Ton équipe nationale jouait à Radés. Dés qu'elle a encaissé un but inattendu contre une équipe nullissime, tu ne t'es pas abstenu de supporter l'équipe adverse et de siffler les joueurs qui te représentaient clamant à qui veut l'entendre que tu étais un supporter exclusif d'un des grands clubs tunisiens.
Ton pays vivait l'agonie sur le plan politique et économique. Tu ne t'en es jamais plaint. Tu te sentais merveilleusement bien, au contraire.
Tu ne connais rien de l'histoire de ton pays. Le 20 mars n'a jamais été pour toi plus qu'un jour férié. Par contre tu attendais impatiemment le défilé du 14 juillet.
Tu as vécu comme tout le monde, avec beaucoup de détachement le début de la révolution tunisienne. Puis un certain 13 janvier, tu as même eu le culot et le courage de mettre sur ton profil facebook un statut subtile que l'on pouvait interpréter de mille manières mais par lequel tu étais le seul à y voir une critique pour le régime en place.
Plus fort encore, le 14 janvier, tu es sorti devant le ministère de l'intérieur pendant 10 minutes chrono.
Depuis, tu sens que c'est toi qui as fait la révolution et tu répète à tue-tête que rien n'a changé dans ce pays, que le système pourri est toujours en place, qu'il n'y a aucune avancée en matière de libertés et que cette révolution est une arnaque purement et simplement, au moins aussi répugnante que le parfum contrefait offert par Ennahdha: J'aRdore de Abessalem Dior.
Tu te dis que tous les partis sont pourris et calculateurs et qu'ils sont tous à l'affût pour te voler ta révolution.
Sauf que si des gens sont sortis dans la rue sans gilets pare-balle et sans autre ambition que de libérer la Tunisie, c'est pour que des morveux comme toi et moi ayons l'opportunité inouïe de voter.
Si tu ne sais pas pour qui voter, tu sais au moins quel parti tu ne voudrais pas voir triompher. Au pire tu feras un vote blanc. Mais, c'est inconcevable de rater ce rendez-vous avec l'histoire encore impensable il y a six mois.
Pour une fois, tu as la possibilité d'aller voter en ayant l'impression de pouvoir changer le cours de l'histoire de ton pays.
On vivait sous une dictature qui nous empêchait de respirer librement. Aujourd'hui, on a enfin la possibilité d'inspirer l'avenir de notre pays.
Amis morveux, petits et grands, encore récalcitrants concernant l'inscription. Je suis comme vous. J'ai des doutes sur la transition démocratique. Mais tant que l'espoir persiste, il ne faut pas rater cette chance.
Si vous ne le faites pas par conviction, faites-le pour l'amour de ce pays, pour le respect du sang de nos martyrs...
Amis de toute part, pour l'amour de Dieu, INSCRIVEZ-VOUS !