Les fidèles du Boukornine

dimanche 29 août 2010

Les oiseaux sont partis...

 


Dans un moment de lucidité, je me rends enfin compte de l'éphémrité de notre existence.
Je descends en bas de chez moi en plein ramadan estival, un dimanche à sept heures du mat'. 
Tout le monde semble dormir, à l'heure qu'il est. Même les oiseaux en cage, en bas dans le garage.

Je prends la voiture, la démarre et roule prudemment. Esquivant je ne sais comment les voitures qui volent dans le sens inverse et qui ne sont en fait que le pur fruit de mon hallucination... 
Parce qu'à l'heure actuelle même les oiseaux en cage, en bas dans le garage dorment et ne volent pas...

Je prends la direction de la montagne et l'escalade patiemment omettant le voyant oranger qui clignote dans mon esprit pour m'avertir d'une soif insoutenable que je ne saurais étancher d'ici le coucher du soleil. Mais cela n'a pas d'importance... 
Parce qu'à l'heure actuelle même les oiseaux en cage, en bas dans le garage rêvent de vivre d'amour et d'eau fraiche en dormant.

Du haut de ma colline, je vois des convictions qui partent en fumée pour une poignée de dinars. 
Je vois des gens qui sont asservis par les dogmes et n'arrivent même pas à défendre une thèse, à argumenter, à débattre et à admettre que la divergence d'opinions n'est pas de l'ordre la grande criminalité.Je vois des escrocs qui portent des djellabas, des habits ecclésiastique ou une kippa sur la tête.
Ils sévissent au nom de Dieu, bénissent ou maudissent suivant où se trouvent leurs intérêts. 
Je vois des gens s'entretuer chacun pour sa vérité croyant à tort qu'il n'y en a qu'une seule. Plantant des lames aiguisés dans les coeurs de ceux dont ils jugent la vie imméritée.
Je vois des gens qui s'aiment crachant impunément sur les théories de la physique quantique, préférant l'alchimie et mettant en oeuvre les principes de la chimie organique.
Je vois des costumés cravatés qui pillent le peuple tout en étant adulés. Des infortunés qui volent de quoi subsister et qui sont jugés comme des criminels de guerre.

Pendant ce temps là, deux oiseaux dans une cage, en bas dans le garage sont surement en train de se lancer des regards profonds, authentiques, bienveillants résumant en quelques instants le bonheur et toute l'existence.

Je sortis, d'un coup de mes élucubrations matinales et revins chez moi. 
A peine rentré, je fis un terrible constat. 
En bas dans le garage, les deux oiseaux, seuls êtres au monde qui savent apprécier la vie à sa juste valeur, ne dormaient pas. 
Il étaient déjà partis... Etendus, silencieux, inanimés et incapables de poursuivre l'aventure sur une terre où l'on sème le sang en faisant mine de s'aimer.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

une note magique!!! merci

Béa a dit…

Un partir...une envolée pour un monde aux couleurs de leur plumage !
Toujours la même belle plume...

Anonyme a dit…

La colline...

zahraten a dit…

...les oiseaux se cachent pour mourir !

Unknown a dit…

Je tenais à vous dire que j'ai trouvé votre note merveilleuse...

Anonyme a dit…

c'est un peu le style de grand corps malade que j'adore; un très beau texte.. :') tu es particulièrement doué chapeau l'artiste