Les fidèles du Boukornine

lundi 24 octobre 2011

Ma Tunisie, pourquoi ?



J'ai écrit depuis longtemps ma peine de te voir malmenée, mordre la poussière par les soins d'un dictateur sanguinaire.
J'ai été censuré, j'ai été tabassé, j'ai couru, j'ai crié, les larmes aux yeux, je t'ai souvent pleurée, je t'ai crue perdue, je t'ai vue pendue, je t'ai pensée partie pour de meilleurs lendemains.
Le lendemain arriva un jour, on avait dégagé le despote, la main dans la main, la voix enrouée, le coeur en ruines, les martyrs pas encore enterrés.

En un quart de siècle d'existence, j'ai toujours cru en ce peuple, en sa capacité de renaître de ses cendres, de semer la citoyenneté, la conscience, la dignité, la liberté là où rien ne pouvait pousser et de voir fleurir un jour la démocratie dans ce petit pays d'Afrique du Nord.
Comprenez alors, je vous prie, l'ampleur de ma désillusion.

Au terme de cette mascarade électorale où toutes les règles ont été violées, où le citoyen lambda a été soudoyé, manipulé, mené en bateau. Où les médias nous ont assassiné ! Où le peuple a fait preuve de connerie monumentale, où la tolérance, les valeurs suprêmes ont été diluées dans le régionalisme et la haine réactionnaire d'une société qui à défaut de se trouver dans l'utopie, se cherche encore dans la médiocrité.

Cela fait des jours que je ne dors plus. Mon taux d'adrénaline ne baisse pas. J'ai voté. J'ai regardé les responsables du bureau de vote dans les yeux. Je suis resté un bon moment dans l'isoloir, j'ai regardé le ciel et j'ai voté.
Je vous mentirais si je vous disais que je n'ai pas tremblé, que je n'étais pas pris d'une chair de poule, que je n'ai pas brimé ces larmes de joie d'avoir vécu ce jour où mon peuple a triomphé.

Mais les résultats, voyez-vous, m'ont atterré.
Hechmi Hamdi ? L'homme qui devrait se taire à jamais ? Celui qui retourne sa veste plus vite que son ombre  qui fait un tabac ? Parce qu'il est de Sidi Bouzid ?
Moubadra ? Qui est classé premier au Sahel ? Parce que c'est un parti fasciste ? Parce qu'il est tenu par des sahéliens ?
C'est quoi ce bordel ?
Ennahdha qui joue à guichets fermés ? Le parti des ennemis de la tolérance, du civisme, les tricheurs, les manipulateurs, les vitrioleurs, les extrémistes à peine masqués d'un semblant de sourire modéré !

Le peuple a dit son mot ? Ok !
Ce sont les règles du jeu ? Ok !
Hechmi Hamdi est grandiose ? Ok !
L'Initiative, c'est des militants ? Ok !
Ennahdha est la voie du salut ? Ok !

Amis de longue date, je ne sais où aller... Je ne sais à qui me confier... Je ne sais qui insulter...
Je m'en vais de ce pas m'euthanasier... Peuple de mon coeur, tu m'as tué...
Pourtant, le henné n'a pas eu le temps de s'effacer. C'est triste comme tout, une mariée qui décède le soir de son mariage...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous allons devoir nous battre pour sauver notre cher pays ou nous serons perdu a jamais. No land, no country !

Anonyme a dit…

je n'ai pas pu retenir mes larmes en vous lisant.le résultat des ces élections tant attendues est consternant.le combat continue!!!

Anonyme a dit…

comme vous j'ai tremblé le jour des élections, comme vous j'étais fière, heureuse, j'avais confiance en ce peuple qui a fait preuve de courage et de citoyenneté, comme vous j'ai remercié Dieux de nous avoir donné cette chance. Après ces longs jours d'attente, notre cher peuple a enfin dévoilé sa surprise, les tricheurs, les manipulateurs ont gagné la confiance des milliers d'électeurs, c'est même pas une question de confiance, peu de gens qui ont voté ce parti ont pu me donner des raisons valables convaincantes, tout le monde se cache derrière la religion pour cacher leur ignorance et leur superficialité. Peuple de mon coeur, tu m'as tué!!!!

lettres indelebiles a dit…

Le résultat est consternant,ok. Mais il faut pas trop se lamenter,peut être que "Enahdha" maintiendra ses promesses et suivra l'exemple Turque.Il faut pas oublier aussi qu'il y aurait plus de place à la dictature tant que le peuple (principal superviseur de ces hommes de politique) est vigilant.

Anonyme a dit…

il ne faut pas en vouloir à un peuple à qui on n'a pas accordé les chances de réfléchir et de discerner. La démocratie est un apprentissage et les tunisiens ne tarderont pas à se réveiller et se rendre compte de leur devoir envers ce cher pays