Les fidèles du Boukornine

mardi 28 décembre 2010

Ammar 404 me rend visite !




Après trois longues années d'interminable attente.
Après des jours et des nuits passés à être un bon citoyen.
Après des inspirations, des transpirations et des idées recherchées.
Après avoir fait de ma citoyenneté une priorité absolue.
Après que tous les blogs et sites d'information qui se valent aient reçu le prix Nobel tunisien de la censure, véritable gage de qualité et de pertinence...

Ammar 404 me rend enfin visite... Même si ce n'est que pour les deux derniers articles qui parlent de Bouzid.
Apparemment, parler de cette région est devenu prohibé dans ce bled. Sauf si c'est pour dire que des centaines de projets ont été lancé ces derniers jours.

De toute manière, j'en suis ému. J'en suis content. J'en suis fier !

Enfin !
Notre censeur national, m'a accepté dans le cercle très fermé des bouches qu'on rêverait de recoudre parce que leurs paroles dérangent.
Je remercie du fond du coeur Ammar 404  d'avoir pensé à moi. D'autant plus, qu'il est actuellement en train de creuser sa propre tombe et que dans pas longtemps, il n'aurait peut-être plus l'occasion de jouer aux durs avec moi.

Joyeuses fêtes Bouzid. Joyeuses fêtes planète Tunisie. Ammar, je t'emmerde !

lundi 20 décembre 2010

Sidi Bou, la version officielle...











Un méchant citoyen, qui avait des milliers d'opportunités de travail et qui a choisi comme un con de vendre des clémentines à la sauvette.
Un agent de la police municipale est venu lui rappeler gentiment les règles en vigueur : "SVP changez de trottoir !"
Le petit con s'est avéré pyromane ! Il a vite sorti un briquet tout droit arrivé de Chine (par le biais de l'économie souterraine qui ronge notre PIB) et a tenté de s'immoler...
Le charmant agent municipal a assuré de sitôt les premiers secours et a appelé en urgence une équipe de soins qui l'a transporté de suite à l'Hôpital de Ben Arous où il a reçu un accueil "chaleureux" et a bénéficié des meilleures conditions.

Des renégats qui se font passer pour des d'opposants ont sauté sur l'occasion pour dénigrer le régime en place qui fait tout son possible pour rendre la vie agréable dans ce patelin de la Tunisie dont l'économie est fondée sur le secteur agricole. (lait wa mochta99atou surtout)
Ils diffusent des images trafiquées qui laissent apparaître des échauffourées voire des rixes entre forces de l'ordre et population ce qui n'est que pure calomnie.

En réalité, dans le cadre du développement de ces régions éloignées de la capitale et celui du développement du tourisme intérieur, nous avons décidé de lancer le programme culturel intitulé: "Paintball à Sidi Bou" !

L'animation dans les rues de la ville est garantie par des fonctionnaires de l'état qui suent sang et eau pour offrir le plus beau des spectacles à ces populations que l'ennui assassinait tout les jours.

Les parties de paintball opposent deux équipes nombreuses. L'une d'entre elles porte des tenues noires, les autres ont une liberté vestimentaire totale. (Sauf la tenue de l'Espérance de Tunis est bannie pour cause de match l'opposant au CSHL la prochaine journée)

A la fin de la partie, les deux équipes, dans le cadre du fair-play, seront amenés à se voir et à s'embrasser dans des édifices où les hommes en noir se sentent comme chez eux.
Les hommes en noir auront même l'amabilité d'inviter leurs hôtes à dormir chez eux, logés et nourris aux frais de la princesse !
Cerise sur le gâteau, les invités auront même droit à des séances de massage assurées par des hommes en noir, moustachus ventrus mais super gentils !

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...



[Réveille-toi Lakhdhar...]

بلادي قمة في الإغتراب وغرغر يا غراب...




