Les fidèles du Boukornine

samedi 25 juillet 2009

Quand rien que le fait de tourner une page devient un acte douloureux


Dans le roman de ma vie et ses rocambolesques méandres, le premier chapitre s’est achevé d’une rapidité déconcertante avec une incroyable clarté dans le texte aux magnifiques caractères écrits à la main avec une insolente insouciance.

J’ai, aussitôt, décidé d’attaquer le deuxième chapitre.
Par hasard ou peut-être bien par le fait d’un destin qui s’est maquillé en hasard, d’autres voix m’ont rejoint.
Je lisais le premier paragraphe et je m’agrafais illico aux yeux de mon « inter-lectrice ».
Ces expressions voulaient tout dire. Mais je voulais tellement en dire plus.
Cependant, dés que je commençais à m’attacher à la page 24, il était très vite temps de passer à la page 25.
Je le faisais, le cœur et les gestes alourdis par une déception qui était à la mesure de l’importance de la page. Mais je suis toujours arrivé à dépasser mes pages.
Et quand j’arrivais à la page 30, le numéro 24 ne me disait plus rien.

La plus belle page qui ne m’ait jamais croisé, c’est surement la page 37. J’ai croisé les doigts pour la garder. Mais j’ai peut-être trop croisé les bras en passant.
La lecture n’étant pas une activité de tout repos mais une véritable croisade contre l’oubli et l’ennui.

Ma page s’est enfuie avec un autre lecteur qui était surement moins assidu que moi.
Ma page ne savait pas ce qu’elle faisait en me brisant le cœur. Je demande au seigneur de pardonner à ma page. Mais, c’est improbable que le seigneur daigne pardonner.
Etant moi-même rancunier quand il s’agit des pages.

Depuis, j’enchaine les ratures. Mais le livre s’est fixé, à ce que je vois, irrémédiablement sur la page 37.

Quand le pouce et l’index, généralement légèrement hydratés par le bout de la langue, dans un mouvement, il est vrai, complexe mais réalisé machinalement, tentent de passer à la page suivante… Il y a véritablement blocage.
La douleur commence à gagner les doigts tel un tonnerre dans un ciel serein. Petit à petit ce mal atteint le cœur et irradie à tout le corps paralysant l’âme de tout ce qu’elle comptait entreprendre.

La page 37 a ainsi commencé à m’habiter… M’obséder… Me rendre fou et m’aliéner…
C’est fou ce qu’une simple page peut faire d’un organisme complexe fait de viscères, de cerveau, de cœur et de tout ce que vous savez…

Oui, j’ai pensé, comme vous brûlez d’envie de me le crier, à déchirer la page. Hélas mon cœur s’est déchiré avant que je n’en vienne à bout.

En attendant de trouver les solutions à ce problème existentiel qu’est celui de tourner une page, j’ai jugé que la meilleure chose que j’avais à faire était de fermer momentanément le livre et de le ranger sur cette étagère, le temps que la poussière du temps fasse son effet.

Après il suffira d’un coup de chiffon pour tout dépoussiérer, et au moment voulu on entamera volontiers toutes les pages qu’il faudra pour trouver sa page fétiche !

2 commentaires:

dendesh a dit…

أخطىء العد.. كم صار لدي من سنوات عجاف ..أعد ثم أنسى و أعيد العد انها خمس و ثلاثون لا رفق فيها لا ضير أن أتكىء بظهري حتى تتنفس السماء الصعداء ..سنوات الرفق بالذات و الحنو عليها و تلك التي أنطلت بدوني عند البلاهة ..اليوم السيء بعد الجهد ترجع الأفكار بلا صوت ولا صورةو لا طعم ..لاسوء في أن تستوطن البلاهة رأسي فهناك من يخبر بكلماته ما كنت لأقول سأقرأ ما تقول لكي أتنفس كما السماء الصعداء فشكرا

Khalil a dit…

Bravo pour votre manière de vous exprimer !

C'est l'un des plus beaux commentaires qu'il m'ait été donné de lire.

Bienvenue chez vous, installez-vous ! :)