le plan personnel. Par la suite je comprend parfaitement pourquoi Jomâa fait des gestes déplacés envers ce public. Nous avons le public que nous méritons et le foot que nous méritons. Si on veut autre chose c'est à nous de changer notre façon de voir ce sport et de le pratiquer.
Deux excellents commentaires :)
Marhbé bikom !
@ Conformiste-Rebelle:
Tu défends le public donc ?
Il a le droit de prendre à partie un joueur qu'il est censé encourager ?
Pourquoi venir au stade alors si c'est pour déstabiliser notre onze national ? Parce que c'est gratuit ?
Je sais que Jomâa n'est pas exempt de tout reproche... D'ailleurs son geste envers le public est inexcusable et très amateur de sa part, c'est vrai...
@Ancien combattant:
excellente analyse :)
Je viens de découvrir ton blog... Il est à couper le souffle. Tu as un nouveau lecteur assidu ;)
@Khalil: une partie de moi-même défend le public, une autre essaie seulement de mettre la réaction du publique dans son contexte.
Ce qui est malheureux dans notre football tunisien c'est le fait que le publique de l'EN est désormais assimilé à El Hallak et son compagnon, aussi abrutis soient-ils. Ainsi, on les voit partout, même dans les feuilletons. Et cela reflète exactement la physionomie de notre BF, des opportunistes qui recrutent des opportunistes. وكل وكول . Mais tout ça est vraiment une autre histoire.
Il faut souligner le fait que la relation de notre publique avec l'EN s'est fortement déteriorée aprés le passage de Lemerre. On sent la rupture, le manque de communication et l'absence de toute sympathie envers cette EN.
Un dernier point important à mon humble avis. C'est le manque de décentralisation de notre EN. L'EN est avant tout TUNISIENNE et non pas TUNISOISE. Toutes les fois où cette équipe a joué en dehors de Tunis, elle a été saluée et encouragée pleinement. Et elle a réussit.
@Ancien-combattant: Trés beau blog.
@khalil@Conformiste-Rebelle. Je n'ai plus de blog. Le blog vers lequel pointe mon pseudo est celui d'un ami qui vient de se mettre au blogging. Intéressant en effet.
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