Sidi Bouzid s'embrase pour faire comme Mohammed Bouazizi. (Individu tunisien hautement digne et inflammable désespéré, exaspéré et nullement apeuré)
C'est bien connu le feu se propage rapidement dans les régions où la flore est épanouie.
La police réplique.
Et puis, on ne sait plus rien.
Les médias étrangers en parlent.
Les médias locaux esquivent, se taisent et traitent encore de la réponse du ministre des affaires religieuses quant à la pollution sonore de l'appel à la prière.
On s'en fout royalement.
On veut des Fahem Boukaddous partout sauf dans la cellule comme celle dans laquelle il gît.
On veut des Hommes dans les médias. On veut être pris pour des Hommes.
On veut être pris pour un peuple et non pour un troupeau.
Le summum de l'aliénation est d'apprendre les nouvelles de ton propre pays, de ton propre gouvernorat et parfois même de ton propre quartier par le biais de journaux russes, français ou anglais.

Des fois, je me demande si les gens qui se croient permis de diriger notre destinée avec un paternalisme stalinien, ont encore à l'esprit que nous avons des droits, que nous sommes des êtres vivants capables de discerner et qu'à trop insulter notre intelligence, elle finit par imploser pour faire naître des ondes négatives qui seront délétères au pays entier.


Je ne peux pas me targuer de boycotter tous les médias tunisiens à l'occasion de cette nouvelle mascarade, vu que c'est déjà le cas depuis quelque temps.
Hommage à Sofiene Chourabi, au passage, qui fait un excellent boulot à ses risques et périls.

Ce soir, j'ai mal à mon Sidi Bouzid, comme j'ai eu mal à mon bassin minier et à mon Ben Guerdane, il n'y a pas si longtemps.
Ce soir j'ai mal à mon pays. Une contrée dans laquelle, les diplômes et les êtres humains ne font plus le poids face à la répression et aux abus qui sont monnaie courante.

Dernière chose, qu'on arrête de poursuivre ces infortunés. Si l'économie souterraine, si nocive soit-elle aux chiffres que l'on présente fièrement dans les classements, est en plein essor c'est que le gouvernement n'arrive pas à fournir un travail à une jeunesse qualifiée et diplômée.
Un maîtrisard en informatique ne vend pas des clémentines pour le plaisir, messieurs les jurés !

mardi 7 décembre 2010

3 ans de blogging !

Mon tout premier billet remonte au 6 décembre 2007, il s'intitulait: Tête brûlée au troisième degré (ici). Depuis le style a quelque peu évolué au même titre que mon humble personne.
Cela fait tout juste trois ans.
En trois ans de blogging, trois ans d'émotions, trois ans d'indignations, trois ans d'exclamations, trois ans d'humour, trois ans d'amour et quelques mois de désertion... 

J'ai choisi un style, celui qui me correspond le plus. J'ai préféré m'écrier au lieu de me contenter d'écrire. 
Ne nous voilons pas la face. Nous sommes dans un pays où la liberté individuelle est limitée à l'expression de sa dévotion et de son entière allégeance au courant socio-politique dominant.
Les blogs sont devenus de ce fait, des espaces vitaux pour notre société. Un lieu inespéré où l'on vient s'exprimer, discuter et critiquer sous couvert d'anonymat sans nulle crainte d'être taxé "d'opposant" ou "d'élément perturbateur", un temple de la contre-culture et une sérieuse alternative au JT pourri de TV7 et à l'odeur du préfabriqué des communiqués de la TAP. 

Bien sûr le blogging est à la base, une initiative personnelle qui sert avant tout à revendiquer sa différence dans une société en pleine mutation qui ne fait pas de cadeaux à ceux  qui nagent à contre-courant, une sorte de journal intime tenu par un exhibitionniste qui s'y promène à poil.

J'ai vu durant cette période plein de blogs se faire censurer, plein de phrases émancipées se faire massacrer par des moins que rien. 
J'ai juré de continuer de me battre jusqu'au bout quitte à laisser des plumes. 
Aujourd'hui je fête les trois ans de mon Boukornine, je vous donne rendez-vous dans cinquante ans ! 

dimanche 5 décembre 2010

La Tunisie, ce pays où il est parfois INTERDIT de se soigner...




