Les fidèles du Boukornine

jeudi 13 septembre 2012

Dignité violée: De "simples" faits divers...

 

 

Retour sur deux "simples" faits divers qui ont marqué les derniers jours en Tunisie et qui en disent long sur l'état des droits de l'Homme ici bas:

Premier cas:

Elle, superbe, est accompagnée d'un ami qui la dépose en voiture.Il est minuit passée. Ils s'arrêtent un moment pour discuter avant de rentrer.

Une patrouille passe par là. On est dans la région des Jardins de Carthage.La patrouille s'arrête. Quatre policiers descendent, l'un d'eux fait signe au jeune homme de sortir et lui signifie que s'il ne leur refilait pas 20 dinars à chacun, il pourrait avoir de graves ennuis car ils pourraient l'accuser d'atteinte aux bonnes moeurs. Fomenter une accusation, c'est tout ce qu'il y a de plus simple.

Le jeune homme n'a pas d'argent sur lui, un des agents l'accompagne au DAB le plus proche.Entre temps, les trois autres policiers violent sauvagement la fille, à tour de rôle.

Les deux jeunes porteront plainte. Les quatre policiers seront arrêtés "en attendant les résultats de l'enquête".

Quelques jours plus tard, Khaled Tarrouche, le porte-parole du ministère de l'intérieur déclarera que "la fille était retrouvée dans une situation immorale/indécente mais de toute façon rien ne justifie le viol."L'air de dire, ce n'est pas si grave après tout, qu'ils l'aient violée cette salope, de toute façon c'est une pute.

Deuxième cas:

Il s'appelle Abderraouf Khammessi.Un jour, en accompagnant sa femme qui a un cancer du sein à l'institut Salah Azaïez, la police le kidnappe et l'accuse d'un vol dont il n'a jamais entendu parler.

Dans les locaux de la police judiciaire, on essaie de lui arracher des aveux à coups de bâton sur la tête.

À un certain moment, il perd connaissance et c'est là qu'on l'emmène aux urgences.

Il s'avère qu'il a un traumatisme crânien, qu'il est dans le coma.

Les médecins décident de l'hospitaliser au service de réanimation de l'hôpital Charles Nicole.

La police tente de maquiller leur agression en décrivant à leurs supérieurs une scène d'auto-agression.

Il décède une semaine après succombant à ses blessures.

Ouverture d'une enquête. Les policiers de la PJ de Sidi H'ssine seront arrêtés "en attendant les résultats de l'enquête".

Ce qu'on croyait éradiqué est devenu plus que jamais monnaie courante.La violence policière tue.Ça peut arriver à tout le monde, mobilisons-nous !

P.S: Au sujet du salafiste qui a saccagé le mausolée de Bourguiba, Maherzia Laâbidi, vice-présidente de l'assemblée constituante puis Khaled Tarrouche ont tous les deux déclaré que c'était totalement faux et que l'homme en question a juste éloigné quelques objets pour déposer une gerbe de fleur sur la dépouille du Zaïm. Dans les prochains épisodes de cette série tristement humoristique, on nous expliquera que les enquêtes sur les derniers abus policiers ont mené à une vérité surprenante: Les policiers qui étaient accusés de viol voulaient simplement déposer une fleur chacun dans le vagin de la fille et que c'est tout à leur honneur, toujours soucieux du bien-être du citoyen ! Enfin, les policiers accusés de meurtre seront acquittés parce qu'il s'avérera qu'ils voulaient juste offrir un bouquet de fleur à l'accusé qui s'est donné la mort en se cognant la tête contre le mur, les fleurs n'ayant pas été à son gout.

 

 

 

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent !

Lilou a dit…

excellent comme toujours Khalil

Lilou a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
S.A a dit…

putain de pays !!!

Ahmed a dit…

Preuve qu'on se fout de nos gueules d'une manière offensante et ostentatoire... Depuis quand déposer des gerbes de fleurs sur des tombeaux fait partie de notre culture et de nos pratiques, encore plus par un salafiste, et encore plus sur la dépouille de Bourguiba !

Fadhila Touzri a dit…

Partinent! Ce qui arrive est très grave et nul n'est à l'abri. Il ne faut surtout pas penser que cela n'arrive qu'aux autres; Nous sommes toutes et tous exposés(es)à ces agressions et violations de notre dignité. Face à ces dérives nous devons nous mobiliser plus que jamais et porter haut et fort notre voix pour dire STOP A LA TORTURE, STOP A TOUTE VIOLATION DE LA DIGNITE HUMAINE, STOP A LA VIOLENCE POLICIERE!

Unknown a dit…

Que de désespérance; nous sommes sur une pente descendante (à pic!). Quel commentaire peut-on faire devant tant de mauvaise foi, de violences et d'agressions qui s'accumulent de jour en jour. Commenter? et après ? à quoi ça sert? les barbus gagnent de plus en plus de terrain avec la complicité évidente des gouvernants...et nos opposants? au fait...où sont-ils? que font-ils? toujours avec leurs petites querelles de chapelle? Inexistants...transparents...nuls....à l'image des gouvernants...que peut-on espérer de ces opposants ( de quelque bord qu'ils soient, de la droite à l'extrême gauche)? Mais bon Dieu, où sont-ils? que font-ils?

Anonyme a dit…

Des événements de la série noire!
La Tunisie écrit l'Histoire le plus macabre...la plus triste... une dictature qui falsifie les infos, la révolution....
Bravo Boukornine et ne lâchez rien!
L.M