A en croire ce que j'ai vu, la suite du feuilleton très connu "Docteur Quinn, femme médecin" est en train d'être tournée en Tunisie, notre cher pays dont les paysages variés et l'hospitalité ont toujours attisé les convoitises des plus grands producteurs.
Une affectation est en effet, venue, il y a quelques jours bousculer ma vie cent dessus dessous. Je me suis retrouvé d’un coup, témoin de ce que je n’ai jamais réussi à voir. La Tunisie, la vraie. Celle d’en bas. Celle qui porte « eddengri ». Celle que les statistiques omettent souvent de compter. Celle qui préfère ne jamais penser à demain et préfère jaunir ses incisives à l’aide d’un verre de capucin à longueur de journée.
Le premier jour déjà, j’étais présent, au service d’orthopédie, là où l’on rentre osseux et d’où l’on sort prothétique. Là où les plaques et les clous ne servent pas seulement à fixer des cadres sur un mûr. Là où les fractures sociales et les luxations d’épaule se confondent.
L’état déplorable des lieux est tel que l’on se demande à la fin si ce n’est pas fait exprès pour que les patients majoritairement très pauvres, ne se sentent pas dépaysés. Le nettoyage des cicatrices ne déroge, bien entendu, pas aux règles de l’art de la « sepsie » en utilisant un matériel pas très stérile et par conséquent, pas du tout adapté à ce genre d’actes (qui seront recensés, on l’espère dans quelque temps dans la liste tant prisée des crimes contre l’humanité).
Beaucoup de malades feront des infections généralisées et certains y passeront. Mais cela, on ne devrait pas le mentionner. C’est supposé connu par tous. On n’a pas les moyens de respecter assez la vie humaine. On se rattrapera après leur mort, en ayant une profonde pensée à ceux qu’on a perdu… Sinon on pourra toujours mettre sur le certificat de décès que ce fût un « maktoub » une volonté divine qui a emporté le malade pour détacher sa conscience de la culpabilité qui la hante.
Sinon la buvette n’est pas mal du tout. Elle fournit au choix des cafés pour oublier, des jus pour apprécier sa présence en dehors du service et du biscuit pour se dire que la vie continue tout de même.
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