Récit des faits:
Un nourrisson issu d'un milieu très défavorisé qui se présente à l'hôpital pour, notamment, une symptomatologie respiratoire et cardiaque plutôt sévère.
Après moult explorations, une échographie cardiaque est réalisée et pose le diagnostic d'une HTAP primitive (Hypertension Artérielle Pulmonaire).
Cette pathologie est rare. Le cas est présenté à des sommités dans le domaine de la cardiologie et de la pneumologie en Tunisie qui concluent tous à la nécessité de le mettre sous Sildénafil, un médicament qui a fait ses preuves dans le traitement des HTAP primitive et qui a le mérite de ne pas coûter la peau des fesses comme les autres médocs proposés.


Mais le hic dans l'histoire c'est que le Sildénafil porte le doux nom commercial de Viagra®, une substance connue surtout pour détendre les vaisseaux sanguins améliorant la qualité de la fonction érectile, efficace dans 80% des cas d'impuissance sexuelle.
Oui ! Jusque là rien de vraiment méchant. 


Interrogé sur les raisons de son interdiction en Tunisie, M. Kamel Idir, patron de la direction de la pharmacie et du médicament au sein du ministère de la santé publique rapporte que la Tunisie a d'abord d'autres priorités et qu'enfin, ce médoc pouvait causer la mort s'il était pris de façon abusive sans respecter les précautions d'usage.


Ayant été de passage dans un service d'urologie, il y a quelques années, je puis vous affirmer que l'impuissance sexuelle est un motif de consultation très fréquent. Ce qui est compréhensible et légitime. Ces infortunés se tournent alors vers un marché noir en plein essor. Un médicament qui coûterait trois fois rien s'il était commandé officiellement par le ministère de la santé publique s'en trouve vendu en catimini à des prix faramineux...

Le pire, c'est qu'au-delà du non octroi de l'AMM (autorisation de mise sur le marché) pour cette substance, il est par ailleurs interdit d'en détenir même si tu arrives à t'en procurer par des moyens aussi détournés et coûteux soient-ils.



Concernant, les réponses de Kamel Idir, il est évident que la Tunisie a d'autres priorités. Mais le traitement des troubles érectiles est aussi une priorité monsieur le directeur. Faites un sondage en bonne et due forme et vous verrez. Quand on sait qu'une simple pilule bleue peut changer les vies de centaines de milliers de familles... Quand on sait que l'OMS définit la santé comme étant: "Un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité."
C'en devient clair qu'importer le Viagra® est aussi une priorité.


Quant à votre second argument, vous savez au moins autant que moi, que l'on pourrait en important ce médicament, l'intégrer dans une législation très stricte en rendant sa commercialisation très surveillée et sujette à de nombreux obstacles et à différents niveaux. (Cf. substances du tableau B)


A moins que toute cette obstination ne soit due qu'à une énième affaire de népotisme. Ce qui ne me surprendrait guère, je ne  vous le cache pas. 

Revenons, tout de même à l'affaire que j'ai voulu initialement soulever par cet article. Celle de ce nourrisson qui a besoin de Viagra
® pour exister. 
Etes-vous en mesure de lui refuser son droit à recevoir des soins ? 
Etes-vous en mesure de lui refuser une simple dérogation ? 


Les réponses des pharmaciens sont affligeantes. Ce médicament est simplement et purement interdit en Tunisie. En d'autres termes, il n'y a pas moyen de négocier.


A noter que le patient en question présente en parallèle une multitude de tares et qu'au mieux cela s’apparenterait à du palliatif plus qu'autre chose, en améliorant la qualité de ce qui lui reste à vivre. 


Permettez-moi quand même, sauf le respect que je vous dois, d'exprimer mes plus profonds émoi et dégoût face à des calculs pécuniaires, répugnants et inhumains qui ne tiennent même pas compte des avis de nourrissons (ou de malades +/- âgés) à qui personne n'a rien demandé. 


En espérant avoir sauvagement et farouchement défendu les droits de ces laissés pour compte qui ne connaissent du sommet de l'information que le gouffre de la civilisation.