Hier, le 26 août 2011, plus de sept mois après la révolution tunisienne, une semaine après le départ inopiné de Sofiene Chaâri et faut-il le rappeler, prés de deux mois après mon anniversaire, un policier a brandi son arme en direction d'un résident en médecine, pauvre "bac + 11" coupable de soigner des malades avec tout le désintéressement du monde dans des conditions inhumaines.
L'histoire s'est déroulée au trauma centre de Ben Arous à 14h.
Trois heures plus tard, je suis réveillé au beau milieu de ma sieste par un coup de téléphone. Un ami qui a été témoin de l'affaire, m'en parle, tout remonté, terrorisé même !
Je vérifie, appelle une dizaine de personnes. L'information se confirme.
Vers 14 heures, les consultants s'agitent dans la salle d'attente des urgences de l'Hôpital de Ben Arous.
Le résident d'orthopédie présent sur les lieux demande à l'agent de sécurité de faire sortir les familles à l'autre salle d'attente pour qu'il puisse examiner les patients dans de bonnes conditions.
Mais un homme habillé d'un jean et d'un tee-shirt refuse de sortir.
Devant l'insistance du "SOGEGAT" à faire appliquer la loi, il sort son flingue qu'il avait soigneusement caché, le charge et braque ces hommes en blouse blanche qui ont eu la malheur de sacrifier leurs vies pour que les citoyens se sentent bien.
"Vous faites moins les malins maintenant ! Vous voyez l'hôpital de Ben Arous ? Il suffirait que je ramène huit personnes et on le brûlera en entier bande de bâtards !"
Cependant, et comme on est dans un pays où la loi est au dessus de tout le monde, le policier rentre comme si de rien n'était.
Au départ, c'est un autre policier qui était venu le délivrer des griffes de ces citoyens "cagoulés" "sauvages" qui voulaient que justice soit rendue.
La foule s'excite, les esprits s'échauffent et on retient le policer jusqu'à l'arrivée des militaires...
Sauf que ces derniers surprendront tout le monde en laissant repartir le policier les mains détachés sans même le conduire au poste...
Esprit fraternel ramadanesque me diriez-vous ? Même si c'était le cas, laissez-moi en vomir...
Le directeur de l'hôpital est venu calmer les esprits. "C'est rien..." lance-t-il amicalement au policier cowboy à ses heures perdues.
Il y a des caméras de surveillance qui ont tout filmé. Espérons que les cassettes ne seront pas dérobées pour couvrir ces criminels !
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, le Syndicat des Internes et Résidents de Tunis a été contacté et une action serait en train d'être entreprise à l'échelle nationale.
On savait qu'il n'y avait aucune reconnaissance face à tout le mal qu'on se donne pour rendre le sourire aux corps malades.
On savait que la fréquence des agressions dont font l'objet les médecins sont en nette recrudescence.
On savait que l'unique satisfaction dans ce métier était purement morale avec les "yer7am waldik" reconnaissants de patients soustraits à la maladie et réofferts à la vie.
On ne savait tout de même pas qu'on avait le droit de dégainer son arme et de nous braquer impunément. Un insigne est-il un passe-droit ?
Il faut savoir que les médecins n'ont jamais eu de revendications sociales. On n'a demandé que la réforme de notre secteur et que ce genre d'incidents soit réprimés d'une façon exemplaire pour ne pas donner d'idées à d'autres âmes malades.
Affaire à suivre !
Mise à jour du 30/08/11: Le ministère de la santé a précisé qu'il s'agissait d'un agent des services pénitentiaires, que les militaires ont "maitrisé la situation" et qu'une plainte a été déposée par la direction générale de l'hôpital.
Suffisant dîtes-vous ? Laissez-moi rire !