Je prenais le bus numéro 51 en provenance du TGM et qui s’en allait vers la région d’Ennaser pour y retrouver quelques amis après avoir salué d’autres amis avec qui j’ai passé un très agréable après-midi dans un des cafés de l’avenue Habib Bourguiba.
Il était 21 heures, c’était le dernier bus ce jour là. Le chauffeur roulait à une vitesse effrénée sans doute pour gagner 5 ou 10 minutes pour rentrer au dépôt un peu plus tôt et peu importe si nous devions tous y passer comme ce fut le cas avec le tristement célèbre accident de l’autobus de Mornag. Nous discutâmes d’ailleurs, de ce sujet là pendant longtemps, avec ce vieux monsieur que je ne connaissais pas auparavant et qui venait tout juste de s’asseoir à côté de moi.
On était presque arrivés au terminus, quand tout juste avant le rond-point de cette nouvelle ville, (connue comme la capitale des salons de thé de tout le Grand Tunis voire même de toute la Tunisie.), un vieil homme, mal-rasé, avançant à petit pas, aux gestes d’une lenteur maladive s’avança doucement vers l’employé de la TRANSTU, pour lui demander où est-ce qu’il pourrait trouver le Monoprix d’Ennaser où devaient l’attendre ses enfants et sa femme.
Il lui indiqua le chemin à prendre et le pria de vite descendre sous l’insoutenable pression des klaxons des voitures qui nous précédaient.
Mais, l’homme demeura cloué sur place comme paralysé par la peur de ne pas arriver à destination. Il redemanda la même question à la même personne qui se trouva fortement embarrassée sous les menaces de plus en plus vives du chauffeur de quitter l’arrêt immédiatement.
Je regardais derrière moi comme pour m’assurer que j’étais le dernier passager du bus et que je n’avais pas le choix pour intervenir quitte à perdre quelques minutes d’une montre que j’avais omis de porter ce jour là.
Je me levai donc, me portant volontaire de la prise en charge de ce vieil homme jusqu’à Monoprix.
Il arriva à peine à descendre les marches du bus même avec mon aide. Nous primes un taxi vu que je l’imaginais vraiment mal pouvoir escalader cette parcelle de l’avenue Hédi Nouira qui menait tout droit vers son paradis : Le monoprix.
Arrivé à bon port, je m’apprêtais à partir… Quand il m’est venu à l’esprit, l’ingénieuse idée de lui demander où était sa femme… C’est là qu’il balbutia sans répondre vraiment… Pour enfin me révéler qu’il se devait d’aller devant l’agence de l’ATB un peu plus loin.
Je l’y emmenai en le tenant par le bras l’épargnant ainsi de plusieurs chutes qu’il a tout de même évité de justesse… Je commençais au fil des minutes à penser sérieusement que la mémoire de cet homme commençait à flancher.
C’est là qu’il m’annonça non sans peines, que maintenant on devait aller juste en face.
La chasse au trésor n’était pas terminée pour autant.
Parce qu’en lui posant la question existentielle du jour… « Et maintenant ? Où sont-ils ? »
Il me répondait avec un « Je ne sais plus… Tu sais, je ne me souviens plus très bien ces derniers temps… »
On se retrouva coincés… devant un salon de thé sous les yeux curieux des bourgeois qui sirotaient des jus pourris à six dinars le verre.
C’est là qu’il eut une illumination inespérée : « c’est tout juste à côté d’un glacier… je me rappelle seulement de cela ! »
En suivant son dernier indice, ce fut l’ultime délivrance. Je fus accueilli en trompettes par un gardien à l’accent pour le moins marocain… (Peut-être parce qu’il venait du Maroc… Qui sait ? )
Le vieil homme en avait les larmes aux yeux. Il me demanda de venir lui rendre visite de temps en temps et me répéta : « Qu’il laissait à dieu le soin de me récompenser… »… Je n’en demandais pas plus à vrai dire !
Tout juste après, je suis rentré bouleversé de tout ce qui venait de se passer. J’ai même choisi de rentrer directement pour dormir et récupérer de cette périlleuse aventure qui s’est heureusement bien achevée.
Cet homme pouvait très bien se perdre, mourir de faim, être agressé… Mais heureusement que quand la mémoire s’envole il demeure toujours des cœurs pour la raviver !
3 commentaires:
Ya3tik essa77a!!
مخيبها الدنيا كي يكبر العبد وتخونو صحتو. صحة ليه الراجل لقى الخير فيك، اما زعمة نحن -كان حيانا ربي- بش نلقاو الخير في الجيل الطالع توا؟
Très émouvant!!!
En lisant cet article je me suis demandée si un jour je serai ou un de mes proches esclave de cette maladie!!!!
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