Les fidèles du Boukornine

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jeudi 3 février 2011

Ne m'augmentez pas mon salaire !

On ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs, c'est bien connu.
La Tunisie, elle aussi, a payé de son capital humain et financier le tribut de cette renaissance inespérée.
Postes de police, municipalités, tribunaux et autres propriétés de l'état ont été réduites en cendres au moment où les protestations contre la légitimité du défunt régime atteignait son acmé.

Aujourd'hui, au moment où le pays traverse une phase de transition aussi historique que délicate, une grande partie de nos concitoyens sortent dans la rue pour réclamer une augmentation des salaires et une amélioration des conditions de travail immédiates.


On a un pays à reconstruire en toute urgence mais dans ma patrie, il est plus important pour certaines personnes d'arracher leur part du gâteau avant que le soleil ne se couche.
Effet couvre-feu ? ou inconscience puérile de la fragilité de notre état à ce moment bien précis de l'histoire ?

A mon grand étonnement, l'état répond sur le champ aux attentes de ces mécontents avec des chiffres assez conséquents.

Pour ma part, je ne veux pas des centaines de dinars que  vous distribuez par-ci et par-là...
Cependant, j'exige de gagner la guerre contre la dictature après avoir triomphé lors de la grande bataille contre le dictateur.

Je serai patient, je vous laisserai dans la sérénité le temps qu'il faudra.
Mais, je vous préviens, je veux qu'un jour, je sois entouré de mes petits-enfants et que je leur raconte d'un ton grave que fut un temps, dans ce pays, penser différemment était un crime passible d'emprisonnement et de torture, images des sous-sols du ministère de l'intérieur et futur musée de la torture à l'appui.
Alors, je voudrais qu'ils se partagent des regards moqueurs  et incrédules dans un silence précaire avant d'exploser dans des ricanements interminables rapportant mes "contes" à des légendes, des affabulations ou à une éventuelle démence sénile qui serait venu à bout de mes neurones.

Au boulot gouvernement ! Institutionnalisez la liberté ! Garantissez nos droits ! Enracinez la démocratie et l'art de polémiquer et de débattre dans le respect de la diversité !
La société civile sera d'un grand apport.
Bâtissons notre pays !

Quant à cet argent, vous pouvez le garder dans les caisses de l'état.
Je préfère vivre un peu plus pauvre mais pouvoir l'exprimer ouvertement sans craindre pour ma vie.
Je me consolerai en me disant qu'on n'est jamais riche que de ses libertés !

lundi 20 décembre 2010

Sidi Bou, la version officielle...











Un méchant citoyen, qui avait des milliers d'opportunités de travail et qui a choisi comme un con de vendre des clémentines à la sauvette.
Un agent de la police municipale est venu lui rappeler gentiment les règles en vigueur : "SVP changez de trottoir !"
Le petit con s'est avéré pyromane ! Il a vite sorti un briquet tout droit arrivé de Chine (par le biais de l'économie souterraine qui ronge notre PIB) et a tenté de s'immoler...
Le charmant agent municipal a assuré de sitôt les premiers secours et a appelé en urgence une équipe de soins qui l'a transporté de suite à l'Hôpital de Ben Arous où il a reçu un accueil "chaleureux" et a bénéficié des meilleures conditions.

Des renégats qui se font passer pour des d'opposants ont sauté sur l'occasion pour dénigrer le régime en place qui fait tout son possible pour rendre la vie agréable dans ce patelin de la Tunisie dont l'économie est fondée sur le secteur agricole. (lait wa mochta99atou surtout)
Ils diffusent des images trafiquées qui laissent apparaître des échauffourées voire des rixes entre forces de l'ordre et population ce qui n'est que pure calomnie.

En réalité, dans le cadre du développement de ces régions éloignées de la capitale et celui du développement du tourisme intérieur, nous avons décidé de lancer le programme culturel intitulé: "Paintball à Sidi Bou" !

L'animation dans les rues de la ville est garantie par des fonctionnaires de l'état qui suent sang et eau pour offrir le plus beau des spectacles à ces populations que l'ennui assassinait tout les jours.

Les parties de paintball opposent deux équipes nombreuses. L'une d'entre elles porte des tenues noires, les autres ont une liberté vestimentaire totale. (Sauf la tenue de l'Espérance de Tunis est bannie pour cause de match l'opposant au CSHL la prochaine journée)

A la fin de la partie, les deux équipes, dans le cadre du fair-play, seront amenés à se voir et à s'embrasser dans des édifices où les hommes en noir se sentent comme chez eux.
Les hommes en noir auront même l'amabilité d'inviter leurs hôtes à dormir chez eux, logés et nourris aux frais de la princesse !
Cerise sur le gâteau, les invités auront même droit à des séances de massage assurées par des hommes en noir, moustachus ventrus mais super gentils !

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...



[Réveille-toi Lakhdhar...]

بلادي قمة في الإغتراب وغرغر يا غراب...




Sidi Bouzid s'embrase pour faire comme Mohammed Bouazizi. (Individu tunisien hautement digne et inflammable désespéré, exaspéré et nullement apeuré)
C'est bien connu le feu se propage rapidement dans les régions où la flore est épanouie.
La police réplique.
Et puis, on ne sait plus rien.
Les médias étrangers en parlent.
Les médias locaux esquivent, se taisent et traitent encore de la réponse du ministre des affaires religieuses quant à la pollution sonore de l'appel à la prière.
On s'en fout royalement.
On veut des Fahem Boukaddous partout sauf dans la cellule comme celle dans laquelle il gît.
On veut des Hommes dans les médias. On veut être pris pour des Hommes.
On veut être pris pour un peuple et non pour un troupeau.
Le summum de l'aliénation est d'apprendre les nouvelles de ton propre pays, de ton propre gouvernorat et parfois même de ton propre quartier par le biais de journaux russes, français ou anglais.

Des fois, je me demande si les gens qui se croient permis de diriger notre destinée avec un paternalisme stalinien, ont encore à l'esprit que nous avons des droits, que nous sommes des êtres vivants capables de discerner et qu'à trop insulter notre intelligence, elle finit par imploser pour faire naître des ondes négatives qui seront délétères au pays entier.


Je ne peux pas me targuer de boycotter tous les médias tunisiens à l'occasion de cette nouvelle mascarade, vu que c'est déjà le cas depuis quelque temps.
Hommage à Sofiene Chourabi, au passage, qui fait un excellent boulot à ses risques et périls.

Ce soir, j'ai mal à mon Sidi Bouzid, comme j'ai eu mal à mon bassin minier et à mon Ben Guerdane, il n'y a pas si longtemps.
Ce soir j'ai mal à mon pays. Une contrée dans laquelle, les diplômes et les êtres humains ne font plus le poids face à la répression et aux abus qui sont monnaie courante.

Dernière chose, qu'on arrête de poursuivre ces infortunés. Si l'économie souterraine, si nocive soit-elle aux chiffres que l'on présente fièrement dans les classements, est en plein essor c'est que le gouvernement n'arrive pas à fournir un travail à une jeunesse qualifiée et diplômée.
Un maîtrisard en informatique ne vend pas des clémentines pour le plaisir, messieurs les jurés !