Les fidèles du Boukornine

mercredi 13 octobre 2010

Fin décembre, un bon film !


Ce qui est bien en Tunisie, c'est qu'il suffit qu'un film local sorte pour qu'il y ait assez de personnes de ton entourage à l'avoir vu et à ne pas y avoir pris gout pour te décourager définitivement de le visionner.

"C'est un film nul!"
Une déclaration sans équivoque que tu n'es même pas invité à discuter.
Cela fait déjà assez longtemps que j'ai décidé de ne plus écouter ces critiques d'art improvisées pour l'occasion.
J'ai vu le film. C'était un vendredi soir, la séance de 21 heures. La salle Hannibal d'el Manar était assez pleine pour une cinquième semaine de projection (si mes calculs sont bons).
Tout d'abord, ce qui nous frappe quand on va voir ce film, c'est le casting impressionnant dont il a disposé. Je cite (tenez-vous bien!): Dhafer Abidine (Qu'on n'oserait pas présenter), Lotfi Abdelli (excellent acteur en dépit de ses innombrables frasques), Lotfi Bondka (Qui fait un excellent baptême du feu cinématographique à l'occasion de ce film), Dalila Meftahi, Jamel Madani, Hend Fahem...
Des gens professionnels, maîtrisant parfaitement ce qu'ils font, capables de t'émouvoir, de te communiquer des états d'âme et des émotions... (Nous saluons au passage Sami Fehri qui préfère faire confiance aux amateurs qui jouent comme des pieds)

Par ailleurs, le film est tourné dans endroits pittoresques, on s'abandonne à contempler des paysages hors normes: des montagnes, la mer et des vestiges...

Mais de quoi parle donc ce film ?
D'un sujet mâché et remâché. Que de films, pièces de théâtre et débats enflammés ont traité de la virginité de la fille tunisienne et des relations sexuelles hors mariage.
Pourtant, on a beau en parler, essayer de briser les tabous, de liquéfier les mentalités fortes d'une rigidité vieille de quelques millénaires... Rien n'y fait.
Il faut tout de même avouer que l'histoire n'est pas si originale que cela, une jeune demoiselle habitant une région recluse du territoire tunisien se lie d'amour avec un jeune homme qui lui promet monts et merveilles. Elle lui donne son corps pour lui dire son attachement, il s'enfuit en courant et la laisse perplexe comme ultime signe de gratitude.
Mais ce qui est intéressant dans ce film, c'est qu'on traite aussi d'un fléau très important en Tunisie à savoir les liaisons quasi-incestueuses qu'entretient tout artiste ayant l'envie de réussir dans son pays avec le pouvoir en place.
Le cas du poète qui a annoncé je cite: "Je suis  d'accord avec tout ce que vous diriez, avant même que vous ne le disiez" dans une réunion tenue entre la population et les responsables du bureau local du parti au pouvoir.
Pourtant il n'y gagne rien de concret. Il veut juste que sa poésie soit reconnue et qu'il soit plus compris et moins marginalisé. On ne va pas dire que c'est l'idée principale de ce film, mais que ce phénomène est survolé et j'ai beaucoup apprécié le clin d'oeil.
Le film se déroule dans une superbe ambiance souvent humoristique parfois poignante mais toujours émouvante. On se sent immergé dans l'atmosphère ennuyeuse et pourtant si exquise de ce village perdu.

Amour, trahison, politique, virginité, traditions, humour, désespoir et détresse se côtoient, s'épousent et se larguent tour à tour.

Au final, c'est un film léger dont on sort ému, attendri et souriant et qu'on ne devrait rater sous aucun prétexte pour différentes raisons dont la plus importante est qu'il faut toujours encourager les productions locales surtout quand elles sont d'un bon niveau.

Il est quand-même à signaler, qu'on n'aura pas de Rim Banna à crucifier cette année comme ce fut le cas avec le film Les secrets (Doweha) vu qu'il n'y a pas de scènes de nu. Ce qui n'empêcha pas un jeune homme assis devant moi de murmurer à sa petite amie (je présume) à la première embrassade: "Ce n'est pas normal, pour un film tunisien dans un pays musulman"...

Pour finir, Je souhaite beaucoup de succès à ce film dans les festivals de Beyrouth, du Caire et de Cannes où ils sera présent. Si vous voulez faire autant, vous savez ce qu'il vous reste à faire, ruez-vous vers les salles de cinéma pour le voir !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai vu le film hier soir,
C'est un bon film malgré ce que j'ai entendu comme critiques, merci à l'auteur de ce billet qui m'a encouragé à aller le voir, je ne regrette pas en effet de l'avoir vu, un film plein d'émotions, de sourires. Le paysage est digne de ceux qu'on voit en rêve. L'ambiance est super.

Anonyme a dit…

Rien à dire ou à redire: bokornine a tout dit et je peux le confirmer pour y etre allé samedi dernier...juste une question est restée en suspens dans ma tete: Pourquoi ça s'appelle fin décembre??
En tout cas c'est un très bon film tunisien ça mérite les 4D du billet!Allez y en nombre :)

Anonyme a dit…

Je me posais la même réponse à la sortie du film, pourquoi c'est "fin décembre" ?
Bon film je confirme..

Boukornine a dit…

Merci pour Moez kammoun d'être passés voir le film. :)
Sinon, pour ce qui est de l'intitulé... Je pense que ce soit en relation avec l'interprétation de la fin du film. Une fin tragique, une fin en queue de poisson quelque peu, mais une fin noire, une fin bouclée et un peu bâclée.
En d'autres termes, une fin triste comme une année qui s'en va et qui nous rapproche de la mort encore plus.
Si c'était un peu plus gai il aurait opté pour "Début janvier"
Wallahou a3lem et la prochaine fois on se fait une sortie collective pour discuter de vive voix de ce que nous aurions vu. :)